TFM - TRAITÉS FRANÇAIS SUR LA MUSIQUE

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Fn and Ft: MIGTRA4 TEXT
Author: La Voye Mignot
Title: IV. et derniere partie de ce Traité de Musique
Source: Traité de Musique, Seconde édition (Paris: Robert Ballard, 1666; repr. ed. Genève: Minkoff, 1972).
Graphics: MIGTRA4 01GF-MIGTRA4 03GF

[-1-] IV. ET DERNIERE PARTIE DE CE TRAITÉ DE MVSIQVE.

CHAPITRE I.

AVant que de parler de la maniere de composer à deux, à trois, à quatre, et cinq Parties. Il est ce me semble à propos de traitter en particulier des maximes necessaires pour faire vne belle Musique.

Ie trouue donc qu'il y en a trois, qui ont entr'elles vne si grande connexité et dépendance, que l'vne manquant les deux autres ne manquent iamais de paroistre deffectueuses et languissantes.

Ces trois maximes sont le Contrepoint, la Modulation, et l'Inuention.

[-2-] Du Contrepoint s'engendre l'harmonie qui se laisse conduire par la Modulation, en suite vient l'Inuention qui anime l'vne et l'autre, si bien que le Compositeur quelque sujet qu'il entreprene ne peut iamais bien reüssir qu'il ne se serue de ces trois maximes, particulierement dans les pieces d'apparat et de longue haleine.

Mais comme ce n'est pas assez à vn Peintre pour former vne belle figure que de sçauoir faire separément vn oeil, vn nez, vne oreille, et les autres parties s'il n'a l'art d'en composer vn assemblage bien proportionné: de mesme ce seroit peu de chose à vn Compositeur de sçauoir simplement faire vne tierce, vne quinte, vne sixte, et les autres accords s'il n'a l'adresse et le iugement de les accommoder ensemble pour en faire vne belle harmonie: C'est dequoy il est important de parler.

De l'vsage du Contrepoint.

CHAPITRE II.

LE Contrepoint tant simple que figuré n'est autre chose que l'art de bien coucher les accords dans l'obseruance des regles, comme i'ay fait voir au second et au troisiesme Liure de ce traité: [-3-] mais afin de mettre toutes ces regles en vsage, et d'en former vne belle Harmonie: Il faut que le Compositeur (aprés s'estre proposé vn sujet) s'estudie de partager si bien les accords que chaque partie ait le sien particulier dans sa propre estenduë: c'est à dire que le Dessus soit tousiours plus haut que la Haute-Contre. et la Haute-Contre plus haute que la Taille, en sorte que toutes ces parties estant disposées comme par estage, se trouuent soustenuës de leur baze et de leur fondement, qui est la Basse.

Mais en composant à deux, ou à trois, il faut obseruer que l'vne des parties, selon le degré de son inferiorité, doit seruir de Basse à celles qui luy sont superieures; c'est à dire que la Haute-Contre peut seruir de Basse au Dessus, et la Taille peut seruir de Basse et au Dessus et à la Haute-Contre.

Il y en a neantmoins et des plus excellens Maistres qui s'exemptent quelque-fois de l'obseruation de cette regle; mais c'est auec tant d'adresse et de discretion, qu'il seroit bien difficile de faire mieux pour leur dessein, et mesme cette licence peut passer pour élegance selon quelle est prise à propos.

Laissant à part le Contrepoint simple, ie ne pretend parler icy que du Contrepoint figuré, comme du plus parfait: mais ayant donné la deffinition de l'vn et de l'autre en leur lieu, ie me contenteray de dire que le Contrepoint figuré consiste dans la science [-4-] ou l'art d'vne iuste position des bons et mauuais accords meslez ensemble.

Encore qu'il n'y ait personne qui ne soit capable de la parfaite connoissance de l'vn et de l'autre Contrepoint: neantmoins entre tous ceux qui la peuuent auoir également, il se remarque vne si grande difference dans leur Composition, que les vns reüssissent tout autrement que les autres, quoy que tous se tiennent dans la mesme obseruance des regles et des preceptes qui leurs sont prescrits.

Cela vient à mon auis de la differente application des regles, et du tour qu'vn chacun leurs donne à sa fantaisie selon le plus ou le moins d'inuention.

Pour faire que l'Harmonie soit belle (comme i'ay pû remarquer dans les Partitions des bons Autheurs) il faut que les parties qui la composent ayent vne telle aysance qu'elles paroissent dégagées, de maniere que l'vne n'offusque pas l'autre, et que chacune se maintiene tousiours dans son estenduë naturele et raisonnable.

Il y a encore comme vne certaine tyssure d'accords qui se fait par des mouuemens contraires et opposez, qui contribuent beaucoup à la belle Harmonie, mais on n'en sçauroit donner de regles, et elle ne se peut bien apprendre que par vne longue pratique, ou par l'estude des Partitions des bons Autheurs.

L'vne des regles la plus generale et la plus infallible [-5-] est de faire en sorte que les parties superieures soient pour l'ordinaire de contraire mouuement auec la Basse.

Cette Harmonie qui se fait par le meslange et l'alliage des bons accords auec les mauuais peut bien fraper agreablement nos sens: mais pour s'introduire dans nostre esprit, et pour l'émouuoir, elle a particulierement besoin de la Modulation et de l'Inuention.

De la Modulation.

CHAPITRE III.

L'Harmonie auec toute la pureté et la netteté de son Contrepoint ne pourroit iamais paroistre que morne et melancholique si la Modulation ne luy donnoit l'accés et la liberté de ses modes pour se promener et se diuertir dans les agreables parterres de toutes leurs Cadences.

Mais comme les modes (à ce que ie m'imagine) n'ont esté inuentez que pour exprimer les diuerses passions de nos ames, il semble qu'il y ait quelque rapport des six modes aux six passions principales qui naissent en nous: à sçauoir la Ioye et la Tristesse, l'Amour et la Hayne, l'Esperance et la Crainte.

[-6-] Si bien que la parfaite connoissance de chaque mode en son particulier contribuë tout à fait au dessein que nous nous proposons de composer sur quelque sujet que ce soit.

Mais encore qu'en matiere de faire des Chants le naturel l'emporte tellement au dessus de l'art que sans son ayde il est presque impossible de reüssir: neantmoins l'art luy seruant comme de guide le conduit fidelement au beaux endroits, et le tient toûjours dans les limites prescrites hors desquelles il se pourroit souuent échaper.

La Modulation est donc comme la conductrice de l'Harmonie; mais l'Art et l'Inuention du Compositeur en est le guide.

Si bien qu'apres auoir fait choix du Mode propre à s'exprimer, il faut faire en sorte que l'Harmonie se promene dans toute l'estenduë qu'il contient, en ménageant si bien les Cadences, qu'il ne s'en rencontre iamais deux semblables, ou au mesme endroit qui soient proche l'vne de l'autre.

Il se trouue que dans la Partition harmonique de chaque Mode tous participent les vns des autres.

Le premier Mode (par exemple) dans sa diuision Harmonique a sa Cadence mediante commune auec la finale du troisiesme Mode, et si dominante auec la finale du cinquiesme.

Le second Mode dans sa diuision harmonique a [-7-] sa Cadence mediante commune auec la finale du quatriesme Mode, et sa dominante auec la finale du sixiesme. Le troisiesme Mode dans sa partition harmonique a sa Cadence mediante commune auec la finale du cinquiesme Mode, et sa dominante sur vn endroit qui ne marque naturellement aucun Mode qui est le mi de [rob] fa [sqb] mi.

Le quatriesme Mode dans sa diuision harmonique a sa Cadence mediante commune auec la finale du sixiesme Mode, et sa dominante auec la finale du premier.

Le cinquiesme Mode dans sa partition harmonique a sa Cadence mediante sur le mi de [rob] fa [sqb] mi qui ne marque aucun Mode (et qui par consequent n'est point en vsage) mais il a sa Cadence dominante commune auec la finale du second Mode.

Le sixiesme ou dernier Mode dans sa diuision harmonique a sa Cadence mediante commune auec la finale du premier Mode, et sa dominante auec la finale du troisiesme Mode.

En obseruant donc le rapport que tous ces Modes ont les vns auec les autres, il sera fort facile (n'en déplaise à ceux qui veulent le contraire) de passer d'vn Mode à l'autre, et ainsi se seruir de tous les Modes dans vne mesme Piéce (lors particulierement qu'elle est de longue haleine) sans que l'oreille s'en [-8-] puisse apperceuoir qu'auec delectation: mais pour bien reüssir il faut que le Mode dans lequel on veut passer ait ses Cadences harmoniques (à sçauoir mediantes ou dominantes) communes auec celles du mode duquel on veut sortir et vser de la mesme addresse pour passer de mode en mode, et enfin repasser ou reuenir dans le mesme mode d'où l'on est sorty.

Il y a encore vne autre maniere de changer de mode dans vne mesme Piéce, qui se doit faire auec beaucoup d'adresse en passant de [sqb] quarre en [rob] molle, et de [rob] molle en [sqb] quarre, sans aucune transposition de clef ny de nottes; mais seulement par la position des [x,x] diesis et de [rob,rob] molles par exemple.

Du premier mode naturel qui est l'estenduë du diapason de l'vt de C sol vt fa par [sqb] quarre l'on peut (par le moyen des [rob,rob] molles) entrer dans le second et cinquiesme modes transposez.

Comme

[La Voye Mignot, Traité IV, 8; text: Premier mode naturel. Second, Cinquiesme mode transposé.] [MIGTRA4 01GF]

[-9-] De mesme du second mode naturel qui est l'étenduë du Diapason du re de D la re sol par [rob] quarre l'on peut entrer par le moyen des [x,x] diesis dans le premier et cinquiesme mode transposé.

Comme

[La Voye Mignot, Traité IV, 9; text: Second mode naturel. Premier, Cinquiesme mode transposé.] [MIGTRA4 01GF]

De ce mesme second mode naturel l'on peut entrer par le moyen des [rob,rob] mols dans le troisiesme et sixiesme mode transposé.

[-10-] [La Voye Mignot, Traité IV, 10; text: Comme, Second mode naturel. Troisiesme, Sixiesme mode transposé.] [MIGTRA4 02GF]

Par ces exemples du premier et second Mode naturel, il sera (ce me semble) fort facile de connoistre la maniere de moduler ou tourner les autres modes naturels, comme l'on jugera à propos, si bien qu'il ne reste donc plus qu'à donner des exemples des Modes transposez par [rob] mol.

Du premier mode transposé par [rob] mol qui est l'estenduë du diapason de l'vt d'f vt fa l'on peut entrer (par le moyen du [sqb] quarre ou du [x] diesis en [rob] fa [sqb] mi) dans le quatriesme mode naturel.

[-11-] Comme

[La Voye Mignot, Traité IV, 11,1; text: Premier mode transposé. Quatriesme mode naturel.] [MIGTRA4 02GF]

De ce premier mode transposé par [rob] mol l'on peut encore entrer par le moyen des [rob,rob] mols dans le second et cinquiesme mode transposé.

Comme

[La Voye Mignot, Traité IV, 11,2; text: Premier mode transposé par [rob] mol. Second, Cinquiesme mode transposé.] [MIGTRA4 02GF]

Du second mode transposé par [rob] mol qui est l'estenduë du diapason du ré de g ré sol vt l'on peut entrer par le moyen des [rob,rob] mols dans le troisiéme et sixiéme mode transposé.

[-12-] [La Voye Mignot, Traité IV, 12,1; text: Comme, Second mode transposé par [rob] mol. Troisiesme, Sixiesme mode transposé.] [MIGTRA4 03GF]

De ce mesme second mode transposé par [rob] mol l'on peut entrer par le moyen des [x,x] diesis dans le premier et quatriesme mode transposé, et dans cinquiesme mode naturel.

Comme

[La Voye Mignot, Traité IV, 12,2; text: Second mode transposé par [rob] mol. Premier] [MIGTRA4 03GF]

[-13-] Comme

[La Voye Mignot, Traité IV, 13; text: Quatriesme, Cinquiesme mode naturel.] [MIGTRA4 03GF]

Il suffit de tous ces exemples pour faire voir par le moyen des [rob,rob] mols et des [x,x] diesis la maniere de varier tous les modes chacun en son particulier, de sorte que dans l'estenduë d'vne seule espece de diapason le Compositeur puisse facilement et dans vne agreable modulation promener le chant et l'harmonie ou son sujet et son genie le porteront.

Comme il n'y a rien dans la Musique qui touche dauantage que la modulation, il faut bien prendre garde de s'en seruir auec discretion, et auec beaucoup de jugement: Car lors qu'elle est menagée auec adresse elle ne manque iamais de surprendre agreablement l'oreille: mais au contraire quand on s'en sert à contre-temps et hors de propos il n'y a rien de plus desagreable ny de plus choquant.

[-14-] De l'Inuention.

CHAPITRE IV.

QVelqves effects que l'harmonie et la Modulation puissent produire, il y aura tousiours quelque chose à desirer, si l'Inuention ne leur preste la main pour regler leurs démarches, et animer leurs actions par le moyens de ses déguisements et de ses artifices, qui d'ordinaire rauissent nostre esprit et charment nos sens.

Les termes de Musique sont quasi tous sous la direction et dépendance de l'Inuention, comme les fugues, les contrefugues ou fugues renuersez, les imitations de chant, et les imitations de mouuement, les prolations, les points d'orgues ou tenuës, les contre-temps ou les Syncopes, les Echos, les poses ou le silence, les sorties et les rentrées, le stile narratif, et le stile recitatif, la varieté de mouuement en vn mesme temps, et le changement de mouuement dans vne mesme piece, les passages, les adoucissemens, et les vehemences ou animemens, la douceur des accords, et la dureté des dissonances, enfin mille et mille autres belles choses dont la difference des genies est capable, et que l'art ne peut pas enseigner.

[-15-] Ie tacheray donc seulement de donner l'intelligence de tous ces termes, et de les expliquer à peu prés comme ils se doiuent entendre.

Pour le regard de la fugue et contre-fugue j'en ay donné des exemples dans la troisiesme Partie de ce Traité au Chapitre VIII. et IX.

Imitation de Chant n'est autre chose qu'vne maniere de fugue qui se fait entre les parties, ou à l'vnisson ou à l'octaue.

Imitation de mouuement est lors que les parties se suiuent par mesme valeur de nottes sans neantmoins s'assujettir à la fugue: et cette imitation a fort bonne grace quand elle se peut faire non seulement par mesme valeur de nottes; mais encore par contraire mouuement entre les parties.

Prolation est proprement vne durée ou fusée de Chant sur vne des cinq voyelles de l'Alphabet qui se fait par vne suitte de nottes lentes ou legeres selon le dessein du Compositeur: on peut encore appeller la Prolation vne maniere de passages.

La Prolation n'a pas mauuaise grace quand elle n'est point trop longue, et quelle se fait entre les parties par imitation de mouuement: mais il faut prendre garde que ce soit sur vne des voyelles dont la prononciation se trouue commode au chant, et agreable à l'oreille, comme l'a l'e et l'o, ou que ce soit sur les syllabes composées de ces trois voyelles.

[-16-] Le point d'orgue ou tenuë est lors que la Basse tient ferme sur vne mesme notte et qu'en mesme temps les parties superieures se promenent et raisonent ensemble, ou bien quand les parties tiennent ferme et que la Basse se promeine.

Il y a encore vne autre façon de point d'orgue qui est lors qu'au milieu d'vne Piéce toutes les parties cessent ensemble sur vn endroit qui ne termine point la Cadence; mais se tiennent toutes en estat de suiure le dessein du Compositeur.

Contre-temps est lors qu'au lieu d'obseruer la mesure dans sa partition ordinaire, on la partage auec des nottes coupées ou syncopées, qui fait que l'harmonie semble marcher comme par sauls, en sorte quelle tient tousiours l'oreille en suspend et en attente.

Echo n'est autre chose qu'vne imitation de chant qui se fait à l'vnisson, et à vne, deux, ou trois nottes proche l'vne de l'autre; Les Echos ne se pratiquent gueres que sur les instrumens, ce n'est pas que ie n'en aye entendu plusieurs fois en Italie par des voix qui surprenoient fort agreablement: Ils se doiuent faire pour les Instrumens de nottes fort legeres; mais pour les voix, il y faut garder de la moderation; c'est à dire que les nottes ne soient ny trop lentes ny trop legeres.

L'on dit en commun Prouerbe qu'il vaut mieux [-17-] se taire que de mal parler: de mesme dans la Musique les poses, ou le silence en quelques-vnes des Parties (lors que l'occasion le demande) est beaucoup plus agreable qu'vn grand bruit facheux et importun.

Mais comme le silence dépend de la fantaisie du Compositeur, on n'en peut pas donner des regles certaines, il faut donc auoir recours à l'estude des partitions des bons Autheurs, où l'on pourra remarquer qu'ils s'en seruent à plusieurs fins, et pour plusieurs raisons; car ils ont quelquefois pour objet la varieté de l'harmonie, et alors ils font quelques poses pour former vn dessein, ou d'vn Recit, ou d'vn Duo, ou d'vn Trio, et cetera.

Ils se seruent encore du silence non seulement afin que les parties se reposent alternatiuement les vnes aprés les autres; mais de plus pour leur donner de l'aysance, et faire paroistre quelque beau trait de Musique, qui autrement seroit comme estouffé par la quantité des parties qui le couuriroient.

Il y a encore vn autre sorte de silence, qui pour estre surprenant n'en est pas moins agreable: Il se fait lors que toutes les Parties se taisent ensemble dans vn contre-temps, ou (par maniere de dire) hors d'oeuure.

Il faut bien prendre garde que les poses ou le [-18-] silence ne vienent pas ny de la sterilité, ny de l'ignorance du Compositeur; mais bien de son jugement et de son oeconomie, afin que l'harmonie estant complete et parfaite ne paroisse pas si nuë qu'on luy puisse voir aucune partie honteuze.

Il est à remarquer qu'on ne pose iamais sur la moitié d'vn mot, ny mesme hors d'vn sens parfait. Mais qu'il faut que les poses soient dans la Musique ce que sont les points et les virgules dans l'oraison et dans le discours.

Sortie est lors que plus ou moins de parties se détachent separément de plusieurs grands Choeurs pour s'y venir rejoindre, et y rentrer auec dessein.

Rentrée se peut considerer en deux façons, la premiere est lors qu'vne ou plusieurs parties aprés auoir posé quelque-temps reprenent leur dessein, et se reünissent au Concert quelles auoient laissé.

La seconde est lors qu'vne ou plusieurs parties aprés s'estre détachées prenent l'occasion de se rejoindre aux parties qui les attendent, et qui font comme vne maniere de halte pour les receuoir.

De quelque façon que l'on considere les rentrées il faut qu'elles se fassent non seulement par bonnes relations auec les parties qui les reçoiuent; mais encore qu'elles se fassent (si faire se peut) par quelque corde essensielle du mode dont l'on traitte, et que le sens des parolles qui commence les rentrées ne [-19-] soit point estropié, mais significatif, et dans la liayson d'vne juste Syntaxe.

Le stile narratif se fait par vne seule partie ou par vne seule voix; mais le chant doit estre plus parlant que chantant: et comme ce stile a plus de force, et d'énergie que le recitatif, l'on s'en sert pour les Tragedies, Comedies et Histoires.

Il est encore fort propre pour commander, pour exorter, et pour menacer.

Le stile recitatif se fait aussi par vne seule voix; mais auec cette difference qu'il a plus de moderation, et de douceur, outre que le beau chant y doit estre beaucoup plus obserué qu'au naratif.

Il s'employe particulierement à exprimer les passions comme la Ioye, l'Amour, la Tristesse, et la Crainte.

La varieté de mouuements dans vn mesme temps est lors que composant à plusieurs parties, les vnes marchent lentement pendant que les autres marchent plus viste, quoy que ce soit sous vne mesme mesure, comme il se voit dans les Piéces qui sont faite sur vn plain chant.

Mais le changement de mouuement dans vne mesme piéce est lors que l'on passe de la mesure binaire dans la mesure ternaire, et de la ternaire dans la binaire selon que les paroles le demandent.

L'on peut encore sous vn mesme signe ou vne [-20-] mesme mesure changer de mouuement en faisant des nottes lentes ou legeres, ou bien en retardant, ou doublant la mesure.

I'ay desia fait entendre ce que c'est que passages, je diray donc seulement que l'Inuention s'en sert auec beaucoup de grace, particulierement dans les Instruments; mais il faut que ce soit pour quelque dessein, et qu'ils se suiuent en toutes les parties.

Les Italiens ont trois termes dans leur Musique que nous n'auons pas; à sçauoir Adagiô, Pianô, e Fortè.

Adagiô est ralentir la mesure.

Pianô est adoucir la voix.

Fortè est pousser la voix auec vehemence.

Ils se seruent de ces artifices et galanteries en toutes sortes de Musique fort adroitement aussi bien que nous, lors que batant vne mesure viste tout d'vn coup ils la ralentissent, et lors que dans vn grand bruit ils s'aduisent d'adoucir les voix pour quelque temps, puis les poussent auec vehemence: Ie ne trouue point en nostre langue d'autres mots pour m'exprimer qu'adoucissement, vehemence, ou animement.

La douceur des accords est vne harmonie affectée qui se peut appeller melodie comme sont les beaux faux-bourdons.

Cette façon de Musique quoy que simple ne laisse pas que d'auoir ses charmes et ses beautez, qui [-21-] dépendent du choix que le Compositeur doit faire de certaines cordes qui rendent l'harmonie deuote et gratieuse.

Il n'y a rien de plus touchant dans les sujets tristes et lugubres, et dans les expressions de langueur et de douleur, que la dureté des dissonances meslée auec la Cromatique; mais il faut que l'assaisonement en soit fort judicieux.

Outre que presque chaque espece de composition de Musique prend sa difference de la varieté des mouuements, je tiens que le Compositeur en doit auoir vne parfaite connoissance puis que c'est comme la principale Machine qui fait mouuoir tout le corps de l'Harmonie selon son dessein.

Il faut donc remarquer que dans les deux sortes de mesures, à sçauoir la mesure binaire, et la mesure ternaire tous les mouuements de chaque espece de composition y sont compris.

Les choses graues conuiennent particulierement à la mesure binaire comme les Motets, les Paroles serieuses, des Airs, les Pauanes, Allemandes, Fantaisies, Branles simples, et cetera.

La mesme mesure binaire batuë legerement sert encore pour les Gigues, Bourées, Gaillardes, Gauotes, Branles de Montirandé, Vaudeuilles, Airs de Balets, et cetera.

Quand à la mesure ternaire l'on s'en sert aussi [-22-] dans les Motets, et dans les airs à chanter, qui demandent de la gayeté, dans les Gaillardes, Voltes, Courantes, Sarabandes, Passecailles, Chacones, Branles gays, Branles à mener, Branles doubles, et dans les airs de Balets selon les entrées des Personnages qui doiuent dancer.

Faisant vne recapitulation de toutes les choses dont i'ay parlé cy-dessus, l'on pourra remarquer que le Contrepoint n'est autre chose qu'vne tissure et vne nuansse de bons et mauuais accords, d'où se forme l'Harmonie, qui pour se promener, trace et designe ses démarches sur la modulation qui luy sert comme de carte: mais afin de se vestir et se parer à l'aduantage, elle prend des habits, des enjoliuements dans le Magazin de l'Inuention qui ne luy laisse manquer de quoy que ce soit propre à son dessein.

De la maniere de Composer à deux, et des obseruations qui s'y doiuent garder.

CHAPITRE V.

AYant fait voir dans la seconde et troisiesme partie de ce Traité toutes les regles, et tous les preceptes que les plus excellents Autheurs nous [-23-] ont laissez pour la juste construction du Contrepoint simple et figuré, je ne pretend maintenant parler que des Obseruations les plus remarquables et importantes qu'ils ont faites sur le Contrepoint figuré, qui est celuy dont l'harmonie se sert pour paroistre auec plus de pompe et plus d'éclat.

Premiere Obseruation.

C'est vne maxime generale qu'en toute sorte de Musique, et en toutes sortes de Piéces tant vocales qu'instrumentales composant à plusieurs parties, vne des parties, soit celle qui commence, ou celle qui suit, doit faire son entrée par la notte, ou par la corde finale du mode, dont l'on traite, excepté lors que l'on fait vn Chant ou vn sujet dépoüillé de parties; Car en ce cas là le Chant ou le sujet se peut commencer par la notte, ou par la corde, qui marque l'vne des trois Cadences harmoniques du mode, à sçauoir la finale, la mediante, ou la dominante.

Seconde Obseruation.

Moins il y a de distance entre les sons, ou les accords, et plus l'harmonie à d'effet et de grace, c'est (à mon auis) pour cette raison que d'ordinaire le Duo se fait par les parties qui out entre-elles plus de [-24-] proximité comme le Dessus auec la Haute-Contre, la Haute-Contre auec la Taille, et la Taille auec la Basse. Neantmoins la necessité de s'accommoder au sujet, ou à ceux qui executent, oblige quelquefois de faire autrement, et en ce cas là l'Obseruation n'a point de lieu.

Troisiesme Obseruation.

Dans le Duo il faut que le Contrepoint soit net et serré, et pour cet effet il est important qu'il soit tellement figuré que l'on n'y puisse qu'auec difficulté trouuer du lieu pour y loger vne troisiesme Partie: si ce n'est lors que l'on veut imiter les Italiens, qui par galanterie font le plus souuent marcher ensemble deux parties à la tierce l'vne de l'autre sur vne Basse Continuë: Ie ne trouue pas que cette façon de Musique soit desagreable quand l'on s'en sert à propos, comme dans les passages ou dans les prolations.

Quatriesme Obseruation.

Composant à deux l'on se peut seruir de tous les accords tant bons que mauuais, Syncopez, ou non Syncopez; mais il faut prendre garde de ne faire jamais d'vnisson si ce n'est quelquefois aux Cadences.

[-25-] Il faut de plus tant que l'on pourra éuiter l'Octaue si ce n'est aux Cadences ou bien en passant fort legerement sur la derniere moitié d'vne notte.

Cinquiesme Obseruation.

Il est de la Musique comme des autres Sciences ou les Professeurs ne tombent jamais generalement d'accord de tout ce qui en dépend.

Dans la Musique les vns veulent que tout point soit bon, les autres (au contraire) le font indifferemment bon ou mauuais (supposé qu'il soit syncopé)

Les plus scrupuleux ne veulent pas que l'on prononce aucune syllabe sur vn mauuais accord à moins qu'il ne soit syncopé, les autres n'en font point de difficulté.

Les vns admettent les fausses relations les autres les fuyent comme vn precipice.

La plus grand part ne veulent pas que l'on monte par degré conjoint de la Tierce et de la Sixte à l'Octaue à moins que l'vne et l'autre ne soient Majeures.

Il s'en trouue d'autres qui disent que pour varier l'harmonie, ou pour tromper l'oreille, il les faut faire tantost Majeures tantost Mineures selon que l'on le juge à propos.

[-26-] Pour moy crainte de me tromper je ne prend aucun party en toutes ces differentes opinions: mais j'en laisse le jugement à ces excellents Maistres et celebres Compositeurs qui sont continuellement dans l'vsage et dans la pratique de ce bel Art.

Ie diray seulement en passant que tout le conseil que je pourrois donner pour le Duo seroit de le tenir tousiours dans ses limites, de l'assujettir à l'vsage des belles regles auec vne aysance et vne netteté de Contrepoint, et enfin de conduire la modestie de son harmonie accompagnée de quelque trait d'Inuention dans tous les beaux endroits de son Mode.

Toutes ces choses estant donc bien considerées je ne trouue rien dans la Musique qui soit de plus difficile entreprise que de vouloir faire vn bon Duo.

[-27-] De la maniere de Composer à trois, et des Obseruations qui s'y doiuent garder.

CHAPITRE VI.

COmme le Trio occupe dauantage de parties que le Duo, il est bien raisonnable qu'il ayt ses limites moins bornées et vn peu plus de priuilege, tellement que ce qui seroit tout à fait deffendu à deux parties est quelquefois permis à trois.

Premiere Obseruation.

Il faut prendre garde en composant à trois que chaque partie ait son accord particulier sans qu'il soit permis en quelque façon que ce soit de faire de suitte dans vne mesme partie, ny deux Quintes ny deux Octaues: mais l'on peut bien faire jusques à trois Tierces et trois Sixtes pourueu qu'elles soient de differentes especes; c'est à dire entremeslées de Majeures et de Mineures, ou de Mineures et de Majeures.

Seconde Obseruation.

L'vnisson ne se fait que rarement, et mesme il [-28-] faut que ce soit comme en passant ou sur la derniere moitié d'vne notte.

Il y en a beaucoup mesme qui s'abstiennent de faire l'Octaue et ne s'en seruent que dans vne necessité comme dans les Cadences, ou lors qu'ils ne la peuuent éuiter comme dans les fugues ou dans quelqu'autre dessein.

Troisiesme Obseruation.

Il ne faut pas qu'il se fasse entre les parties aucune dissonance ou mauuais accord qu'il ne soit jmmediatement sauué d'vn bon par degré conjoint.

Les deux Quartes de suitte entre les parties y sont aussi deffenduës à moins d'vne extréme obligation.

Quatriesme Obseruation.

La Quarte passant quelquefois pour bon accord doit estre soustenuë et accompagnée (dans vne autre partie) d'vne Sixte majeure ou mineure.

La Quarte considerée encore pour bon accord se peut lier et syncoper auec la fausse Quinte et la Septiesme en sauuant la premiere, de la Tierce, et l'autre de la Sixte, ou d'vn autre bon accord par degré conjoint.

[-29-] Cinquiesme Obseruation.

L'on peut encore faire vne Syncope toute entiere d'vne Quarte sauuée de la Tierce; et quelquefois, (mais rarement) la Syncope se fait aussi d'vne Septiesme toute entiere sauuée de la Sixte.

Sixiesme Obseruation.

Comme en composant à trois tous les mauuais accords tant syncopez que non syncopez doiuent estre pour l'ordinaire soustenus dans vne autre partie de quelque bon accord: j'ay remarqué que le plus souuent et pour le mieux la Quarte est soustenuë de la Sixte, et la Septiesme de la Quinte, de sorte que l'harmonie qui se rencontre entre les deux parties superieures modere en quelque façon la dureté qui se fait contre la Basse.

Il y a encore vne infinité de petites Obseruations, qui ne se peuuent découurir que par vne longue pratique ou dans les differentes partitions des celebres Compositeurs, c'est ou je renuoye ceux qui desirent auoir vne parfaite connoissance de ce bel Art, et cependant obseruer dans le Trio que les parties marchent desgagées les vnes des autres, et quelles se suiuent auec dessein soit par fugue ou contrefugue, [-30-] soit encore par imitation de chant ou par imitation de mouuement: mais lors quelles se rencontrent comme raliées ensemble, il est important que l'harmonie soit accompagnée de quelque beaux traits de Contrepoint, si ce n'est que le sujet oblige à quelqu'autre chose.

De la maniere de composer à quatre, et des Obseruations qui s'y doiuent garder.

CHAPITRE VII.

PLvs il y a de parties et moins il se rencontre d'obligation, ce n'est pas pourtant que le Quatuor aussi bien que le Trio et le Duo n'ait ses bornes et ses limites desquelles il ne peut s'emanciper sans contreuenir aux regles qui luy sont prescrites.

Premiere Obseruation.

Il faut que le Quatuor ait tousiours son harmonie complete; c'est à dire, l'Octaue, la Quinte, et la Tierce, sans qu'il soit permis de faire deux Octaues et deux Quintes, de suitte dans vne mesme partie si ce n'est par contraire mouuement auec la Basse, et encore faut il que ce soit fort rarement, et jamais sans quelque dessein.

[-31-] Seconde Obseruation.

Il faut prendre garde, qu'il ne se rencontre deux Quintes entre les parties à moins que l'vne des deux ne soit fausse.

Troisiesme Obseruation.

Les plus religieux ne veulent pas aussi que l'on fasse entre les parties plusieurs Quartes de suitte: mais ceux qui sont moins scrupuleux les tolerent pourueu que l'occasion y oblige.

Quatriesme Obseruation.

Pour le regard des fausses relations je n'en diray autre chose sinon que j'en exempte qui voudra, ou qui pourra.

Cinquiesme Obseruation.

Composant à quatre il faut s'abstenir tant que l'on pourra de faire des Vnissons, soit entre les parties ou contre la Basse, si ce n'est aux Cadences.

[-32-] Sixiesme Obseruation.

S'il arriue que l'on double quelque accord il faut que ce soit la Tierce, la Quinte, ou la Sixte, et jamais l'Octaue, si ce n'est aux Cadences, ou à la fin de quelque piéce.

Septiesme Obseruation.

Il faut encore prendre garde en doublant les accords que ce soit si faire ce peut en passant, ou sur la derniere moitié d'vne notte.

Huictiesme Obseruation.

L'on ne doit point doubler les Tierces ny les Sixtes, qui sont faites Majeures ou Mineures par accident, c'est à dire, Majeures par le [x] diesis ou [sqb] quarre, et Mineures par le [rob] mol.

L'on ne double point encore que tres-rarement le bon accord qui sauue le mauuais Syncopé.

Neufiesme et derniere Obseruation.

Ie tiens que l'Harmonie dépend beaucoup de la disposition des parties; car lors qu'elles sont trop [-33-] éloignées les vnes des autres, on y remarque vn certain vuide qui ne satisfait pas entierement l'oreille, et lors qu'elles sont aussi trop pressées il ne s'entend qu'vn murmur confus qui en obscurcit tout à fait l'éclat et la beauté.

Il est donc necessaire que le Compositeur s'estudie soigneusement à disposer ses parties dans vne proportion si raisonnable que l'Harmonie y puisse trouuer toute sa commodité.

De la maniere de Composer à cinq, et des obseruations qui s'y doiuent garder.

CHAPITRE VIII.

LA disposition des parties qui composent la Musique à cinq, et pour l'ordinaire de quatre manieres differentes dont le choix dépend de la volonté, et du dessein du Compositeur.

Premiere Obseruation.

La premiere disposition est,

De deux Dessus esgaux.

D'vne Haute-Contre.

D'vne Taille.

Et d'vne Basse.

[-34-] Seconde Obseruation.

La seconde est,

D'vn Haut-Dessus.

D'vn Bas-Dessus.

D'vne Haute-Contre.

D'vne Taille.

Et d'vne Basse.

Troisiesme Obseruation.

La troisiesme est,

D'vn Dessus.

D'vne Haute-Contre.

De deux Tailles esgalles.

Et d'vne Basse.

Quatriesme Obseruation.

La quatriesme est,

D'vn Dessus.

D'vne Haute-Contre.

D'vne Haute-Taille.

D'vne Basse-Taille.

Et d'vne Basse.

[-35-] Cinquiesme Obseruation.

Toute la plus grande Harmonie qui se fasse n'est jamais composée que de trois accords redoublez, si bien qu'il est impossible de composer à Cinq que deux parties ne fassent en mesme temps vn mesme accord, à sçauoir l'Octaue, la Quinte ou la Tierce.

Il est à remarquer en passant que la Sixte tient quelquefois lieu de la Quinte, et qu'en cette rencontre elle se peut encore doubler.

Sixiesme Obseruation.

Dans la necessité de doubler les parties en composant à Cinq, il faut remarquer pour la beauté et pour la multiplicité de l'Harmonie que l'accord se doit doubler plustost à l'Octaue qu'à l'Vnisson.

Septiesme Obseruation.

C'est vne maxime generale que ce qui est permis composant à peu de parties se doit faire à plus forte raison composant à beaucoup: C'est pourquoy je ne voy pas qu'il soit fort necessaire de repeter icy les choses dont j'ay desia fait mention en d'autres endroits, je me contenteray seulement de dire que pour [-36-] donner lieu de faire bien chanter les Parties composant à cinq, à six, ou à plus, il faut que la Basse qui en est le fondement soit disposée par certains interualles entre lesquels les parties puissent trouuer jour pour se glisser auec aysance dans toute l'estenduë de leurs voix.

Voyla ce me semble en general et en particulier les principales Obseruations qui se doiuent garder en toute sorte de Musique, soit vocale, soit Instrumentale, et en toute sorte de Composition, je veux dire à moins ou à plus de parties.

Aprés donc que l'estude et le soin auront fait vn amas de regles, de preceptes, de connoissances, et d'obseruations; il est necessaire que le jugement en soit le directeur et l'oeconome, afin de les ménager auec discretion, et de tenir nostre genie comme par la main pour le conduire seurement dans la distribution aussi bien que dans l'espargne des choses propres et conuenantes aux sujets qui se presenteront.

Mais afin de ne laisser que le moins que je pouray à desirer, je tâcheray de mettre au jour quelques Ouurages de ma façon, non seulement en parties separées; mais encore en partition, où l'on pourra faire beaucoup de remarque sur quantité de choses dont j'ay parlé en ce present Traité.

Fin de la quatriesme et derniere Partie.

[-37-] TABLE DES CHAPITRES

Contenus dans la Quatriesme Partie de ce Traité.

CHAPITRE I.

DES trois Maximes necessaires pour faire vne belle Musique. page 1

CHAPITRE II. De l'vsage du Contrepoint. 2

CHAPITRE III. De la Modulation. 5

CHAPITRE IV. De l'Inuention. 14

CHAPITRE V. De la maniere de Composer à deux, et des Obseruations qui s'y doiuent garder. 22

CHAPITRE VI. De la maniere de Composer à trois, et des Obseruations qui s'y doiuent garder. 27

[-38-] CHAPITRE VII. De la maniere de Composer à quatre, et des Obseruations qui s'y doiuent garder. 30

CHAPITRE VIII. De la Maniere de Composer à cinq, et des Obseruations qui s'y doiuent garder. 33

[-39-] PRIVILEGE DV ROY.

LOVIS PAR LA GRACE DE DIEV, ROY de France et de Navarre, A nos amez et feaux Conseillers les gens tenans nos Cours de Parlement, Maistres des Requestes ordinaires de nostre Hostel, Baillifs, Seneschaux, Preuosts, leurs Lieutenans, et à tous autres nos Iusticiers et Officiers qu'il appartiendra. Salvt, Nostre cher et bien amé le Sieur de la Voye nous a fait remonstrer qu'il a fait vn Traité de Musique, reueu et augmenté de nouueau d'vne quatriesme Partie, contenant plusieurs choses curieuses et tres-vtiles au Public, pour la Composition tant Vocale qu'Instrumentale, lequel l'exposant desireroit mettre en lumiere, et à ces fins nous a tres-humblement requis luy octroyer nos Lettres sur ce necessaires, A ces Cavses Nous auons permis et permettons par ces presentes audit Exposant, ses heritiers ou ayant droict de luy, de faire imprimer, vendre et debiter en tous les lieux de nostre obeïssance ledit Traité de Musique, reueu et augmenté de nouueau d'vne quatriesme Partie, par tel Imprimeur qu'il voudra choisir, en telles marques, et tels caracteres, et autant de fois que bon leur semblera, durant dix années entieres et accomplies, à compter du jour qu'il sera acheué d'imprimer pour la premiere fois, et faisons tres-expresses deffenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient, et à tous Libraires, Imprimeurs ou Graueurs, mesmes à ceux qui ont des Priuileges particuliers de l'imprimer ny faire imprimer, vendre ny debiter durant ledit temps, sous pretexte d'augmentation, correction, changement de titre, fausses marques ou autrement, en quelque sorte et maniere que ce soit sans le consentement dudit Exposant, de ses heritiers, ou de ceux qui auront droit de luy, à peine de quinze cens liures d'amande, applicable vn tiers à Nous, vn tiers à l'Hostel Dieu de Paris, et l'autre tiers audit Exposant, de confiscation de tous les Exemplaires contrefaits, et de tous despens, dommages et interests, à condition qu'il sera mis deux Exemplaires dudit Liure en nostre Biblioteque publique, vn en celle de nostre tres-cher Cousin le Sieur Seguier Cheualier Chancelier de France, auant que de l'exposer en vente, à peine de nullité des presentes, du contenu desquelles Nous [-40-] vous mandons que vous faciez joüir plainement et paisiblement ledit Exposant, ses heritiers ou ceux qui auront droit de luy, empeschant qu'il ne leur soit donné, ny fait aucun empeschement, Vovlons aussi qu'en mettant au commencement ou à la fin dudit Liure vn Extrait des presentes, elles soient tenuës pour deuëment signifiées, et que foy y soit adjoustée, et aux Coppies collationnées par l'vn de nos amez et feaux Conseillers et Secretaires, comme à l'original: Mandons au premier nostre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l'execution des presentes tous Exploits necessaires sans demander autre permission, Car tel est nostre plaisir, nonobstant clameur de Haro, Chartre, Normande et autres Lettres à ce contraires. Donné à Paris le treiziesme jour de l'an de grace mil six cens soixante, et de nostre regne le dix-huict.

Acheué d'Imprimer le troisiesme jour de Mars 1666. Et les Exemplaires ont esté fournis.


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