TFM - TRAITÉS FRANÇAIS SUR LA MUSIQUE

Data entry: Peter Slemon
Checked by: David Schneider
Approved by: Peter Slemon

Fn and Ft: YSSTRA TEXT
Author: Yssandon, Jean
Title: Traité de la Musique Pratique
Source: Traité de la Musique Pratique, diuisé en deux parties: Contenant en bref les Régles et Preceptes d'icelles, ensemble les Tables Musicales, auec diuers Exemples pour plus facile intelligence de l'Art (Paris: Adrian le Roy & Robert Ballard, 1582; reprint ed., Genève: Minkoff, 1972).
Graphics: YSSTRA 01GF-YSSTRA 17GF

[-f.1r-] TRAITE de la Musique Pratique, diuisé en deux parties:

Contenant en bref les Régles et Preceptes d'icelles, ensemble les Tables Musicales, auec diuers Exemples pour plus facile intelligence de l'Art.

Le tout extraict de plusieurs Auteurs Latins et mis en langue Françoise, Par Iean Yssandon.

Natif de Lesart, en la Conté de Foix.

A PARIS.

Par Adrian le Roy, et Robert Ballard. Imprimeurs du Roy. 1582.

Auec priuilege de sa majesté.

[-f.2r-] A MONSEIGNEVR.

MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME et Reverentissime Cardinal d'Armaignac, mon Mecenas tres-humble salut.

MOnseigneur. Ayant esté nourry par vostre bonté et liberalité en vostre maison, l'espace de vint-cinq ans ou plus, Entre autres louables exercices, je me suis dautant plus volontiers adonné et affectioné à la Musique, que ie vous ay touiours cognu singulier amateur d'icelle, et cherir ceux qui en font profession, desquels auiourd'huy il s'en void vn bon nombre par la France, qui par vne longue pratique composent et mettent par écrit, sans bonnement scauoir que c'est de cest art, ny les preceptes d'iceluy, faute (comme je pense) de n'auoir leu les liures des doctes personnages qui ont écrit de ceste science. Considerant donc la cause estre au deffaut de l'intelligence de la langue latine, i'ay prins de cela occasion de faire ce petit Traité, tiré de plusieurs Auteurs, contenant tout ce qui concerne l'art de ceste profession, prenant d'vn auteur vne chose, d'vn autre vne autre, selon que je trouuois qu'ils la declaroient plus facilement, pour la diuersité des matieres, fut par exemples, ou figures demonstratiues ou autrement: Et ay le tout reduict ensemble et mis en forme d'épitome, en langage françois, afin qu'a l'aduenir ilz puissent plus seurement composer, et mettre par écrit leurs inuentions, et n'y ay seulement mis la Musique des anciens, mais aussi la moderne, laquelle est necessaire pour le seruice des Eglises, tant pour les intonations que psalmodie. Et encores, Monseigneur, que le Traité soit petit, dautant que la Musique est et tient rang des plus nobles entre les artz, i'ay bien osé prendre la hardiesse le vous dedier, pour estre armé du bouclier de vostre nom, n'y ayant rien mis du mien, sinon ce que les anciens en ont écrit. Parquoy, Monseigneur, vous plaira accepter le petit present, attendant qu'auec le temps ie vous en puisse faire vn plus notable, Ce pendant en vous baisant treshumblement les mains ie priray continuellement Dieu

Monseigneur, qu'en prosperité il vous doint longue et heureuse vie. De vostre Palais d'Auignon le premier jour de Mars. 1582.

Le moindre de voz treshumbles et deuotz seruiteurs

Jean Yssandon.

[-f.2v-] TRAITE

Contenant les preceptes de la Musique Pratique, commençant a la difinition de Musique, et continuant degré par degré, jusques aux Régles et Preceptes du Contrepoint, ou Composition.

POVR declarer en peu de parolles que c'est que Musique ou Harmonie, nous laisserons la difinition que donnent les Philosophes, commençant au mouuement des cieux, des astres et planettes, et qui mettent l'an au cours du soleil, le moys au tour de la lune, le jour au tour du soleil et estoilles, le cours du soleil en vn an, le tour de la lune en vn moys, et le tour du soleil et estoilles, en vingt-quatre heures. Apres viennent au corps inferieurs, aux quatre elemens, aux corps humains auec les quatre humeurs comparees aux quatre elemens. et cetera. Mais laissans à part tous ces discours, qui consistent plus en contemplation imaginatiue qu'en preuue effectuelle, qui puisse contenter le sens de l'ouye, nous viendrons a nostre Musique Pratique, laquelle nous declarerons par articles, brieuement et succintement, et le plus clairement que le sujet de cette science le permettra.

Et premierement.

Que c'est que Musique Pratique.

MVsique Pratique n'est autre chose, sinon l'art de bien chanter.

En quoy consiste l'art de bien chanter.

L'Art de bien chanter consiste en cinq choses. La premiere est, d'auoir bien et seurement la cognoissance de l'eschele que l'on nomme communement la Gamme, auec toutes ses proprietez: Apres cognoistre les genres d'harmonie: Consequemment les interualles auec leurs voix. Quartement vne espece de batue ou tact, auec certaine mesure pour la varieté des signes ou figures selon la diuersité des chantz. La cinquiéme que [-f.3r-] toutes les parties du chant qui se propose, soyent accommodées de voix propres et conuenables a iceluy.

En combien de sortes la Musique est pratique.

La Musique Pratique est de deux sortes, assauoir plaine, et figurée.

Que c'est que Musique plaine.

C'Est proferer vn nombre de notes, souz vne simple vniforme et égale mesure, dequoy tous les chantz qui sont en forme de contrepoinct simple, seruent d'exemple.

Que c'est que Musique figurée, ou chant figuré.

CHant figuré, est celuy qui en ses notes, ou pour la couleur, ou pour la varieté des signes ou figures prouenues du Modus, Temps, ou Prolation, Mesures ou Proprietez, obserue diuerse ou inegale quantité des notes diuerses, et signes diuers et figures. C'est aussi pourquoy il est dit chant figuré, ou Musique figurée.

Pourquoy il faut commencer par l'eschele pour venir a la Composition.

L'Ordre et methode du contrepoint requiert de commencer par l'eschele, car en tous les artz et sciences y a quelque petite chose qui nous fait cognoistre les grandes: Comme en la Geometrie il y a quelque chose de petit nommé le poinct. En la Musique aussi est le coma, commencement de la formation du ton mineur: Apres vient le schisma qui vaut deux coma, lesquelz valent la moitié d'vn diesis lequel schisma sert pour la Musique enharmonique: Apres vient le diesis et l'apotome, le diesis est semiton mineur, et apotome est le semiton majeur, bien que apotome, veut dire proprement decision de ton, lequel apotome est mis entre b. fa. [sqb] mi. Toute-fois les practiciens le nomment semiton majeur: Apres vient phtongos qui veut dire son: Apres degré par degré viennent diastimata, qui veulent dire interualles, ou autrement consonances. Ce sont tous motz Grecz, et toute-fois ce sont les premiers fondemens du chant, sans lesquelz personne ne peut venir audit chant, Et pource que tout cela est contenu en l'eschele, faut donq commencer par icelle, afin de cognoistre tout le fondement de l'art, comme les interualles, la nature du chant, les muances des voix, et tout ce qui apartient a l'art de chanter, que plusieurs nomment improprement et grossierement Solmisation.

[-f.3v-] Pour quelle raison se nomme Eschele.

C'Est vn mot prins a la semblance d'vne eschele, que l'on vse pour monter aux edifices, laquelle figure et forme est representée par les clefz et lignes, lesquelles y sont legitimement et par bel ordre contenues. Et tout ainsi que l'on monte et descend degré par degré le long d'vne eschele, aussi en cette-ci les voix montent et descendent de clef en clef par tous les tons, ni plus ni moins que par les degrez d'vne eschele.

Figure de l'eschele commune.

[Yssandon, Traité, f.3v; text: ee la, dd la sol, cc sol fa, bb fa [sqb][sqb] mi, aa la mi ré, g sol ré vt, f fa vt, e la mi, d la sol ré, c sol fa vt, b fa [sqb] mi, a la mi ré, G sol ré vt, F fa vt, E la mi, De sol ré, C fa vt, B mi, A ré, [Gamma] vt] [YSSTRA 01GF]

L'vsage de ceste Eschele.

L'Vsage est que par les diuerses distances des lignes et espaces, nous sont monstrez les diuers interualles des voix, et aussi des clefz: les muances des voix, et la diference d'icelles.

[-f.4r-] Quelle methode on peut tirer de l'eschele.

PVisque l'artifice de chanter consiste en l'eschele, il est besoin de la sçauoir auec toutes ses proprietez. Et a ceste cause il faut auoir les vingt clefz en la memoire, par le mesme ordre qu'elles sont disposées, et par ce moyen l'on sçaura quelles, et combien de voix contient chasque clef. Et tout ainsi comme il y a sept clefz, aussi y a il sept lettres nommées A. B. C. D. E. F. G. Et faut qu'il y ait trois ordres de ces lettres en l'eschele, tellement qu'entre trois sortes de la lettre A. fera diference de la forme. Exemple A. a. aa. La premiere est en lettre grosse, en ceste façon A. et est posé au lieu bas de l'eschele, et mis a lespace. Le second ainsi faict, a. est posé au milieu, et est situé a la ligne. Le tiers qui est double en ceste façon aa. est mis a la partie haute, et en l'espace. Par ainsi les trois lettres auront ceste diference, que la lettre A. se nommera A. graue, tenant la partie basse, Et lautre a. se nommera acutum, tenant la partie moyenne. Et le troisiesme double aa. se nommera peracutum, tenant la partie haute, et ainsi sera des autres lettres ou clefz. B. b. bb. C. c. cc. D. d. dd. et cetera. Parquoy faut bien prendre garde aux interualles des clefz. Exemple, de la lettre A. iusques a la lettre F. c'est vne sixte, de A. a G. vne septiesme, de A. a lautre a. vne octaue, de A. au petit c. vne disiesme. Voila pourquoy ne faut seulement sçauoir les lettres, mais aussi les distances ou interualles.

Les choses plus considerables en l'eschele.

LEs choses qui sont plus a considerer en l'eschele sont deux, a sçauoir les clefz et les voix.

Que c'est que clef.

CLef est vne lettre contenue a la ligne, ou bien a l'eschele, accompagnée de certaines voix, nous introduisant a la cognoissance du chant, comme sont ces sept lettres. a. b. c. d. e. f. g.

D'ou vient ce nom de clef.

LE nom de clef est prins metaphoriquement d'vne clef de fer, auec laquelle on ouure la porte qui cache les choses qu'on ne peut voir sans l'ayde de la clef, Aussi les voix sont cachées, et ne les sçauroit-on cognoistre sinon par le moyen de la lettre nommée clef, qui nous donne la cognoissance desdites voix.

[-f.4v-] Le nombre des clefz.

LEs clefz prescriptes, sont en nombre de vingt, mais si on veut comprendre b. fa [sqb] mi. qui est vn ton diuisé en deux semitons, dautant qu'il contient deux lettres et deux voix, il y en aura vingt deux, mais b. fa [sqb] mi. ne se met jamais au commencement de la ligne, comme sera declairé en son lieu.

De l'ordre des clefz.

L'Ordre des clefz est triple, Le premier est; que leur ton, lieu et figure, ont aussi triple nom, asçauoir graue, infimes, et majeure. Le second par mesme raison se nomme aussi en trois noms acute, medie, et mineure. Le troisiéme peracute, supreme, et doublée.

Les clefz du premier ordre.

AV premier ordre y a huict clefs asçauoir, [Gamma]. A. B. C. D. E. F. G. et sont dictes graues ayant le son plus bas, et gros, majeures, ou capitales, estantz en plus grosse lettre, infimes, estans au bas de l'eschele; Et entre ces huict, en sont quatre desquelles tout chant regulier prend sa fin, et sont. D. E. F. G.

Les clefz du second ordre.

AV second ordre y en a sept. a. b. c. d. e. f. g. Et se noment acutes par ce qu'elles ont le son plus aigu que les precedentes, medies, par ce qu'elles ont quasi moyenne nature entre les graues, et peracutes et mineures a la difference des precedentes. Des mesmes lettres en la teneur et haute transposition, en y a quatre finales nommées, a. b. c. d. esquelles tout chant irregulier prend fin. Le chant qui faict sa fin en a. est du premier ou second ton. En b. du tiers ou quart. En c. du quint ou sixt. En d. du septiéme ou octaue. Se referant la lettre a. a la lettre D. le b, a E. le c. a F. le d au G. comme-il se void en la presente figure.

[Yssandon, Traité, f.4v; text: a, b, c, d, D, E, F, G] [YSSTRA 01GF]

[-f.5r-] Les Clefs du tiers ordre.

AV tiers ordre il y en a cinq. aa. bb. cc. dd. ee. nommées peracutes, et surpassantes, qui au regard des inferieures ont leur son plus aigu, et hautain, Et ce chant se nomme communement Superius ou Discantus, Elles se nomment aussi doubles par ce que les lettres sont doublées, et supremes, par ce qu'elles tienent le plus haut lieu. Ce tiers ordre pourroit bien auoir aussi bien sept lettres, comme le second, car l'eschele pourroit monter sans fin. Mais d'autant que les voix ne peuuent monter plus haut, noz ancestres ont fini a ces vingt degrez. Ainsi donq les Clefz sont diferentes en trois façons: de nom, figure, et lieu, comme il est representé en ceste figure.

[Yssandon, Traité, f.5r; text: Les Clefz sont diferentes en troys façons. Lieu, Figure, Nom, Supremes, Medies, Infimes, Doubles, Mineures, Majeures, Peracutes, Acutes, Graues.] [YSSTRA 01GF]

IL reste encores a dire, que les anciens voyant que toutes les lignes et espaces estoient garnies de Clefz, et que ce seroit plustost empéchement aux diciples qu'autrement, ilz ont reduict les clefz en moindre nombre, faisant diference entre icelles, car ilz en ont retenu cinq principales, qu'ilz nomment Claues signatae c'est a dire clefz signées, qui sont [Gamma]. F. c. g. dd. lesquelles sont mises au commencement des lignes pour monstrer le chant, Les autres moins principales sont deux, a sçauoir. [sqb] mi. et b. fa. lesquelles ne se mettent jamais au commencement de la ligne, mais seulement dans le chant, et ce par accident, pour monstrer vng changement ou par [sqb] quarre, ou par b. mol. Et faut que les Musiciens considerent que ces cinq clefz ne sont mises aux espaces, mais sont mises ez lignes, et vont par quintes de l'vne a l'autre hormis les deux inferieures, qui sont a la septiéme. Or puis que nous auons mis fin aux clefz, faut parler maintenant des voix.

[-f.5v-] Que c'est que voix.

SI nous voulons parler, suiuant la difinition des Phisiciens et Medecins, nous dirons que la voix est vn son qui procede d'vne artere venant des pomons jusques a l'interieur de la gorge, prenant commencement et principe de l'immagination, et de la se rend a la langue, laquelle estant aydée de l'ouuerture et cloture de la bouche et de l'attouchement des dents, donne le son suiuant l'affection de l'entendement: Mais ceste difinition n'est pas suiuant l'intention des musiciens: Car ilz disent que la voix, ou les voix, est syllabe ou syllabes, lesquelles monstrent et expriment le son des interualles, tant des lignes que espaces. Et ce soubz la conduite des clefz, et sont en nombre six, a sçauoir. vt, ré, mi, fa, sol, la. Lesquelles suffisent pour toute espece de chant par le moyen des muances contenues en l'eschele.

La difference quil y a entre les voix.

LEs voix de leur nature different triplement, comme il est demonstré en la seconde partie de ce traité ou il est parlé de la Theorique sur les especes de dyatessaron, à sçauoir, vt, fa, moles, ré, sol, natureles, mi, la, dures, Et les natureles se peuuent mesler auec les vnes et les autres, c'est a dire auec les moles et auec les dures tout ensemble.

Autre diuision des voix.

L'Autre diuision des voix qui se trouue, n'est sinon que les trois sont pour monter, et les autres pour descendre, Et sont les trois inferieures qui montent. vt, ré, mi. Et les superieures descendent, la, sol, fa. Voila pourquoy il faut que ceux qui veulent aprendre a chanter prenent garde a cela, afin quilz puissent bien chanter et selon l'art. L'ancien prouerbe dit ainsi, vt, ré, mi, ascendant, et la, sol, fa, descendant.

Des interualles.

ENcores qu'en la seconde partie de ce traité, je declare tous les interualles par exemple, neantmoins i'en toucheray vng mot, tant des bons que des mauuais auec leurs augmentations, ou pour mieux dire redoublement et triple lignement suiuant l'vsage des Musiciens.

Que c'est qu'interualle.

LEs Grecz nomment interualle Diastima, suiuant la difinition de Boece qui signifie la distance d'vn ton graue, et d'vn acut. Et Tinctor les difine [-f.6r-] ainsi. Consonance est vne mixture de sons, conuenante doucement aux oreilles Et au contraire parlant des interualles mauuais. Discordance est vne mixture de diuers sons naturellement ofençans les aureilles. Iaques Faber Stapulensis dit ainsi. Consonance est vne mixture d'vn ton graue auec vn acut, doucement et vni-formement contentant les aureilles, parfaicte par vne multiplique, ou superparticuliere raison.

Combien d'interualles sont vsitez en la Musique.

LEs interualles vsitez sont, premierement ton. semiton. tierce. tierce imparfaite. quarte. quinte. sixte parfaite. sixte imparfaite. septiesme majeur. septiesme mineur. diapason ou octaue.

Pourquoy l'vnisson n'est comprins auec les autres.

L'vnisson n'est point interualle, mais seulement commencement d'interualle: Comme aux Aritmeticiens .i. n'est point nombre, mais seulement commencement de nombre.

Les interualles qui redoublent et triplent.

LEs interualles qui redoublent et triplent, augmentent tousiours par sept, tellement que la tierce se fait dixiesme, dixseptiesme, et tousiours reste tierce.

Exemple.

6 l3 20
5 12 19
3 10 17
1  8 15

Des trois genres de chanter.

TOut ainsi comme nous auons trois clefz principales, situées en diuers lieux de l'eschele, soubz lesqueles tous les hexacordons ou deductions prenent leur origine, hexacordon et deduction n'est autre chose que les six voix. vt. ré. mi. fa. sol. la. Lesquelles sont en diuers lieux de l'eschele, prenant origine, et estant soubz la loy de ces trois clefz, à sçauoir C. F. G. Aussi en sortent trois especes de chanter, l'vne dicte mole, l'autre dure, et l'autre naturelle.

[-f.6v-] Que c'est que chant mol.

Chant mol est celuy qui prend commencement a la clef de F. mediant en a la. mi. ré, et montant en b fa. [sqb] mi. par diésis molement, et finit en d. la. sol. ré. Il se nomme mol par ce qu'il donne molement vne douceur aux aureilles, et sa marque est vng b. rond, signé au commencement soubz la clef de c sol. fa. vt. Et de ces octaues et de sept deductions qui sont en l'eschele. b. mol. en prend deux soubz la clef. F.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.6v,1; text: Deduction, Premiere, Seconde, comence en, F, f, medie en, b, bb, et fine en, d. la sol ré. dd. la sol.] [YSSTRA 02GF]

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.6v,2; text: Premiere deduction. Seconde deduction.] [YSSTRA 02GF]

Que c'est que chant dur.

LE chant dur prend son commencement a la clef de G. et medie en a la mi ré, monte a la clef de b. fa [sqb] mi par ton entier durement, et prend sa fin en e la mi, Ainsi nommé par ce qu'il a le chant dur, son indice est en b. fa [sqb] mi, est tel signe [x][sqb], Il a trois deductions, prenant son origine a la clef G. située en diuers lieux.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.6v,3; text: Premiere, Seconde, Tierce, commence en, [Gamma] vt, G. sol ré vt, g. sol ré vt, medie en C. fa vt, c. solfavt, cc. sol fa, prend fin en, E. lami. e. lami. ee. la.] [YSSTRA 02GF]

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.6v,4; text: Premiere. Seconde. Tierce.] [YSSTRA 02GF]

Que c'est que chant naturel.

LE chant naturel est celuy qui prend son origine a la clef de C. et medie en F. fa vt. et finit en a la mi ré, et est dict naturel, parce qu'il a moyene [-f.7r-] nature, entre le chant dur et le mol. Car b, fa [sqb] mi clef, ayant double qualité a cause de la section du ton, que les Grecz nomment apotome, de sorte que le chant naturel, n'arriue jamais jusqu'a ce ton, Ainsi coupé en deux il ne touche ni molitie ny duresse: Il a deux hexacordes ou deductions. Exemple.

[Yssandon, Traité, f.7r,1; text: Premiere. Seconde. comence en, C. fa vt, c. sol fa vt, medie en, F. fa vt, f. fa vt, prend fin en, a. la mi ré, aa la mi ré] [YSSTRA 02GF]

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.7r,2; text: Premiere. Seconde.] [YSSTRA 02GF]

IL se trouue peu souuent de ces exemples es Teneurs figurées, mais aux Ecclesiastiques et plain-chant, fort souuent.

Asçauoir-mon si ces trois chantz demeurent ainsi separez.

IL ne se peut faire, car le natutel est tousiours conjoinct ou auec le mol, ou auec le dur, et n'est jamais auec les deux ensemble, dautant que le chant va ordinairement en b. fa [sqb] mi. mol ou dur, car quoy qu'il semble que le mol auec le dur, ou au contraire le dur auec le mol, soyent par fois en-semble, le chant n'en est pourtant ni dur ni mol, mais est dict chant fict ou feint, allant contre le droict de l'eschele.

Que c'est que chant feinct.

CHant feinct est vng changement d'vne voix pour autre, contre la nature de la clef, et du chant, comme si en E. la mi, on dict fa. Et en F. fa vt on dict sol. cela est proprement chant feinct. Car encores que pourtant en [Gamma]. vt, on die sol ou ré, Et en A ré, la ou mi, ce ne seront pas voix feinctes pourtant, dautant qu'elles se trouuent a leur octaue, c'est a dire, G. sol ré vt, et a la mi ré. Voila pourquoy, [Gamma]. A. B. ne font point les voix feinctes come, E. la mi, et F. fa vt, comme dessus est dict.

Quelz sont les signes du chant feinct.

LEs signes du chant feinct sont deux, asçauoir [x]. pour le chant dur, et b. pour le chant mol. Et toutesfois et quantes que lon trouue ces deux signes hors de b. fa [sqb] mi. on peut dire que c'est chant feinct.

[-f.7v-] Si le chant qui est marqué de telz signes, est tout feinct.

SI au comencement du chant, telz signes sont mis sur les clefz impropres ausdits signes, et que les tons soyent conuertis en semitos, et les semitons en tons par la vertu des signes, c'est chant feint, iusqu'a ce que le chant retourne a son naturel.

Pourquoy les Musiciens ont trouué le chant feint.

C'Est pour deux raisons, l'vne par necessité, et l'autre par la suauité du chant et delectation des aureilles.

La cause de la necessité.

QVelques-fois par necessité de consonances, les Musiciens sont contrainctz vser du chant feint, non-obstant la prohibition des interualles, desquelz cy dessus est faicte mention, et qu'au chant, où lon met plusieurs voix, on ne puisse facilement trouuer lieu pour l'accommoder par le chant feint. Exemple, come si au chant mol, quelque petite note est posée en b. fa. [sqb] mi, et q'une autre responde a l'oposite en E. la mi, Alors suiuent la prohibition de l'interualle, Et estant la quinte fauce, faudra necessairement dire fa, a la clef de E. la mi, Sinon que d'auenture cela ait en quelque façon lieu, en la clausule que lon nomme formale. Et ainsi euitera facilement les interualles prohibez, celuy qui entend les especes des consonances parfaites, en les augmentant ou diminuant par le semiton: Car si le diapenté est defectueux ou surabondant en adioutant ou otant le semiton, on aura la quinte ou dyapenté parfaite, et de tous nombres absolüe: Et se fera ainsi semblablement des autres consonances.

La cause de la suauité.

LA cause de la suauité est afin que le chant soit trouué plus doux, et que le sens de la lettre soit mieux representé par la voye des feintes, tellement que ceste varieté donne telle vigueur au chant, que l'harmonie penetre au plus profond du coeur, laquelle delecte et rauit les auditeurs. Et ceste espece d'harmonie a tant de force, par la vertu de plusieurs decisions, et feintes diuerses, que telle Musique est tenue au genre de celle que l'on nomme chromatique.

Des muances, et que c'est que muance.

MVance n'est autre chose qu'vn changement d'vne voix a autre, de méme ou prochaine nature, en vne méme clef, et d'vnissone variation.

[-f.8r-] Pourquoy a esté trouuée la muance.

LA muance a esté trouée tant pour la montée que pour la descente du chant, et la ou vne deduction ne peut sufire, montant ou descendant plus outre de sa deduction, faut passer en vne autre par la muance et changement de voix, a méme ton toutesfois come dit est a la difinition de muance. Et par ainsi faut penser qu'en vn chant ou sont plusieurs voix ou parties necessairement faut passer par tous les degrez de l'eschele. Et par ainsi sont plusieurs voix, es deductions esquelles ou en montant ou descendant il faut faire muance. Et par ce qu'il y a des clefz qui contienent deux voix, et d'autres trois, et d'autres vne seulement a celles qui ont deux voix, l'autre sert pour monter et l'autre pour descendre, Et telles clefz sont huict en nombre asçauoir. C. fa vt. D. sol ré. E. la mi. F. fa vt. e. la mi f. fa vt. cc. sol fa. dd. la sol, Lesquelles ont deux muances seulement, Et les clefz qui ont troys sillabes, ou voix soustienent six muances, Et sont six en nombre, à sçauoir G. sol ré vt, a. la mi ré, c. sol fa vt, d. la sol ré, g. sol re vt, aa. la mi re. Et en icelles icy, faut considerer d'en oster toujours vne pour la diuersite de la nature du chant, comme si le chant est par b. mol, faut oster vt en G. sol re vt. re en a. la mi re. fa. en c. sol fa vt. sol. en d. la sol re. et re en a. la mi re. Et si le chant est par [sqb]. faut retenir celles que vous auez ostees, et oster re. mi. sol. la. mi. Et quant aux clefz qui n'ont qu'vne voix, n'ont point de muance si le chant ne surpasse l'eschele, la ou faudroit muer les voix de leurs octaues celles qui n'ont muance sont [Gamma]. vt. A. re. [sqb]. mi. b. fa. et e. la.

Pourquoy b. fa [sqb] mi, n'est mis entre les clefz qui ont deux voix.

LA clef de b. fa [sqb] mi. ne peut auoir muance, car l'on ne met jamais mi pour fa, ni fa, pour mi. Car si le chant est par b. mol il faut dire fa. si par [sqb]. faut dire mi. car il faut que la muance soit vnisone. ce que fa. et mi. ne sont pas.

Exemple.

Comment il faut entendre que les clefz n'ayant qu'une voix n'ont point de muances. Et celles qui ont deux voix, ont deux muances et celles de trois voix ont six muances.

[Gamma]. vt. A. re. B. mi. n'ont point de muance. Mais C. fa vt. en a: on dit fa vt. vt fa. En D. sol re. on dit sol re. re sol. E. la mi. la mi. mi la. F. fa vt. fa vt. vt fa. Mais en G. sol re vt. on dit sol re. re sol. sol vt. vt sol. re vt. vt re. Et en a la mi re. on dit la mi. mi la. la re. re la. re mi. mi re. Et ainsi des autres.

[-f.8v-] Les reigles esquelles les muances consistent.

POur ce que par la pluralité des reigles, aucuns ont rendu le precepte des muances quasi confus. Nous les metrons en deux reigles: La premiere sera que toutes les muances qui sont par [sqb], ou chant dur, seront mises en trois clefz auec leurs octaues. A sçauoir en la clef. D, et a, en montant, D, et a, par la voix ré. Et en descendant en. E, et a, par la voix, la: C'est la vraye reigle qui ne peut faillir, come se verra par ceste figure.

[Yssandon, Traité, f.8v,1; text: dd, 4. re. 3. re. 2. re. 1. re. 1. la. 2. la. 3. la. 4. la.] [YSSTRA 03GF]

Les nombres monstrent les lieux des muances.

LA seconde reigle est que quant le chant est par b, mol, toutes les muances consisteront aussi en trois clefz auec leurs octaues. A sçauoir en D. G. et a. en montant en D. et G. par la voix de ré. Et en descendant en, D. et a. par la voix de la.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.8v,2; text: dd, 4. re. 3. re. 2. re. 1. re. 1. la. 2. la. 3. la. 4. la.] [YSSTRA 03GF]

IL faut noter que les muances, qui se font en montant, se font par la voix ré. Et celles qui se font en descendant par la voix la: Mais il y a encores deux exceptions, sur l'impropre muance on a accoutumé de la faire par les voix plus voisines: Et aussi aux longs interualles ou sautz come. octaue, [-f.9r-] quinte, et quarte parfaite: L'on monte sans faire muance de ré en ré, de mi en mi: et descend l'on aussi de la en la, de sol en sol, de fa en fa. Et si le chant ne passe plus hault du la, que de la seconde faut dire fa: sans aulcune muance.

OR donc ayant assez discouru apertement sur les points pour l'instruction des principes, donnans la cognoissance de la Musique: faut maintenant parler des reigles du contrepoinct, ou composition.

Quant au contrepoinct, les anciens Musiciens en ont fait huict reigles.

LA premiere, est que tout commencement doit estre par consonance parfaite, à scauoir par vnisson, octaue, quinsiéme, ou bien par quinte, ou dousiéme, encor' que lesdites consonances ne soyent parfaites: pourautant qu'elles contienent autre consonance dans elles: tout ainsi qu'en l'octaue est cnotenue la quinte et la quarte, et en la quinte est contenue la tierce. A l'occasion de quoy l'octaue, et la quinte, sont dites parfaites.

CEste premiere reigle, est plustost arbitraire, que absolüe: car il y a plusieurs commencemens qui ne contiennent pas ce que dessus, comme il se peut voir en beaucoup d'exemples.

LA seconde reigle, est que deux consonances parfaites de méme genre, ne peuuent immediatement se suyure soit en montant, ou descendant: comme sont deux vnissons, deux octaues, deux quinziémes, deux quintes, ou deux dousiémes. Et ceste reigle n'est pas arbitraire, comme la precedente, ains est reigle generale.

AVcuns toutesfoys ont voulu dire que deux quintes, montans ensemble, ou descendans, pourueu qu'elles soyent de diuerses qualitez et interuales, à scauoir l'vne parfaite, et l'autre diminute: se peuuent mettre et coucher ce qui ne se pratique que fort peu ou iamais, des mieux versez en cet art.

LA troisiéme, est qu'entre deux concordances parfaites de mesme genre, prenans diuers ou semblables mouuemens, qu'à tout le moins vne consonance imparfaite, comme vne tierce, ou sixte, doit estre mise entre deux: plusieurs imparfaites semblables, ou dissemblables, comme deux, trois, quatre, tierces, aussi vne ou plusieurs sixtes sont fort conuenables, pourueu qu'elles soyent proprement adaptées.

LA quatriéme reigle est, que plusieurs consonances parfaites dissemblables qui montent ou desdendent, se peuuent mettre au contrepoinct: [-f.9v-] comme vne quinte apres l'vnisson ou l'octaue, et l'octaue apres la quinte: et consecutiuement de méme façon comme il se void par experience ordinaire.

LA Cinqiéme est que deux consonances parfaites, ascauoir deux quintes ou deux octaues, se peuuent faire pourueu que leurs mouuemens soyent contraires, c'est a dire qu'vne partie monte, et l'autre décende: et telle façon se nomme per Arsim, et Thesim. Car Arsis, est vn nom propre des musiciens, lequel veut dire monter, et Thesis, est sa contreposition, qui veut dire descendre: tellement que vt. ré. mi. fa. sol. la. se peut dire Arsis, d'autant qu'il monte: et la. sol. fa. mi. ré. vt. sera Thesis: et voila comment deux quintes, et octaues, se peuuent faire.

LA Sisiéme est qu'au contrepoint, les parties du chant ascauoir la teneur, et contre-teneur doyuent estre contraires, en leur mouuement contre le dessus ou discant: de sorte que si le dessus monte, la teneur descend: et que la contreteneur face de méme auec l'vne des deux. Toutes-fois l'ouïe doit estre juge de cela: car les notes du teneur, suyuent celles du dessus: par semblables mouuemens, per Arsin, et Thesin, c'est à dire l'vne montant, et l'autre descendant.

LA Setiéme est que quant d'vne consonance imparfaite on veut venir à la parfaite, comme qui vaudroit faire la termination, ou bien le semblant. Faut venir à la plus prochaine consonance, toutes-fois par mouuemens diuers, ce qui est propre de la sixte majeur, venir à l'octaue: et de la sixte mineur, venir à la quinte, mais d'vn mesme mouuement. Lautre partie du chant ferme et immobile, et lautre mobile par contraires mouuemens retourner à l'octaue: ce que semblablement faut faire à la tierce, au regard de l'vnisson, et de la quinte.

LA Huitiéme est que tout chant doit finir et terminer par concordance parfaite.

Autre anotation pour le contrepoint.

IL faut noter que jamais plusieurs sixtes ne se doiuent suiure en montant, combien qu'en décendant il se puisse faire fort bien, pourueu que la derniere soit suiuie d'vne parfaite: quelque-fois la disiéme peut bien suiure la sixte, decendant la teneur à la tierce ou à la quarte, et quelque-fois aussi la tierce l'a pourra suiure montant la teneur par diatessaron.

Item jamais le dessus ou bien rarement, se doit mettre sur la teneur à la quinte, estant le contrepoint souz la teneur à la double: mais bien souuent a la tierce, sixte, octaue, et disiéme.

[-f.10r-] De la formation des parties du contrepoint.

LA premiere reigle est que si le discant autrement dit le dessus, est mis à l'vnisson, auec la teneur, la basse se pourra mettre souz la teneur, à la tierce, à la quinte, disiéme, et dousiéme: Et au contraire si la basse est mise à l'vnisson de la teneur, le discant pourra estre mis sur la teneur de mesme sorte.

LA seconde est que si le discant est à la tierce sur la teneur, la basse pourra estre mise souz la teneur à la. 3. 8. 10. et quelquefoys à la sixte, quant la clausulation se fait de la sixte à l'octaue: De méme façon si la basse est à la tierce souz la teneur, le discant pourra estre sur la teneur à la. 3. 6. 8. 10.

LA troisiéme est que quant le discant sera à la quinte sur la teneur, la basse pourra estre joincte auec la teneur à l'vnisson ou à la tierce sur la teneur: mais non pas dessous sinon en diapason, et quelque-foys aussi à la sixte, quant la teneur prend la forme du discant et aussi quant la clausulation se fait de la sixte à l'octaue, pourueu que le supran demeure permanent aux disiémes: car ceste disposition rend vn son sort doux. Dauantage si la basse est mise à la quinte souz la teneur, le discant se peut joindre à l'vnisson, à la sixte, ou bien à l'octaue.

LA quatriéme est que quant lé discant est sur la teneur à la sixte, la basse doit estre posée souz la teneur à la quinte: ou à tout le moins à la tierce, dousiéme, et disiéme.

LA Cinquiéme est que quant le dessus fera l'octaue auec la teneur, la basse fera la tierce ou la quinte sur la teneur, ou bien la. 3. 5. 8. 10. 12. dessous. Et si la basse est à l'octaue souz la teneur, le discant se peut joindre es mémes consanances dessusdites.

LA Sixte est que si en déchantant et organisant sur la teneur, on monte à la disiéme, la baritonante c'est à dire la basse chantera à la tierce, quinte octaue sur la teneur, ou bien à la tierce, octaue, ou disiéme souz ladite teneur.

LA Setiéme est que si la basse chante à la disiéme souz la teneur, le dessus se joindra semblablement à la. 3. 6. 8. ou disiéme: Et si la basse descend à la dousiéme en déchantant souz la teneur, le dessus ou discant se peut mettre sur la teneur à la sixte, ou à l'octaue, et quelques-fois à la quarte estant le contrepoint souz la teneur à la dousiéme, quinte, ou à tout le moins à la tierce souz la teneur.

Fin du premier traité.

[-f.10v-] Seconde Partie.

NOMS DES CORDES OV NERFS DONT LES ANCIENS VSOIENT, REPRESENTEZ PAR ORDRE EN CESTE TABLE.

[Yssandon, Traité, f.10v; text: Tetrachordum Hyperboleon hoc est excellentium. Tetrachordum Diezeugmenon id est disiunctarum. Tetrachordum Synezeugmenon id est coniunctarum. Tetrachordum Meson id est mediarum. Tetrachordum hypaton id est principalium. ee, dd, cc, bb, aa, g, f, e, d, c, b, a, G, F, E, D, C, B, A, [Gamma], Nete hyperbolaeon. Paranete hyperbolaeon. Trite hyperbolaeon. Nete diezeugmenon. Paranete diezeugmenon. Trite diezeugmenon. Parameson. Nete synezeugmenon. Paranete synezeugmenon. Trite synezeugmenon. Mese. Lichanos meson. Parhypate meson. Hypate meson. Lichanos hypaton. Parhypate hypaton. Hypate hypaton. Proslambanomenos. Vltima excellentium. Penultima excellentium. Tertia excellentium. Vltima disiunctarum. Penultima disiunctarum. Tertia disiunctarum. Submedia. Vltima coniunctarum. Penultima coniunctarum. Tertia coniunctarum. Media. Index mediarum. Subprincipalis mediarum. Principalis mediarum. Index principalium. Subprincipalis principa. Principalis principalium. Grauissima. Excellentes dicuntur, quia tonorum metam excellunt. Superacutas hasce quatuor appellamus, quippe sonant citissimè et sonum clariorem reddunt. Acutae nuncupari volunt, siquidem soni vehementius percusso aere excitantur. Finales dicuntur, omnis namque tonus solito more suum terminum in his sumit. Graues dicuntur, grauem enim et asperum habent sonum.] [YSSTRA 03GF]

[-f.11r-] DES TROIS ESPECES DE MVSIQVE PARTIES A LA SOVBSCRITE TABLE.

Tetrachordum hypaton.

[Yssandon, Traité, f.11r; text: Genus, Diatonicum. Chromaticum. Enharmonicum. Semitonium minus. Tonus. Semitonium maius. Tria semitonia, id est Semiditonus. Diaschisma. Ditonus.] [YSSTRA 04GF]

LA MVSIQVE Diatonique forme chacun tetrachorde d'vn semiton mineur, et deux tons, le tout faisant vne quarte ou diatessaron. Elle est ditte diatonique, pource qu'elle abonde en tons.

LA Chromatique forme les tetrachordes d'vn semiton mineur, et du majeur, et trois autres semitons ditz semiditonos, ou tierce imparfaite. En celle sorte de Musique a grande infraction de tons.

LA Musique Enharmonique forme les tetrachordes d'vn diaschisma, et d'vn autre diaschisma, et d'vn ditonos ou tierce parfaite. Le diaschisma vaut la moytié d'vn semiton mineur ou diesis.

DES CINQ INTERVALLES qui sont à la formation du ton mineur.

Comma. Comma est vn degré duquel en faut neuf pour former le ton.

Schisma. Schisma est la moytié d'vn comma.

Diesis. Diesis est vn semiton mineur, et vaut quatre commes.

Diaschisma. Diaschisma vaut deux commes, ou bien la moytié du diesis.

Apotome. Apotome est vn semiton majeur, et vaut cinq commes.

[-f.11v-] ESCHELE ET NOMS DES VOIX ET CLEFS QVE LES MODERNES VSENT PAR ORDRE SELON LA MVSIQVE Diatonique, par nous au-jour-d'huy vsitée, comme la plus belle, et riche.

[Yssandon, Traité, f.11v; text: Claues diuiduntur in, Geminatas, Minores, Maiores, Excellentes, Peracutas, Acutas, Confinales, Finales, Graues, ee, dd, cc, [sqb][sqb], bb, aa, g, f, e, d, c, [sqb], b, a, G, F, E, D, C, B, A, [Gamma], vt, re, mi, fa, sol, la, Tonus, Diesis, Apotome, Tetrachordum Hyperboleon. Tetrachordum Diezeugmenon. Tetrachordum Synezeugmenon. Tetrachordum Meson. Tetrachordum Hypaton.] [YSSTRA 04GF]

[-f.12r-] DES INTERVALLES MAIEVRS.

[Yssandon, Traité, f.12r; text: Vnisonus. Semitonium. Tonus. Vnisson. Imparfaite seconde. Parfaite seconde. Semiditonus. Ditonus. Diatessaron. Tritonus. Tierce imparfaite. Tierce parfaite. Trois especes de quarte. Quarte fauce. Semidiapente. Diapente quatuor species. Semitonium cum diapente. Quinte fauce. 1. 2. 3. 4: Sixte imparfaite. Tonus cum diapente. Semiditonus cum diapente. Ditonus cum diapente. Diapason. Sixte parfaite. Setiéme mineur. Setiéme majeur. LES SEPT ESPECES DE DIAPASON. Especes de diapason. Formation des tons. 5. 6. 7.] [YSSTRA 05GF]

IL faut noter que le ton majeur est composé d'vne quarte et d'vne quinte, qui est la composition du diapason: et pource qu'il ny a que sept especes de diapason, l'octaue est formee de la quarte espece de diapenté, et de la premiere de diatessaron, se terminant toute-fois en g, sol, re, vt.

Notez qu'aus trois especes de diatessaron sont montrées la vertu des six voix, a scauoir, deux molles, deux naturelles, et deux rudes, comme vt, fa, molles: ré, sol, naturelles: mi, la, dures.

[-f.12v-] TABLE DES HVICT TONS, A SCAVOIR Mediante, dominante, et finale.

[Yssandon, Traité, f.12v; text: Tons. 1. Dorius in, 2. Hypodorius in, 3. Phrygius in, 4. Hypophrygius in, 5. Lydius in, 6. Hypolydius in, 7. Mixolydius in, 8. Hypomixolydius in, d la sol ré, domine. a la mi ré, medie. D sol ré, prend son commencement et fin. a la mi ré, domine. D sol ré, medie. A ré, descent. e la mi, domine. [sqb] mi acuta medie. E la mi, prend son commencement ou descent et fine. [sqb] mi, acuto domine. E la mi, graui medie et fine. [sqb] mi, graui prent son commencement ou descend. f fa ut, domine. c sol fa ut, medie. F fa ut, prent son commencement et fine. c sol fa ut, domine. F fa ut, medie et fine. C fa ut, prent son commencement ou descend. g sol ré ut, domine. d la sol ré, medie. G sol ré ut, graui prent commencement. d la sol ré, domine. G sol ré ut, medie et conclud. D sol ré, prent commencement ou descend. TABLE DES TONS, ET LES TRANSPORS tant par [sqb]. qve par b. mol. Tout ton en son naturel se termine en, G, F, E, D, Par [sqb]. en, d, c, a, Par b mol en, b, g, est, Settiéme ou octaue, Quint ou sixt, Tiers ou quart, Premier ou second, Ton.] [YSSTRA 06GF]

[-f.13r-] EXEMPLE DV PREMIER TON.

[Yssandon, Traité, f.13r,1] [YSSTRA 07GF]

NOtez que le Mixolydius et Hypomixolydius ne sont qu'vne commutation de Lydius, et Hypolydius de f fa ut, à g sol ré ut: comme facilement se peut veoir à la transposition. Ie ne parle de la musique Gregoriane, ains de l'ancienne representee à la presente table.

AVTRE DECLARATION DES TONS sur le plainchant, que l'on nomme Musique Gregoriane.

[Yssandon, Traité, f.13r,2; text: Primus, ré la. Euouae. Secundus, ré fa. Tertius, mi fa. Quartus, mi la.] [YSSTRA 07GF]

[-f.13v-] [Yssandon, Traité, f.13v,1; text: Quintus, fa sol. Euouae. Sextus, fa la. Septimus. Octauus. Le ton irregulier fait sa finale ainsi.] [YSSTRA 08GF]

DE LA GENERALE INTONATION des Pseaumes, comprinse en ces quatre vers.

Primus cum Sexto fa sol la semper habeto,

Tertius, Octauus vt re fa, sitque Secundus,

La sol sol la Quartus, vt mi sol sit tibi Quintus,

Septimus mi fa sol, sic omnes esse recordor.

[Yssandon, Traité, f.13v,2; text: Pater, in filio, filius, in patre, Spiritus, sanctus, ab vtroque, procedens. Primus. Secundus. Tertius. Quartus. Quintus. Sextus. Septimus. Octauus.] [YSSTRA 08GF]

[-f.14r-] AVTRE EXEMPLE PLVS AMPLE, Monstrant generalement les commencemens, mediantes, et finales.

[Yssandon, Traité, f.14r; text: Le Premier ton commence, medie, et finit ainsi. DIxit dominus domino meo, sede à dextris meis. Le Second de mesme. Le Tiers. Le Quart. Le Quint. Le Sixt. Le Setiéme. L'Octaue.] [YSSTRA 09GF]

Les anciens n'auoient que quatre tons, comme appert par les vers soubscritz.

Quatuor esse tonos voluit discreta vetustas,

Testor finales quas retinemus adhuc:

Sed quia discutiunt subtilius omnia nostri

Censebant discors esse canoris opus:

Nam grauitate simul et acumine saepius vnum

Oppositum sibimet comperiere malunt.

Errorem veterum nostri sedare volentes

Quemlibet in binos discutiere tonum,

Sunt prothus et deutrus, tritus tetrardus et horum

Cuilibet autento collateralis adest.

Sic octo species phthongi modò nos retinemus,

Sic tonus autentus impar, sit párque plagalis,

Vult descendere par sed scandere vult tonus impar,

Quamuis communes retinere queant sibi fines.

De l'entier cours des tons, tant maistres que disciples.

Sex paritas scandit, descendit quatuor per imas,

Imparitásque nouem scandit, bassatur ad vnam.

[-f.14v-] DV MODE, OV MEVF, TEMPS, OV PROLATION.

LE Mode, tant majeur, que mineur: le temps, et la prolation, contiennent en eux perfection, et imperfection. La perfection est quand la notte vaut trois, et l'imperfection quand elle ne vaut que deux: par-ainsi l'on marque le Modus, majeur parfaict: auec vn cercle rond, et vn trois au pied. Le mineur parfaict auec vn cercle rond, et vn deux au pied. Le temps auec vn cercle rond seullement, et la prolation auec vn cercle rond, et vn poinct au meilleu: et quand sont imparfaitz auec des demy cercles, et les susdites marques. Or faut entendre que le Modus majeur agit de la Maxime, à la Longue, tant seullement: et le Mineur de la Longue, à la Breue: le Temps de la Breue à la Semibreue, qui est cause qu'aujour-dhuy beaucoup de musiciens nomment la Breue Temps. La prolation de la semibreue, à la minime.

EXEMPLE DE TOVT CE QVE DESVS.

[Yssandon, Traité, f.14v; text: Modus majeur parfait. Modus majeur imparfait. Modus mineur parfait. Modus mineur imparfait. Temps parfait. Temps imparfait. Prolation parfaite. Prolation imparfaite.] [YSSTRA 09GF]

NOtez que les anciens n'auoyent que cinq figures, ou notes: desquelles la derniere se nomme Minime, pour estre la moindre en valeur: voila pourquoy, les Meufz, Temps, et Prolation, sont forméz la dessus: mais les modernes voulant rendre la musique plus legere, en ont adjouté quatre: deux pour la voix, à scauoyr la noire, et la crochue: et pour les instrumens deux autres, à scauoir la fuse, et demifuse.

Les modernes tiennent aujour-d'huy, que la ou le Modus est parfait, le Temps l'est aussi, et le semblable de l'imperfection: mais la Prolation peut diminuer parfaite ou imparfaite: par ainsi faut mettre le point de la Prolation dans le cercle du Meuf, pour faire tout parfait, comme appert en la presente figure.

[-f.15r-] [Yssandon, Traité, f.15r; text: Valeur des notes de la Prolation Majeur, et Temps parfait. Valeur des notes du Temps parfait. Valeur de la Prolation majeur, et Temps imparfait. Valeur du Meuf, et mineur imparfait.] [YSSTRA 10GF]

[-f.15v-] FIGVRE MONSTRANT LE MEVF, MAievr, minevr, et temps, tovs parfaits: hormis la prolation, pour n'estre mis le poinct dans son cercle.

[Yssandon, Traité, f.15v] [YSSTRA 11GF]

NOtez qu'encores que les modernes tiennent que la perfection du Meuf contienne auec soy la perfection du Temps, qu'aux exemplaires des anciens se treuue quelquefois perfection de meuf, et imperfection du temps, ou au contraire perfection de temps, et imperfection de meuf: comme appert aux souscrites figures.

Modus majeur parfait: mineur parfait: et temps parfait. [Od33]

Modus majeur parfait: mineur imparfait: et temps parfait. [Od23]

Modus majeur parfait: mineur parfait: et temps imparfait. [Od32]

Modus majeur imparfait: mineur parfait: et temps imparfait. [Cd32]

Modus majeur imparfait: mineur imparfait: et temps parfait. [Cd23]

Modus mineur parfait: et temps parfait. [O3]

Modus mineur parfait: et temps imparfait. [O2]

Modus mineur imparfait: et temps imparfait. [C2]

Modus mineur imparfait: et temps parfait. [C3]

COmbien que les suscrites figures ne soyent plus en vsage, si faut il que trouuant quelqu'vne des susdites marques en quelque vieille musique regarder qui parfait, comme du Meuf mineur parfait, et Temps parfait souz telle marque, [O3]. qui est celle du Meuf, Majeur parfait: cognoistre si la breue et semibreue font perfection: aussi du Temps imparfait, et Prolation parfaite souz tel signe [C]. qui est le signe de prolation [-f.16r-] imparfaite, regardes si la semibreue parfait pour la valeur de trois minimes, et ainsi sera Temps imparfait, et Prolation majeur parfaite: et semblablement de tout autre qui pourroit estre en signe confus.

De la perfection, et imperfection.

OR aprez auoir parlé des meufs, temps, et prolation en leur perfection: faut encores dire quels accidens peuuent suruenir pour les faire imparfaitz, c'est à dire de nombre ternaire les faire venir en binaire: et par ainsi dirons, qu'il faut que toute note en son signe parfait, pour demourer parfaitte, soit suyuie d'vne sienne semblable en valeur: soit note, ou pause a, ou bien qu'elle soit la moindre. b

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.16r,1; text: a. b.] [YSSTRA 11GF]

Comment de la perfection deuiennent imparfaictes.

SI la note en son signe parfait est noircie a, ou bien incontinent s'elle est suiuie d'vne note moindre b, ou vne pause c, est declaree imparfaite, c'est à dire reduite en nombre binaire.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.16r,2; text: a. b. c.] [YSSTRA 11GF]

Autre reigle contrariant la susdicte.

LA note majeur precedent en son signe, et incontinent suiuie d'vne note mineur, ou pause, n'est point faite imparfaite si le poinct d'alteration est au dos de la sequente, ou bien le poinct d'addition y sera intromis, ou entre icelle et vn'autre sienne pareille venant de loing, quelques notes, ou pauses mineurs, seront entremises: lesquelles sans aide des notes majeurs, elles facent nombre ternaire.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.16r,3; text: a. b. c.] [YSSTRA 11GF]

[-f.16v-] Autre reigle des notes noires.

LA note noire aux signes parfaits, oste la tierce partie de la valeur, et aux signes imparfaits la quarte partie: par ainsi la breue noire au signe parfait ne vaut que deux semibreues, et au signe imparfait vne semibreue est vne minime: semblablement la semibreue noire à la prolation majeur vaut deux minimes, et à la prolation mineur, vne et demie.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.16v,1; text: a. b.] [YSSTRA 12GF]

Autre imperfection ditte partiale.

SI au temps parfait vne longue est incontinent suiuie d'vne semibreue de deux breues que la longue contient, la derniere breue perd le tiers de sa valeur, qui est vne semibreue: tellement que la longue ne vaudra que cinq semibreues: du mesme, si à la prolation majeur parfaite vne breue est suiuie d'vne minime, laditte breue ne vaudra que cinq minimes, et ainsi faut considerer du mode: le tout se fait pour faire le nombre parfait ou ternaire, la longue demie noire fait le mesme.

[Yssandon, Traité, f.16v,2] [YSSTRA 12GF]

Autre Exemple.

QVelque-fois les notes majeurs en leurs signes parfaits, non des suyuantes mais des precedentes mineurs sont faites imparfaites: mais en cela ne faut autre reigle sinon regarder les points de diuision, et le nombre ternaire, au jugement de celuy qui chante.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.16v,3] [YSSTRA 12GF]

Du Temps, et Prolation.

ENcores qu'ayons parlé de la prolation, et du temps, en leur lieu: il faut entendre que la prolation et le temps se peuuent chanter en trois sortes de mesure, à scauoir prolatio integra, diminuta, et proportionata, et du mesme tempus integrum, diminutum, proportionatum. Or la prolation entiere, et aussi le temps entier, sont du mesme, comme en [-f.17r-] leur perfecion qu'à la prolation entiere, la semibreue vaut trois minimes, et au temps entier la breue vaut trois semibreues et souz mesmes signes: mais à la prolation diminuee ne vaut que la moytié, c'est à dire la semibreue trois noires souz tels signes, [Oddim]. [Cddim]. et au temps, la breue vaut trois blanches souz tels signes, [Odim]. [Cdim]. [CL]. Quant à la proportion elle est en forme de triple ou sesquialtera, à scauoir trois mesures en vne, la prolation souz tels signes, [Oddim 1/2]. [Cddim 3/2]. et le temps souz tels, à la mesure de tripla, [O 3/2]. [C 3/2]. et en sesquialtera souz telz [Odim 3/2]. [Cdim 3/2].

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.17r; text: Integra prolatio. Diminuta. Proportionata. Tempus integrum. Diminutum. Proportionatum.] [YSSTRA 12GF]

DEuant que parler des proportions, et d'augmentation, et diminution: à la verité proportions ne sont bonnement autre chose qu'augmentations et diminutions, nous parlerons de tactu que l'on dit communément batue. Or donques tactus ou batue, n'est autre chose que le mouuement du doigt ou main, tenant la mesure sans lequel scauoir et entendre, est impossible discerner la perfection, imperfection, augmentation et diminution des notes.

De la batue, ou tact, et à scauoir-mon si elle a des especes.

AVcuns tiennent qu'il y a trois especes de batue, mais à la verité il n'en y a qu'vne, soit la batue plus hastee, ou plus tarde ne sera qu'vne, bien qu'elle [-f.17v-] aye plusieurs notes ou moins, ce ne sera qu'addition ou diminution: ce que se cognoistra par signes ou de prolation, temps, ou meuf. Or donques la batue en prolation mineur fait vne semibreue, et est celle qui est en vsage: en diminution ou double proportion la batue est de deux semibreues, en tripla de trois, et en sesquialtera d'vne et demie: mais tout cela (comme est dict) n'est qu'addition ou diminution. Par ainsi l'essentiale valeur du tact ou batue, n'est que d'vne semibreue: car il faut noter que la prolation mineur a la mesme marque du temps parfait, c'est à dire, vn cercle rond sans aucun poinct: mais il est facile à juger si c'est temps ou prolation, car la prolation mineur tant parfaitte qu'imparfaitte ne contient qu'vne semibreue, et le temps parfait trois, et l'imparfait deux. Voila donc comme est facile à juger.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.17v; text: Batue, vaut, Parfaite vaut Imparfaite. C, 8. 4. 2. 1. Et si la prolation majeur s'y oppose. O, 12. 6. 3.] [YSSTRA 13GF]

Des proportions, et leur diuersité de mesures.

PRoportions ne sont autre chose, qu'augmentations ou diminutions, bien qu'augmentation et diminution ayent chapitres à part. L'on diuise la proportion en equalité et inequalité: proportion égale est quand la note et la batue sont égales, comme au plain chant: quant aux proportions inegales l'on les diuise en deux, à scauoir proportion majeur, et mineur: ou bien augentes et diminuantes. Or donques les signes qui font cognoistre les proportions tant vnes qu'autres, sont deux nombres mis l'vn sur l'autre auec vne barre entremi, et le nombre superieur signifie la note, ou notes, laquelle note est semibreue ou semibreues, et le nombre inferieur signifie la batue ou batues.

[-f.18r-] Des proportions de mineur inequalité ou diminuantes.

LEs proportions de mineur inequalité, sont celles qui ont le majeur nombre dessus, comme sont dupla 2/1 tripla 3/1 quadrupla 4/1 sesquialtera 3/2 sesquitertia 4/3 et autres que l'on voudra. La proportion dicte dupla, est celle que la note ou pause pert la moytié de sa valeur: tellement qu'il faut deux semibreues à la batue, l'on la nomme proportion diminuant: car elle est faite de la longue breue, de la breue semibreue, de la semibreue minime: et se dit double, pource qu'il faut deux semibreues pour vne. Les marques de ceste proportion sont telles 2/1 4/2 6/3 12/6 ou bien tels [Odim] [Cdim], ou tels [O2] [C2] ou tel [CL].

De la proportion triple.

LA proportion triple est celle que les trois semibreues ne valent que vne semibreue parfaite, tellement qu'il faut trois semibreues à la batue: les marques telles, 3/1 6/2 9/3 et cetera. Si c'est triple de temps vaut trois breues, et de prolation trois semibreues. La quadruple proportion est celle que la semibreue parfaite ne garde que la quatriéme partie de sa valeur, tellement qu'il faut quatre semibreues à la batue: ses marques sont telles, 4/1 8/2 12/3 et cetera du mesme quatre breues, et de prolation quatre semibreues. La proportion du sesquialtera, est celle qui a la semibreue parfaite, ou bien à la batue faut trois minimes: ses marques sont 3/2 6/4 9/6 12/8 et cetera vne breue et vne semibreue, vne semibreue et vne blanche. Le hemiolia est de la mesme proportion du sesquialtera, mais n'a point de marque, sinon qu'il est tout de notes noires: de temps, vn temps noirci et vne semibreue: et de prolation, vne semibreue et vne minime noircie. La proportion sesquitertia est quand on met quatre notes contre trois batues: les marques sont telles 4/3 8/6 12/9 16/12 et cetera il seroit trop long de parler des autres, comme sesquiquarta, sesquisexta, et autres.

Des proportions de majeur inequalité ou augentes.

LEs proportions augentes sont celles à qui les notes ou pauses augmentent, et se cognoissent quand le nombre superieur est moindre à l'inferieur: tellement que si le nombre superieur est vn, et l'inferieur deux, la semibreue double, et vault deux batues, comme est nommee subdupla, et sont marquees ainsi, subdupla 1/2 subtripla 1/3 subquadrupla 1/4 et ainsi des autres qui se trouueront de telle espece: de mettre exemple en musique seroit trop long, joinct que ces choses consistent plus en pratique qu'en [-f.18v-] theorique: il suffit donc d'entendre le sens tant des diminutions, qu'augmentations.

De augmentation.

AVgmentation n'est autre chose que faire valoir les notes ou pauses, plus de leur valeur essentiale: et cela se fait en trois sortes. La premiere est quand le signe de prolation majeur est opposé au signe de prolation mineur contre quelque semibreue [Od] [O] [C]. et ainsi par le poinct qu'est dedans le cercle rond, la semibreue vaut trois batues, à l'imparfaite et à la mineur vne seulement: voila donc augment. L'autre, est par les prescrites proportions de mineur inequalité, lesquelles sont nommees augentes, comme est desja declairé aux proportions, et se nomment subdupla 1/2 subtripla 1/3 subquadrupla 1/4 et cetera. La tierce, est par inscription d'vn canon, comme la volonté du compositeur peut estre, comme faire qu'vn petit nombre de notes suplisse à vn grand en leur canon: comme que la breue soit maxime, la semibreue longue, la minime breue, ou bien qui croisse en quintupla, quadrupla, et cetera.

EXEMPLE.

[Yssandon, Traité, f.18v; text: Canon. PRimo crescat per 1/5 Secundo per 1/4 Tertio per 1/3, Resolution.] [YSSTRA 13GF]

LA diminution se fait en quatre sortes, la premiere par nombre binaire, marqué de ceste sorte [O2], [C2], et encores que ces marques sont du modus minor peuuent estre aussi de double proportion. I'ay desia escrit la discretion qui faut que le Musicien aye en ces signes confus en vn [-f.19r-] chapitre à part. La seconde diminution se fait par les virgules [Odim] [Cdim] [Oddim] [Cddim] La tierce par demy cercle au rebours [CL]. La quarte se fait par les proportions de majeur inequalité, nommees diminuantes: comme sont proportio dupla 2/1 tripla 3/1 quadrupla 4/1 sesquialtera 3/2 et autres: voila pourquoy j'ay dit que proportions ne sont qu'augmentations et diminutions.

De diminution de diminution.

IL y a encores signes de diminution de diminution, lequels signes monstreront euidemment si diminuent par moytié la diminution, ou bien par quarte part. Et premierement mettrons les signes de diminution, et puis ceux de diminution de diminution.

[Yssandon, Traité, f.19r; text: Diminution par moytié. Diminution de diminution par moytié. Par quart. par tiers. par quart. 1, 2, 3, 4, Exemple contenant diuersité de proportions. Essentialis valor. Proportio dupla. Hemiolia.] [YSSTRA 14GF]

[-f.19v-] [Yssandon, Traité, f.19v; text: Proportio quadrupla. Integer valor. Diminutio simplex. Sesquialtera Temporis. Duplex diminutio. Tripla proportio. L'abrege des proportions. Diminution. Augmentation double. Triple proportion. Sesquialtera. Hemiolia de temps. Hemiolia de prolation. Sesquitertia, Quadruple proportion. Quintuple proportion. Sextuple proportion. Septuple proportion. Octuple proportion.] [YSSTRA 15GF]

[-f.20r-] Des signes internes.

ENcores que le modus, temps, et prolation ayent leur marques ou signes particuliers, si est-ce que l'on les peut juger et cognoistre sans leurs susdites marques, et c'est par signes que l'on nomme internes. Or donc le modus mineur parfait se peut cognoistre par l'interne position d'vn poinct entre deux breues incluses entre deux longues: il se cognoist aussi par la coloration de trois longues noires, ou bien par vne pause occupant quatre lignes.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.20r,1] [YSSTRA 16GF]

LE temps parfait se peut cognoistre aussi par la coloration de trois, six, ou neuf breues colorees hors de la proportion de hemiolia: se cognoist aussi par la disposition de deux pauses de semibreue, pendantes toutes deux d'vne ligne egalement, ou bien par deux semibreues incluses entre deux breues, estant lesdites semibreues separees par vn poinct: il se cognoist aussi, et est fort vsité, quand vn nombre de breues et semibreues se suiuent entrelassees l'vne auec l'autre.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.20r,2] [YSSTRA 16GF]

LA prolation parfaite se cognoist quand trois ou plusieurs semibreues sont noircies: ou bien quand deux pauses de minime, que l'on nomme soupirs, sont egalement posees en vne ligne montant en hault. ou bien quand deux minimes incluses dans deux semibreues sont separees par le poinct.

Exemple.

[Yssandon, Traité, f.20r,3] [YSSTRA 16GF]

Des poinctz.

IL y a quatre especes de poincts, à scauoir poinct d'augmentation ou addition, poinct d'alteration, poinct de diuision, et poinct de perfection. Le poinct d'augmentation se met au costé apres la note qui doit augmenter, et la fait valoir d'vne moitié plus: comme la semibreue trois blanches, [-f.20v-] la breue trois semibreues, et lon en vse tant à la perfection qu'imperfection. Le poinct d'alteration se met sur la note que doit alterer: et pour entendre que c'est qu'alterer, c'est redoubler la valeur de la note, à scauoit la breue deux breues, la longue deux longues, et cetera. Le poinct de diuision se met entre deux notes egales, et garde qu'aucune d'icelles n'altere, ains demeure en sa simple valeur. Le poinct de perfection fait que la note où il est mis ne perd rien de sa valeur, bien qu'aucuns veulent dire que poinct d'augmentation et perfection est tout vn: pource que la note augmentee triple, comme, la breue trois semibreues: et que toute note qui triple est parfaite ce qui est vray: mais le poinct de perfection n'est pas fait ainsi, mais garde que sa note ne pert rien de sa perfection: et cela se fait aux imperfections dittes partiales cy dessus escrites.

[Yssandon, Traité, f.20v] [YSSTRA 16GF]

Du syncope.

ENcores que ne soit pas grand besoing parler du syncope, si est-ce qu'il se fait en deux façons, à scauoir per discrepantiam, et sine discrepantia: celuy qui se fait sans discrepance ou discord, est quand vne note mineur est mise entre deux majeurs, tellement qu'il semble que la mesure se rompe: aujourdhuy l'on nomme cela entrelasseure, celuy qui est cum discrepantia, est quand vne partie de la note est mauuaise et l'autre bonne, et se nomme ligature.

Des ligatures.

Listenius en a parlé et mis par escrit en breues paroles par ces vers.

PRima carens cauda longa est pendente secunda,

Est breuis haec eadem sed conscendente secunda,

Estque breuis caudam si laeua parta remittat.

Semibreuis fertur sursum si duxerit illam.

Quaelibet in medio breuis est, vna excipienda:

Vltima conscendens breuis est quaecunque ligata.

Excipitur caudam tollens ex parte sinistra.

Vltima dependens quadrangula sit tibi longa.

Maxima principio est, medio quoque Maxima fine.

Longa quidem medio nunquam, sed fine ligatur.

Principioque, locos rectè breuis occupat omnes.

Fine eadem, medio, ac primo Semibreuis esto.

[-f.21r-] Par ainsi nous dirons donc que toutes ligatures sont quarrees, ou obliques, et n'y a que la maxime, longue, breue, et semibreue, qui entrent en ligature: la quarree ou oblique ayant queue tendant en haut du costé senestre est semibreue, auec sa sequente: celle ayant la queue en descendant de ce mesme costé est breue: celle ayant queue du costé droit, soit en haut, ou en bas, est longue: celle sans queue en montant est breue, et en descendant est longue: toutes celles du milieu sont breues: la derniere quarree en descendant est longue: la maxime ne mue jamais en ligature de valeur. Nota que les deux extremités d'vne ligature oblique se chantent, et non le milieu.

Ligatures communes.

[Yssandon, Traité, f.21r,1; text: 1, 2, 4] [YSSTRA 17GF]

AVTRES LIGATVRES, TANT DV parfait, qv'imparfait.

[Yssandon, Traité, f.21r,2; text: Temps parfaict. Temps imparfait, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 10, 12] [YSSTRA 17GF]

[-f.21v-] PETIT DISCOVRS svr les tons.

PArce que la congnoissance des tons est vne des principales parties de la Musique, il faut noter qu'il y a deux especes de ton, a sçauoir ton majeur, et ton mineur: et faut encor scauoir que le ton majeur est formé sur le mineur: et que tout ainsi que le ton mineur est formé de deux voix, a sçauoir vt, re, qui forment vn ton mineur, le majeur est formé de deux consonances en lieu de deux voix: et parce que le ton mineur est diuisé en deux semitons, les deux consonances tiendront le lieu des deux semitons. Il faut donques entendre que le ton mineur est formé de neuf comates, ainsi nommees par les anciens: lesquelles neuf comates se diuisent en deux semitons, l'vn nommé semiton majeur, contenant cinq comates: et l'autre nommé semiton mineur, contenant les autres quatre qui restent pour comprendre les susdites neuf comates: le ton majeur aussi des deux consonances desquelles il est formé: l'vne des consonances se nomme vne quinte en lieu des cinq comates, et l'autre consonance se nomme vne quarte en lieu des autres quatre comates: et estans les susdites consonances conjoinctes ensemble, qui sont vne quinte et vne quarte, feront vne octaue, ou diapason, duquel diapason ou octaue est formé le ton majeur. Il faut encores noter, que d'autant que toute la musique est comprinse sur six voix, à scauoir vt, ré, mi, fa, sol, la, et que la premiere qui est vt, et la derniere qui est la, ne sont que voix, l'vne en montant, et l'autre en descendant: ne resteront donques des susdites six voix que les quatre qui forment le ton, desquelles le ré formera le premier, conjoint auec la precedente voix, qui est vt, et ainsi consecutiuement des autres. Il n'y aura aussi donques que quatre tons majeurs formez sur les quatre mineurs: vray est que pour aornementa de la musique à chascun des quatre tons maieurs nommez maistres, l'on y a adiousté vn nommé disciple, ainsi qu'est demonstré en leur table. Et est à noter vne autre chose sur l'assiette desditz tons, que les anciens considerans que la nature est l'inuentrice de tous les artz et sciences, ont voulu asseoir et mettre les susditz tons sur la Clef de nature: disans que B carré, et B mol, sont conioinctz à la nature pour aornement de la musique, tellement que C fa, vt, estant la [-f.22r-] clef de nature, les susditz tons sont assis là dessus. Et parce que vt, de C fa, vt, n'est que voix, comme dict est, le ré, de D sol, ré, sera le premier ton mineur, sur lequel le premier ton maieur sera aussi formé et assis. Voyla pourquoy le premier ton maieur auec le second nommé son disciple, seront assis et formez sur D sol, ré, et ainsi consecutiuement les autres, comme est demonstré en leur table. Les anciens en leur table ou eschelle, là où auiourdhuy nous disons D sol, ré, ilz disoyent lichanos hypaton, que veut dire indice des principales: et là est prins et formé le premier tetrachordon, ou quatre, là où se commence d'accorder toute la musique, principallement instrumentale: comme les anciens faisoyent leurs eschelles sur les chordes de l'instrument, et se nomme tetrachordon hypaton, commençant en A ré, et montant iusques en D sol, ré.

FIN.


Return to the 16th-Century Filelist

Return to the TFM home page