TFM - TRAITÉS FRANÇAIS SUR LA MUSIQUE
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Fn and Ft: COUMUS2 TEXT
Author: Cousu, Antoine du
Title: La Musique universelle, Livre second et troisiesme
Source: La Musique universelle, contenant tovte la pratiqve, et toute la Theorie (Paris, 1658; reprint ed. Genève: Minkoff, 1972), 75-208.
Graphics: COUMUS2 01GF-COUMUS2 76GF
[-75-] LA MVSIQVE VNIVERSELLE,
CONTENANT TOVTE LA PRATIQVE,
et toute la Theorie.
LIVRE SECOND.
Definition du Contrepoinct, et de combien de sorte il y en a.
CHAPITRE PREMIER.
LE dessein que j'ay de rendre à la Musique, (s'il m'est possible) la plus haute perfection dont elle est capable; m'oblige de commencer ce Liure par le Traité du Contrepoinct, qui est vne des plus importantes matieres de toute sa pratique; Ainsi pour faire sa definition je dis que,
Le Contrepoinct est vn assemblage de deux ou de plusieurs voix, distantes l'vne de l'autre par des interualles commensurables et harmoniques; ou pour le dire plus clairement et en peu de mots.
Le Contrepoinct n'est autre chose qu'vne Composition de deux ou de plusieurs parties, disposées regulierement; ou bien, Le Contrepoinct est vne Composition.
Il est ainsi appellé, parce que anciennement on se seruoit de Poincts l'vn contre l'autre, comme nous faisons à present de notes l'vne contre l'autre.
Le Contrepoinct est de deux sorte, à sçauoir, Simple et Diminué; Le Simple se compose seulement de Consonances, et de Notes, ou Figures esgales l'vn contre l'autre: Le Diminué ne se compose pas seulement de Consonances; mais aussi de Dissonances, et de toutes sortes de Notes ou Figures de Musique, [-76-] contraires entre les Parties, à la volonté du Compositeur; pourueu qu'elles correspondent en valeur à la Mesure du Signe; Et c'est pour cette raison, qu'on l'appelle encore Contrepoinct figuré, ou Musique figurée.
Des Elements qui composent le Contrepoinct.
CHAPITRE II.
NOvs auons de deux sortes d'Elemens qui composent le Contrepoinct; à sçauoir Simples et Composez; Les Simples sont tous les Interualles qui sont moindres, et au dessous de l'Octaue ou Diapason; comme sont l'Vnisson, la Seconde, la Tierce, la Quarte, la Quinte, la Sexte, la Septiesme, et l'Octaue, qui est le mesme Diapason, le premier de tous les Interualles Simples, et la premiere de toutes les Consonances.
Les Composez qui sont les repliques des Simples, sont tous ceux qui sont plus grands que l'Octaue ou Diapason, et qui sont au dessus d'elle, comme sont la neufiesme, la dixiesme, la vnziesme, la douziesme, auec leurs repliques.
On appelle repliques, les Interualles qui font Octaue aux premiers: Par Exemple, la quinziesme est replique de l'Octaue, la vingt-deuxiesme est replique de la quinziesme, la douziesme est replique de la Quinte, et ainsi des autres.
Doncques les simples Elemens, ou bien les Interualles ou especes Simples du Contrepoinct, sont sept, et non plus; car je ne compte point l'vnisson, parce qu'il n'est ny Consonance ny Interualle; mais seulement leur principe.
Les Interualles Simples et Composez.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 76; text: Simples. Vnisson. Seconde. Tierce. Quarte. Quinte. Sexte. Septiesme. Octaue. Repliques ou Composez. 9. 10. 11. 12. 13, 14, 15, 16. 17. 18. 19. 20, 21, 22, 23. 24. 25. 26. 27, 28, 29] [COUMUS2 01GF]
[-77-] Diuision des susdites Voix ou especes; et de tous les Interualles Simples et Composez.
CHAPITRE III.
BOece dans son Traité de la Musique, Liure 5. Chapitre 4. 5. 10. et 11. nous donne la diuision des susdites Voix, faite par Ptolomée, en la maniere qui suit. Les Voix (dit il) sont entr'elles Vnissones ou non Vnissones; or entre celles qui ne sont pas Vnissones, les vnes sont Equissones; autres Consones, autres Emmelis, autres Dissones, et d'autres Ecmelis. Pour les Voix Vnissones, ce sont celles qui separées ou jointes ensemble rendent et font vn seul et mesme Son: Equissones sont celles qui estant touchées ensemble, font en quelque façon, de deux Sons differents vn simple Son, comme est celuy de l'Octaue ou Diapason, et celuy encore de la quinziesme ou Disdiapason: Consones sont celles qui font vn Son composé et meslé, et qui est neantmoins doux et agreable, comme est celuy de la Quinte ou Diapente, et celuy de la Quarte ou Diatessaron, et de leurs composez ou repliques. Emmelis, sont les Voix qui ne sont pas Consones; mais qui peuuent pourtant s'accommoder et approprier tres-bien à la Melodie, joignant ensemble les Consonances, comme est le Ton, qui est la difference qui se trouue entre la Quinte et la Quarte.
Les Dissones sont celles qui ne meslent ou ne joignent ensemble, aucun Son qui soit agreable; mais qui frappent et offencent le sens rudement et sans aucune suauité ny douceur. Finalement Ecmelis, sont celles qui n'entrent point en la conjonction des Consonances, comme pourroit estre (par exemple) le Diesis Enharmonique, duquel je parleray cy-apres en donnant sa Proportion. Et voila la Diuision entiere de toutes ces especes, ainsi qu'elle a esté faite par Ptolomée, et rapportée par Boëce, laquelle je juge plus curieuse que necessaire.
Reduction et Diuision des susdites Voix ou especes, en Consonances et Dissonances.
CHAPITRE IV.
POvr esuiter toutes les difficultez qui pourroient naistre de la diuision susdite, il suffit (en suiuant la pratique ordinaire) de diuiser toutes ces Voix ou especes en deux parties seulement; à sçauoir, en Consonances et Dissonances.
Les Consonances sont la Tierce, la Quarte, la Quinte, la Sexte, et l'Octaue, auec leurs repliques ou composez; Et les Dissonances sont la [-78-] seconde et la septiesme auec leurs repliques, ou bien toutes celles qui se composent de l'vne des deux auec l'Octaue.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 78,1; text: Consonances. 1, 3, 4, 5, 6, 8, 10, 11, 12, 13, 15, 17, 18, 19, 20, 22, 24, 25, 26, 27, 29, Dissonances. 2, 7, 9, 14, 16, 21, 23, 28] [COUMUS2 01GF]
Diuision des Consonances, en parfaites et imparfaites.
CHAPITRE V.
APres auoir fait la diuision de toutes ces Voix ou especes, en Consonances et Dissonances: je diuise maintenant les Consonances en deux parties; à sçauoir, en Consonances parfaites, et imparfaites.
Les Parfaites sont l'Vnisson, la Quarte, la Quinte, l'Octaue, et leurs repliques.
Les Imparfaites, sont la Tierce, la Sexte, et leurs repliques.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 78,2; text: Consonances parfaites. 1, 4, 5, 8, 11, 12, 15, 18, 19, 22, 25, 26, 29, Consonances imparfaites. 3, 6, 10, 13, 17, 20, 24, 27] [COUMUS2 01GF]
Or bien que l'on diuise les Consonances en parfaites et imparfaites; l'on peut dire pourtant auec verité, que chaque Consonance est parfaite en son espece, lors qu'elle est dans sa propre et veritable proportion; mais estant comparées ensemblement, les vnes le sont plus et les autres moins, selon que plus ou moins elles approchent de l'vnité. Et encore que l'on tienne pour Consonances parfaites l'Octaue, la Quinte, et la Quarte, auec leurs repliques; neantmoins l'Octaue et ses repliques, sont simplement les seules parfaites; à cause [-79-] que l'on n'y peut adjouster ny oster aucune chose; c'est à dire, que l'on ne peut les accroistre ou diminuër d'interualles en façon quelconque, hors de leur veritable proportion, sans offencer extremément l'oüye; mais la Quinte et la Quarte sont sujettes à cela, et se peuuent augmenter et diminuër, ainsi que l'on verra cy-apres dans mon Systeme Royal, et autres Systemes qui suiuent; et pour cette raison on les met entre les Consonances parfaites et imparfaites, ou bien metoyennes entre la perfection et imperfection.
Et parce que les Consonances imparfaites sont aussi sujetes à ces accidens; on les peut nommer non seulement imparfaites, mais encore tres-imparfaites; dautant que, outre l'imperfection qui se trouue entr'elles, de laquelle je parleray cy-apres en faisant voir qu'il y en a de majeures et de mineures; elles se peuuent encore accroistre et diminuër, de la mesme façon que la Quinte et la Quarte; de sorte que l'Octaue est la plus simple et la plus parfaite de toutes les Consonances; et d'autant plus encore qu'elle est dans la Proportion double, qui est la plus voisine de la Proportion d'esgalité; et qu'elle est contenuë dans les Voix Equissones qui sont les plus voisines des Vnissones, comme il a esté dit cy-dessus.
Or l'Octaue estant simple par l Vnisson; il faut conclure que l'Vnisson est beaucoup plus simple; mais parce que l'Vnisson n'est pas consideré comme Consonance, mais comme l'origine d'icelle: L'on dit (parlant des Consonances) que l'Octaue est simple, et la premiere et plus parfaite de toutes les Consonances, et dans la Proportion double, qui est la premiere d'inesgalité, et la plus voisine de l'esgalité; Et par la mesme raison, la Quinte est plus parfaite que la Quarte, pour estre plus voisine de l'Octaue; et pour cela aussi la Quarte est plus parfaite que le Diton, et le Diton ou Tierce majeure plus parfaite que le Semiditon ou Tierce mineure, qui est plus esloignée de l'Octaue et de la Proportion double, que toutes les susdites Consonances, et par consequent plus imparfaite.
Et bien que l'Octaue, la Quinte, et la Quarte, soient nommées Consonances parfaites auec leurs repliques; neantmoins il n'y a que l'Octaue qui soit parfaite; car la Quinte est moins parfaite que l'Octaue, et la Quarte moins parfaite que la Quinte pour les raisons susdites.
Or la Pratique nous donne pourtant trois Consonances parfaites, qui sont l'Octaue, la Quinte, et la Quarte, auec leurs repliques; ce qui nous est demeuré depuis Pythagore, qui n'estimoit aucune Consonance parfaite, que celles qui sont contenuës dans le nombre quaternaire, et dans l'ordre des nombres simples et radicaux; ainsi
[Cousu, Musique Vniuerselle, 79,1; text: 1, Octaue. 2, Quinte, 3, Quarte. 4] [COUMUS2 02GF]
Les autres Consonances sont imparfaites; aussi sont-elles contenuës dans des Proportions, dont les termes sont hors du quaternaire, ainsi
[Cousu, Musique Vniuerselle, 79,2; text: 4, Diton, ou Tierce majeure. 5, Semiditon, ou Tierce mineure. 6] [COUMUS2 02GF]
[-80-] Et si l'on adjouste ces deux Interualles à celuy de la Quarte, l'on aura les deux Sextes majeure et mineure; qui sont contenuës, à sçauoir la majeure, dans la raison Surbipartiente-Tierce, qui est la premiere proportion du Genre Surpartient, entre ces termes radicaux 5. et 3. Et la mineure dans la Proportion Surtripartiente-Quinte, entre 8. et 5. lesquelles n'estoient pas tenuës ny estimées pour Consonances par les Pythagoriciens; mais à present nous les tenons pour telles.
Diuision des Consonances imparfaites, en Majeures et Mineures.
CHAPITRE VI.
LES Consonances imparfaites se diuisent encore en deux parties; à sçauoir, en Majeures et Mineures: Les Majeurs sont celles qui ont leurs termes ou extremitez contenuës dans des plus grandes Proportions et plus grands Interualles, comme le Diton ou Tierce majeure, et l'Exacorde ou Sexte majeure: Le premier de ces Interualles est appellé Diton, parce qu'il est composé de deux Tons majeur et mineur, et l'autre est appellé Exacorde pour le nombre des Six Voix ou Sons qu'il contient.
Les Consonances imparfaites mineures, sont celles qui sont de moindre Proportion, et qui ont vn moindre Interualle; à sçauoir le Semiditon que l'on nomme Tierce mineure, et l'Hexacorde mineur, que l'on appelle Sexte mineure.
Consonances imparfaites majeures.
Diton, ou Tierce majeure.
Exacorde, ou Sexte majeure,
et leurs repliques.
Consonances imparfaites mineures.
Semiditon, ou Tierce mineure.
Exacorde, ou Sexte mineure,
et leurs repliques.
De la Proprieté ou Nature des Consonances imparfaites.
CHAPITRE VII.
C'Est le propre ou la Nature des Consonances imparfaites; que les vnes sont agreables, vigoureuses, et harmonieuses; et les autres sont aucunement tristes, molles et languissantes, quoy que pourtant douces et agreables: Les premieres sont les Tierces et les Sextes majeures auec leurs repliques; Et les autres sont les mineures et leurs repliques. Elles ont toutes la force de changer vn Chant, et vne Composition; et de la faire triste, ou gaillarde et joyeuse selon [-81-] leur nature; ainsi que l'on voit par experience, dans celles qui sont du premier ou second Mode, du septiesme ou du huictiesme, et finalement du neufiesme et du dixiesme; où l'on entend souuentefois les Consonances, diuisées selon la nature du nombre harmonique; à sçauoir, la Quinte diuisée harmoniquement, par la Tierce majeure en bas, et la Tierce mineure en haut; ce qui res-jouit extremement l'oreille, et qui rend tous ces Modes agreables, masles, vigoureux, et tres-harmonieux; comme au contraire les autres Modes (qui sont le troisiesme, le quatriesme, le cinquiesme, le sixiesme, l'vnziesme et le douziesme, où la Quinte est diuisée arithmetiquement par la Tierce mineure en bas, et la majeure en haut) sont tristes, et rendent la composition plus molle, à cause que l'on y entend souuent les Consonances diuisées, contre la Nature du nombre harmonique. Ie parleray plus amplement de ces diuisions, dans le Traité des Modes.
Les Consonances imparfaites sont encore de cette nature, qu'elles desirent toujours pour leur perfection, de s'vnir à la Partie, qui est plus voisine, qu'à celle qui est plus esloignée; parce que chaque chose tend à sa perfection, par le chemin le plus court, et le meilleur qu'elle peut; d'où vient que les imparfaites majeures, veulent estre encore plus parfaites ou maieures, et les mineures au contraire; Ainsi la Tierce maieure demande la Quinte, et la Sexte maieure l'Octaue; Et la Tierce et la Sexte mineures desirant estre moindres, demandent, l'vne de venir à l'Vnisson, et l'autre à la Quinte, comme l'on verra cy-apres: Et par ce moyen l'on rencontre toujours en chaque Interualle le Semiton, en quoy consiste la perfection d'vn Chant et d'vne bonne Harmonie, et sans lequel on ne peut auoir vne bonne Melodie, ains au contraire, elle semble estre ennuyeuse et comme insupportable.
Des differentes especes, de toutes les Consonances et Dissonances, qui entrent au Contrepoinct.
CHAPITRE VIII.
NOvs auons douze simples especes, ou simples Elemens du Contrepoinct, tant Consonants que Dissonants; à sçauoir, l'Vnisson, le Semiton, le Ton, le Semiditon, le Diton, la Quarte ou Diatessaron, la Quinte ou Diapente, l'Exacorde ou Sexte mineure, la maieure, l'Eptacorde ou septiesme mineure, la maieure, et l'Octaue ou Diapason. Ie traiteray presentement de toutes ces especes, et de chacune en particulier: Car bien que le Contre poinct se compose principalement de Consonances; neantmoins par accident, il se compose encore de Dissonances, afin de le rendre plus beau, et plus agreable.
[-82-] De l'Vnisson.
CHAPITRE IX.
POvr faire voir la nature de toutes les especes des Consonances et Dissonances, ie commenceray par l'Vnisson, qui est l'origine et le principe de toutes les Consonances; et en suite, ie parleray des autres especes; non pas selon l'ordre des Praticiens, mais selon que l'vne se trouue plus parfaite que l'autre; et selon l'ordre, et progrés naturel des Nombres, ou des Proportions, où elles sont contenuës.
L'origine et la cause de l'Vnisson, vient de la diuision du Son; ce qui est aisé à comprendre, si l'on s'imagine le Son, comme vne ligne droite, qui est tenduë sur vn Monocorde, ou autre Instrument qui fait vn Son; car si l'on diuise ladite chorde par le milieu, auec vn Cheualet; les deux parties de la chorde, estant touchées en mesme Temps, feront l'Vnisson; par ainsi la diuision que l'on fait du Son, en deux parties esgales, fait l'Vnisson: On le feroit encore, si l'on adjoustoit vne chorde esgale à la premiere sur l'Instrument; mais il est plus aisé de le trouuer, par la diuision d'vne chorde ou autre corps, que par l'addition d'vne seconde chorde; et consequemment l'Vnisson, vient de la premiere diuision, qui est la plus aisée de toutes les diuisions, et d'où l'on tire l'origine de l'Octaue, comme l'on verra cy-apres.
Il y a des Autheurs, comme Iean des Murs et autres, qui mettent l'Vnisson entre les Consonances, et le tiennent pour la premiere de toutes; parce (disent-ils) que l'vnion des Sons, estant la raison formelle desdites Consonances; celle qui les vnit si parfaitement, qu'ils sont oüys, comme n'estant quasi qu'vn mesme Son; ne doit pas estre priuée du nom qu'elle donne aux autres; mais il faut que les Sons soient differens en nombre, pour faire vne Consonance; et l'Vnisson n'a nulle varieté de Sons, quant au graue et à l'aigu: Aussi Aristote dit, Que l'Octaue est plus agreable que l'Vnisson, parce qu'il n'est qu'vn simple Son; et dit, Que celuy qui met l'Vnisson entre les Consonances, est semblable à celuy qui confond les vers auec le pied: Quant à l'agréement des deux, bien que l'Vnisson vnisse plus souuent ses Sons, pour paroistre plus doux; il ne s'ensuit pas que l'Octaue ne soit plus agreable.
Doncques l'Vnisson est vn assemblage de deux ou plusieurs Sons, ou Voix esgales, qui ne font aucun Interualle; mais qui sont contenuës en vn mesme Poinct, et en vn mesme lieu; et il se trouue en la Proportion d'esgalité, entre 1. et 1. ou 2. et 2. et autres semblables; laquelle Proportion, est le principe de la Proportion d'inesgalité.
L'Vnisson n'est pas mis entre les Consonances, ny entre les Interualles; parce qu'il est tenu dans la Musique, de la mesme sorte que le Poinct dans la Geometrie, lequel est le Principe de la ligne; mais pourtant il n'est pas ligne, et la ligne [-83-] n'est pas composée de Poincts: De mesme l'Vnisson est seulement le principe de la Consonance, ou de l'Interualle; mais il n'est pas Consonance ny Interualle; et ne se peut continuër non plus que le Poinct. Et parce qu'vne Consonance se trouue entre deux Sons, graue et aigu, qui font vn Interualle; et qu'elle est vn meslange, ou Composition de ces deux Sons; et l'Vnisson n'ayant aucune de ces qualitez, on ne le peut nommer en aucune façon, ny Consonance, ny Interualle.
Il est appellé Vnisson, comme d'vn seul Son; d'où vient que quand l'on trouuera en vne ou plusieurs Parties d'vn Chant, deux ou plusieurs Notes ou Figures, en vne mesme ligne ou espace, l'on dira qu'elles sont Vnissones, et d'vn seul Son; et que ce passage qui se trouue de l'vne à l'autre, est Vnisson, comme l'on voit en l'Example suiuant.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 83] [COUMUS2 02GF]
Du Diapason, qui est l'Octaue; premiere, plus simple, et plus parfaite Consonance.
CHAPITRE X.
APres auoir parlé de l'Vnisson, il est raisonnable de parler de l'Octaue, auant que de parler des autres Consonances; puis que le Binaire suit immediatement l'vnité dont il procede; et qu'il y a mesme rapport de la raison d'esgalité, à la raison double; que de celle de l'identité, à celle de l'esgalité; ou que de l'vnité au Binaire; puisqu'elle a l'vnité pour son moindre terme, et le Binaire pour le plus grand; quoy que cela ne se puisse faire sans sortir de l'vnité, et de la simplicité; que nous quittons seulement, pour en considerer la puissance et les Proportions; car les nombres ne sont autre chose, que l'vnité considerée differemment, et selon plusieurs rapports: Or le Diapason ou l'Octaue, est la plus simple, et plus parfaite de toutes les Consonances: Elle est contenuë dans la Proportion double, qui est la premiere du Genre multiple, entre ces termes radicaux 2. et 1. et la premiere qui se trouue en la proportion d'inesgalité. Quand on la considere simplement, c'est à dire les seules extremitez; on en trouue seulement vne espece, contenuë dans la Proportion double; mais quand on la considere particulierement, et comme elle est diuisée diatoniquement, en Tons et Semitons; l'on en trouue sept especes, tout ainsi que les Interualles des Sons que l'on y rencontre; se peuuent diuersement ordonner, et disposer en sept manieres, selon la nature du Genre Diatonique: Et chaque Consonance (comme dit Boëce parlant des parfaites,) produit vne espece moins, que le nombre de ses chordes; ce qui s'entend aussi des simples Consonances, qui sont contenuës dans les Proportions Surparticulieres; [-84-] comme la Quinte, la Quarte, le Diton, et le Semiditon, et non pas des Interualles dissonans que l'on considere autrement.
Par Exemple, l'Octaue a huict chordes ou Voix, et n'a que sept especes: La Quinte a cinq chordes, et quatre especes: La Quarte a quatre chordes, et trois especes: Le Diton et Semiditon ont trois chordes, et deux especes. Or cette varieté d'especes procede de la diuerse scituation du Semiton, qui est la moindre partie de chaque Consonance; Par Exemple, dans la premiere espece de l'Octaue, qui est de C en c; le Semiton (qui est la seule cause de la distinction des especes) se trouue au troisiesme et septiesme Interualle; c'est à dire, entre la troisiesme et quatriesme chorde, et entre la septiesme et la huictiesme, procedant du graue à l'aigu, ou du bas en haut: Mais dans la seconde espece qui est de D, en d, le Semiton se rencontre au second et sixiesme Interualle, et ainsi les autres especes sont variées, par la diuerse scituation du Semiton: Et l'Octaue estant ainsi diuisée, et composée de huict Sons Diatoniquement; est appellée Octaue, pour le nombre de ses chordes ou Voix, et contient en soy cinq Tons; à sçauoir trois majeurs et deux mineurs, et deux Semitons majeurs, comme l'on voit dans les Exemples suiuans.
Exemples des sept especes d'Octaues.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 84; text: Premiere espece. Seconde, Troisiesme, Quatriesme, Cinquiesme, Sixiesme, Septiesme] [COUMUS2 02GF]
[-85-] Il faut sçauoir que d'vn consentement general, on appelle l'Octaue Diapason, cette diction Grecque signifiant, Par tous, dautant que l'Octaue comprend tous les Sons; c'est à dire, toutes les simples Consonances et Dissonances de la Musique. Et les Facteurs d'Orgues et d'Espinettes, se seruent encore de ce mot de Diapason, pour regler tout leur Clauier sur vne mesme Octaue: Et les Fondeurs de Cloches, se seruent de ce mot Diapason, ou brochette, pour faire des Cloches de toutes sortes de grandeurs, et d'autres Artisans s'en seruent aussi pour mesurer plusieurs choses.
Philolaus Pythagoricien appelle le nombre 8. Harmonie Geometrique, pour les raisons susdites; parce que 8. comprend toutes les raisons des simples accords ou Interualles: Les Anciens ont appellé l'Octaue Antiphone, dautant que les deux Sons de l'Octaue sont semblables: Et Salinas remarque que l'on appelle les Antiennes, Antiphones; dautant qu'on les chante apres les Psalmes d'vne Octaue plus haut, aux Festes solemnelles dans l'Eglise de Tolede et de Seguse; Mais en France et en beaucoup d'autres lieux, la diction Antiphone a esté inuentée, pour signifier la maniere de chanter les Antiennes deuant et apres les Psalmes, d'vne mesme façon et toute semblable l'vne à l'autre: Les Grecs appellent encore les deux chordes Hypate et Nete, Antiphones, parce qu'elles font l'Octaue.
Or de tous les noms que l'on peut donner à l'Octaue, celuy des Grecs, à sçauoir Diapason, est le plus propre, et est receu generalement de toutes les Nations; parce que l'Octaue comprend tous les Simples Interualles de la Musique: Mais parce que les deux Sons de l'Octaue s'vnissent parfaitement; Aristote l'appelle Antiphone, Antiphonon, et en cet endroit la particule Anti, ne signifie pas contrarieté; mais plustost identité: Et Ptolomée l'appelle Homophonia, pour la mesme raison, de sa parfaite vnion.
De la Quinte ou Diapente.
CHAPITRE XI.
AYant parlé cy-dessus de l'Octaue, qui est la premiere Consonance; il faut parler à present de la Quinte qui est la seconde, et qui est produite par la diuision de l'Octaue; et comme la proportion de l'Octaue, est la premiere du Genre multiple; de mesme celle de la Quinte est la premiere du Genre surparticulier, et elle se trouue entre ces termes radicaux 3. et 2. Or quand on considere simplement la Quinte dans ses extremitez, sans aucun milieu; l'on peut dire qu'elle est d'vne seule espece: Mais quand l'on considere ses extremitez, auec toutes les chordes et Proportions qui se rencontrent entre deux, selon l'ordre Diatonique; l'on en trouue quatre especes à cause que le Semiton y est scitué en quatre façons differentes: La premiere espece a le Semiton au troisiesme Interualle; la seconde au second; la troisiesme [-86-] au premier; et la quatriesme, au quatriesme Interualle, ainsi que l'on voit dans les Exemples suiuans.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 86,1; text: Premiere espece. Seconde, Troisiesme, Quatriesme] [COUMUS2 03GF]
Chaque espece contient en soy cinq Voix ou Sons, et quatre Interualles; qui font deux Tons majeurs, vn mineur, et vn Semiton majeur; et de ce nombre des chordes, ou Voix, ou Sons, la Consonance est appellée par les Grecs Diapente; c'est à dire par cinq.
De la Quarte, ou Diatessaron.
CHAPITRE XII.
LA Quarte prend son origine de la diuision de l'Octaue, de mesme que la Quinte, ainsi que ie feray voir en traitant de la diuision des Consonances dans le 7. Liure: Les Grecs l'ont appellée Diatessaron; c'est à dire, par quatre; ce n'est pas que la Quarte doiue estre considerée autrement que par ses deux Sons extremes, dont la raison est de 4. à 3. mais en la chantant par degrez conjoints, d'vne chorde à l'autre; l'on y trouue quatre chordes, qu'ils appellent Tetracorde; et pour cette raison des 4. chordes, on l'appelle Quarte; elle est contenuë dans la seconde espece, du Genre Surparticulier, entre ces termes 4. et 3. Si elle est considerée simplement sans aucun milieu, on n'en trouue qu'vne seule espece; mais estant considerée et diuisée diatoniquement, par des autres Sons ou voix; on en trouue trois especes, qui procedent de la varieté du Semiton; lequel se trouue en la premiere espece, au troisiesme Interualle; en la seconde au second, et en la troisiesme au premier; c'est à dire, entre la premiere et seconde chorde, comme l'on voit aux Exemples suiuans.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 86,2; text: Premiere espece. Seconde] [COUMUS2 03GF]
[-87-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 87,1; text: Troisiesme espece.] [COUMUS2 03GF]
De la Tierce Majeure, appellée Diton.
CHAPITRE XIII.
SVivant l'ordre naturel des Consonances, il faut parler apres la Quarte, des deux Tierces, majeure et mineure; qui viennent de la premiere diuision de la Quinte; et premierement de la majeure, qui suit immediatement la Quarte: L'on appelle cette Consonance, Diton, parce qu'elle contient deux Tons; et Tierce, à cause du nombre de ses chordes ou Voix: Elle est contenuë dans la troisiesme espece du Genre Surparticulier, qui est la Proportion Sesquiquarte, entre ces termes 5. et 4. Si l'on considere simplement ses extremitez, on en trouue vne seule espece; mais estant diuisée diatoniquement en deux Tons, il y en a deux, comme l'on voit cy-dessous.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 87,2; text: Premiere espece. Seconde] [COUMUS2 03GF]
Cette difference procede de la varieté de ses Interualles; dautant qu'au premier Interualle de la premiere espece, il y a vn Ton majeur; et au second, vn mineur, montant du graue à aigu, et de mesme en descendant; et l'on trouue le contraire en la seconde espece, dautant que le Ton mineur, est au premier Interualle, et le majeur au second; et l'on trouue les mesmes Tons en descendant; Car vn Ton (soit majeur ou mineur) ne change pas son espece, pour monter ou descendre; dautant que Vt, Ré, et Ré, Vt, sur les mesmes chordes, sont dans vne mesme Proportion, de 8. à 9. si c'est le Ton majeur, comme en la premiere espece; ou de 9. à 10. si c'est le Ton mineur, comme l'on voit dans la seconde espece.
[-88-] De la Tierce mineure, ou Semiditon.
CHAPITRE XIV.
POvr continuër dans l'ordre naturel, il faut parler de la Tierce mineure, qui suit immediatement la majeure, et qui vient aussi de la premiere diuision de la Quinte: on l'appelle Semiditon, ou Sesquiditon, parce qu'elle contient vn Ton et demy: Elle est contenuë en la quatriesme espece du Genre Surparticulier, en la Proportion Sesquiquinte, entre ces termes 6. et 5. et n'a qu'vne seule espece, comme les autres Consonances, si on la considere seulement en ces extremitez; mais estant diuisée diatoniquement, en vn Ton majeur et vn Semiton majeur; elle a deux especes; parce que la premiere, contient le Semiton en son second Interualle, et la seconde, le contient au premier, procedant de bas en haut, comme l'on voit aux Exemples suiuants.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 88; text: Premiere espece. Seconde] [COUMUS2 04GF]
Cette Consonance est aussi appellée Tierce, du nombre de ses chordes ou Voix; et mineure, à cause qu'elle est de moindre Proportion que la majeure.
Du Ton majeur, et du mineur.
CHAPITRE XV.
EN suiuant l'ordre des Proportions et des nombres, il faut parler de trois Interualles, à sçauoir, du Ton majeur, du mineur, et du Semiton majeur, qui sont vrais et legitimes Interualles du Genre Diatonique; et bien qu'ils soient Dissonants, ils sont pourtant necessaires en la Musique, pour passer d'vne Consonance à l'autre; car voulant aller de la Quarte à la Quinte, ou au contraire; il faut necessairement se seruir du Ton majeur; De mesme procedant du Semiditon à la Quarte, ou au contraire; Et de la Quinte à la Sexte majeure, ou au contraire; il faut de necessité se seruir du Ton mineur: L'on se sert du Semiton majeur, en allant du Diton à la Quarte, [-89-] et au contraire; Et de la Quinte à la Sexte mineure, et aussi au contraire.
Doncques le Ton majeur, et le mineur, se trouuent dans le Diton, diuisé harmoniquement; dont le majeur est en la Proportion Sesquioctaue, entre 9. et 8. Et le mineur en la Proportion Sesquineufiesme, entre 10. et 9. Et afin d'en donner vne plus parfaite cognoissance, dans le progrés des chordes Diatoniques; l'on sçaura que le Ton majeur, se trouue toujours immediatement apres le Semiton majeur, en chaque Tetracorde tirant vers l'aigu; et il se trouue encore entre les chordes A et [sqb], et leurs repliques: Mais le Ton mineur suit toujours le majeur vers l'aigu, et se trouue au troisiesme Interualle de chaque Tetracorde, en la partie aiguë; comme l'on voit dans l'Exemple suiuant; mais bien encore plus clairement dans mon Systeme Royal, que l'on verra icy, apres auoir discouru de tous les Interualles, Consonants et Dissonants.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 89,1; text: Tons majeurs. mineurs] [COUMUS2 04GF]
Doncques nous auons dans le Genre Diatonique deux especes de Tons, à sçauoir, le majeur et le mineur; que l'on nomme encore seconde majeure: et le Semiton majeur, seconde mineure, ainsi nommez du nombre de leurs chordes.
Du Semiton majeur.
CHAPITRE XVI.
AYant parlé de la Seconde majeure, il faut parler de la mineure; à sçauoir du Semiton majeur, qui est contenu dans la Proportion Sesquiquinziesme, de 16. à 15. lequel estant joint au Ton majeur, donne le Semiditon ou Tierce mineur; et sa Proportion est telle, comme est la difference qui se trouue entre la Sesquiquarte, qui contient le Diton ou Tierce majeure; et la Sesquitierce qui contient la Quarte: Et cette Seconde mineure, se trouue toujours au commencement de chaque Tetracorde, en la plus basse partie; et naturellement entre les chordes de l'Exemple suiuant.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 89,2; text: Semitons majeurs.] [COUMUS2 04GF]
Le Semiton est si necessaire à la Musique, qu'il en est l'ame, l'ornement, et la beauté; car c'est par son moyen, que l'on establit les diuerses especes de Quarte, [-90-] de Quinte, et d'Octaue, et les douze Modes de la Musique, et les huict Tons de l'Eglise.
Du Semiton mineur, et moyen.
CHAPITRE XVII.
NOvs auons encore deux autres Semitons, dont on se sert par accident, dans la Musique; quoy qu'ils ne soient pas du Genre Diatonique: Le premier est le Semiton mineur, qui fait le Ton mineur, auec le Semiton majeur; qui se rencontre entre les chordes suiuantes, et dans la Proportion Sesqui-vingt-quatriesme, entre 25. et 24.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 90,1; text: Semitons mineurs.] [COUMUS2 04GF]
Le Second est le Semiton moyen; qui fait le Ton majeur, auec le Semiton majeur; il se rencontre entre les chordes suiuantes, dans ces termes 135. et 128. espece du 3. Genre.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 90,2; text: Semitons moyens.] [COUMUS2 04GF]
De la sexte majeure, ou Exachorde majeur.
CHAPITRE XVIII.
LA Sexte majeure, ou Exacorde majeur; est dans la Proportion Surbipartiente-Tierce; qui est la premiere du Genre Surpartient, entre ces termes radicaux 5. et 3. Elle a trois especes, qui prouiennent des diuerses scituations des Semitons qui s'y rencontrent: ainsi que l'on voit cy-dessous.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 90,3; text: Premiere espece. Seconde] [COUMUS2 05GF]
[-91-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 91,1; text: Troisiesme espece.] [COUMUS2 05GF]
Cet Interualle est appellé Sexte ou Exacorde, pour le nombre des six chordes qu'il contient: On l'appelle Sexte majeure, à la difference de la mineure qui est d'vne moindre Proportion.
De la Sexte mineure, ou Exacorde mineur.
CHAPITRE XIX.
LA Sexte mineure, qui est de la Proportion Surtripartiente-Quinte, entre 8. et 5. est composée de six Voix ou Sons, d'où elle prend le nom de Sexte: Elle a trois especes, qui viennent de la diuerse scituation des Semitons, comme l'on voit aux Exemples suiuans.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 91,2; text: Premiere espece. Seconde, Troisiesme] [COUMUS2 05GF]
Anciennement l'on ne tenoit point les deux Sextes pour consonances; à cause que leurs Proportions, sont dans le Genre Surpartient: Mais à present on les met au nombre des Consonances, et sont composées de la Quarte, et de la Tierce majeure, ou de la mineure; lesquelles estant jointes ensemble, ne peuuent estre que Consonances, quand elles sont placées en leur propre lieu; et elles sont receuës pour telles generalement de toutes les Nations: Mais les Interualles suiuans, sont entierement Dissonans, desquels on ne se sert iamais dans le Contrepoinct, si ce n'est de la Septiesme, auec certaines obseruations; comme aussi de la fausse Quinte et du Triton, auec les conditions et les regles qui en seront données par cy-apres: Mais on ne pratique iamais les autres Interualles diminuez ou superflus, pour quelque cause que ce puisse estre; à sçauoir, la fausse Tierce, et la Quarte diminuée; la Quinte superfluë, et l'Octaue diminuée et superfluë.
[-92-] De la Septiesme majeure, ou Diapente auec le Diton.
CHAPITRE XX.
VOicy vn Interualle Dissonant, à sçauoir la Septiesme majeure, qui est dans la Proportion Surseptpartiente-Octaue, entre 15. et 8. laquelle n'a point de lieu entre les nombres harmoniques: Estant diuisée diatoniquement en Tons et Semitons, elle est de deux especes, comme l'on voit cy-dessous.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 92,1; text: Premiere espece. Seconde] [COUMUS2 05GF]
Cet Interualle est composé de sept Sons ou Voix, qui contiennent six Interualles, entre lesquels il se trouue cinq Tons, et vn Semiton majeur; Il est appellé septiesme du nombre de ses chordes ou Voix; ou bien encore Eptacorde, pour la mesme raison; et l'on y adjouste ce mot, majeure, à la difference de la mineure.
De la Septiesme mineure, ou Diapente auec le Semiditon.
CHAPITRE XXI.
LA Septiesme mineure, est contenuë dans la Proportion Surquadripartiente-Quinte, entre ces termes 9. et 5. Cet interualle est composé de sept Voix ou Sons, qui contiennent six Interualles, entre lesquels il se trouue quatre Tons et deux Semitons majeurs; qui estant diuersement placez, font naistre cinq especes, comme l'on voit cy-dessous.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 92,2; text: Premiere espece. Seconde] [COUMUS2 06GF]
[-93-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 93; text: Troisiesme espece. Quatriesme, Cinquiesme] [COUMUS2 06GF]
Il suffit d'auoir montré toutes les differentes especes, des Consonances et des Interualles simples; Ie ne parleray point des Composez, dautant que tout Interualle plus grand que l'Octaue ou Diapason, se considere comme composé de l'Octaue, et d'vne de ses parties; et par ainsi il ne sera pas difficile de sçauoir sa raison; laquelle on aura, en adjoustant sur la Proportion de ladite Octaue, celle de l'Interualle que l'on voudra mettre, et ioignant ensemble les termes radicaux de ces Proportions.
Ie diray pourtant encore pour quelques Composez, que les chordes ou Sons extremes de la douziesme, ou Diapason-Diapente, sont contenus dans la Proportion Triple: Ceux de la quinziesme, ou Disdiapason, dans la Quadruple: Ceux de la dix-septiesme, ou Diapason auec le Diton, dans la Quintuple: Et ceux de la dix-neufiesme, ou Disdiapason-Diapente, dans la Proportion Sextuple; qui sont toutes especes du premier Genre, qui est le multiple.
Des Interualles superflus, et diminuez.
CHAPITRE XXII.
IL a esté dit cy-dessus qu'vne Consonance, et vn Interualle; prend son nom du nombre de ses chordes et Voix; mais il faut esuiter de faire comme plusieurs, qui considerent seulement l'ordre des Sons, dans le nombre des chordes; et non pas la distance des Interualles; et par ainsi ils mettent dans leur Composition, sous le tiltre ou nom de l'vne des susdites Consonances, vn Interualle superflu ou diminué, en la place de la veritable espece: et ne sçauent pas que les Interualles estant disposez diatoniquement, se peuuent considerer en trois façons, a sçauoir, Consonants, ou Dissonants, ou bien faux: Les vns ont leurs chordes extremes, dans des Proportions harmoniques: mais les autres sont contenus dans des Proportions, qui n'ont point de lieu, dans les nombres harmoniques; aussi ne sont-ils point [-94-] compris entre les premiers Interualles; et encore qu'ils soient composez d'Interualles Diatoniques, neantmoins on ne les peut chanter que difficilement, n'ayant aucune suauité, ny chose qui soit agreable: Et ceux-cy sont encore de deux sortes, se prenant seulement du nombre de leurs chordes: parce que, ou l'Interualle est diminué, à cause qu'il contient en soy quelque Interualle mineur, au lieu d'vn majeur; comme le Semiton majeur au lieu du Ton; ou bien il est superflu, à cause qu'il contient vn Interualle majeur, au lieu d'vn mineur; comme le Ton au lieu du Semiton.
De la fausse Quinte, et du Triton.
CHAPITRE XXIII.
LA Quinte qui se trouue naturellement de [sqb], à F, entre cinq chordes, est diminuée d'vn Semiton; parce qu'au lieu d'auoir trois Tons, et vn Semiton majeur; elle ne contient que deux Tons, et deux Semitons; et est Dissonante en ses chordes extremes; parce qu'elle est en la Proportion 64. et 45. qui n'est point entre les nombres Harmoniques; et pource on la nomme Semidiapente, et Quinte imparfaite, ou diminuée, ou fausse Quinte.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 94,1; text: Semidiapente, ou Fausse Quinte.] [COUMUS2 06GF]
Nous pouuons dire la mesme chose de la Quarte, contentuë dans le nombre de quatre chordes, entre F, et [sqb], laquelle est nommée Triton; à cause qu'elle contient trois Tons: Elle est superfluë d'vn Semiton; d'où vient que ses chordes extremes, n'estant point dans les Proportions des nombres Harmoniques, est aussi Dissonante; ayant pour sa Proportion 45. et 32.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 94,2; text: Triton.] [COUMUS2 06GF]
De tous les Interualles Dissonants, l'on met seulement en pratique, la fausse Quinte, et le Triton, auec certaines obseruations cy apres données; parce qu ils se trouuent naturellement, et sans aucun accident; dans le progrez de l'Eschelle Diatonique; et les autres (desquels ie parleray à present) ne s'y trouuent [-95-] point, que par accident du Diesis ou du [rob] mol; aussi ne les met-on iamais en pratique: Et parce que l'on permet auec certaines Regles, l'vsage de ces deux Interualles, à sçauoir, de la fausse Quinte, et du Triton, sans accident; on les permet aussi, quand ils sont marquez par accident; à cause qu'ils sont de mesme estenduë, et de mesme Proportion les vns que les autres.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 95,1; text: Fausse Quinte. Triton.] [COUMUS2 07GF]
Il y a encore d'autres Interualles Dissonants; qui sont superflus, et diminuez par accident, et non pas naturellement.
De la Quinte superfluë, et de la fausse Quarte.
CHAPITRE XXIV.
APrez auoir parlé de la fausse Quinte, et du Triton ou Quarte superfluë, il faut faire voir les Proportions de la Quinte superfluë, et de la fausse Quarte.
La premiere, qui est la Quinte, est ainsi appellée du nombre de ses chordes; mais elle est superfluë, et elle excede d'vn Semiton la veritable espece; car elle est composée de quatre Tons, et est dans la Proportion de 25. à 16. ainsi.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 95,2; text: Quintes superfluës.] [COUMUS2 07GF]
La seconde, qui est la fausse Quarte, ou Quarte diminuée; est composée d'vn Ton, et de deux Semitons majeurs; et est diminuée d'vn Semiton, de la veritable espece; et a sa Proportion entre 32. et 25. Elle est appellée Quarte, du nombre de ses chordes.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 95,3; text: Quartes diminuées, ou Fausses Quartes.] [COUMUS2 07GF]
Cet Interualle ne se met iamais en pratique; non plus que la Quinte superfluë; pour estre tous deux tres-Dissonants, et hors des nombres Harmoniques.
[-96-] De la fausse Octaue, ou diminuée, ou Semidiapason: Et de l'Octaue superfluë.
CHAPITRE XX.
LA fausse Octaue, ou Semidiapason, se rencontre entre les chordes naturelles, et les accidentales; et est diminuée d'vn Semiton, contenant en soy quatre Tons et trois Semitons; Elle est appellée Octaue, du nombre de ses chordes, et se trouue dans la Proportion 256. et 136. qui ne conuient aucunement aux nombres Harmoniques; c'est pourquoy elle est entierement dissonante, et il ne s'en faut iamais seruir.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 96,1; text: Semidiapason, ou Octaue diminuée.] [COUMUS2 07GF]
L'Octaue superfluë, prend son nom du nombre de ses chordes; et surpasse d'vn Semiton, la veritable espece; c'est pourquoy elle est entierement dissonante, et il ne s'en faut iamais seruir; aussi est elle dans la Proportion 135. et 64. qui ne conuient aucunement aux nombres Harmoniques, non plus que l'Octaue diminuée.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 96,2; text: Diapason, ou Octaue superfluë.] [COUMUS2 07GF]
Il y a encore des autres especes, de tous les Interualles susdits, tant Consonants que Dissonants; dont ie feray voir les raisons en son lieu.
[-97-] De la Tierce diminuée, ou fausse Tierce.
CHAPITRE XXV.
IL se trouue encore vn Interualle dissonant, que l'on ne met iamais en pratique, qui se nomme Tierce diminuée, ou fausse Tierce; ainsi nommé du nombre de ses chordes: Sa Proportion est entre 256. et 225. en voicy l'Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 97] [COUMUS2 08GF]
Cet Interualle se pourroit nommer Ton superflu, à cause qu'il est composé de deux Semitons majeurs: Il faut remarquer que lors qu'vne Consonance a plusieurs especes; l'on s'en peut seruir de toutes à son choix, quand elles sont dans vne mesme Proportion: Par exemple, la Quinte ou Diapente a quatre especes, dont on se peut seruir à sa volonté, et selon le rencontre; à cause qu'elles sont toutes dans la Proportion Sesquialtere, entre 3. et 2. Mais il ne faut pas confondre les especes, majeure et mineure, des Consonances imparfaites: Par exemple, si l'on veut se seruir de la Tierce majeure, qui a deux especes; il n'importe quelle espece l'on prendra des deux; mais de prendre la Tierce mineure, pour la majeure, ou au contraire; cela ne se peut permettre: Le mesme jugement se doit faire des autres Consonances, qui ont des especes, majeure et mineure, differentes d'vn Semiton. Quant aux Interualles dont ie viens de parler, qui sont superflus ou diminuez d'vn Semiton; il ne s'en faut iamais seruir dans le Contrepoinct; à cause qu'ils sont tres-dissonants; et afin d'en esuiter les mauuais rencontres, l'on donne vne regle, qui défend de mettre le Mi contre le Fa, aux Consonances parfaites: l'on se sert pourtant quelquefois au Contrepoinct, (comme j'ay dit cy-dessus) de la Semidiapente, au lieu de la Diapente; et aussi du Triton, au lieu de la Diatessaron, et font vn bon effect; mais il y faut obseruer certaines regles, que j'enseigneray cy-apres, en son lieu et place.
Quels sont les effects, de ces signs, [rob] mol, [sqb] quarre, et Diesis.
CHAPITRE XXVI.
CEs trois Signes, [rob] mol, [sqb] quarre, et Diesis, se mettent dans la Musique, pour faire diuers effects; comme pour accroistre vn Interualle, ou bien pour le diminuër, en y adjoustant, ou ostant, l'vn des Semitons; selon que diuersement ils sont mis en pratique, soit en montant ou en descendant.
Or pour esuiter vn grand discours, je mettray icy ce rare et admirable Systeme Royal; dans lequel on trouuera en l'estenduë d'vne seule Octaue, ou Diapason, toutes les differentes especes des Consonances, et de tous les Interualles simples, tant Consonants que Dissonants; et l'on y verra exactement l'effect de ces trois Signes, [rob] mol, [sqb] quarre, et Diesis; et aussi combien chaque Interualle, contient de Tons majeurs et de mineurs; et de Semitons de differentes especes.
[-98-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 98; text: SYSTEME ROYAL. Demy-tons, Tons, moyen, majeur, mineur, diese, superflu] [COUMUS2 08GF]
I'ay fait ce Systeme, auec des Soins et des recherches inconceuables; c'est comme vn abregé de toute la Musique, et il en descouure beaucoup de rares secrets: Ie l'appelle Royal, à la difference de tous les autres, que ie mettray cy-apres; parce qu'il contient en general, tout ce que les autres contiennent en particulier. L'on y voit des obseruations tres-exactes, comme tous les Tons et les demy-Tons de diuerses especes; Toutes les Consonances et Dissonances, tant les justes, que celles qui excedent, et qui ont moins de leurs vrais termes et iuste estenduë; et desquelles l'on se sert le plus souuent, sans cognoistre leurs differences. Tous les Semitons differens, sont liez par des demy-cercles, au dessus du Systeme; et tous les Tons de differentes especes, liez pareillement par des demy cercles au dessous.
Ce Systeme contient tant de secrets, et de si belles choses, qu'on ne le peut jamais assez considerer et admirer; car par son moyen, l'on verifie dans tous les Chants imaginables, soit par [sqb] quarre, ou par [rob] mol, la iustesse de tous les Interualles generalement Consonants et Dissonants, et de tous les Tons et Semitons de toutes les especes: Il peut seruir à l'infiny, parce qu'estant paruenu au bout de l'Octaue, il faut recommencer, ou retrograder; ou continuër en haut, ou en bas, par les mesme Interualles; selon les chordes graues ou aiguës, que l'on voudra trouuer.
Il faut remarquer, que dans les deux chordes E, et A, il y a deux Notes sur chacune; et deuant chaque premiere, il y a vn [rob] mol, lequel ne sert que pour elle seule, et non pour la seconde; car il faut hausser chaque seconde Note, qui n'a pas le [rob] mol, d'vn Semiton mineur, comme il est marqué au dessus du Systeme, auec vn demy cercle.
[-99-] Ayant veu les differens effets de ces trois Signes, dans ce grand Systeme; qui donne encore vne entiere cognoissance, de toutes les Consonances, et de tous les Interualles Consonants et Dissonants; et de toutes leurs differentes especes: Il faut voir la façon, et la maniere de se seruir dans le Contrepoinct de tous ces Interualles: mais auparauant l'on doit sçauoir, que pour faire vn bon Contrepoinct, il faut obseruer encore plusieurs autres choses, qui sont entierement necessaires.
Enseigner ce que l'on doit pratiquer particulierement, pour faire vn bon Contrepoinct.
CHAPITRE XXVII.
LA premiere chose que l'on doit rechercher au Contrepoinct, est le sujet; car ayant esgard à la fin, pour laquelle on trauaille; l'on cherche la matiere ou le sujet, sur lequel on fonde la Composition; et par ainsi l'on vient à bout de son dessein, selon la fin proposée.
En apres, le Contrepoinct doit estre composé principalement de Consonances et puis (par accident) de Dissonances; disposées en certains façons, selon les regles qui en seront cy-apres données, en traitant du Contrepoinct figuré.
En suite, les parties du Contrepoinct, doiuent auoir vn beau procedé; c'est à dire, que l'on doit faire de beaux Chants, et auec les vrais et legitimes Interualles, qui procedent des nombres Harmoniques; afin que par leur moyen, l'on puisse auoir, vne bonne et excellente Harmonie.
Vne autre condition est encore necessaire, à sçauoir que les Chants soient variez; parce que l'Harmonie ne procede d'autre chose, sinon de la diuersité des Chants, et des Consonances, meslées ensemble auec varieté. Et pour la mesme raison, la Musique se seruant de quatre mouuemens, à sçauoir, Conjoints, Dis-joints, Semblables, et contraires; l'on pratique plus souuent dans le Contrepoinct ces derniers; parce que la bonté, et l'excellence de la Musique, consistant dans la grande varieté, dont elle est capable; le mouuement contraire, est le plus agreable de tous; à cause qu'il contient, et fait entendre vne plus grande varieté, en conseruant les Consonances.
Apres cela, il faut que la Composition soit faite, et disposée, ou ordonnée, sous vne certaine Harmonie determinée; c'est à dire, sous vn certain Ton ou Mode, et non autrement. La diction Mode, signifie le lieu du Systeme, où commence chaque espece d'Octaue, ou la deduction et le progrés de ses sept Interualles; car les Modes se changent selon la varieté des lieux, où se rencontrent les demy Tons du Diapason.
Et finalement (outre autres choses que l'on peut encore adjouster) il faut que l'Harmonie, soit tellement accommodée aux paroles; que si la matiere est [-100-] triste, l'Harmonie ne soit pas gaillarde; et aussi au contraire, si la matiere est joyeuse, l'Harmonie ne soit pas languissante: Or je parleray encore de toutes ces obseruations et autres, en diuers endroits de cet Ouurage; à present je veux enseigner la façon de se seruir de toutes les Consonances, dans le Contrepoinct simple; et par des Regles tres-certaines.
Regles à obseruer pour le Contrepoinct.
Expliquer comment il ne faut point mettre deux Consonances de mesme espece, l'vne apres l'autre immediatement, montant ou descendant ensemble, soient parfaites ou imparfaites.
CHAPITRE XXVIII.
COmme la beauté de l'Vniuers, vient du bel ordre qu'il garde en toutes ses parties; et celle du visage, de la scituation, et du rapport de toutes les parties qui le composent; de mesme la douceur et la bonté de la Musique, naist de l'ordre, que gardent entr'elles les Consonances, qui seruent de principale matiere à la composition, laquelle est d'autant plus agreable, que la suite desdites Consonances est meilleure et mieux obseruée.
Or pour paruenir à cette fin, j'en veux donner toutes les regles necessaires; dont la premiere est, qu'il faut tenir pour vne maxime generale, que iamais l'on ne peut mettre deux Consonances de mesme espece, (c'est à dire, quand elles sont contenuës sous vne mesme proportion) l'vne apres l'autre immediatement, soient parfaites ou imparfaites; quand les parties mon tent ou descendent ensemble.
La raison de cette Regle est fondée, sur ce que l'Harmonie ne prouenant, sinon que des Sons entr'eux differents et contraires; non seulement il est besoin, voulant que les Parties soient harmonieuses, qu'elles soient distantes l'vne de l'autre au graue et à l'aigu; mais il faut encore (comme j'ay dit cy-dessus) que leurs mouuemens soient contraires, et qu'elles contiennent des Consonances, contenuës sous diuerses Proportions. Ce n'est pas, quand l'on feroit deux et trois Quintes de suite, en changeant de chorde, ou autres de mesme espece; que la seconde et la troisiesme, ne fussent aussi bonnes et harmonieuses chacune à part soy, comme la premiere; mais c'est que cette diuersité et varieté requise à l'Harmonie, ne s'y trouueroit pas; ce qui est repugnant à la nature, laquelle confirme la verité de cette Regle; puisque tous les indiuidus qu'elle produit sont differents, que l'oeil se plaist dauantage à la varieté des couleurs, que s'il n'en voyoit qu'vne; et que l'ordre naturel des nombres, montre euidemment, que la Nature ne se sert point de deux raisons semblables continuées, [-101-] comme elles sont en ces nombres, 2[signum]2[signum]2[signum]2 qui contiennent trois Vnissons: ny de ceux-cy 1[signum]2[signum]4[signum]8 qui font trois Octaues continuées; ny de ces trois autres 4[signum]6[signum]9 qui font deux Quintes continuees, et qui produisent vn triste effect en la Musique, encore qu'elles ne soient pas dissonantes: Mais ces nombres qui suiuent l'ordre naturel 1[signum]2[signum]3[signum]4[signum]5[signum]6, et qui contiennent toutes les Consonances; font voir la diuersité de la Musique; puisqu'ils contiennent plusieurs Consonances toutes differentes, comme l'Octaue, la Quinte, la Quarte, la Tierce majeure, et la Tierce mineure, et autres encore, en comparant vn nombre à vn autre, comme je feray voir en traitant du Monocorde.
Or cette Regle n'est pas arbitraire ny volontaire; car il la faut obseruer absolument, particulierement aux Consonances parfaites; parce qu'elles ont moins de diuersité que les imparfaites, l'Vnisson moins que l'Octaue, et l'Octaue moins que la Quinte, et cetera.
La maniere de se seruir des Consonances parfaites au Contrepoinct: Et comment il faut esuiter celles qui sont de mesme espece.
CHAPITRE XXIX.
POvr faciliter ce que j'ay dit cy-dessus; ie parleray premierement des Consonances parfaites; et en apres des imparfaites. Il faut doncques toujours esuiter, de faire deux Consonances parfaites de mesme espece, immediatement l'vne apres l'autre, soit en montant ou en descendant; comme seroient deux Vnissons, deux Octaues, deux Quintes, et deux Quartes.
Exemples deffendus.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 101; text: Vnissons. Octaues. Quintes. Quartes.] [COUMUS2 09GF]
Il faut remarquer, que tout ce qui se dit des Interualles simples, se doit aussi [-102-] entendre des Composez; et les mesmes Regles que l'on donne pour la Tierce, Quinte, Sexte, et autres Interualles, qui sont au dessous de l'Octaue; doiuent aussi seruir pour leurs repliques: car on ne peut point faire deux quinziesmes, deux douziesmes, deux vnziesmes, ny leurs repliques, l'vne apres l'autre immediatement, quand les Parties montent ou descendent ensemble; Mais si les Parties demeurent sur vne mesme chorde, sans monter ou descendre; il n'importe pas de mettre, deux, trois, ou plusieurs Octaues l'vne apres l'autre, et ainsi des autres Consonances parfaites; parce que tant qu'il y en a sur vne mesme chorde, ou sur vne mesme espace, elles ne sont estimées que pour vne.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 102,1; text: Octaues. Quintes. et Vnissons permis.] [COUMUS2 09GF]
Toutefois, l'on ne pourra point mettre deux Consonances de mesme espece, l'vne apres l'autre immediatement; quand les Parties monteront, ou descendront ensemble, par le moyen de quelque accident; comme seroit du Diesis, du [rob] mol, ou du [sqb] quarre, encore qu'elles ne sortent point de dessus vne mesme ligne, ou d'vne mesme espace; parce que ce n'est pas estre sur vne mesme chorde, quand les Parties changent de place, et qu'elles font mouuement ensemble, soit en bas, soit en haut. Ces passages n'ont point de liaison de l'vn à l'autre.
Exemples, ou Passages deffendus.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 102,2] [COUMUS2 09GF]
En quelle maniere, deux Consonances parfaites de mesme Genre, se peuuent mettre l'vne apres l'autre, en changeant de chorde.
CHAPITRE XXX.
L'On peut mettre dans le Contrepoinct, deux Consonances parfaites de mesme espece, l'vne apres l'autre; pourueu qu'elles procedent par mouuemens contraires: Par exemple, si l'on veut mettre deux Octaues, vne partie sera à l'aigu, et l'autre sera distante d'vne Octaue au graue; en [-103-] apres celle qui faisoit le Ton aigu, fera le Ton graue, et l'autre qui faisoit le graue, fera l'aigu (a); et le mesme se peut faire des Quintes, comme l'on voit en l'Exemple suiuant, ce qui n'est pas proprement estimé, changement. (b)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 103,1; text: (a), (b)] [COUMUS2 10GF]
L'on peut faire encore deux Quintes d'vne autre façon, que l'on dit estre faites, per Arsim et Thesim; c'est à dire, par Position et Eleuation; et il faut qu'vne Partie fasse le mouuement d'vne Octaue, et l'autre le mouuement conjoinct d'vn Ton, et sont bonnes tant en montant qu'en descendant; mais c'est tout au moins à trois, ou à plus de parties, et non pas à deux. (c) Or elles ne sont pas permises de la sorte sur les Instruments, comme seroit sur l'Orgue, sur l'Espinette, ou autre Instrument; à cause qu'elles paroissent deux Quintes reelles par mouuemens semblables; mais autre est la Musique Instrumentale, et autre la Musique vocale.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 103,2; text: (c), A trois, ou à plus de voix.] [COUMUS2 10GF]
Explication de quelques termes particuliers de la Musique.
CHAPITRE XXXI.
POvr bien entendre les matieres qui sont icy traitées; il faut auoir premierement, l'intelligence de quelques termes particuliers, dont il est parlé souuent dans cet OEuure; parce que tout le monde peut-estre ne les entend pas, et si pourtant ils sont assez clairs, et expliquez d'eux-mesmes: Par exemple, quand l'on dit que les Parties procedent par mouuemens contraires; l'on entend bien, qu'vne Partie monte et l'autre descend: Si c'est par mouuemens semblables, qu'elles montent ou descendent ensemble: Si c'est par mouuement conjoint ou par degré, que c'est aller d'vne chorde ou Note, à vne autre prochaine, comme de Ré à Mi, de Mi à Fa, ou au [-104-] contraire, comme de Fa à Mi, et de Mi à Ré: Et si c'est par mouuement separé, ou par sault; que c'est comme de Vt à Mi, de Ré à Sol, de Ré à La; ou au contraire, de La à Ré, et ainsi des autres.
Quand l'on parle de la Partie graue, l'on entend la Basse, ou celle qui sert de fondement: Si c'est de l'aiguë, l'on parle du Superius, ou autre qui est par dessus la Basse: Quand l'on parle des chordes; l'on entend les Notes ou Voix: Si c'est des chordes naturelles, l'on entend celles qui se trouuent au progrés de l'Eschelle Diatonique, sans aucun accident; c'est à dire, sans Diesis [x], ou [rob] mol, ou [sqb] quarre: Quand l'on propose des Consonances de mesme espece; l'on suppose vne Octaue auec vne Octaue, ou vne Quinte auec vne Quinte, ou bien vne Tierce majeure auec vne Tierce majeure, et ainsi des autres: Si elles sont de differentes especes; c'est comme pourroit estre l'Octaue auec la Quinte, ou la Quinte auec la Quarte, ou la Tierce majeure auec la Tierce mineure, et ainsi des autres.
Quand il est dit, Que telle ou telle Consonance, est bonne à tant ou tant de Parties; il faut obseruer, que s'il est dit qu'elle est bonne à quatre; par consequent elle sera bonne à cinq, à six, à sept, et à plus de Parties, et non pas à moins de quatre Parties: S'il est dit, qu'elle est bonne à six, cela veut dire, qu'elle ne vaut rien à cinq, ny plus bas que cinq; mais elle sera bonne à sept, à huict, et à plus de Parties: et l'on fera le mesme jugement des autres nombres, soit petits ou grands: Quand l'on dit, que les Parties n'ont point de Relation Harmonique entr'elles; c'est à dire, que l'vne ny l'autre ne fait pas le Semiton majeur.
Voila à peu pres, les termes dont on se sert ordinairement dans la Musique, et particulierement dans le Contrepoinct: Il y en a encore quelques autres, que i'expliqueray, à mesure que j'en parleray; comme aussi tous les mots Grecs qui sont en grand nombre, desquels je donneray vne entiere et tres-claire explication, dans vn Chapitre particulier, afin que l'on y puisse auoir recours, lors que l'on en aura besoin. Ie me suis seruy dans tout ce Traité, des mots propres de l'Art; lesquels ie n'ay pas crû deuoir changer, de peur d'alterer la Pratique des Artisans.
Or j'ay traité dans le precedent Liure, plusieurs matieres importantes; dont j'ay donné les definitions, et expliqué leur essence et leur nature, auec les noms Grecs et autres qui en dépendent: I'ay pris peine particulierement, à esclaircir trois matieres, les plus mal entenduës de plusieurs Musiciens; et les plus embroüillées, et plus mal traitées, et plus mal expliquées, de la plus part des Autheurs; à sçauoir, les Ligatures, les degrez parfaits, et les differentes especes de Mesures, de toutes sortes de Proportions: Ie les ay mises au poinct, où elles doiuent estre; sans que l'on y puisse rien souhaiter dauantage: I'aduoüe pourtant quoy qu'elles soient parfaitement bien esclaircies et expliquées; qu'elles sont encore difficiles; mais aussi y aura-t'il plus de gloire, à les bien pratiquer; Ie loüeray ceux, qui s'y appliqueront auec moderation; comme au contraire je blasmeray ceux, qui iront iusques à l'affectation.
Tous les Anciens presque les ont pratiquées assez souuent, et mesme quelques modernes, mais plus rarement; c'est pourquoy il faut necessairement les [-105-] entendre, pour les sçauoir lire, et deschiffrer; afin que nous puissions auoir cet auantage sur quelques autres Nations, de ne rien ignorer de tout ce qui concerne la Musique, tant Pratique que Theorique, et tant ancienne que moderne.
Il est vray, que l'on ne tire pas grand fruict, de s'adonner si fort à ces choses; ny vne satisfaction qui esgale les soins, les peines, et l'estude qu'il y faut apporter; c'est pourquoy j'ay toujours esté d'aduis, de ne s'y pas appliquer auec affectation; estimant que ce seroit perdre du temps, que d'y en trop mettte: Et pour cette raison, je n'ay voulu faire que deux Exemples, de tous ceux que j'ay donnez cy-deuant pour les Proportions; à sçauoir celuy à quatre, de la Proportion Sesquialtere; et le premier à deux, de la Proportion triple, qui contient six Mesures; les autres estant tirez des Anciens.
Pour les Ligatures, elles sont vn peu plus ordinaires, que ces Mesures de Proportions; et consequemment plus necessaires; comme aussi les degrez parfaits; mais ceux-cy embarrassent dauantage l'esprit; parce qu'il y a vne infinité de choses à obseruer, ou les plus subtils seroient bien empeschez, si (auec des peines inconceuables) ie ne les auois desueloppez, et mis au poinct où ils sont à present: Et d'autant plus que je les ay trouuez obscurs et embroüillez; d'autant plus aussi j'ay trauaillé vn long-temps pour les esclaircir et expliquer nettement: Or afin de les rendre plus intelligibles, outre beaucoup d'Exemples que j'en ay donné; j'ay composé encore cinq ou six pieces à quatre Parties, que l'on verra cy-apres; qui faciliteront ces matieres, (à sçauoir les degrez parfaits, et les Ligatures) autant qu'on le peut desirer.
L'on se sert d'ordinaire de ces degrez parfaits, aux Osanna des Messes, et à quelques paroles du Credo; quoy qu'il soit loisible de s'en seruir par tout: Mais si on les trouue difficiles, et que l'on souhaite composer les Osanna, ou autres paroles sous la Mesure Ternaire; il ne faut point mettre de degré parfait; mais seulement vn signe imparfait auec vn 3. apres; et alors on ne sera pas obligé, d'obseruer aucune chose concernant ces degrez parfaits; et l'on aura tout autant de satisfaction pour la Mesure Ternaire, comme si le degré y estoit.
On pourra dire peut-estre, que ie deffends de mettre en toutes les Parties d'vne Composition, vn 3. sur vn 2. ainsi 3/2, et vn 3. sur l'vnité, ainsi 3/1, lors que l'on se veut seruir de la Mesure Ternaire; et pourtant qu'il y a vn nombre de bons Autheurs, qui les ont pratiquez de la sorte dans leurs Compositions; Ie respons, Que pour rendre le respect que je dois à l'Antiquité, ie me veux persuader, qu'ils ont eu des raisons qui nous sont cachées; c'est assez que pour ne rien dire dauantage contre cette Pratique; j'asseure qu'il le faut pratiquer de la sorte que ie le dis, et pour les raisons essentielles que j'en ay données. I'auois à faire cette disgression (quoy que longue) qui est tres-necessaire, pour l'intelligence de ces matieres qui sont vn peu espineuses: Quant aux termes qui en dépendent, et qui sont le sujet de ce Chapitre, ie les ay expliquez à mesure qu'ils se sont presentez.
[-106-] En quelle façon, deux ou plusieurs Consonances parfaites, de differentes especes, se peuuent mettre immediatement l'vne apres l'autre: et premierement de la Quinte, apres l'Vnisson.
CHAPITRE XXXII.
LOn peut mettre deux Consonances parfaites, de differentes especes, immediatement l'vne apres l'autre, en plusieurs manieres: Premierement, l'on peut mettre la Quinte apres l'Vnisson, pourueu que les Parties procedent par mouuemens contraires; et que l'vne fasse le mouuement conjoinct, ou qu'elle demeure sur vne mesme chorde: (a) Et ce qui se dit de la Quinte, apres l'Vnisson, se doit entendre aussi de la douziesme, apres l'Octaue; Et tout ce qui se dira cy-apres des Interualles simples, se doit aussi entendre de leurs Repliques, et Composez; ainsi qu'il a des-ja esté dit cy-dessus. (b)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 106,1; text: (a), (b)] [COUMUS2 10GF]
Mais l'on ne pourra point mettre la Quinte, apres l'Vnisson; si les Parties montent ou descendent ensemble; encore que l'vne fasse le mouuement conjoinct; (c) non plus que quand les deux mouuemens sont separez, soient semblables ou contraires. (d)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 106,2; text: (c), (d)] [COUMUS2 10GF]
Il faut sçauoir que de tous ces mouuemens qui sont deffendus; et des autres de mesme nature; desquels ie parleray cy-apres en chaque regle; Il y en a [-107-] plusieurs, qui sont permis à vn certain nombre de Parties, comme seroit à 8. ou plus; à 7. à 6. ou à 5. d'autres à 4. ou à 3. ou simplement à 2. Par Exemple, le dernier des susdits passages cotté (d) est permis à quatre et à plus de Parties; ainsi que l'a pratiqué souuent du Caurroy. Or i'ay fait vne Table, que l'on verra dans le cinquiesme Liure; laquelle est tres-excellente, pour les choses rares qu'elle contient, et pour l'vtilité tres-grande que l'on en receura; dautant qu'en vn moment, l'on voit à combien de Parties, chaque passage peut-estre bon tres-asseurément; et c'est, ce qu'on n'a point veu encore jusques à present; aussi est-ce vn labeur, où j'ay employé bien du temps, et plus qu'on ne peut croire: Il est vray que certains Autheurs ont escrit, à combien de Parties, quelques passages pouuoient estre receus; entre lesquels il y en a, qui en ont dit fort peu de chose; et ce qu'ils ont dit, est remply de beaucoup de doutes, et il n'y a aucune certitude; mais bien vne contrarieté tres-euidente; joint que les passages les plus douteux, et les plus difficiles, n'y sont point. Ie passe aux autres Regles.
De l'Vnisson, apres la Quinte.
CHAPITRE XXXIII.
AYant enseigné la façon, de mettre la Quinte apres l'Vnisson; il faut montrer la maniere, de placer l'Vnisson apres la Quinte; ce que l'on peut faire, pourueu que l'vne des Parties demeure sur vne mesme corde; c'est à dire, sur vne mesme ligne, ou sur vne mesme espace: (e) Mais si les deux Parties font mouuement; il faut que la Partie graue, monte par vn Interualle de quarte, et que l'aiguë descende par degré, et non autrement. (f)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 107; Text: (e), (f)] [COUMUS2 11GF]
Il ne sera point permis, de mettre l'Vnisson apres la Quinte; si les Parties montent ou descendent ensemble; quand bien l'vne feroit le mouuement conjoint; (g) ny aussi quand les Parties procederont par mouuements contraires, et que la Partie aiguë, descendra par vn Interualle de Quarte; (h) non plus que quand les deux Parties, feront le mouuement separé. (i)
[-108-] Exemples non permis.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 108,1; text: (g), (h)] [COUMUS2 11GF]
De la Quinte apres l'Octaue.
CHAPITRE XXXIV.
IL est permis de mettre la Quinte apres l'Octaue, bien que les Parties procedent par mouuements contraires ou semblables; pourueu que l'vne fasse le mouuement conjoinct, (l) ou bien qu'elle demeure sur vne mesme chorde. (m)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 108,2; text: (l), (m)] [COUMUS2 11GF]
Mais l'on ne pourra point mettre la Quinte apres l'Octaue, lors que les deux Parties feront le mouuement separé, montant ou descendant ensemble. (n)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 108,3; text: (n)] [COUMUS2 11GF]
En la pluspart des Exemples qui sont cy-deuant, et de ceux qui sont cy-apres; il n'y a qu'vne seule ligne ou barre qui les separe, comme ces derniers: Il faut sçauoir pourtant, qu'il n'y a aucune liaison des vns aux autres, et qu'il les faut tous considerer separément, de mesme que s'ils estoient diuisez par deux lignes.
[-109-] De l'Octaue apres la Quinte.
CHAPITRE XXXV.
L'On peut mettre l'Octaue apres la Quinte, encore que les Parties procedent par mouuemens contraires, ou par mouuemens semblables; pourueu que l'vne fasse le mouuement conjoint, (o) ou bien qu'elle demeure sur vne mesme chorde. (p)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 109,1; text: (o), (p)] [COUMUS2 12GF]
Mais l'on ne pourra point mettre l'Octaue apres la Quinte, quand les deux Parties feront le mouuement separé, montant et descendant ensemble. (q)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 109,2; text: (q)] [COUMUS2 12GF]
Par le moyen de ces Exemples, l'on voit clairement, qu'il est permis de mettre deux Consonances parfaites l'vne apres l'autre, quand les Parties montent ou descendent ensemble; pourueu que l'vne des deux fasse le mouuement conjoinct, quand l'autre le fait separé; et par ainsi l'on ira de la majeure à la mineure, comme de l'Octaue à la Quinte; et de la mineure à la majeure, comme de la Quinte à l'Octaue. (r)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 109,3; text: (r)] [COUMUS2 12GF]
[-110-] Il est pourtant plus loüable, quand les Parties descendent ensemble, que lors qu'elles montent; à cause que les Sons graues estant plus lents; l'on comprend mieux et plus facilement, la diuersité des especes; ce qui n'arriue pas aux Sons aigus, qui naissent de la vitesse des mouuements: car il semble que les Consonances sont presque semblables; particulierement quand les Parties montent ensemble, de la parfaite mineure, à la parfaite majeure; comme de la Quinte à l'Octaue, ainsi que l'on voit au dernier des susdits Exemples; ce que toutefois l'on n'aperçoit pas à plusieurs Parties, comme l'on fait à deux.
De l'Vnisson apres l'Octaue, et de l'Octaue apres l'Vnisson.
CHAPITRE XXXVI.
CEs deux Interualles, à sçauoir, l'Vnisson, et l'Octaue; se peuuent mettre alternatiuement l'vn apres l'autre, pourueu que l'vne des Parties demeure sur vne mesme chorde. (s)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 110,1; text: (s)] [COUMUS2 12GF]
Mais l'on ne pourra point mettre, l'Vnisson apres l'Octaue; ny l'Octaue apres l'Vnisson; quand les Parties procederont par mouuement contraires, et separez. (t)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 110,2; text: (t)] [COUMUS2 13GF]
Et tout ainsi qu'il n'est point permis, d'aller de l'Vnisson à l'Octaue, ny au contraire; aussi n'est-il pas permis, d'aller de l'Octaue à la quinziesme, ny au contraire; quand les Parties procedent par mouuemens contraires, et separez: [-111-] ce qui doit estre entendu, à cause que ces dernieres Consonances, sont Repliques des premieres; pour lesquelles il faut faire le mesme jugement. (u)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 111,1; text: (u)] [COUMUS2 13GF]
Il n'est pas permis d'aller d'vne Consonance parfaite, à vne autre parfaite de differente espece; quand les deux Parties procedent par mouuement separé; encore que leurs mouuemens soient semblables, ou contraires. (x)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 111,2; text: (x)] [COUMUS2 13GF]
Il y a vne exception de la susdite Regle, de l'Octaue, à la Quarte; dont on verra cinq Exemples à la fin du present Liure ou Traité de la Quarte; ce sont les 36. 37. 51. 53. et 55. Exemples à 3. Parties. [COUMUS2 29GF] [COUMUS2 30GF]
Il est permis encore contre la susdite Regle, d'aller de la Quinte à la douziesme; et de la douziesme à la Quinte; quand les Parties procedent par mouuemens contraires, et separez; non à deux, mais bien à trois, et à plus de Parties. (y)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 111,3; text: (y)] [COUMUS2 13GF]
[-112-] Les Parties doiuent proceder par degrez, et esuiter le plus que l'on peut, les mouuemens qui se font par sault; et semblablement les grandes distances, qui se font entr'elles.
CHAPITRE XXXVII.
SVr tout il faut prendre garde, le plus qu'il sera possible; de faire que les Parties procedent par degrez; et non seulement quand elles montent ou descendent ensemble; mais aussi lors que c'est par mouuemens contraires; ainsi qu'il a esté montré cy-deuant en plusieurs Exemples: Et il ne faut pas qu'vne Partie, s'esloigne beaucoup de l'autre par saults; comme lors que l'vne procede par l'Interualle de l'Octaue, et l'autre par celuy de la Quinte, ou de la Quarte, ou par autres semblables mouuemens, tels que dans l'Exemple suiuant: (z) Car outre que ces distances sont difficiles à chanter, et peu agreables à l'oreille; elles ne sont pas propres pour bien former les Voix, ny ordonner les Interualles et Consonances; comme lors qu'vne Partie procede par degré, et l'autre par sault: d'où il faut conclure, que plus les mouuemens sont vnis, (comme ceux qui se font par degré,) et plus il sont aisez à chanter et rendent l'Harmonie agreable; parce que d'autant plus ils sont conjoints, et plus ils sont naturels.
Exemples des mouuemens à esuiter.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 112; text: (z)] [COUMUS2 14GF]
De la Quarte apres la Quinte, et de la Quinte apres la Quarte.
CHAPITRE XXXVIII.
POvr pratiquer la Quarte apres la Quinte, et la Quinte apres la Quarte; il faut que l'vne des deux Parties demeure sur vne mesme chorde. (a)
[-113-] Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 113,1; text: (a)] [COUMUS2 14GF]
L'on pourra mettre la Quarte apres la Quinte, encore que les parties montent ou descendent ensemble; ainsi que l'on voit aux Exemples suiuants, qui sont à trois Parties. (b)
Exemples à trois.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 113,2: (b)] [COUMUS2 14GF]
Mais l'on ne pourra point mettre la Quinte, apres la Quarte; si les deux Parties montent, ou descendent ensemble.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 113,3; text: (c)] [COUMUS2 14GF]
Ie ne dis pas à present, comme l'on peut mettre la Tierce majeure, deuant ou apres la Quarte; parce qu'il ne s'agit icy que de faire voir la façon, de se seruir des Consonances parfaites de differentes especes: Mais je feray voir en diuers endroits de ce Liure, comment la Quarte se peut mettre en pratique, tant auec les Consonances parfaites, qu'auec les imparfaites.
[-114-] La maniere de se seruir des Consonances imparfaites, dans le Contrepoinct: Et comment il faut esuiter, d'en mettre deux de mesme espece, l'vne apres l'autre; soit en montant, ou en descendant.
CHAPITRE XXXIX.
POvr se seruir des Consonances imparfaites, il faut entremesler les majeures auec les mineures, ainsi qu'il sera dit cy apres; Mais sur tout il faut éuiter, d'en mettre deux de mesme espece, l'vne apres l'autre immediatement; soit en montant ou en descendant; particulierement deux Tierces majeures, et deux Sextes mineures.
Car outre que l'on iroit directement contre la Regle precedente, qui deffend de mettre deux Consonances de mesme espece; c'est que le procedé en seroit extremément rude, pour n'y auoir en aucune Partie, l'interualle du Semiton majeur; dans lequel consiste presque toute la grace de la Musique; et sans lequel, vne Harmonie ou vne Composition, est jugée ordinairement rude, et desagreable: Mais la principale raison, est à cause que les deux Parties, font chacune le Ton majeur, aux deux Tierces maieures, et aux deux Sextes mineures; et consequemment estant toutes de mesme espece, elles sont deffenduës. (d)
Exemples des Tierces majeures, et des Sextes mineures deffenduës.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 114; text: (d), Tierces majeures. Sextes mineures.] [COUMUS2 15GF]
La maniere de mettre deux Tierces mineures, et deux Sextes majeures, l'vne apres l'autre immediatement; quand les Parties montent ou descendent ensemble, par degré conjoinct.
CHAPITRE XL.
IL a esté dit cy-dessus, que l'on ne peut point mettre, deux Consonances imparfaites de mesme espece, l'vne apres l'autre immediatement, soit en montant ou descendant; particulierement deux Tierces majeures, et deux Sextes mineures; Mais l'on admet les Tierces mineures, et les deux [-115-] Sextes majeures, l'vne apres l'autre immediatement, soit en montant ou en descendant, par degré et non par sault.
Et bien que l'on n'y entende pas le Semiton majeur, et que les Tierces soient de leur nature vn peu tristes, et les Sextes vn peu rudes; neantmoins la difference (quoy que petite) qui se trouue dans les mouuemens des Parties, apporte quelque varieté; dautant que quand vne Partie monte ou descend, par vn Ton mineur; l'autre au contraire le fait par vn majeur, et ainsi du contraire; ce qui rend la chose en quelque façon agreable à l'oreille. (e)
Exemple des Tierces mineures, permises à trois, et à plus de Parties.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 115; text: (e)] [COUMUS2 15GF]
Cette permission est fondée, sur ce que ces deux Tierces, ne sont point de mesme espece; car bien qu'elles soient toutes deux mineures, si y a-t'il de la difference entr'elles d'vn Comma, et sont contenuës dans deux differentes raisons; les premieres Tierces, des quatre susdits Exemples, estant dans la raison Sesquiquinte de 6. à 5. et les secondes Tierces, des mesmes Exemples, dans la raison de 32. à 27. aussi vne Partie fait le Ton majeur, et l'autre le mineur, comme il se voit au premier et quatriesme Exemple; où la Partie graue fait le Ton mineur, et l'aiguë le majeur: Et au second et troisiesme Exemple, la graue fait le Ton majeur, et l'aiguë le mineur: Et pour les mesmes raisons, l'on permet les deux Sextes majeurs, de la sorte qu'elles sont à l'Exemple cy-dessous, n'estant point de mesme espece; car les premieres des trois Exemples, sont dans leur Proportion naturelle de 5. à 3. Et les secondes qui excedent d'vn Comma, sont dans la raison de 27. à 16.
L'on permet encore de mettre les deux Tierces mineures, l'vne apres l'autre; quand les Parties montent ou descendent ensemble par l'Interualle du Semiton majeur, quoy que de mesme espece; mais c'est à cause de la Note suiuante, qui demande la Tierce mineure; comme d'ordinaire fait l'Octaue ou l'Vnisson; car il se faut joindre à ces Interualles, par la Consonance imparfaite plus prochaine, comme l'on verra en son lieu. (f)
Et aussi par la mesme raison, l'on permet à 4. Parties, les deux Tierces majeures, pour aller à l'Octaue; comme l'on voit à la fin de l'exemple, ou la seconde Tierce est faite majeure, à cause de l'Octaue qui suit. (g)
[-116-] Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 116,1; text: (f), (g)] [COUMUS2 15GF]
L'on permet de mettre deux Sextes majeures, l'vne apres l'autre; à cause qu'elles ne sont pas de mesme espece, comme l'on voit cy-dessous; car bien qu'elles soient toutes majeures, à l'égard des mineures; si y a-t'il de la difference entr'elles d'vn Comma, et sont contenuës dans deux differentes raisons; dont les vnes ont pour leur raison, 5. et 3. et les autres excedent d'vn Comma, dans la raison de 27. à 16. celles-cy se trouuent au second lieu du premier et du dernier Exemple, et au premier lieu du second: Et de plus les deux Parties font en mesme temps le Ton majeur, et le mineur; à sçauoir la graue, le mineur au premier et dernier Exemple, et le majeur au second; et l'aiguë au contraire; ce qui apporte en quelque façon de la varieté. (h)
Exemple des Sextes majeurs, qui sont permises.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 116,2; text: (h), 1. 2. 3.] [COUMUS2 15GF]
Mais si les deux Parties, font le mouuement du Semiton majeur; on ne pourra point se seruir des Sextes majeures; à cause qu'elles sont toutes de mesme espece, et excedentes d'vn Comma, dans la raison de 27. à 16. outre qu'elles font entr'elles, vne relation d'vne Dissonance, qui ne se met jamais en pratique; qui est vne Quinte superfluë, dans la raison de 405. à 256. (i)
Exemple des Sextes majeurs, qui sont deffenduës.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 116,3; text: 256. 405. (i)] [COUMUS2 16GF]
[-117-] L'on permet donc, et l'on tolere auec les conditions susdites; de mettre tant en montant qu'en descendant par degré, deux Tierces mineures, et deux Sextes majeures, l'vne apres l'autre; mais non point deux Tierces majeures, ny deux Sextes mineures, quand mesme ce seroit par degré conjoinct; à cause que les susdites conditions ne s'y rencontrent pas, ny mesme les Relations Harmoniques.
Ce qu'il faut esuiter et pratiquer, dans les Consonances imparfaites de mesme espece, quand les Parties procedent par mouuement separé.
CHAPITRE XLI.
IL faut obseruer exactement, lors que les Parties procederont par sault, ou par mouuement separé; de ne mettre jamais deux Tierces, soit majeures ou mineures, ny deux Sextes, majeures ou mineures l'vne apres l'autre; parce que, outre que les conditions susdites, ne s'y peuuent rencontrer; il y a toujours de tres-mauuaises Relations entre les Parties. (l)
Exemple des Tierces, et des Sextes majeures et mineures, qui sont deffenduës.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 117,1; text: (l), Exemple des Tierces majeures et mineures. Sextes] [COUMUS2 16GF]
Il est permis de mettre deux Tierces majeures ou mineures, l'vne apres l'autre immediatement, quand les Parties procedent par mouuement contraires; et que celle qui estoit au Son aigu, passe au graue; et celle qui estoit au graue, passe à l'aigu, prenant la place l'vne de l'autre; Et bien que le Chant soit ainsi varié, par les mouuemens contraires; les Sons pourtant ne varient pas, et sont estimez, comme si chaque Partie chantoit deux Notes de suite, sur vne mesme chorde. (m)
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 117,2; text: (m)] [COUMUS2 16GF]
[-118-] Aduertissement sur vn abus que l'on commet, touchant les Consonances imparfaites de mesme espece.
CHAPITRE XLII.
NOvs voyons dans la Musique, vn abus qui s'y est glissé dés long-temps, et qui par malheur continuë encore: c'est que quelques-vns croyent, qu'il est permis de mettre dans le Contrepoinct, deux, trois, et plusieurs Consonances imparfaites de mesme espece, l'vne apres l'autre immediatement, en montant ou descendant, par mouuement separé: ce qui prouient, de ce que l'on pratique quelques Consonances imparfaites, par mouuement conjoint; ainsi que j'en ay enseigné la façon cy-deuant; Et ils pensent qu'il est encore permis d'en vser de mesme, quand les mouuemens sont separez; ne voyant pas, que le rencontre du Ton majeur, et du Ton mineur, ne s'y trouue pas, comme aux mouuemens conjoints; qui mesme sont beaucoup moins sensibles que les separez.
Or il faut tenir pour vne maxime generale, de ne mettre jamais deux Consonances imparfaites de mesme espece, l'vne apres l'autre immediatement; quand les Parties montent ou descendent ensemble, par mouuement separé: Ie sçay bien que plusieurs s'en abstiennent, particulierement lors que les Parties, procedent par vn Interualle de Tierce; à cause qu'ils voyent euidemment, des Relations tres-mauuaises; mais en tous les autres rencontres, où ils ne voyent point de fausses Relations; ils les pratiquent fort hardiment, et particulierement lors que les Parties procedent ensemblement, par vn Interualle de Quarte, ou de Quinte; ce qui est deffendu tres-absolument.
Toutefois il est permis de les pratiquer ainsi, entre les Parties du milieu; mais non iamais contre la Basse, ny contre celle qui sert de fondement; Aussi beaucoup de choses sont permises, entre les Parties du milieu; qui ne le sont point contre la Basse; comme l'on verra en plusieurs endroits de ce Traité; et peut-estre que de là s'est formé cet abus: car ayant veu ces Interualles de Quarte et de Quinte, entre les Parties du milieu; ils ont creu qu'ils estoient permis, contre la Basse ou contre la Partie graue, ce qui n'est pas. (n)
Exemple à quatre Parties, où l'on voit, comment il est permis de mettre aux Parties du milieu, deux Consonances imparfaites de mesme espece, l'vne apres l'autre, par vn Interualle de Quinte.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 118; text: A 4. (n)] [COUMUS2 16GF]
[-119-] Exemple à quatre Parties, où l'on voit comment il est permis, de mettre aux Parties du milieu, deux Consonances imparfaites l'vne apres l'autre; par vn Interualle de Quarte. (o)
[Cousu, Musique Vniuerselle, 119,1; text: A 4. (o), Autre Exemple.] [COUMUS2 17GF]
Il faut donc esuiter absolument de mettre dans le Contrepoinct, deux Tierces majeures ou mineures, et deux Sextes majeures ou mineures, l'vne apres l'autre immediatement, contre la Partie de la Basse, ou contre celle qui sert de fondement; quand les Parties montent ou descendent ensemble, par vn Interualle de Quarte ou de Quinte, ou autre mouuement separé. (p)
Exemple des Tierces majeures, qu'il faut esuiter contre la Basse.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 119,2; text: (p), Tierces majeures. mineures qu'il faut esuiter.] [COUMUS2 17GF]
Exemple des Sextes majeures et mineures, qu'il faut esuiter contre la Basse.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 119,3; text: (p), Sextes majeures à esuiter.] [COUMUS2 17GF]
[-120-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 120; text: (p), Sextes mineures à esuiter.] [COUMUS2 18GF]
L'on obseruera doncques, de ne point pratiquer les susdites Consonances imparfaites, de la sorte qu'il a esté cy-dessus: Car outre que le Contrepoinct n'en est pas bon; c'est qu'elles sont encore de mesme espece, et par consequent deffenduës: Et il n'y a point de raison, pourquoy l'on doiue plustost esuiter de faire deux Octaues, ou deux Quintes, l'vne apres l'autre, en changeant de chorde; que deux Tierces, ou deux Sextes de mesme espece: au contraire il seroit beaucoup plus supportable, de faire deux Octaues, ou deux Quintes; à cause qu'elles sont Consonances parfaites, et par consequent meilleures, que les imparfaites.
Et bien que les vnes et les autres, soient deffenduës absolument; si est-ce que je condamnerois plustost deux Tierces, ou deux Sextes, de mesme espece; que deux Octaues ou deux Quintes, pour les raisons susdites. I'aduoüe que peut-estre, l'on aura de la difficulté à s'en desabuser; à cause de quelques Autheurs qui en ont ainsi vsé: Mais il faut tenir pour certain, que s'ils eussent fait reflexion aux raisons qui les deffendent, ils les auroient esuité; comme ont fait les plus doctes, et plus signalez Autheurs; nommément du Caurroy, qui ne l'a jamais pratiqué de la sorte; ce qui nous doit estroitement obliger à l'obseruer; dautant que de tous ceux, qui sont venus à nostre cognoissance; personne n'a si bien entendu et pratiqué le Contrepoinct que luy.
Pour Conclusion ie diray, que si l'on desire de se seruir des seules Consonances imparfaites, comme seroit des seules Tierces; il les faut varier, en mettant la majeure apres la mineure, ou la mineure apres la majeure; afin d'esuiter tous ces rencontres; mais il sera mieux d'entremesler les Tierces auec les Sextes, en la façon qu'il sera dit cy-apres; et encore mieux d'entremesler les Consonances parfaites et imparfaites ensemble, ce que j'enseigneray fort clairement, et auec beaucoup d'Exemples.
La maniere de se seruir des Tierces, et des Sextes, les vnes separées des autres.
CHAPITRE XLIII.
QVand les Parties monteront ou descendront ensemble, par degré ou par sault; et que l'on voudra se seruir seulement des Tierces; il les faut entremesler, mettant la mineure apres la majeure, ou la majeure apres la mineure, et ainsi des Sextes; et si l'occasion se presente [-121-] d'en faire plusieurs de suite, l'on se seruira alors du Diesis, ou du [rob] mol, parce que sans cela, l'on n'en peut faire plus de deux, par les chordes naturelles.
Exemple des Tierces majeures et mineures.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 121,1; text: Suite des Exemples.] [COUMUS2 18GF]
Exemple des Sextes majeures et mineures.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 121,2] [COUMUS2 18GF]
Il faut obseruer le plus que l'on peut, que l'vne des deux Parties tout au moins, fasse l'Interualle du Semiton maieur, dans le progrés des Chants qu'elles font ensemble; parce que l'Harmonie qui procede de ces mouuemens, est toujours plus douce et plus agreable; ce qui arriuera facilement, si l'on met des Consonances de diuerses especes, l'vne apres l'autre; comme apres la Tierce ou Sexte maieure, la mineure; ou au contraire, ainsi que l'on voit aux susdits Exemples: et ce qui se rencontrera encore fort souuent, si l'on entremesle les Tierces, et les Sextes par ensemble, de la sorte qu'il sera dit cy-apres.
[-122-] La maniere d'entremesler les Tierces, et les Sextes, par ensemble.
CHAPITRE XLIV.
TOvtes et quantes fois que les Parties procederont par mouuemens contraires, et que l'on mettra la Tierce apres la Sexte, ou la Sexte apres la Tierce; il faut que l'vne soit maieure, et l'autre mineure; c'est à dire, que si la Sexte est maieure, la Tierce sera mineure, et ainsi du contraire; car il n'importe laquelle des deux soit maieure ou mineure.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 122,1; text: Suite des Exemples.] [COUMUS2 19GF]
Mais quand l'vne des deux Parties, tiendra ses deux Notes sur vne mesme chorde, sans monter ny descendre; alors on mettra la Tierce majeure, deuant ou apres la Sexte majeure; et la Tierce mineure pareillement, deuant ou apres la Sexte mineure.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 122,2] [COUMUS2 19GF]
Quand les Parties descendront ensemble, à sçauoir la graue par l'Interualle conjoinct, et l'aiguë par celuy d'vne Quinte; alors l'on mettra apres la Sexte [-123-] majeure, la Tierce maieure ou mineure; à sçauoir la majeure, quand la Basse descendra par l'Interualle d'vn Ton, (q) et la mineure, quand elle descendra par vn Semiton: (r) Et descendans par les mesmes Interualles de Ton, en la Partie graue, et de Quinte en l'aiguë; l'on mettra la Tierce mineure, apres la Sexte mineure. (s)
Exemple de tout ce que dessus.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 123,1; text: (q), (r), (s)] [COUMUS2 19GF]
Quand les Parties descendront ensemble, de la Sexte majeure à la Tierce; la Tierce majeure, sera meilleure que la mineure; quoy que les deux soient bonnes.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 123,2; text: Bonne. Meilleure.] [COUMUS2 20GF]
Il est permis dans tous les susdits Exemples, au lieu que la Partie aiguë, descend par vn Interuaile de Quinte; de la faire monter par celuy de Quarte; et par ainsi, au lieu de la Tierce maieure, ou mineure; l'on aura la dixiesme maieure, ou mineure.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 123,3] [COUMUS2 20GF]
Quand les Parties monteront ensemble, à sçauoir la graue par vn Interualle de Quinte, et l'aiguë par vn conioint; l'on mettra apres la Sexte maieure, la Tierce maieure; pourueu que l'aiguë monte d'vn Ton; (t) et la Tierce mineure, quand elle montera d'vn Semiton. (u)
[-124-] Or montant par les mesmes Interualles du Ton, en la Partie aiguë, et de Quinte en la graue; l'on mettra la Tierce mineure, apres la Sexte mineure.
Exemple de tout ce que dessus.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 124,1; text: (s), (t), (u)] [COUMUS2 20GF]
Il est permis dans les susdits Exemples, au lieu que la Partie graue, monte par vn Interualle de Quinte; de la faire descendre par celuy de la Quarte; et par ainsi, au lieu de la Tierce maieure ou mineure, l'on aura la dixiesme maieure ou mineure.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 124,2] [COUMUS2 20GF]
La maniere de pratiquer les Consonances parfaites, et imparfaites ensemble.
CHAPITRE XLV.
APres auoir enseigné la façon de pratiquer les Consonances parfaites, et imparfaites separément; il est necessaire de faire voir, et enseigner, la maniere de les pratiquer ensemble.
Premierement ie dis, que pour aller d'vne Consonance parfaite à vne imparfaite, il y a beaucoup de moyens faciles; mais pourtant il y faut toujours proceder auec iugement; car si les deux Parties, montent ou descendent ensemble, il sera bon que l'vne procede par mouuement conioint; à sçauoir la graue en montant, et l'aiguë en descendant; la Consonance imparfaite qui suit la parfaite, estant alors de plus grande proportion que la parfaite; comme il se voit allant de l'Octaue à la dixiesme, de l'Vnisson à la Tierce, et de la Quinte à la Sexte; car la dixiesme est de plus [-125-] grande proportion que l'Octaue, la Tierce de plus grande que l'Vnisson, et la Sexte de plus grande que la Quinte.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 125,1] [COUMUS2 21GF]
Et si les deux Parties montent ou descendent ensemble, par mouuement separé; l'vne des deux fera l'Interualle de la Tierce mineure, et quelquefois aussi de la Tierce maieure; mais il n'est pas si loüable.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 125,2] [COUMUS2 21GF]
Quand les Parties montent ou descendent ensemble, par mouuement separé; l'on peut encore aller, d'vne Consonance parfaite à vne imparfaite, quoy que celle-cy soit de moindre proportion que l'autre; en mettant l'interualle de la Tierce mineure en vne Partie, et quelques fois aussi celuy de la maieure; bien qu'il ne soit pas si agreable que le premier, particulierement en montant.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 125,3] [COUMUS2 21GF]
[-126-] La maniere d'aller d'vne Consonance imparfaite, à vne parfaite.
CHAPITRE XLVI.
APres auoir montré les moyens, d'aller d'vne Consonance parfaite à vne imparfaite; il est necessaire d'enseigner la maniere qu'il faut tenir, pour aller d'vne Consonance imparfaite, à vne parfaite; où il y a des choses à obseruer, auec plus de considerations qu'aux autres; parce qu'il s'agit d'aller à la perfection; c'est à dire, aux Consonances parfaites: Et comme chaque chose naturellement, desire sa perfection; et que pour y paruenir, on cherche de plusieurs moyens, le plus court et le meilleur que l'on peut, et qu'en ce rencontre, la perfection s'attribuë aux Consonances parfaites; il faut pour y paruenir, que l'on obserue exactement, toutes les choses qui seront cy-apres enseignées et auec plus de diligence et d'attention, que si c'estoit pour aller des parfaites aux imparfaites; aussi est-il certain, que chaque chose peut facilement passer, de la perfection à l'imperfection; mais non pas au contraire; parce qu'il est bien plus difficile, de faire vne chose que de la destruire.
Doncques pour commencer; ie dis que quand les Parties monteront ensemble par sault, ou bien par plus d'vn degré; l'on esuitera d'aller d'vne Consonance imparfaite, maieure ou mineure, à vne parfaite; la Consonance imparfaite, estant de plus grande Proportion que la parfaite; comme de la dixiesme à l'Octaue, ou de la Tierce à l'Vnisson; où l'on voit la dixiesme plus grande que l'Octaue, et la Tierce plus grande que l'Vnisson; c'est ce qu'on dit estre de plus grande Proportion.
Exemple des mouuemens à esuiter, pour les raisons dites.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 126] [COUMUS2 21GF]
Et quand les Parties descendront, par mouuement separé; ou qu'en descendant, la Partie graue fera le mouuement conioint, et l'aiguë le separé; l'on esuitera aussi, d'aller des susdites Consonances imparfaites, maieures ou mineures, à vne parfaite; la Consonance imparfaite, estant de plus grande Proportion que la parfaite; comme de la dixiesme à l'Octaue, ou de la Tierce à l'Vnisson.
[-127-] Exemple des mouuemens à esuiter.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 127,1] [COUMUS2 22GF]
L'on esuitera encore, d'aller de la Sexte à la Quinte, quand les Parties monteront ou descendront ensemble, soit par mouuement separé, soit aussi quand l'vne feroit le mouuement conjoint, et l'autre le separé.
Exemple des mouuemens à esuiter.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 127,2] [COUMUS2 22GF]
Il faut esuiter aussi d'aller de la Sexte à l'Octaue, quand les Parties montent ou descendent ensemble, par quelque Interualle que ce soit; quoy qu'il y ait des Autheurs qui l'approuuent, lors qu'vne partie fait le mouuement du Semiton majeur, tant en montant qu'en descendant; mais pourtant il n'est point supportable, et il n'en faut point vser, si ce n'est à cinq, et à plus de Parties.
Exemple des mouuemens à esuiter.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 127,3] [COUMUS2 22GF]
Il est aussi deffendu, d'aller de la Tierce majeure, ou mineure à la Quinte; quand les deux Parties montent ensemble par sault, ou mouuement separé; ce qui s'entend aussi de la dixiesme à la douziesme.
Exemple des mouuemens à esuiter.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 127,4] [COUMUS2 22GF]
[-128-] Mais quand les Parties descendent ensemble par mouuement separé, à sçauoir la graue par l'Interualle de Quinte, et l'aiguë par celuy de Tierce; l'on peut aller de la Tierce mineure à la Quinte; mais non pas de la majeure, si ce n'est à trois ou plus de Parties.
Exemple permis.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 128; text: bon à deux. à 3. ou à plus de Parties.] [COUMUS2 23GF]
Il faut tenir vne maxime, lors que l'on ira d'vne Consonance imparfaite, à vne Consonance parfaite, que ce soit de la plus prochaine; cela s'entend ainsi, que chaque Consonance imparfaite ayant toujours deux especes, majeure et mineure; il faut mettre celle des deux qui est plus prochaine de la Consonance parfaite: Par exemple, si l'on veut aller de la Sexte à l'Octaue, l'on mettra la majeure, comme estant plus voisine de l'Octaue, que la Sexte mineure; soit par mouuemens contraires, soit aussi quand vne Partie demeure sur vne mesme chorde, sans se mouuoir de son lieu; et que l'autre monte ou descend, par vn sault de deux degrez, et ainsi des autres imparfaites, de toutes lesquelles je traiteray, et donneray des Exemples en particulier.
La maniere d'aller de toutes les Consonances imparfaites, à toutes les Consonances parfaites; Et premierement de la Tierce mineure à l'Vnisson; De la Sexte majeure, et dixiesme mineure, à l'Octaue; par mouuemens contraires, et degrez conjoints.
CHAPITRE XLVII.
TOutes et quantesfois que l'on ira des Consonances imparfaites aux parfaites, et que l'on voudra se conjoindre à l'Vnisson ou à l'Octaue, par mouuemens contraires, et degrez conjoints; il faut que l'vne des Parties fasse le Semiton, afin d'obseruer la reigle qui oblige d'aller de la Consonance imparfaite, à la parfaite, par la plus prochaine; à sçauoir de la Tierce mineure, à l'Vnisson; de la Sexte majeure, à l'Octaue; et de la dixiesme mineure aussi à l'Octaue, qui sont les Repliques de la Tierce mineure, et de l'Vnisson.
[-129-] Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 129,1; text: De la Tierce mineure à l'Vnisson. De la Sexte majeure à l'Octaue. De la 10. mineure à l'Octaue.] [COUMUS2 23GF]
Quand l'vne des Parties ne fait aucun mouuement, et que l'on met la Sexte deuant l'Octaue, il faut toujours que la Sexte soit majeure, pour les raisons dites, et parce que naturellement elle demande l'Octaue.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 129,2] [COUMUS2 23GF]
Comment l'on va de la Tierce mineure, à l'Vnisson, de la Sexte majeure, à l'Octaue; et de la Sexte mineure, à la Quinte, quand vne des Parties ne fait aucun mouuement.
CHAPITRE XLVIII.
TOutes et quantesfois que l'on ira de la Tierce à l'Vnisson, et que l'vne des deux Parties ne fera aucun mouuement, il faut toujours mettre la Tierce mineure, pour estre plus prochaine que la majeure, et ainsi vne Partie fera mouuement, par l'Interualle de la Tierce mineure.
[-130-] Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 130,1] [COUMUS2 24GF]
Et quand l'on ira de la Sexte à la Quinte, il faut mettre la Sexte mineure, pour estre plus voisine de la Quinte que la majeure; en faisant monter ou descendre vne Partie par degré, et l'autre ne faisant aucun mouuement.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 130,2] [COUMUS2 24GF]
Pourquoy il n'est pas permis, de passer de la Sexte majeure à la Quinte, comme à l'Octaue.
CHAPITRE XLIX.
L'On fait vne question; à sçauoir, pourquoy il n'est pas aussi bon d'aller, de la Sexte maieure à la Quinte, comme à l'Octaue; puisqu'elle est plus voisine de la Quinte que de l'Octaue; à quoy on respond, Qu'il est plus à propos d'accompagner la plus grande Consonance des imparfaites, qui est la Sexte majeure, auec la plus grande des parfaites, qui est l'Octaue; Et la seconde des imparfaites, qui est la Sexte mineure, auec la seconde des parfaites, qui est la Quinte: Mais c'est à cause particulierement, que les termes des raisons de l'Octaue, et de la Sexte majeure sont plus faciles, et mieux ordonnez, que ceux de la mesme Sexte majeure, et de la Quinte; comme l'on voit en ces nombres 6. 5. 3. ou 10. 6. 5. ou 16. 15. 9. 8. qui representent la maniere, dont on passe de la Sexte majeure à l'Octaue; et afin de les rendre plus intelligibles, ie les reduits en Notes.
[-131-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 131,1; text: 6, 5, 3, 10, 16, 15, 9, 8] [COUMUS2 24GF]
Or on ne peut trouuer des nombres, qui representent la Sexte majeure, et la Quinte, auec vn si bel ordre, comme montrent ceux-cy, 50. 45. 30. 27. où il n'y a point de demy-Ton; car la Quinte est entre 45. et 30. et le Ton mineur entre 50. et 45. ou 30. et 27. comme l'on voit plus clairement par les mesmes nombres reduits en Notes.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 131,2; text: 50, 45, 30, 27] [COUMUS2 24GF]
La derniere Note qui est en C. doit estre baissée d'vn Comma, parce que les deux dernieres Notes, font vn Ton majeur en leur scituation, et les nombres 30. et 27. qui les joignent ne font que le Ton mineur, qui est moindre d'vn Comma.
Les nombres qui representent la Quinte, et la Sexte mineure; à sçauoir; 24. 16. 15. 10. ont le demy-Ton au milieu, et la Quinte aux deux costez, entre 24. 16. et 15. 10. et la Sexte mineure est de 24. à 15. et de 16. à 10. et ils sont plus faciles, et mieux ordonnez, que ceux de la Sexte majeure, auec la Quinte: En voicy la reduction en Notes.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 131,3; text: 24, 16, 15, 10] [COUMUS2 24GF]
Il faut sçauoir encore, que de deux Consonances qui ont mesme nombre de chordes, la majeure est plus propre pour estre augmentée vers le graue ou l'aigu, que la mineure, et desire plus la perfection, c'est à dire l'Octaue; parce qu'elle en est plus voisine.
De la Tierce majeure à l'Vnisson, et à l'Octaue; et aussi de la dixiesme majeure à l'Octaue.
CHAPITRE L.
QVand les deux Parties montent ensemble, à sçauoir, la Partie aiguë par mouuemens conjoint, et la Partie graue par le separé; et que l'on va de la Tierce à l'Vnisson, il faut mettre la majeure, pour luy estre plus prochaine, que la mineure, et ainsi de leurs repliques; à sçauoir de la dixiesme majeure à l'Octaue, pour les mesmes raisons.
[-132-] Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 132,1] [COUMUS2 25GF]
Et quand l'on ira de la Tierce à l'Octaue, l'on mettre la Tierce majeure, pour luy estre plus prochaine; mais il est necessaire que les Parties procedent par mouuemens contraires; à sçauoir, l'vne par degré, et l'autre par sault ou mouuement separé.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 132,2; text: De là Tierce mineure à l'Octaue. à 4.] [COUMUS2 25GF]
De la Tierce à la Quinte.
CHAPITRE LI.
IL est permis d'aller de la Tierce, à la Quinte, quand les Parties montent ensemble; à sçauoir, l'aiguë par sault, et la graue par degré, lequel sera meilleur quand il sera d'vn demy-Ton.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 132,3; text: Bon. Meilleur.] [COUMUS2 25GF]
L'on ira encore de la Tierce à la Quinte, quand les Parties descendront ensemble; à sçauoir, la graue par sault ou mouuemens separé, et l'aiguë par degré; lequel sera meilleur, quand il sera d'vn demy-Ton; parce qu'en ce rencontre, la Tierce mineure est plus prochaine de la Quinte, que la majeure.
[-133-] Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 133,1; text: Bon. Meilleur.] [COUMUS2 25GF]
Lors que l'on ira de la Tierce à la Quinte, et que l'vne des Parties ne fera aucun mouuement, il faut mettre la Tierce majeure, pour estre plus prochaine de la Quinte, que la mineure; et par ainsi l'autre Partie, fera le mouuement de la Tierce mineure.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 133,2] [COUMUS2 26GF]
Mais la Tierce sera mineure deuant la Quinte, particulierement à deux; lors que les Parties procederont par mouuemens contraires, et degrez conjoints; et aussi quand l'vne descendra par sault, et l'autre par degré; comme estant la plus prochaine.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 133,3; text: à 2.] [COUMUS2 26GF]
Et quand la Tierce, se trouue enrre la Quinte et l'Octaue, ou l'Vnisson; il faut mettre la Tierce majeure, à cause de la suiuante; car il est bien plus raisonnable, de satisfaire à l'Octaue, ou à l'Vnisson, qu'à la Quinte; outre que plus on tire à la fin, et plus on se doit perfectionner; mais cela s'entend à quatre, et plus rarement à trois.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 133,4; text: Partie Aiguë. Partie Graue.] [COUMUS2 26GF]
[-134-] Comment dans le Contrepoinct, les Parties doiuent proceder par mouuemens contraires.
CHAPITRE LII.
POvr faire vn bon Contrepoinct, il faut que les Parties procedent par mouuemens contraires, le plus que l'on pourra; car comme j'ay des-ja dit, puisque l'Harmonie, se compose des choses opposées et contraires; il y faut aussi comprendre les mouuemens, en les mettant contraires les vns aux autres, en telle sorte, que quand vne Partie montera, l'on fasse descendre l'autre.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 134] [COUMUS2 26GF]
Il ne faut pas estimer pourtant, que ce soit vne faute, de faire monter et descendre quelquefois les Parties ensemble; pourueu que ce soit, auec les conditions cy-deuant prescrites; aussi est-il par fois necessaire de le faire; mais c'est assez donner à entendre, ce que l'on pretend en cette regle; quand l'on dit, de le faire le plus que l'on peut, et pour le mieux; puisque pour faire vne bonne et parfaite Harmonie, il faut toujours varier les Sons, les Consonances, les mouuemens, et les Intetualles.
Quel sentiment les Anciens ont eu de la Quarte: Quelle estime en font à present les Modernes: Monstrer par authoritez, par raisons, et par exemples, qu'elle est vne Consonance parfaite: Et enseigner la maniere de la pratiquer, dans le Contrepoinct; en tontes les façons possibles.
CHAPITRE LIII.
DE tout temps il y a eu des Musiciens, qui ont tenu la Quarte pour vne Dissonance: et à present, il y en a encore qui ont ce mesme sentiment: Il s'en trouue d'autres, qui ont crû en quelque façon, qu'elle estoit Consonance; mais ils en ont fait si peu d'estat, qu'ils ne l'ont pratiquée presque que comme vne Dissonance: Or les plus habiles, et les plus sçauans; l'ont estimée et pratiquée sans contredit, pour vne vraye Consonance; [-135-] comme aussi en effect elle est telle; et tous ceux qui sçauent les raisons et les proportions de la Musique, tiennent la mesme opinion: Car le sens et la raison, nous apprennent, que l'Octaue, est la premiere Consonance; La Quinte est la seconde; Et la Quarte est la troisiesme; Et que ces trois seules, sont les Consonances parfaites.
Doncques la Quarte, n'est point vne Dissonance; mais bien vne Consonance; ainsi qu'on le prouue en trois manieres; à sçauoir, par l'authorité des anciens Musiciens Grecs et Latins; par la Raison, et par l'Exemple.
Ptolomée qui est vn ancien Autheur, et le plus sçauant de tous les Grecs; en plusieurs endroits de ses OEuures, et particulierement au Liure premier, chapitre 5. dit, que la Quarte est vne Consonance. Boëce qui est aussi tres-ancien, et le plus sçauant des Latins; dans son Liure premier, chapitre 7. et dans le cinquiesme Liure, chapitre 11. et en plusieurs autres endroits de sa Musique, dit que la Quarte est Consonance. Dion l'appelle Harmonie: Euclide, et plusieurs autres signalez Autheurs, la mettent toujours entre les Consonances.
En apres, on prouue par Raison, que la Quarte est Consonance; et l'on dit, que tout Interualle, qui fait Harmonie, estant joint auec des autres; ne peut estre dissonant, estant separé, et à part soy: Or la Quarte, estant jointe auec la Quinte, (comme lors que l'Octaue est diuisée harmoniquement) est tres-bonne, harmonieuse, et Consonante; par consequent estant hors de cette composition, elle sera toujours Consonante; et mesme quand elle sera seule, pourueu que l'on obserue les regles que j'en donneray cy-apres.
On le prouue encore par son contraire; à sçauoir, par les Dissonances; qui sont la second, et la septiesme auec leurs repliques; lesquelles ne sont jamais Consonantes, dans quelque composition que ce soit; et en estant dehors, sont toujours de la mesme nature; c'est à dire Dissonantes. On prouue encore, que la Quarte est Consonance, par la Raison des nombres, comme je le feray voir clairement en son lieu.
Mais parce que les Exemples, font d'ordinaires plus d'effect, que les raisons; il est à propos de venir à la troisiesme et derniere preuue; Pour laquelle ie dis, que lors qu'on voudra se seruir actuellement de la Quarte, dans sa veritable proportion; pourueu qu'on ne soit point preuenu d'aucune passion; l'on auoüera ingenument qu'elle est Consonance; et la preuue s'en pourra faire, accordant parfaitement vn Luth, vne Viole, ou vn Violon en Quarte; ou l'on remarque vn merueilleux effect.
Or si la Quarte estoit vne Dissonance, elle n'auroit pas esté pratiquée si souuent par vne infinité d'Autheurs, anciens et modernes, Grecs et Latins; et mesme par nostre incomparable du Caurroy, qui s'en est seruy, en vne infinité de manieres, à 2. à 3. à 4. à 5. et à plus de Parties; au frapper, et au leuer, de la Mesure; commençant apres auoir pausé, et finissant auant que pauser, par la Quarte.
Cette diuersité d'opinions, touchant la Quarte; ne procede que de la vieille querelle, qui estoit entre les Pythagoriciens et Ptolomée; parce que ceux-là vouloient, que tout Interualle, qui prouenoit d'vn autre Genre de Proportion, que du multiple, et du Superparticulier; ne fust point propre à faire aucune [-136-] Consonance; et par ainsi ils ne consentoient pas, que la Diapason-Diatessaron ou vnziesme, qui est contenuë dans la Proportion double Surbipartiente-Tierce, du cinquiesme Genre entre 8. et 3. fust Consonance: Et Ptolomée montroit le contraire; et disoit, Que comme la Quarte ou simple Diatessaron, est vne Consonance; de mesme estant jointe à l'Octaue, les chordes extremes de cette conjonction, ne peuuent pas estre dissonantes; parce que les Sons que l'on adjouste à l'Octaue ou Diapason, semblent estre conjoints en vn seul Son, comme (au rapport de Boëce) c'est la nature de cette Consonance.
Les Musiciens Latins, voyant le different qui estoit entr'eux, et croyant que les raisons de part et d'autre estoient soustenables, ne voulurent pas donner vn iugement definitif pour cela; mais pour ne pas donner vne entiere liberté, de mettre dans le Contrepoinct, cette Consonance qui est l'vnziesme, ny sa simple qui est la Quarte, sans quelque consideration; ils les separoient du nombre des autres Consonances, non pas pour les mettre entre les Dissonances, car ils ne les auroient pas pratiquées; mais afin que s'en voulant seruir, on y apportast vn ordre particulier, auec certaines obseruations; et de là (sans doute) est venuë l'opinion, de quelques Praticiens, qui croyent sans raison, que la Quarte est vne Dissonance.
Et pour preuue que les Anciens, (aussi bien que les Modernes,) n'ont pas eu cette opinion; c'est que les plus habiles s'en seruoient, non seulement estant accompagnée auec les autres Consonances; mais aussi en estant separée, et à deux Parties seulement, comme l'on voit dans Iosquin des Prez, Autheur fort estimé; en vne de ses Messes à 4. intitulée, L'Homme armé; au commencement de Et resurrexit tertia die; où il met simplement à deux, cette Consonance; ce que l'on peut voir encore, en plusieurs autres compositions, des Anciens et des Modernes: Et bien qu'elles soient pratiquées assez rarement; neantmoins ils s'en sont seruis, et ne l'auroient pas fait, s'ils l'eussent creu, et tenu pour vne Dissonance.
Par ainsi l'on conclud de tout ce qui a esté dit cy-dessus, que la Quarte et ses Repliques, sont Consonances: Il s'en trouue pourtant encore plusieurs, à qui la Quarte semble vn peu rude; mais cela prouient infailliblement, de ce qu'elle a esté delaissée si long-temps. Or il n'y a point de doute, que s'accoustumant à la pratiquer, et à l'oüyr souuent; on la trouuera bonne et tres-excellente. Ne sçait-on pas, que les Tierces et les Sextes, que nous trouuons si bonnes; ont apporté plus de difficulté, auparauant que d'este receuës pour bonnes, que la Quarte ne fait à present? Car Pythagore, et tous les Anciens, n'ont jamais voulu admettre, ny entendre parler, des Tierces ny des Sextes; mais tres-bien de la Quarte.
Et depuis que nous auons trouué, la nouuelle diuision de l'Eschelle Syntone, qui nous donne les deux Tierces et les deux Sextes; nous nous y sommes accoustumez, et les auons receuës, et nous les tenons pour tres bonnes: Et il est certain que dans le commencement, il y auoit de la difficulté, et de la peine à les gouster; mais le temps et l'vsage, les a fait receuoir, pour excellentes et tres-harmonieuses; et particulierement les Tierces; et l'on doit esperer le mesme de la Quarte; puisque par la raison elle est plus parfaite.
[-137-] Ie sçay bien que le bon, et sain jugement de la Musique, se doit donner, lors particulieremeut qu'il est appuyé sur le sens et sur la raison; mais aussi (comme dit Boëce) le sens doit estre inferieur à la raison; dautant que les sens nous trompent le plus souuent, en nous faisant croire, le contraire de ce qui est; et nous voyons à tous momens, qu'vn mesme sentiment, ne se trouue point, en toutes sortes de personnes; et vne mesme personne, n'aura pas toujours vn semblable sentiment; ce qui nous doit esmouuoir, d'embrasser fortement la raison; particulierement lors qu'elle est accompagnée du sens: Que si l'on dit, que la Quarte, n'agrée pas à quelques-vns; cela n'opere de rien; dautant qu'elle agrée à quelques autres; et par consequent, puisqu'il y a de l'erreur au sens, il faut que la raison, qui est infaillible, en donne dernier jugement.
En quelle maniere, il faut pratiquer la Quarte, dans le Contrepoinct.
CHAPITRE LIV.
LA Quarte estant vne Consonance, comme ie l'ay fait voir cy-dessus; on la peut, et on la doit pratiquer, dans le Contrepoinct; parce qu'elle est vtile, et qu'elle fait vn merueilleux effect, estant placée en son lieu naturel: Or l'on s'en sert en differentes manieres; car quelquefois, on la met dessus la Quinte, comme lors que l'Octaue est diuisée harmoniquement, ayant la Quinte au dessous, et la Quarte au dessus: D'autrefois on la met auec la Tierce, et ce en deux façons, à sçauoir, en mettant la Tierce au dessous, ou bien au dessus de ladite Quarte: Et chacune de ces façons, reçoit encore deux manieres; dautant que la Tierce estant au dessous, peut estre majeure ou mineure; et de mesme aussi estant au dessus de ladite Quarte. La meilleure de toutes ces quatre façons, est lors que la Tierce mineure, est au dessous de la Quarte (a); et elle fait vn meilleur effect, que si la Tierce estoit majeure. (b) Et quand la Quarte, aura la Tierce au dessus; elle doit estre majeure, (c) et non pas mineure; qui ressemble quasi à vne Dissonance. (d)
Par ainsi l'on pourra toujours se seruir de la Quarte, ayant dessous soy la Tierce mineure, et dessus soy la Tierce majeure: Mais si la Tierce majeure, est dessous la Quarte; ou la Tierce mineure dessus; l'effect sera triste et desagreable: En vn mot, c'est la diuision des deux Sextes, majeure et mineure; lesquelles se doiuent diuiser comme dessus; à sçauoir, la Sexte majeure, par la Quarte en bas, et la Tierce majeure en haut, qui est la diuision Harmonique; (e) Et si l'on mettoit la Tierce majeure en bas, et la Quarte en haut; ce seroit la diuision Arithmetique, qui n'est point harmonieuse: (f) La Sexte mineure, se diuise par la Tierce mineure en bas, et la Quarte en haut, et non autrement. (a)
[-138-] Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 138,1; text: (a), (b), (c), (d), (e), (f), Quarte Bonne. Moins bonne. Non bonne. Diuision Harmonique. Arithmetique.] [COUMUS2 27GF]
Doncques si la Tierce, est au dessus de la Quarte; elle doit estre majeure: (g) et si elle est au dessous de la mesme Quarte; elle doit estre mineure. (h)
[Cousu, Musique Vniuerselle, 138,2; text: (g), (h), Quarte Bonne. Meilleure. Bonne à 3. seulement.] [COUMUS2 27GF]
Pour faciliter la pratique de la Quarte, i'en ay fait soixante Exemples, en Contrepoinct simple à trois Parties; ausquels, on peut adjouster facilement, vne quatriesme Partie, ou dauantage, si l'on veut: Il y en a quelques-vns, que l'on pratique ordinairement; quelques autres ont esté pratiquez seulement par du Caurroy; Mais la plus grande partie d'iceux, n'ont point encore esté mis en vsage; c'est pourquoy peut-estre, ils paroistront d'abord vn peu estranges à quelques vns, toutefois i'estime, que ce sera à ceux-là seulement, qui n'ont autre Regle de ce qu'ils font, que la seule coustume; mais il faut qu'ils croyent sans hesiter, qu'ils sont tous appuyez et fondez, sur les deux bases, qui soustiennent ou doiuent soustenir, la veritable et essentielle Musique; à sçauoir, le Sens et la Raison. Les 53. 54. 55. 56. et 61. Exemples, sont plus rudes et moins bons que les autres; à cause que la Sexte y est diuisée Arithmetiquement.
Il y faut considerer plusieurs choses auec attention: En premier lieu, comment la Quarte est toujours precedée, ou suiuie, de la Tierce majeure, ou de la Quinte; parce que c'est son lieu naturel; car l'on voit dans les raisons et Proportions, qu'elle est placée, au milieu de ces deux Consonances; ie l'ay pourtant [-139-] mise quelquefois entre deux Tierces majeures, ou entre deux Quintes; dautant que ce qui est bon d'vn costé, le peut estre aussi de l'autre en ce rencontre.
En apres l'on remarquera, comment la Quarte, a toujours sur soy, la Tierce majeure, selon la diuision cy-dessus donnée; qui la fait trouuer tres-harmonieuse: Et finalement l'on obseruera que lors qu'vne Partie, fait le mouuement conjoint; l'autre demeure immobile sur vne mesme chorde; aussi la Proportion Continuë, est preferable à la Discrette: toutefois il y a sur la fin quelques Exemples, où les deux Parties font le mouuement, pour aller à la Quarte; en montant ou descendant ensemble; l'vne le faisant conjoint, et l'autre separé; et quelquefois, le faisant toutes deux separé et contraire; et sont pourtant bons et agreables, à cause de la troisiesme Partie, et aussi des mouuemens qui sont considerables.
La Quarte se peut encore pratiquer, en plusieurs autres façons, dans le Contrepoinct Simple; car encore que son lieu naturel, soit entre la Quinte et la Tierce majeure; il ne s'ensuit pas, qu'on luy doiue toujours mettre; et pource on la met quelquefois apres d'autres Consonances; comme apres l'Octaue, la Sexte soit majeure ou mineure, et la Tierce mineure; la mettant aussi par fois, entre deux Tierces mineures, ou entre deux Sextes de diuerses especes; ou entre la Tierce et la Sexte, de semblables ou differentes especes; comme l'on voit clairement, sur la fin des Exemples; où l'on remarquera, que la troisiesme Partie est entierement necessaire; sans laquelle, les autres deux, ne seroient pas receuables; particulierement en quelques Exemples; aussi pour bien faire, et pour pratiquer la Quarte, en Contrepoinct simple; l'on doit mettre tout au moins trois Parties.
Ce n'est pas que je voulusse condamner, celuy qui s'en seruiroit à deux; mais ie loüeray bien dauantage, celuy qui ne le fera pas; tant pour les raisons cy-dessus apportées, par les Autheurs Latins, sur le different des Grecs; qu'à cause aussi, qu'elle semble encore vn peu rude et amere, à quelques-vns; et par ainsi, qu'il luy faut donner quelque douceur, en y adioustant vne ou plus de Parties; et en obseruant aussi, ce qui a esté dit cy-dessus; et ce qui sera dit cy-apres, en diuers endroits; en traitant du Contrepoinct figuré, ou diminué.
Sur tout il faut considerer auec attention, tous les Exemples suiuans, comme les mouuemens, l'ordre des Consonances, et l'effect des vns enuers les autres; et apres cela, il sera assez facile d'en faire, et mesme encore d'autre façon. Or quand ie parle icy de la Quarte, ce n'est pas de celle qui est en la Partie aiguë, contre celle du milieu; comme quand la Quinte, ou la Tierce, est au dessous d'elle; mais ie parle de la Quarte, qui est contre la Partie graue, et qui n'a aucune Consonance dessous soy: L'on verra encore en quelques Exemples, la Tierce mineure, dessus la Quarte; et bien qu'elle ne soit pas, en son lieu naturel; si est-ce qu'elle fait vn bon effect, comme il se voit par la pratique ordinaire.
[-140-] Exemples à trois Parties, en Contrepoinct simple; ou la Quarte est pratiquee, en plusieurs façons differentes.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 140; text: 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Suite des Exemples. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25.] [COUMUS2 28GF]
[-141-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 141; text: Suite des Exemples. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48.] [COUMUS2 29GF]
[-142-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 142,1; text: Suite des Exemples. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57. 58. 59. 60. 61.] [COUMUS2 30GF]
Si l'on veut adjouster vne quatriesme Partie, à tous ces derniers Exemples; on le fera auec facilité, ainsi que l'on voit cy-dessous; ce que l'on pourra faire aussi en tous les Exemples precedens.
Quatriesme Partie (si l'on veut) pour les six derniers Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 142,2; text: 56. 57. 58. 59. 60. 61.] [COUMUS2 30GF]
[-143-] La maniere de se seruir de la fausse Quinte, et du Triton, dans le Contrepoinct simple.
CHAPITRE LV.
POvr pratiquer la fausse Quinte, et le Triton au Contrepoinct simple; dans les Parties du milieu, tant à 3. à 4. qu'à plus de Parties; il faut obseruer le procedé que l'on voit dans les Exemples suiuants.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 143; text: Exemples à quatre, de la fausse Quinte. du Triton.] [COUMUS2 31GF]
Autre maniere de pratiquer la fausse Quinte, et le Triton, dans le Contrepoinct simple.
CHAPITRE LVI.
LA fausse Quinte et le Triton, se pratiquent encore autrement que dessus, dans les Parties du milieu; et mesme tous deux ensemble, ainsi que l'on peut voir, dans les trois premiers Exemples, qui sont cy-apres; et l'on se sert plus ordinairement de cette façon, lors que la Basse fait la Cadence.
[-144-] Exemples de la fausse Quinte, et du Triton.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 144,1] [COUMUS2 31GF]
L'on voit dans tous les susdits Exemples, la fausse Quinte et le Triton, en deux Parties du milieu; qui frappent en mesme temps, lesdits Interualles; ce qui n'est pas permis, contre la Basse ou la Partie graue: Mais i'enseigneray cy-apres, comment l'on peut se seruir, de la fausse Quinte, dans le Contrepoinct figuré; en toutes les façons possibles, tant contre la Basse, qu'entre les Parties du milieu, soit à 2. à 3. à 4. et à plus de Parties.
Il faut sçauoir, que lors qu'on parle du Contrepoinct simple; il n'est pas necessaire, qu'vne Partie ait toutes ses Notes semblables, ou esgales, et de mesme valeur; mais il suffit que toutes les Parties, ayent les vnes contre les autres, leurs Notes semblables, ou de mesme valeur; afin que veritablement, ce soit Note contre Note; ainsi que l'on voit dans les trois Exemples suiuans, qui sont à 4. et tous trois en Contrepoinct simple; c'est à dire, Note contre Note.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 144,2; text: Premier Exemple. 2. Troisiesme] [COUMUS2 32GF]
[-145-] Il est permis quelquefois, dans le Contrepoinct simple; de mettre contre vne seule Notte, deux autres ou quatre de mesme espece, qui esgallent sa valeur; et ce sera toujours vn Contrepoinct simple, quoy que ce ne soit pas exactement Notte contre Notte; et par ainsi il n'y pourra point entrer aucune Dissonance; comme l'on voit en l'Exemple suiuant, qui est à quatre Parties; qui ne se doit pas considerer, comme les Exemples precedens, qui sont separez par des lignes ou barres; car il est lié depuis la premiere, jusques à la derniere Mesure, nonobstant les separations, qui seruent seulement pour la Partition.
Exemple à quatre, en Contrepoinct simple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 145; text: Suite de l'Exemple à Quatre.] [COUMUS2 32GF]
Il n'y a aucune Mesure reglée, dans le susdit Exemple; et il suffit de la tenir comme pour des Airs; car les lignes perpendiculaires, qui sont de deux en [-146-] en deux Mesures; ne seruent, comme j'ay dit, qu'à faciliter la Partition, et à faire voir que l'on met quelques fois, deux ou plus de Notes, contre vne seule: Et par cette liberté, l'on peut vser plus souuent de la fausse Quinte, tant aux Parties du milieu, que contre la Partie graue; et mesme à deux Parties; mais pourtant en la maniere que l'on voit aux Exemples suiuants.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 146; text: Exemple à trois de la fausse Quinte, en Contrepoinct simple, pour les Parties du milieu. Autre Exemple à quatre. Exemple à trois, en Contrepoinct simple, de la fausse Quinte, contre la Partie graue, ou la Basse. Autre Exemple à trois, contre la Basse. Trois Exemples à deux, en Contrepoinct simple, de la fausse Quinte. Premier Exemple. 2. 3.] [COUMUS2 33GF]
[-147-] L'on voit dans tous les susdits Exemples, lors que la fausse Quinte est pratiquée; que la Partie qui a les deux Notes, contre vne seule; les chante par degré conjoint, mettant la fausse Quinte entre la Sexte mineure, et la Tierce majeure; il y faut tenir la Mesure des Airs, comme l'on fait d'ordinaire pour les Contrepoincts simples; et c'est tout ce que l'on peut dire de ces Interualles pour ce sujet.
Ie ne parleray point icy, des seconde et septiesme auec leurs repliques, qui sont Dissonances; à cause qu'on ne les doit point pratiquer, au Contrepoinct simple; mais seulement au figuré: c'est pourquoy ie reserue en traitant d'iceluy, d'en dire tout ce que l'on en peut souhaiter.
Par quelle Consonance, l'on doit commencer le Contrepoinct simple.
CHAPITRE LVII.
LE Contrepoinct simple, (particulierement à deux) doit commencer par vne Consonance parfaite, ou par l'Vnisson; selon que la commodité le permettra: Et à trois, l'on peut encore commencer, si l on veut, par les Consonances parfaites, Quinte et Octaue; et aussi par la Quinte, et par la Tierce majeure, ou mineure. A quatre, il est permis de commencer par l'Octaue, par la Quinte, et par la Tierce majeure; et par les seules parfaites, si l'on veut; faisant commencer trois Parties en Vnisson, ou deux en Octaue, contre la Basse; et l'autre en Quinte ou douziesme; ou bien deux en Quinte, auec la Basse, qui est auec l'autre en Vnisson; ou si l'on veut deux en Vnisson, vne en Octaue, et l'autre en Tierce, majeure ou mineure: En vn mot, il y a vne entiere liberté pour cela; à sçauoir, de mettre les seules parfaites au commencement, ou bien les parfaites, auec la Tierce ou dixiesme, mesme estant mineures.
A cinq, l'on peut commencer le Contrepoinct simple, par les Consonances parfaites, et imparfaites ensemblement; à sçauoir, par Vnisson, Quinte, Octaue, Tierce, ou dixiesme, majeures ou mineures: L'on peut encore commencer, par la Quinte en trois Parties, qui seront entr'elles, par Vnisson, et l'autre Partie par Octaue: D'autrefois l'on peut mettre deux Parties, par la Quinte, et trois Parties en mesme chorde; à sçauoir, par Vnisson, et par Octaue: Par fois, l'on peut commencer quatre Parties, par vne mesme chorde; dont trois feront Octaue à la Basse, et l'autre sera en douziesme.
A six, l'on peut aussi commencer le Contrepoinct simple, par les mesmes Consonances parfaites, et imparfaites comme dessus; et mettre si l'on veut, trois Parties en Quinte, contre la Basse; qui seront entr'elles, en Vnisson, et vne autre en douziesme, qui est la mesme chorde que les trois susdites, et la sixiesme en Octaue auec la Basse: Enfin, il est aisé à voir, par les Exemples susdits, [-148-] et par ceux qui sont cy-dessous reduits en Notes; la liberté que l'on a, en tous ces rencontres; ou de commencer par les seules Consonances parfaites, ou d'y adjouster, si l'on veut, la Tierce ou dixiesme non doublées.
Exemples de tout ce qui a esté dit cy-dessus, et plusieurs autres; où l'on voit comment l'on peut commencer les Compositions, en Contrepoinct simple, en differentes façons, soit à 3. à 4. et à 5. Parties.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 148; text: A 3. A 4. Suite des Exemples.] [COUMUS2 34GF]
L'on peut commencer vn Contrepoinct simple, en toutes les façons, qui sont cy dessus marquées, et autrement encore, si on le desire, par les mesmes Consonances.
[-149-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 149; text: Exemples, ou l'on voit comment l'on peut commencer le Contrepoinct simple à 5. en differentes manieres. A 5. à 6. à 7. et à 8. en differentes façons. A 6. A 7. A 8.] [COUMUS2 35GF]
[-150-] Tous les susdits Exemples, n'obligent pas de commencer les Compositions, en l'vne de ces façons, quoy que tres-excellentes; mais ils seruent particulierement, pour enseigner ce que l'on peut obseruer, en tous les commencements de chaque Composition, au Contrepoinct simple.
Par quelles Consonances, on doit finir le Contrepoinct simple.
CHAPITRE LVIII.
LE Contrepoinct simple, (particulierement à deux) doit finir par l'Octaue, qui est la plus parfaite Consonance; ou bien par l'Vnisson, ou par la quinziesme s'il y eschet, quoy que d'ordinaire, on ne se doiue pas tant esloigner que d'vne quinziesme.
A trois, l'on considera la Cadence de la Partie graue; car si elle finit, comme celle qui est ordinaire à la Basse, par vn Interualle de Quinte en descendant, ou de Quarte en montant; alors les trois Parties, finiront en mesme chorde, soit en Vnisson, ou Octaue; ou en Octaue, et quinziesme.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 150,1; text: Exemple à trois. Autre Exemple.] [COUMUS2 36GF]
Et si la Cadence de la Partie graue, est rompue, ou non acheuée; en finissant par vn Interualle de Quarte, en descendant; ou de Quinte, en montant; alors on mettra aux autres deux Parties, la Quinte, et la Tierce, ou dixiesme majeures.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 150,2; text: Exemple à trois.] [COUMUS2 36GF]
[-151-] Mais si la Cadence de la Partie graue, procede et finit par degrez conjoints; ainsi que font ordinairement les Cadences de Taille; alors on pourra mettre l'Octaue, et la dixiesme majeure.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 151; text: Exemple à trois. Autre] [COUMUS2 36GF]
A quatre Parties, le Contrepoinct simple se terminera par 8. 10. majeure, et 15; ou par 8. 12. et 15; ou par 10. majeure, 12. et 15; ou par 3. majeure, 8. et 12; ou par Vnisson, 8. et 12. à la volonté du Compositeur.
A cinq, le Contrepoinct simple finira par Vnisson, 5. et 5. et 15; ou par Vnisson, 3. majeure, 8. et 12; ou par 5. 8. 10. majeure, et 15; ou par 8. 12. 15. et 17. majeure; ou par 8. 10. majeure, 15. et 19. ou autrement; en disposant semblables Consonances, selon sa volonté.
A six Parties, le Contrepoinct simple finira, par la 5. 8. 12. 17. majeure, et 19; ou bien par 5. 8. 10. majeure, 15. et 12; ou par 8. 12. 15. 17. majeure, et 19.
A sept, le Contrepoinct simple finira, par 8. 10. majeure, 12. et 12. 15. et 19.
Et finalement, le Contrepoinct simple à 8. Parties, finira par 5. et <5>. 8. 12. et 12. 15. et 17. majeure: Et par tous ces Exemples, il est aisé à voir, l'ordre que l'on peut tenir, à la fin de chaque Composition du Contrepoinct simple; où il est permis de varier, et changer de lieu dans les Parties, les susdites Consonances; particulierement aux Compositions de 4. 5. 6. 7. et de 8. Parties.
Apres auoir declaré suffisamment, comment il faut vser des Consonances, tant parfaites qu'imparfaites; et de tout ce qui est necessaire, touchant le Contrepoinct simple, que vulgairement on appelle Note contre Note; Il rest à parler du Contrepoinct figuré ou diminué, auquel il faut obseruer toutes les [-152-] mesmes Regles; et en outre, ce qui sera enseigné cy-apres. Pour conclusion, l'on obseruera de ne finir jamais par vne Tierce mineure; mais bien par la majeure, quoy que rarement pourtant; car la dixiesme majeure, sera meilleure de beaucoup, que la Tierce majeure.
Esclaircissement sur vn abus de quelques particuliers.
CHAPITRE LIX.
AVparavant que de finir ce second Liure, il faut esclaircir vn poinct assez important; c'est qu'il y a quelques Musiciens, qui pensent bien subtiliser, se persuadant qu'entre les Parties du milieu, l'vne ne doit pas passer au dessous de l'autre, pour esuiter disent-ils deux Octaues, ou deux Quintes par Harmonie; comme en l'Exemple suiuant, où ils disent qu'il y a deux Quintes, et deux Octaues; Il est vray que sur les Instruments, comme sur l'Orgue, elles paroissent telles; car si l'on compare la premiere Note d'vne Taille, auec la seconde de l'autre Taille; l'on trouuera deux Quintes, et deux Octaues; mais l'on n'est pas obligé de faire le rapport des Parties de la sorte qu'ils disent; il faut seulement que chaque Partie chante les Notes, comme elles sont escrites; car autre est la Musique vocale, et autre l'Instrumentale; il y a des choses qui sont permises en l'vne, qui ne le sont pas en l'autre.
Exemple à quatre.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 152,1] [COUMUS2 37GF]
Si pour esuiter ces rencontres, l'on veut changer cet Exemple, et le mettre comme il est cy-apres; l'on verra, qu'encore qu'vne Partie, ne passe pas au dessous de l'autre; il ne laisse pas pourtant, de se trouuer deux Octaues, aux deux Tailles; mais c'est selon leur opinion, qui est absolument fausse.
Exemple à quatre.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 152,2] [COUMUS2 37GF]
Si aussi pour se sauuer, l'on veut mettre vne Taille en Superius, comme à l'Exemple suiuant; l'on pourroit dire, que la premiere Note de la Taille, et la seconde du Superius, vont de l'Octaue à la quinziesme, par mouuemens contraires; ce qui est deffendu, et pourtant l'Exemple est fort bon.
[-153-] Exemple à quatre.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 153,1] [COUMUS2 37GF]
Si doncques toutes ces choses, estoient de la sorte qu'ils pensent; l'on renuerseroit tout l'ordre de la Musique, car on rencontreroit toujours deux Quintes, et deux Octaues, si l'on vouloit prendre la Quinte, qu'a faite vne Partie, auec la Quinte qu'vne autre Partie fait immediatement apres; dautant qu'il faut demeurer d'accord, que nous n'auons pour la Composition de la Musique; que la Tierce, la Quinte, et l'Octaue, et leurs repliques; et quelquesfois au lieu de la Tierce, et de la Quinte; l'on met la Quarte et la Sexte, ou leurs repliques; quand doncques vne Partie a fait vne Quinte, il faut qu'en suite vne autre Partie la fasse, de peur qu'vne seule, en mette deux de suite; le mesme se doit entendre de l'Octaue: Et si l'on veut prendre la Quinte d'vne Partie, pour la joindre à celle que va faire vne autre Partie, ce seront deux Quintes; mais qui sont en effect permises; tout de mesme que les deux Octaues faites de la sorte; et ce seroit vne raillerie de penser le contraire: Or afin d'authoriser ce que je dis, par la pratique de du Caurroy, le plus sçauant Contrapunctiste, qui ait jamais esté; j'en mettray icy quelques Exemples, à 4. à 5. et à 6. qui doiuent seruir de Loy inuiolable, pour les pratiquer de mesme.
Exemples à quatre, pour les deux Quintes, et pour les deux Octaues.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 153,2; text: 1. 2. 3. 4. 5. 6.] [COUMUS2 37GF]
Tovrnez povr la svite.
[-154-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 154; text: Suite des Exemples à 4. 7. 8. 9. 10. Exemples à 5. et à 6. pour les deux Quintes, et pour les deux Octaues. A 5. A 6. 1. 2. 3.] [COUMUS2 38GF]
Si l'on considere le premier Exemple à 4; l'on pourroit dire par cette maxime non receuable, que la premiere Note de la Haute-Contre, auec la seconde de la Taille, feroient deux Octaues; et la premiere de la Taille, auec la seconde de la Haute-Contre, deux Quintes: Et dans le second Exemple, le mesme pour les deux Octaues, et pour les deux Quintes: Et au troisiesme Exemple, les deux [-155-] Quintes, de la premiere de la Haute-Contre, à la quatriesme de la Taille; et pour les deux Octaues, de la seconde Note du Superius, à la troisiesme de la Haute-Contre: En examinant le quatriesme Exemple, l'on trouueroit deux Quintes, de la seconde Note de la Taille, à la seconde de la Haute-Contre: Et les mesmes deux Quintes, au cinquiesme Exemple, de la seconde Note de la Taille, à la troisiesme du Superius: Dans le sixiesme et le septiesme Exemple, l'on trouueroit bien mieux encore les deux Quintes; à cause que la Taille ayant fait la premiere, fait vne Pause; qui les feroit mieux discerner, parce que la Haute-Contre fait sonner distinctement la seconde: La mesme chose arriuant au neufiesme Exemple, de la seconde Note de la Taille, à la quatriesme du Superius: Et au 10. de la premiere de la Haute-Contre, à la seconde de la Taille.
Si l'on prend garde aux trois Exemples qui sont à 5, et à celuy qui est à 6; l'on trouueroit encore les deux Quintes, de la Taille à la Haute-Contre.
I'en pouuois extraire des Exemples, non pas à centaines, mais à milliers; et non seulement de du Caurroy; mais aussi de tous ces grands hommes, Orlande, Claudin, et de ce sçauant Compositeur Adrien Vvillaërt, qui en fournit des Exemples, autant que l'on en veut; et generalement de tous les autres grands Maistres de reputation.
Mais il suffit par ces Exemples, d'en auoir monstré leur Pratique; par laquelle il faut conclure, qu'ils n'auroient pas pratiqué ces choses, vne infinité de fois, dans toutes leurs OEuures; s'ils ne les auoient jugées tres-excellentes.
Il y a des particuliers qui prennent à tasche, de prescrire certaines petites Loix, dans le Contrepoinct; sans fondement, et sans aucune raison; et ce qui est deplorable, c'est toujours contre la pratique ordinaire des premiers hommes du monde; et lors qu'ils deffendent, par exemple les deux Quintes, et les deux Octaues par Harmonie; ils disent qu'on les esuitera le plus que l'on pourra; Est-ce parler d'vne science, qui a ses Regles tres-certaines, en la maniere qu'il en faut parler? Elles sont bonnes, ou elles ne le sont pas: si elles sont bonnes, il n'y a point de deffences à faire; si elles ne le sont pas, il n'y a point de choix, ny de liberté à donner: Si l'on se restraint à dire, que de deux sortes de Contrepoincts, il faut pratiquer plus souuent le meilleur, je l'accorde.
Il se trouue encore d'autre particuliers qui disent, Qu'il faut esuiter toutes sortes de rencontres; I'asseure en verité, que je n'entens pas ce qu'ils veulent dire; et c'est vne chose bien estrange, que moy, qui ay entrepris de traiter la Musique vniuerselle; je n'entende pas ces termes; c'est vne marque infaillible qu'ils n'en sont pas: Ie confesse encore, que j'en ay demandé l'explication à beaucoup d'habiles Contrapunctistes, qui m'ont tous auoüé ingenuëment, qu'ils ne l'entendent pas; de sorte que je n'en puis donner aucune explication. Ie finis ce Liure auec la protestation que je fais deuant Dieu, qu'en disant toutes ces choses; je n'ay intention d'offencer, ny de blasmer aucun particulier, ny qui que ce soit au monde; Ie parle en termes generaux; Et traitant la Musique vniuerselle, je crois estre obligé d'en dire, tout ce qui fait pour et contre; autrement je desmentirois le tiltre de mon Liure.
I'ay fait voir cy-deuant, soixante et vn Exemples de la Quarte à trois Parties tous differens, et qui sont tres-bons; et où l'on peut adjouster vne quatriesme [-156-] Partie, si l'on veut, qui en augmentera la bonté, particulierement du 53. et 55. Exemples, qui sont plus rudes que tous les autres; à cause que la Sexte y est diuisée Arithmetiquement, et que les trois Parties font ensemblement le mouuement separé d'vne Tierce: Or pour les rendre plus agreables, il faut diuiser la Sexte Harmoniquement, ainsi
[Cousu, Musique Vniuerselle, 156,1; text: 53. Exemple à trois, bon. 55.] [COUMUS2 39GF]
I'ay fait voir aussi dans ce Liure, toutes les regles essentielles du Contrepoinct simple; mais dans les Liures qui suiuent, qui traictent du Contrepoinct figuré, l'on verra beaucoup d'exceptions aux susdites Regles: Par exemple, il y a vne Regle en la Page 133. qui dit, Que lors qu'on ira de la Tierce à la Quinte, et qu'vne Partie ne fera aucun mouuement, que l'on mettre la Tierce majeure, pour estre plus prochaine de la Quinte que la mineure; et cependant l'on verra cy-apres en traitant du Contrepoinct figuré, que l'on peut mettre (mesme à deux) la Tierce mineure deuant la Quinte, comme l'on voit aux trois Exemples cy-dessous.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 156,2; text: Exemples qui sont bons à deux. Suite des Exemples. 1. 2. 3. 4. 5.] [COUMUS2 39GF]
L'on met aussi dans le Contrepoinct figuré, la Tierce majeure deuant la Quinte, quand vne Partie ne fait aucun mouuement; ainsi que l'on voit dans quatriesme et cinquiesme Exemple cy-dessus; Mais comme je traite icy seulement du Contrepoinct simple, et non du figuré, il faut attendre d'en voir les raisons, dans les Liures suiuans.
Fin du second Liure.
[-157-] LA MVSIQVE VNIVERSELLE, CONTENANT TOVTE LA PRATIQVE, et toute la Theorie.
LIVRE TROISIESME.
Monstrer ce que c'est que Contrepoinct figuré ou diminué: Et ce qu'il faut obseruer pour en faire vn parfaict, et accomply.
CHAPITRE PREMIER.
LA science de la Musique, consiste à connoistre les raisons des Interualles, et la Composition, qui est le Contrepoinct: Et la Musique est agreable, et digne de l'attention d'vn honneste Homme, quand l'on rencontre vn bel ordre, entre les Consonances et Dissonances, qui le composent: Car comme les bastimens plaisent dauantage, quand la symmetrie, et les regles de l'Architecture y sont parfaitement obseruees; et qu'on a plus de contentement de voir les portes et les plus grandes fenestres en bas, et les moindres en haut, que si elles estoient autrement disposées; De mesme les Concerts, où la Basse, et les autres Parties sont placées auec vn bel ordre; et où les pieces de Musique ou Compositions se suiuent bien par degrez conjoints, et obseruent l'ordre des raisons Harmoniques, sont plus agreables à tous ceux qui n'ayment pas le desordre, que les Concerts, ou les Parties sont hors de leur ordre, et du lieu qu'elles desirent ordinairement.
Cette verité estant supposée: Ie veux enseigner dans ce troisiesme Liure, et dans le suiuant qui est le quatriesme; toutes les choses necessaires, pour establir [-158-] vn bel ordre dans le Contrepoinct figuré ou diminué, et entre les Consonances et les Dissonances qui le composent, auec plusieurs autres matieres tres-curieses et importantes, non encore traitées; qui luy seruent d'vn ornement, et d'vn embellissement admirable. Pour commencer je dis, que
Le Contrepoinct figuré, se compose de toutes sortes de Notes ou figures differentes, les vnes contre les autres; s'accordant pourtant toutes en mesme Mesure, et mettant deux ou plusieurs moindres Notes, contre des plus grandes selon leur valeur.
Dans ce Contrepoinct, l'on se sert de toutes les Consonances, tant parfaites qu'imparfaites, selon les regles que j'ay données cy-dessus, pour le Contrepoinct simple, et que je donneray encore cy-apres pour celuy-cy: De plus l'on se sert aussi par accident, de quelques Dissonances, en la façon que je feray voir dans la suite de ce Liure.
Il se fait de deux sorte de Contrepoinct; car quelquesfois l'on prend vn Sujet, ou Plainchant de figures esgales, comme de Semibrefues ou plus grandes; Et sur iceluy, l'on fait vn Contrepoinct aux autres Parties, auec diuerses Notes ou figures equiualentes à celles du Sujet, mettant deux minimes, ou quatre Semiminimes, ou autres Notes, contre vne Semibrefue ou sa valeur; Et d'autrefois toutes les Parties de la Composition, ont des figures inesgales, les vnes contre les autres; et c'est pour cela qu'on l'appelle Musique figurée.
Doncques le Contrepoinct, est simple ou figuré: Le Contrepoinct simple est fait de Notes égales, les vnes contre les autres, et de toutes les Consonances parfaites, et imparfaites seulement: Et le Contrepoinct figuré, est composé de differentes figures, et de toutes les Consonances, et aussi des Dissonances, selon les reigles cy-deuant données, et celles que j'enseigneray dans tout ce Traité.
Or pour faire passer les Dissonances dans le Contrepoinct, l'on se sert plus ordinairement de la Syncope; d'autrefois de toutes les Suppositions differentes; ou des Cadences entieres ou rompuës; Quelquesfois l'on met les Dissonances hors de Syncope, et par degrez conjoints; et encore en plusieurs autres façons, que j'enseigneray par des Regles certaines; et quand l'on en vse de la sorte, elles font vn effet du tout admirable, et autant rauissant que les Consonances mesmes; et les vnes et les autres meslées ensemble comme il faut, rendent la Musique plus harmonieuse et plus agreable de beaucoup, que s'il n'y auoit que des Consonances toutes seules.
Enseigner ce que c'est que Syncope, et la maniere de s'en seruir.
CHAPITRE II.
LA Syncope se fait en la Musique figurée, lors qu'il y a vne ou plusieurs Notes de mesme valeur, entre deux autres qui en vallent chacune la moitié moins; dont la premiere qui est la moindre, commence au frapper de la Mesure; et par ainsi toutes celles qui se trouuent entre les deux mineures, sont au leuer; et c'est ce qu'on dit Chanter contre-Mesure.
[-159-] La Syncope en la Musique figurée, est vn transport ou reduction de quelque moindre Note, (outre vne ou plusieurs plus grandes) à sa semblable, ou autres pour acheuer la Mesure de son signe ou degré; soit en Mesure binaire ou Ternaire. (a) Et si l'on fait Syncoper des Minimes, entre des Semiminimes; elles pourront estre tant au frapper qu'au leuer de la Mesure. (b)
Exemple de tout.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 159,1; text: (a), (b)] [COUMUS2 39GF]
L'on a veu dans le premier Liure, quels sont les Signes entiers, et quels sont les diminuez, et ce qu'il faut obseruer en chacun d'iceux; à present l'on voit, comment il est permis de syncoper les Semibrefues et Minimes, sous les Signes entiers, ainsi que dessus; où il y a le Signe du Temps imparfait entier, sous lequel on met toujours vne Semibrefue, ou sa valeur, pour l'essentielle valeur, d'vne Mesure, composée d'vn frapper et d'vn leuer esgaux.
Or si l'on met vn Signe diminué, l'on pourra encore syncopper les Brefues, ainsi que l'on voit en l'Exemple suiuant, qui se doit chanter de mesme mouuement, de mesme temps, et de mesme valleur que le susdit Exemple, ou que celuy qui le suit; à cause que c'est le Signe du Temps imparfait diminué; sous lequel toutes les Notes et Pauses diminuënt de la moitié, au respect de celles qui sont dessous le susdit Signe entier.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 159,2] [COUMUS2 39GF]
Toutes et quantes fois que l'on veut faire des Syncopes, il est permis si l'on veut, de mettre au lieu de la premiere Note mineure, qui precede la Syncope; deux Notes equiualentes ladite mineure, ou bien sa Pause; et le mesme se peut faire de la derniere mineure, excepté que l'on n'y peut pas mettre sa pause.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 159,3] [COUMUS2 40GF]
[-160-] L'on peut encore diuiser, vne ou plusieurs Notes syncopées; en faisant tomber le quart de sa valeur, sur la Note qui suit; et fera le mesme effect, et sera aussi bon, comme si la Note syncopée demeuroit en son entier; ce qui se doit entendre, quand la syncope est Dissonante.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 160,1] [COUMUS2 40GF]
Obseruation pour la Syncope.
CHAPITRE III.
L'On se sert bien souuent dans la Musique figurée, de la Syncope, pour faire passer les Dissonances; mais il y faut obseruer vne chose necessairement; à sçauoir, que la Note qui suit la Syncope, descende par mouuement conjoint; et la Dissonance se trouuera toujours en la seconde partie de la Note syncopée, apres laquelle doit estre vne Consonance; ainsi que l'on voit en l'Exemple suiuant, ou la septiesme et la seconde sont pratiquées comme il faut.
Exemples à deux Parties, des septiesme, et seconde, en Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 160,2; text: Septiesmes. Secondes.] [COUMUS2 40GF]
[-161-] Il est dit que la Note qui suit la Syncope descendra par mouuement conjoinct, et non jamais par le separé; comme l'on voit aux Exemples suiuants, qui sont deffendus.
Exemples non permis.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 161] [COUMUS2 41GF]
Ie diray en passant vn mot necessaire sur ce sujet; c'est que l'on trouue en vn endroit des OEuures imprimées de du Caurroy, vn passage qui va de la septiesme à la Tierce mineure, tout semblable au premier de ces derniers Exemples; et il se rencontre des personnes si innocentes, qui croyent qu'il l'a fait à dessein; ne sçachent pas que nonobstant toutes les diligences possibles, il est impossible d'empescher, qu'il ne se glisse toujours quelques legeres fautes, dans les Impressions. Ils auroient autant de raison, de dire que du Caurroy a fait deux Octaues, deux Quintes, et deux Vnissons; que l'on trouue en cinq de ses Pieces qui sont imprimées; ils auroient bien mieux fait, auparauant que de faire vne accution si grossiere, et si esloignée du sens commun; d'aller voir l'Original des Partitions de l'Autheur, ou bien la coppie du petit Errata qui est tout joignant; et là ils auroient veu le sujet de leur confusion.
Maxime tres-generale, pour bien pratiquer les Dissonances, en toutes les façons possibles.
CHAPITRE IV.
POvr faire passer les Dissonances, dans le Contrepoinct figuré; l'on met la Syncope ou à la Partie graue, ou à l'aiguë, ou à d'autres, comme l'on veut; faisant descendre par degré conjoint, la Partie qui fait la Syncope, ainsi qu'il a esté dit cy-dessus.
Or voicy vn rare secret que je donne, qui est infaillible; c'est qu'il est permis, par vne maxime tres-generale; de mettre en la Partie, qui est contre la seconde moitié de la Syncope, telle Note, ou Consonance, que l'on pourroit mettre contre la Note, qui suit ladite Syncope; et comme si au lieu de cette seconde moitié syncopee, la seconde Note qui la suit estoit des-ja chantée: Par exemple, aux deux premiers Exemples qui suiuent, l'on peut mettre en la Partie graue, tout le mesme que l'on peut mettre, contre les deux derniers Exemples, qui n'ont point la Syncope.
[-162-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 162,1; text: Exemples à deux, où la Partie aigué est syncopée. graue, Suite des Exemples.] [COUMUS2 41GF]
Quelquefois l'on peut mettre contre la Syncope, ce qu'on ne pourroit point mettre si elle n'y estoit pas; comme l'on voit en tous les Exemples suiuans, qui sont tres-bons; Et si pourtant l'on descendoit d'vn degré, la seconde moitié de la Syncope; ils ne seroient pas bons pour des deffauts tres-visibles.
Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 162,2] [COUMUS2 42GF]
[-163-] En quelle façon l'on peut mettre la Partie graue, lors que la Partie aiguë fait la Syncope.
CHAPITRE V.
L'On peut mettre la Partie graue, contre la Partie aiguë syncopée, en tant de façons, que je serois ennuyeux, si je voulois discourir de chacune en particulier; c'est pourquoy j'en ay fait quantité d'Exemples, qui feront plus d'effect que le discours; et par le moyen desquels, l'on verra tout ce qui se peut faire en semblables rencontres, en obseruant ce que j'ay dit cy-dessus.
Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 163; text: Suite des Exemples à 2.] [COUMUS2 42GF]
[-164-] Suite des Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 164,1] [COUMUS2 43GF]
En tous les susdits Exemples, l'on peut mettre au lieu des Minimes et Semiminimes, des Semibrefues et des Minimes; le tout à sa volonté; et mesme diuiser la Syncope, si l'on veut, ainsi que l'on voit sur la fin des Exemples: Et bien que la Partie aiguë fasse par tout le mouuement du Ton, elle peut aussi faire celuy du Semiton, si l'on veut, comme l'on voit cy-dessous.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 164,2; text: Suite des Exemples.] [COUMUS2 43GF]
Or à present, il sera facile de joindre vne troisiesme et quatriesme Partie, tant à celles où est le mouuement du Ton, qu'aux autres où est le Semiton; et pour en faciliter l'intelligence, j'en donneray quelques Exemples, par le moyen desquels, l'on en pourra faire des autres selon les occurrences.
Il se faut ressouuenir de ce que j'ay dit cy-dessus, à sçauoir que tous ces Exemples, et tous ceux qui seront cy-apres, ne sont point liez les vns aux autres, et qu'il les faut tous considerer separément.
[-165-] En quelle maniere l'on peut mettre vne troisiesme, et quatriesme Partie; lors que la Syncope est en la Partie aiguë.
CHAPITRE VI.
POvr enseigner la façon de joindre vne troisiesme, voire vne quatriesme Partie à deux autres, où l'aiguë est syncopée; j'ay jugé que le discours, ne feroit pas tant d'effect que les Exemples; car par iceux on verra l'ordre, qu'il faut tenir pour en faire de toutes sortes.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 165; text: Troisiesme partie si l'on veut. Quatriesme, Suite des Exemples.] [COUMUS2 44GF]
L'on voit aux deux derniers susdits Exemples, comment la Partie qui estoit [-166-] syncopée, est toujours bonne, quand elle est reduite hors de Syncope, ainsi qu'il a esté dit cy-dessus.
Autres Exemples de la Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 166; text: Troisiesme Partie si l'on veut. Quatriesme, Suite des Exemples à 2. ou à 3. ou à 4.] [COUMUS2 45GF]
Dans les susdits Exemples de la Syncope, il n'y a que quatre Parties, non plus qu'à ceux qui suiuent; l'on y peut pourtant adjouster vne cinquiesme, et quelques fois vne sixiesme; pourueu que l'on obserue les Regles du Contrepoinct, telles qu'elles sont données cy-deuant, et qu'elles seront prescriptes cy-apres.
[-167-] Comment l'on peut mettre la Partie aiguë, lors que la Partie graue est syncopée, par le mouuement du Ton.
CHAPITRE VII.
QVand la Partie graue est syncopée par le mouuement du Ton, l'on peut mettre en plusieurs façons la Partie aiguë; et pour en faciliter l'intelligence, j'en donneray plusieurs Exemples, qui montreront la façon d'en faire en toutes les façons possibles.
Exemples à deux.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 167] [COUMUS2 46GF]
Tovrnez povr la svite.
[-168-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 168,1; text: Suite des Exemples à 2.] [COUMUS2 47GF]
Il est permis en tous les susdits Exemples, de mettre des Minimes et Semiminimes, au lieu des Semibrefues et Minimes, à la volonté d'vn chacun; et l'on peut encore diuiser la syncope, si l'on veut, comme il se voit aux Exemples suiuants.
Exemples à 2.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 168,2; text: Suite des Exemples à 2.] [COUMUS2 47GF]
Enseigner la façon de mettre la Partie aiguë, quand la graue est syncopée, par le mouuement du Semiton.
CHAPITRE VIII.
VOicy plusieurs Exemples, qui enseigneront la maniere, de faire la Partie aiguë, quand la graue est syncopée par le mouuement du Semiton; et ce en toutes les façons possibles; et en apres j'enseigneray le moyen, d'y joindre vne troisiesme, et quatriesme Partie.
[-169-] Exemples à deux pour la Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 169; text: Pour la Syncope à 2.] [COUMUS2 48GF]
[-170-] I'ay fait voir cy-dessus vn grand nombre d'Exemples de la Partie aiguë, contre la graue qui est syncopée, par le mouuement du Ton et du Semiton; et j'en donneray encore cy-apres d'autres, en traitant de la fausse Quinte; mais l'on remarquera, qu'encore que tous ces Exemples soient tres bons, approuuez, et pratiquez, generalement de tous les bons Autheurs; Si est-ce qu'à deux l'on vsera vn peu plus sobrement de ceux ou la Quarte frappe contre la seconde moitié de la Syncope de la Partie graue; ce n'est pas qu'ils ne soient tres-bons, et mesme à deux Parties; mais c'est afin d'y apporter quelque petite retenuë; et l'on y sera encore plus exact, lors que ce sera le Triton qui frappera particulierement aussi à deux, quoy qu'il soit permis.
Il faut remarquer, lors qu'il y a trois, ou quatre, ou plus de Parties, et que je parle de la Partie aiguë syncopée, je n'entends pas que ce doiue estre toujours le Superius; car la Haute-Contre, et aussi la Taille le peuuent estre; et sont toujours estimées aiguës, à l'esgard de la Basse, ou de la Partie graue.
En quelle maniere l'on peut faire vne troisiesme Partie, lors que la Syncope est en la Partie graue, et qu'elle descend par le mouuement du Ton.
CHAPITRE IX.
IL faut exactement considerer les Exemples suiuans, et par ce moyen on en pourra faire en plusieurs autres façons.
Exemples à trois pour la Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 170; text: Suite des Exemples à 3. pour la Syncope.] [COUMUS2 49GF]
[-171-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 171,1] [COUMUS2 49GF]
Le moyen de faire vne quatriesme Partie, lors que la Partie graue est syncopée; et quelle descend par le mouuement du Ton.
CHAPITRE X.
PAR le moyen des Exemples suiuans, l'on apprendra la façon de faire vne quatriesme Partie, lors que la Partie graue ou la Basse est syncopée, et qu'elle descend par le Mouuement du Ton.
Exemples à quatre pour la Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 171,2; text: Suite des Exemples à 4. pour la Syncope.] [COUMUS2 50GF]
Tovrnez povr la svite.
[-172-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 172; text: Suite des Exemples à 4. pour la Syncope.] [COUMUS2 50GF]
Il y a beaucoup des susdits Exemples, où la Taille et le Superius se pourroient changer de l'vn à l'autre; et seroient aussi bons comme ils sont à present; cela s'entend de ceux, où la Taille ne passeroit pas au dessous de la Basse; ainsi qu'il arriueroit au dernier Exemple: Vne fois pour toutes, je diray que toutes les Syncopes, qui sont de Semibrefues; se peuuent reduire à des Minimes et Semiminimes, comme aussi au contraire de celles-cy aux autres.
De quelle fàçon l'on peut mettre vne troisiesme Partie, lors que la Syncope est en la Partie graue, et qu'elle descend par le mouuement du Semiton.
CHAPITRE XI.
CEs Exemples apprendront à faire vne troisiesme Partie, lors que la Syncope descend par le Semiton, en la Partie graue.
[-173-] Exemples à trois pour la Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 173; text: Suite des Exemples à 3. pour la Syncope.] [COUMUS2 51GF]
La maniere de faire vne quatriesme Partie, quand la Basse ou la Partie graue est syncopée, et qu'elle descend par le mouuement du Semiton.
CHAPITRE XII.
LA suite des Exemples que l'on voit cy-apres, enseignera facilement la Methode, d'en faire encore d'autre façon à quatre Parties, lors que la Basse ou la Partie graue est syncopée, et qu'elle fait le mouuement du Semiton en descendant.
[-174-] Exemples à quatre pour la Syncope,
[Cousu, Musique Vniuerselle, 174; text: Suite des Exemples à 4. pour la Syncope.] [COUMUS2 52GF]
En plusieurs des susdits Exemples, l'on peut changer la Taille contre le Dessus, si l'on veut, en obseruant ce qui a esté dit cy deuant.
[-175-] En quelle façon, on doit pratiquer la Quarte en Syncope, tant à 2. à 3. qu'à plus de Parties.
CHAPITRE XIII.
IL faut tenir pour vne maxime generale, de ne mettre jamais la Quarte syncopée, en la Partie aiguë, à deux Parties; Et c'est ce qui surprendra beauoup de Compositeurs; parce que la plus grande partie des plus habiles, manque en ce rencontre; Or elle est bonne à trois, et à plus de Parties; mais non jamais à deux: I'en diray les raisons cy-apres.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 175,1; text: Exemple de la Quarte, non permise à 2. permise à 3.] [COUMUS2 53GF]
Les Exemples suiuans, sont encore bons à trois Parties; mais si l'on oste la troisiesme, les autres deux ne seront pas bonnes, à cause que la Quarte est syncopée en la Partie aiguë, qui n'est permise qu'à trois ou à plus de Parties.
Exemple de la Quarte permise à trois.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 175,2; text: Troisiesme Partie.] [COUMUS2 53GF]
[-176-] Par le moyen de la Syncope, la Quarte se pratique fort bien à deux Parties; mais c'est quand la Partie graue est syncopée, comme l'on voit aux deux Exemples suiuants.
Exemple de la Quarte fort bonne à 2.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 176,1] [COUMUS2 53GF]
Donner plusieurs et differentes manieres pour pratiquer les Dissonances, par le moyen de la Syncope.
CHAPITRE XIV.
LEs Dissonances se peuuent encore pratiquer d'autre façon que dessus, par le moyen de la Syncope, venant à l'Vnisson, par la seconde syncopée; et vne Partie faisant le mouuement du Ton, et l'autre celuy de Semiton, et procedant l'vne et l'autre par mouuement contraire, comme l'on voit cy-dessous.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 176,2] [COUMUS2 54GF]
De tous les susdits Exemples, les trois premiers sont meilleurs, que les deux derniers; à cause qu'ils partent de la Tierce ou de la dixiesme mineure; et le troisiesme, ne seroit pas bon à deux, à cause de la Quarte syncopée en la Partie aiguë: Or tous ces Exemples se pratiquent parfaitement bien aux Parties du milieu, comme l'on voit cy-apres, où l'on remarquera que les Parties, peuuent aller de la seconde à l'Vnisson, l'vne contre l'autre, comme il a esté dit; et aussi l'on peut mettre l'vne des deux à l'Octaue, soit en haut ou en bas; Si bien qu'elle se trouuera aller de la neufiesme, ou de la septiesme à l'Octaue; Les Exemples le feront mieux cognoistre.
[-177-] Exemples de la Syncope aux Parties du milieu.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 177,1] [COUMUS2 54GF]
Quant la Partie graue est syncopée, l'on peut encore mettre la Quarte, apres laquelle suit immediatement la Quinte imparfaite, ou fausse Quinte; et finalement la Tierce majeure.
Exemples pour la Quarte en Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 177,2; text: Suite des Exemples de la Quarte pour la Syncope. Autre Exemple à trois pour la Quarte en Syncope.] [COUMUS2 55GF]
L'on peut mettre aussi la fausse Quinte apres la Quarte, quand la Partie aiguë sera syncopée, et finalement la Tierce majeure.
[-178-] Exemple à trois.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 178,1] [COUMUS2 54GF]
Il n'est pas permis, quand la Partie graue est syncopée; de mettre la vraye Quinte au lieu de la fausse; quand le Triton se rencontre au lieu de la bonne Quarte, ou bien sa relation.
Exemple non permis.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 178,2; text: Partie aiguë. Partie graue.] [COUMUS2 54GF]
Autre façon d'aller de la neufiesme à l'Octaue, par le moyen de la Syncope.
CHAPITRE XV.
IL est permis encore d'aller de la neufiesme à l'Octaue, quand les deux Parties procedent par mouuemens contraires et conjoints, comme pour faire vne Cadence.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 178,3] [COUMUS2 55GF]
Mais il sera mieux si l'vne des Partie fait le mouuement du Semiton, ainsi que l'on voit en ces Exemples.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 178,4] [COUMUS2 55GF]
[-179-] Exemples où l'on voit la maniere de faire vne Troisiesme et Quatriesme Partie; lors que l'on va de la neufiesme à l'Octaue, et que les deux Parties procedent par mouuements contraires et conjoincts.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 179,1] [COUMUS2 56GF]
Comment l'on peut aller de la neufiesme à l'Octaue par le moyen de la Syncope, la Partie graue faisant le mouuement separé.
CHAPITRE XVI.
L'On peut encore aller de la neufiesme à l'Octaue, quand la Partie aiguë descend par mouuement conjoinct, et la graue monte par l'Interualle de la Quarte, ou descend par celuy de la Quinte.
Exemples de la neufiesme à l'Octaue, par Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 179,2] [COUMUS2 56GF]
Par le moyen de la Syncope, l'on peut encore aller de la neufiesme à l'Octaue; et la Partie graue ayant fait vne Pause, peut entrer et frapper contre [-180-] ladite Neufiesme ou Seiziesme syncopée, ainsi que l'on voit aux Exemples suiuants.
Exemples à 3. à 4. et à 5. Parties, de la Neufiesme à l'Octaue, par Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 180,1; text: A trois. A quatre. A cinq.] [COUMUS2 57GF]
Obseruations tres-curieuses et necessaires, pour la Syncope.
CHAPITRE XVII.
IL faut obseruer en la Syncope, que la Note qui suit la Dissonance et qui descend, ne soit pas liée à vne autre Consonance; c'est à dire, qu'il n'y ait pas encore vne Syncope toute Consonante; dautant que cette Dissonance se resout, auec vne façon des-agreable, et qui n'est point approuuée du tout.
Exemple en la Partie aiguë.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 180,2; text: Syncopes mal resoluës.] [COUMUS2 56GF]
[-181-] Exemple en la Partie graue.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 181,1; text: Syncopes mal resoluës.] [COUMUS2 57GF]
L'on voit au premier Exemple, que la Troisiesme Note du Superius; est toute Consonante; car la premiere moitié est vne Sexte, et l'autre est vne Quinte. Or il falloit que cette derniere moitié fust Dissonante, ou bien que la Semibrefue fust seulement vne minime, et que la Note suiuante changeast de place soit en haut ou en bas; Le mesme jugement se doit faire des autres Syncopes: Par Exemple, si on ne vouloit pas changer la Partie aiguë, il falloit mettre la Partie graue ainsi.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 181,2] [COUMUS2 57GF]
Et si on ne vouloit pas changer la Partie graue, il falloit mettre la Partie aiguë, ainsi
[Cousu, Musique Vniuerselle, 181,3; text: ou bien.] [COUMUS2 58GF]
Dans le second Exemple, ou la Partie graue est syncopée; la troisiesme Note de la Basse est toute Consonante; car la premiere moitié fait faire vne Tierce, et l'autre vne Quinte; Or il falloit que cette seconde moitié fust Dissonante, ou bien que la Semibrefue fust seulement vne Minime, et que la Note suiuante changeast de place, soit en haut ou en bas, et le mesme jugement se doit faire des autres Syncopes, qui sont dans le mesme Exemple: Or si on ne vouloit pas changer la Partie aigüe, il falloit mettre la Partie graue, ainsi
[Cousu, Musique Vniuerselle, 181,4] [COUMUS2 58GF]
[-182-] Et si on ne vouloit pas changer la Partie graue, il falloit mettre, ainsi
[Cousu, Musique Vniuerselle, 182,1] [COUMUS2 58GF]
Doncques en ces rencontres, il faut obseruer de deux choses l'vne, ou que la Note qui suit la Dissonance (laquelle vaut toujours la moitié de celle qui est syncopée,) ait vne autre Note apres soy, quelle qu'elle soit, qui descende ou monte par mouuement conjoint ou separé; ou bien il faut que cette Note qui suit la Dissonance, soit liée auec vne autre Note, qui soit semblablement Dissonante, qui feroit vne autre Syncope, comme l'on voit en l'Exemple suiuant.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 182,2; text: Exemples où les Syncopes sont resoluës comme il faut, en la Partie aiguë, et ce des deux façons susdites. Suite des Exemples à 2. Exemples où les Syncopes sont redigées comme il faut, en la Partie graue, en deux façons.] [COUMUS2 59GF]
[-183-] Monstrer ce que c'est, que Minime liée.
CHAPITRE XVIII.
LOn dit la Minime estre liée, lors qu'apres la Dissonance, qui est en la Semibrefue; suit, non la Minime, mais vne autre Semibrefue Syncopée, ou bien vne Minime auec vn Poinct; Si bien qu'en la premiere façon, l'on dit qu'elle est liée auec la Minime; et en la seconde façon, l'on dit qu'elle est liée auec la Semiminime et le Poinct.
Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 183,1] [COUMUS2 58GF]
Annotation bien necessaire pour la Syncope.
CHAPITRE XIX.
LOrs qu'en la Composition, l'on mettra la Dissonance en la seconde Partie de la Syncope; il faut que toutes les autres Parties qui n'ont point la Syncope, soient accordantes entr'elles, lors qu'elles frapperont ensemble contre ladite Dissonance.
Exemples à trois pour la Syncope.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 183,2] [COUMUS2 59GF]
[-184-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 184; text: Exemples à quatre pour la Syncope. Exemples à cinq pour la Syncope.] [COUMUS2 60GF]
[-185-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 185; text: Exemples à six pour la Syncope.] [COUMUS2 61GF]
L'on voit dans tous les susdits Exemples à 3. à 4. à 5. et à 6. que lors que la Dissonance est en la seconde Partie de la Syncope; toutes les autres Parties qui n'ont point la Syncope, sont accordantes entr'elles, quand elles frappent contre ladite Dissonance syncopée; et il n'importe pas que lesdites Syncopes soient Semibrefues ou Minimes, estant au choix d'vn chacun de les faire, sous tel Signe ou Mesure, que l'on voudra.
Vne façon tres-excellente de diuiser vne Note syncopée, par vn mouuement conjoinct en descendant.
CHAPITRE XX.
QVand il se trouuera en vne Composition vne Partie (soit aiguë ou graue) ayant vne Note Syncopée; et qu'apres icelle la Note qui suit descend par vn Interualle de Quarte; alors il sera permis et mesme tres-excellent de diuiser ladite Syncope; et faire descendre par vn mouuement conjoint la quatriesme Partie d'icelle Syncope.
[-186-] Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 186,1] [COUMUS2 61GF]
Il ne se faut point mettre en peine de sçauoir, quelle Consonance ou Dissonance, il se rencontrera, contre cette quatriesme Partie de la Note syncopée, que l'on fait descendre; car quoy qu'il puisse arriuer contre, il sera aussi bon tout au moins, que si la Syncope demeuroit en son entier; et ayant fait toutes les Parties contre la Syncope estant entiere, on la diuisera en apres en la façon qu'il a esté dit, sans se mettre en peine de quoy qu'il puisse arriuer, et l'effect en sera tres excellent, et ainsi l'on pratiqué fort souuent les bons et sçauans Maistres.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 186,2; text: Exemples à deux Parties de la Syncope diuisée. Partie aiguë, graue. Exemples à trois Parties. Suite des Exemples à 3.] [COUMUS2 62GF]
[-187-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 187,1; text: Suite des Exemples à 3. de la Syncope diuisée. Exemples à 4. et à 5.] [COUMUS2 63GF]
Dans tous les Exemples susdits, les Parties sont faites contre la Basse, comme si la Syncope estoit entiere et non diuisée; ce qui se voit encore au dernier Exemple en la Haute-Contre, et au Superius des deux derniers Exemples à quatre et à cinq, pour faire voir qu'elle se peut diuiser en toutes les Parties.
Exemples de la Syncope entiere, en vne seule Partie, qui pourroient seruir cy-dessus aux trois Parties.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 187,2] [COUMUS2 63GF]
Il est libre à vn chacun de laisser la Syncope entiere, ou de la diuiser; car les deux façons sont tres-bonnes, et l'on s'en seruira quand l'on voudra, soit pour diuersifier, ou pour autre sujet.
[-188-] Autre maniere de diuiser vne Syncope, par vn Interualle de Tierce.
CHAPITRE XXI.
LOrs que dans la Composition, l'on met la septiesme en la seconde Partie de la Syncope, apres laquelle suit la Sexte par vne moindre Note; Il est permis si l'on veut de diuiser par fois la Syncope, en faisant descendre le quart d'icelle par vn Interualle de Tierce, qui par consequent se trouuera vne Quinte, apres laquelle suiura la Sexte.
Exemple à trois Parties de la Syncope diuisée.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 188,1] [COUMUS2 64GF]
Dans le premier et second Exemple susdit, le Superius diuise la Syncope, et va de la septiesme à la Quinte, et la Haute-Contre en fait le mesme au dernier Exemple, et cela est aussi bon, comme si la Syncope estoit demeurée entiere, ainsi
[Cousu, Musique Vniuerselle, 188,2] [COUMUS2 64GF]
La maniere qu'il faut tenir, pour faire passer les Dissonances en la Mesure Ternaire, par le moyen de la Syncope; et en quel lieu elle se doit faire.
CHAPITRE XXII.
EN le Mesure Binaire, la Syncope commence au leuer de la Mesure; si bien que la Dissonance se trouue au frapper; mais pour faire passer les Dissonances en la Mesure Ternaire, il faut que la Syncope se fasse en deux endroits seulement; à sçauoir en leuant et en frappant; Et par ainsi, la Dissonance sera tantost à la premiere, tantost à la seconde Partie des trois qui font la Mesure Ternaire; et [-189-] jamais ne peut estre à la troisiesme Partie de la Mesure; comme l'on voit aux trois Exemples suiuants, où la Dissonance se trouue fort bien en la premiere partie de la Mesure Ternaire, qui est en la seconde moitié de la Syncope, qui commence en leuant; à sçauoir en la Partie aiguë du premier et second Exemple, et en la Partie graue du dernier.
Exemples à 2. de la Syncope en la Mesure Ternaire.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 189,1] [COUMUS2 64GF]
L'on verra aux deux Exemples suiuants, que la Dissonance se trouue en la seconde Partie de la Mesure Ternaire; qui est en la seconde moitié de la Syncope, qui commence en frappant; à sçauoir en la Partie graue du premier Exemple, et en la Partie aiguë du second; et c'est en ces deux manieres seulement, que la Dissonance se peut pratiquer, en la Mesure Ternaire, par le moyen de la Syncope.
Exemples à 2. de la Syncope en la Mesure Ternaire.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 189,2] [COUMUS2 64GF]
Il n'est pas permis de faire vne Dissonance, contre la troisiesme Partie de la Mesure, quand la Note Syncopée, commence à la seconde Partie; comme l'on voit en la troisiesme Note, de la Partie aiguë, du premier Exemple suiuant; et en la troisiesme Note, de la Partie graue, du second Exemple; car encore qu'il ait esté pratiqué quelquesfois de la sorte, et mesme par de bons Autheurs, il est pourtant absolument deffendu.
Exemples de la Syncope, en la Mesure Ternaire, qui sont deffendus.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 189,3] [COUMUS2 65GF]
[-190-] Comment il est permis par accident, de mettre quelquesfois la Quinte, apres la Sexte Majeure, par le moyen de la Syncope, et autrement.
CHAPITRE XXIII.
IL y a vne Regle cy-deuant, dans le Traicté du Contrepoinct simple, qui veut que la Sexte majeure soit suiuie de l'Octaue; Or l'on permet pourtant de mettre la Quinte apres la Sexte majeure, contre la susdite Regle; la Sexte estant en la seconde Partie de la Syncope, soit à l'aigu ou au graue, comme l'on voit dans les Exemples suiuants.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 190; text: Exemples à deux et à trois. Exemples à quatre.] [COUMUS2 65GF]
[-191-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 191,1; text: Deux Exemples à cinq.] [COUMUS2 66GF]
Dans tous les susdits Exemples, tant à 2. à 3. à 4. qu'à 5; L'on voit comme la Quinte suit la Sexte majeure; et ce moyennant la Syncope; car la Sexte se trouue en la seconde moitié de la Semibrefue syncopée, qui est ou à la Partie aiguë, ou à la Partie graue; apres laquelle suit la Quinte; et c'est la meilleure façon que l'on puisse pratiquer la Quinte, apres la Sexte majeure.
Autre façon de pratiquer la Quinte apres la Sexte majeure, par Syncope, et autrement.
CHAPITRE XXIV.
LA Quinte se pratique encore apres la Sexte majeure, en d'autres manieres, et par Syncope, et hors de Syncope; Quand c'est par Syncope, la Quinte se trouue en la seconde moitié de la Semibrefue syncopée, au lieu qu'aux precedents Exemples, la Sexte s'y trouuoit.
Exemples à trois et à quatre.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 191,2] [COUMUS2 66GF]
[-192-] Quelques personnes ont enseigné, et d'autres encore le pratiquent, de mettre la Quinte apres la Sexte majeure, par le moyen de la Syncope, tant en montant qu'en descendant; mais ils font tout au contraire de bien; car en montant ils font syncoper la Partie aiguë, par quatre ou cinq degrez de suite, precedant la Partie graue, et allant toujours de la Quinte à la Sexte; et au contraire il faut que ce soit la Partie graue, qui soit Syncopée, et qui suiue l'aiguë en montant de la Sexte à la Quinte.
En descendant ils font syncoper la Partie graue qui precede l'aiguë de la Quinte à la Sexte, et il faut que ce soit l'aiguë qui soit syncopée, allant de la Sexte à la Quinte, comme l'on voit aux susdits Exemples, et à ceux qui sont encore cy-apres pour cet effect; Or à present il faut voir les Exemples desquels j'ay parlé, qui sont pratiquez par ces particuliers, et qui ne sont pas dans l'approbation des bons Maistres, et moins encore dans leur pratique; toutesfois ceux qui montent seroient vn peu plus tolerables que ceux qui descendent.
Ces Exemples ne sont pas approuuez dans la bonne Pratique.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 192,1] [COUMUS2 66GF]
Voicy vn Exemple pour faire voir la façon qu'on doit suiure, et dont j'ay parlé cy-deuant, où la Partie graue est syncopée, en suiuant l'aiguë de la Sexte majeure à la Quinte.
Exemple à 4.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 192,2] [COUMUS2 66GF]
Il est permis quelquesfois en montant, de faire preceder la Partie aiguë, comme voulant faire la Syncope; mais ce n'est que pour vn degré seulement, et tres-rarement pour deux, comme l'on voit en l'Exemple suiuant.
Exemple à 4.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 192,3] [COUMUS2 67GF]
[-193-] Enseigner la façon de mettre dans le Contrepoinct figuré, la Quinte apres la Sexte majeure.
CHAPITRE XXV.
DAns le Contrepoinct figuré, l'on pratique encore la Quinte apres la Sexte majeure, en quelques autres façons que par la Syncope; comme l'on voit aux Exemples suiuans, qui sont tres-bons; et par le moyen desquels l'on en pourra faire d'autres facilement, tant à 3. 4. 5. qu'à plus de Parties; et c'est la pratique de tous les plus habiles Maistres, qu'il faut suiure en asseurance.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 193; text: Exemples à trois de la Quinte apres la Sexte majeure, hors de Syncope. à quatre, A trois.] [COUMUS2 67GF]
[-194-] La maniere de se seruir de la fausse Quinte, dans le Contrepoinct figuré, en toutes les façons possibles, soit à 2. à 3. à 4. à 5. ou à plus de Parties.
CHAPITRE XXVI.
LA fausse Quinte, se pratique en diuerses façons dans le Contrepoinct figuré; mais il faut obseruer exactement (en quelque nombre de Parties que ce puisse estre) de ne point faire parler ou frapper en mesme temps, aucune Partie auec la Basse ou la Partie graue, lors que l'on s'en sert; quoy que cela soit permis quelquesfois dans les Parties du milieu, ainsi que dans le Liure precedent, il a esté amplement demonstré.
Exemples à 2. à 3. et à 4. non permis, à cause que la Basse frappe en mesme temps, la fausse Quinte auec vne autre Partie.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 194; text: à deux. à trois. à quatre.] [COUMUS2 68GF]
Or pour rendre bons les susdits Exemples, et pour pratiquer regulierement la fausse Quinte, en plusieurs autres façons; il faut obseruer absolument, que l'vne des deux Parties ait commencé la moitié de sa Note, auant que l'on entende la fausse Quinte, et que cette Note subsiste jusques à ce que ladite fausse Quinte soit passée, soit par Syncope ou autrement, ainsi que l'on voit dans les Exemples qui suiuent.
[-195-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 195; text: Exemple de la fausse Quinte, à 2. à 3. et à 4. tres-bons, pour les raisons susdites. Exemples à deux. à trois. 1. 2. 3. 4. Reste des Exemples à 3. 5. Exemple à quatre. 6.] [COUMUS2 68GF]
Il est permis de mettre la fausse Quinte, en la premiere des quatre Notes qui font la Mesure, comme l'on voit cy-dessus au second Exemple qui est à deux, où la Partie aiguë commence sa Note de moitié deuant la fausse Quinte, de peur de frapper ensemble. On la peut mettre encore en la seconde noire des quatre, comme l'on voit au cinquiesme Exemple à trois, où la Partie aiguë, commence encore sa Note auant la fausse Quinte, pour ne point parler ensemble. On peut encore mettre la fausse Quinte à la troisiesme noire des quatre, comme l'on voit au second Exemple à trois, ou la Taille commence sa Note auant la fausse Quinte, pour esuiter de choquer ensemble: Et finalement l'on peut mettre la fausse Quinte, à la derniere des quatre noires qui font la Mesure; comme l'on voit au premier Exemple à trois, où la Taille commence sa Note auparauant la fausse Quinte, afin de la faire couler plus doucement.
Or si l'on met la fausse Quinte par des Minimes blanches, on la peut mettre à la premiere, ou à la seconde moitié de la Mesure; comme l'on voit au quatriesme Exemple à trois, où elle est à la premiere moitié de la Mesure, et au troisiesme Exemple à 3. à la derniere moitié; mais en tous les deux vne des Parties commence toujours sa Note auparauant la fausse Quinte, de peur de se rencontrer ensemble, ce qui est toujours à obseruer, soit en Syncope ou autrement.
[-196-] Et quand la fausse Quinte est par vne noire, la Partie qui precede sa Note de moitié, aura vne blanche; Et lors que la fausse Quinte sera par vne blanche, la Partie qui precedera aura vne entiere ou Semibrefue, au moins pour l'ordinaire: et par ainsi vne Partie precedant par sa Note d'vne moitié, finira l'autre moitié auec la fausse Quinte de l'autre Partie, comme il est clairement montré dans tous les susdits Exemples, ce qui ce peut encore obseruer à des moindres figures que les susdites.
Or la Regle est generale, de faire commencer vne des deux Parties, qui font la fausse Quinte, auant que de l'entendre, de peur de frapper ensemble; mais elle n'est pas si generale de la faire commencer justement d'vne moitié; car ce peut estre aussi des deux tiers, des trois quarts, et dauantage si l'on veut; suffit qu'elle soit entrée auant la fausse Quinte, et que les Parties finissent ensemble, pour proceder à vne autre Consonance, ainsi qu'il sera dit cy-apres; et mesme il est permis de mettre le Poinct d'Augmentation, contre la fausse Quinte, à cause qu'il ne frappe pas, et qu'il fait en ce rencontre le mesme effect, que la moitié de la Note syncopée, ou non syncopée.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 196; text: Exemples tres-bons à trois. à quatre] [COUMUS2 69GF]
Quelle Consonance l'on peut mettre deuant la fausse Quinte, quand elle est par Syncope ou autrement.
CHAPITRE XXVII.
L'On pratique la fausse Quinte en plusieurs façons, la faisant preceder, ou par la Tierce mineure, ou par la Quarte, ou par le Sexte mineure; mettant la Syncope tantost en la Partie aiguë, tantost en la Partie graue, et par fois ne la mettant ny en l'vne, ny en l'autre; obseruant toujours que l'vne des Parties commence sa Note, auparauant la fausse Quinte: comme il a esté dit cy-dessus. et ainsi que l'on voit dans les Exemples suiuants, qui sont à 2. à 3. à 4. à 5. et à 6. qui seruiront pour tout ce que dessus, et pour enseigner toutes les façons possibles de pratiquer [-197-] la fausse Quinte; et encore pour faire voir, comment l'on peut mettre les Parties, quand l'on met la Syncope, en la Partie aiguë, ou en la Partie graue.
Exemples tres-bons de la fausse Quinte à deux Parties.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 197,1] [COUMUS2 69GF]
Voicy beaucoup d'Exemples touchant la fausse Quinte, tant à 3. à 4. à 5. qu'à six Parties, qui sont tous tres-excellents.
Exemples de diuerses sortes à 3. où la fausse Quinte est precedée, par les trois Consonances susdites; à sçauoir, par la Tierce mineure, ou par la Quarte, ou par la Sexte mineure, tant en Syncope qu'autrement.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 197,2; text: Exemples de la fausse Quinte, à trois. Precedée par la Tierce mineure. Par la Quarte. Suite des Exemples à 3. de la fausse Quinte.] [COUMUS2 69GF]
[-198-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 198; text: Suite des Exemples à 3. de la fausse Quinte. Precedée par Sexte et par Quarte. Precedée par la Sexte mineure. Exemples de la fausse Quinte à trois, ou dans les Parties du milieu elle est precedée des mesmes Consonances que dessus. Reste des Exemples à 3. de la fausse Quinte.] [COUMUS2 70GF]
[-199-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 199; text: Exemples en plusieurs façons à quatre Parties, où la fausse Quinte est precedée par les trois susdites Consonances. Exemples de la fausse Quinte à quatre, où dans les Parties du milieu elle est precedée des trois susdites Consonances.] [COUMUS2 71GF]
Tovrnez povr la svite.
[-200-] [Cousu, Musique Vniuerselle, 200; text: Exemples à cinq, où la fausse Quinte est precedée par des trois susdites Consonances. Autres Exemples à cinq et à six Parties, où la fausse Quinte est precedée des trois susdites Consonances. A six.] [COUMUS2 72GF]
[-201-] Quelle Consonance l'on peut mettre apres la fausse Quinte.
CHAPITRE XXVIII.
L'On met ordinairement apres la fausse Quinte, la Tierce majeure; ainsi que l'on voit presque toujours dans tous les Exemples susdits; à cause que naturellement et le plus souuent, cela se rencontre de la sorte; ou bien elle est faite majeure par accident, à cause de la Consonance qui la suit; mais il est permis pourtant de mettre quelquesfois la Tierce mineure, au lieu de la majeure, apres la fausse Quinte; quand cela se rencontre; et qu'on n'est pas obligé de la faire majeure, à cause de la consonance qui la suit.
Exemples de la fausse Quinte.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 201] [COUMUS2 73GF]
L'on voit dans tous les susdits Exemples, toutes les façons possibles, de pratiquer la fausse Quinte, tant à deux qu'à plusieurs Parties; et mesme quelles Consonances la doiuent suiure et preceder; et comment dans chacune des deux Parties, la Note qui suit la fausse Quinte, doit proceder par degré conjoint; à sçauoir, en montant dans la Partie graue, et en descendant dans la Partie aiguë; et par ainsi on rencontre la Tierce comme il a esté dit cy-dessus, quoy que cela ne s'obserue pas toujours, particulierement dans les Parties du milieu, où l'on peut placer la fausse Quinte entre deux Quartes ou autrement, ainsi que l'on voit en l'Exemple suiuant, qui est tres-bon.
[-202-] Exemples à quatre de la fausse Quinte, aux Parties du milieu.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 202,1] [COUMUS2 73GF]
Il faut que la Note qui suit la fausse Quinte, en chacune des deux Parties, procede par degré conjoint, de la sorte qu'il a esté dit cy-dessus; et non point par mouuement separé, quoy qu'il y ait vne Tierce majeure; soit à 2. à 3. à 4. ou à plus de Parties.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 202,2; text: Exemple permis à cause du degré conjoint. Exemple deffendu à cause du mouuement separé.] [COUMUS2 73GF]
Il a esté dit cy-deuant en parlant de la Syncope, que lors qu'elle descend par degré conjoint, il est permis si l'on veut, de separer de la premiere Note, le quart d'icelle, pour faire descendre; ce qui se fait particulierement quand l'on vient à vne Cadence, et autrement aussi, comme l'on voit cy-dessous.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 202,3; text: Exemples à trois de la fausse Quinte. Autre Exemples à quatre de la fausse Quinte.] [COUMUS2 73GF]
L'on voit en chacun des deux susdits Exemples, que la Partie aiguë est marquée en deux façons, en l'vne desquelles, le quart de la Syncope descend: Or il est permis quelquefois, de faire le mesme, dans la Syncope qui fait la fausse Quinte, particulierement allant à vne Cadence; et quoy que le quart en soit separé, la Note ne laissera pas pourtant d'estre prise, comme s'il n'y auoit aucune separation, ainsi que l'on voit en la Partie aiguë de l'Exemple suiuant, où la premiere Note est estimée Semibrefue.
[-203-] Exemple à six de la fausse Quinte.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 203] [COUMUS2 74GF]
Celuy se tromperoit, qui diroit que dans la Partie aiguë du susdit Exemple, la fausse Quinte est suiuie de la Quarte; dautant que la premiere Note est estimée entiere et Semibrefue, et par consequent suiuie de la Tierce, et non de la Quarte, qui en cet endroit n'est point considerée.
Il faut sçauoir, que dans tout le discours precedent, il est parlé seulement de la fausse Quinte, et des Tierce, Quarte, et Sexte, qui la doiuent suiure et preceder; mais pourtant il faut entendre tout le mesme de leurs repliques; c'est à dire, qu'en se seruant de la replique de la fausse Quinte, on se seruira en mesme temps des repliques des autres Consonances: Et voila entierement tout ce que l'on peut dire de la pratique de la fausse Quinte dans le Contrepoinct figuré.
Auparauant que d'enseigner la façon, de se seruir des Dissonances, hors de Syncope; Il est à propos de parler des Cadences; à cause qu'il y en a plusieurs, où l'on pratique quelques Dissonances, par le moyen de la Syncope; et par ainsi cette matiere s'accordera fort bien auec les precedentes, qui traitent des Dissonances, et de la fausse Quinte, par le moyen des Syncopes.
[-204-] De la Cadence, de combien de sorte il y en a, et comment il s'en faut seruir.
CHAPITRE XXIX.
LA Cadence est vn certain acte, qui se fait par les Parties de la Composition, par le moyen duquel l'on cognoist la fin d'vne piece, ou d'vne Periode, ou d'vn sens accomply, ou bien encore quand vne Partie veut s'arrester au dedans d'vne Composition: Il y en a de deux sortes; à sçauoir, Simple et Diminuée, dont je traiteray de chacune en particulier.
La Cadence sert d'vn grand ornement en la Musique, quand l'on s'en sert bien à propos; mais il ne faut pas faire comme plusieurs, qui vont d'vne extremité à l'autre; les vns ne s'en seruant jamais qu'à la fin d'vne Piece ou Composition; et les autres la pratiquant si souuent, que quelquesfois mesme ils commencent leur Composition par vne Cadence; l'vn et l'autre de ces procedez sont vicieux, il y faut de la moderation; l'on doit regarder de quel Ton ou Mode est la piece, et se seruir des Cadences qui luy sont propres, et quelquesfois aussi des estrangeres; j'esclairciray cy-apres les vnes et les autres, en traitant des Tons ou Modes.
Expliquer les deux sortes de Cadences.
CHAPITRE XXX.
IL y a deux sortes de Cadences, à sçauoir, Simple et Diminuée: La Simple se fait de figures ou Notes esgales, toutes consonantes en chaque Partie: Et la Diminuée se fait entre les Parties de differentes Notes ou figures, et reçoit quelques Dissonances; et chacune d'icelle consiste tout au moins en trois Notes, soit en la Partie graue, ou à l'aiguë; et elle se fait pour le moins entre deux Parties, qui procedent par mouuemens contraires; et la premiere, et troisiesme Note de la Cadence se peuuent accorder en Vnisson, ou en Tierce, ou en Quarte, ou bien en Quinte.
L'on se sert de la Cadence dans le Plain-Chant en vne Partie seule, et ce à la fin du Chant; Mais en la Musique figurée, il y a des Parties join<tes> ensemble, et l'on s'en sert non seulement à la fin, mais encore en plusieurs autres endroits, par necessité, et pour suiure vn certain ordre du Contrepoinct: Or de celles-cy il y en a deux sortes; à sçauoir, celles qui finissent entre deux [-205-] Parties par l'Vnisson, et celles qui finissent par l'Octaue.
Il s'en trouue encore quelques autres, qui se terminent par la Quinte, d'autres par la Tierce, et aucunes par d'autres Consonances; mais celles-là ne sont pas absolument Cadences, et on les nomme seulement Cadences imparfaites: Or toutes ces differentes Cadences sont de deux sortes; à sçauoir, Simples et Diminuée, comme il a esté dit cy dessus.
La premiere sorte de Cadence, se termine par l'Vnisson, et il faut que la penultiesme ou seconde Note de la Partie graue fasse vne Tierce mineure, auec la seconde Note de la Partie aiguë; Pour les premieres Notes de chaque Partie, il n'importe où elles seront, ny quelle Consonance elles feront, pourueu que les deux secondes fassent la Tierce mineure, et les deux dernieres soient en Vnissons, comme l'on voit dans l'Exemple suiuant.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 205,1; text: Cadences simples terminées en l'Vnisson.] [COUMUS2 74GF]
Les Cadences diminuées, qui se terminent par l'Vnisson, font le mesme procedé, que les simples; mais c'est auec differentes figures; entre lesquelles se trouue la Syncope, qui fait en la seconde moitié vne Dissonance; à sçauoir, la seconde, apres laquelle suit la Tierce mineure, et finalement l'Vnisson.
Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 205,2; text: Cadences diminuées qui se terminent en l'Vnisson.] [COUMUS2 74GF]
L'on peut mettre lesdites Cadences, en autre lieu, et en d'autres chordes qu'elles ne sont cy-dessus, selon que le sujet se presentera; pourueu que l'on obserue toujours les Regles cy-deuant données pour le Contrepoinct, et particulierement celle qui ordonne d'aller de la Consonance imparfaite à la parfaite, par la plus voisine.
La seconde sorte de Cadence finit par l'Octaue, et il faut que les deux Parties fassent la Sexte majeure à la penultiesme Note de la Cadence; Pour la premiere Note il importe peu quelle Consonance elle fera, et cela s'entend de la Cadence simple; car elle est de deux sortes, aussi bien que celle de l'Vnisson; à sçauoir Simple et diminuée; La Simple estant composée toute de Consonance.
[-206-] Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 206,1; text: Cadences simples terminées par Octaue.] [COUMUS2 75GF]
Les Cadences simples à l'Vnisson font la Tierce mineure à la penultiesme Note, comme il a esté dit: Or l'on peut mettre l'vne des Parties à l'Octaue, et alors elles auront au lieu de la Tierce, la dixiesme mineure, et finiront par l'Octaue.
Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 206,2] [COUMUS2 75GF]
La Cadence diminuée qui se termine par Octaue fait la Syncope; en la seconde moitié de laquelle se trouue la septiesme, comme l'on voit aux Exemples suiuants.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 206,3; text: Cadences diminuées par Octaue.] [COUMUS2 75GF]
L'on peut mettre aussi à l'Octaue, vne Partie de celles qui sont diminuées à l'Vnisson, comme l'on voit aux Exemples suiuants.
Exemples.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 206,4] [COUMUS2 75GF]
[-207-] Doncques il est permis, tant aux Cadences simples qu'aux diminuées; de changer les Parties, en faisant faire à la Partie graue, le mesme passage que faisoit la Partie aiguë; et ainsi au contraire, comme il a esté monstré cy-dessus, et comme l'on verra plus clairement cy-apres; où le changement se voit des Exemples l'vn apres l'autre.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 207,1] [COUMUS2 75GF]
Dans tous les susdits Exemples des Cadences diminuées, il n'y a que des Semibrefues et Minimes; mais l'on mettra des moindres figures, si l'on veut, comme des Minimes et Semiminimes.
Exemple.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 207,2] [COUMUS2 76GF]
Des Cadences terminées par Quinte, ou par Tierce, ou par quelqu'autre Consonance.
CHAPITRE XXXI.
POvr ce qui est des Cadences terminées par Quinte, Tierce, ou autre Consonance; il y en a aussi de deux sortes; à sçauoir, Simples et Diminuées; mais l'on ne s'en sert point que bien rarement, encore faut-il que ce soit pour vne necessité, comme pour raison d'vne fugue ou d'vne imitation, desquelles je parleray en son lieu; hors cela on ne les pratique point, et si on le fait par quelqu'autre necessité, il faut que ce soit par le milieu de la Composition, et à plus de deux Parties; I'en feray voir quelques Exemples pour les cognoistre, et non pas pour s'en seruir beaucoup.
[-208-] Exemples qui ne sont pas en vsage.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 208,1; text: Par Quinte. Par Sexte. Par Tierce. Cadences simples. Cadences diminuées.] [COUMUS2 76GF]
Autres Cadences terminées par Octaue ou par Vnisson.
CHAPITRE XXXII.
OVtre toutes les Cadences cy-dessus descrites, il s'en trouue encore d'vne sorte, qui se termine par Octaue ou par Vnisson, dont on se sert quelquesfois à trois, et à plus de Parties; mais non pas à deux, si ce n'est par la necessité d'vne Fugue ou d'vne Imitation; et ce tant à cause de la Quarte qui est syncopée en la Partie aiguë; qu'à cause aussi des grands mouuemens de la Partie graue, qui se pratiquent seulement et pour ordinaire aux Compositions de plusieurs Parties: Il y en a de deux sortes comme des precedentes; à sçauoir, Simples et Diminuées.
Exemples à trois, et à plus de Parties.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 208,2] [COUMUS2 76GF]
Dans les Cadences il ne faut point se seruir de poinct au lieu de la Syncope, comme l'on voit aux Exemples suiuants.
[Cousu, Musique Vniuerselle, 208,3; text: Tout cela est deffendu.] [COUMUS2 76GF]