TFM - TRAITÉS FRANÇAIS SUR LA MUSIQUE
Data entry: Peter Slemon
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Fn and Ft: CAUSIN2 TEXT
Author: Caus, Salomon de
Title: Institution harmonique, Partie deuxiesme
Source: Institvtion harmonique, Diuisée en deux parties, En la premiere sont monstrées les proportions des interualles harmoniques, Et en la deuxiesme les compositions dicelles (Frankfurt: Jan Norton, 1615; reprint ed., Genéve: Minkoff, 1980), i-iv, 1-59.
Graphics: CAUSIN2 01GF-CAUSIN2 28GF
[-f.A1r-] INSTITVTION HARMONIQVE.
PARTIE DEVXIESME.
[-f.A2r-] PROEME.
Ceste seconde partie de musique, Dame Tresillvstre, est dite vulgairement Contrepoint, autrement Composition, laquelle se fait par une assemblage de consonnances, meslées ensemble, en sorte que les parties se puissent toutes correspondre les unes contre les autres auec de bonnes proportions, telles comme a esté traité au premier liure, et aussy que le sens de la parolle, soit fait sur un chant conuenable à ycelle, comme sera traité ycy apres. Voila les deux principaus points de ceste science: et en oultre il est requis de conduire ledit Contrepoint auec une belle inuention. Or ceste inuention est un don de nature, lequel ne se peut acquerir bonnement par estude. L'experience s'en void iournellement en plusieurs hommes excellens en la theorique de ceste science, lesquels sçauent aussy fort bien toutes les reigles requises en la pratique de la Composition, toutefois n'ayant ceste inuention naturelle, viennent à faire un Contrepoint fort ordinaire, lequel pourra estre de beaucoup surpassé en gentille inuention par aucuns, lesquels n'auront nulle cognoissance de la theorique, ains seulement l'experience de la pratique. Et tout ainsy comme la poësie et la peinture requierent gens de nature inuentifs, aussy la Composition de la musique requiert une semblable naturelle disposition.
Qvand au temps que ladite Composition de plusieurs vois a esté inuentée, il ne s'en peut dire rien de certain, d'autant que les autheurs antiques et modernes n'en font aucune mention. Il se peut aparemment voir, que les Grecs ny Latins n'en ont point usé: ou bien c'a esté fort simplement. [Vitruue libro V. chapitre 4. in marg.] Vitruve parlant des consonnantes apellées des Grecs Simphonies, dit qu'il y en auoit sis, sçauoir diapason, diapente, diatessaron, diapason auec diatessaron, diapason auec diapente, et disdiapason. Et de faire aucune Composition, auec sy peu de consonnantes, comme celle que nous usons à present, cela est impossible.
L'on pourroit donques demander icy, comme les antiques pouuoient faire tant de bonnes musiques, comme plusieurs autheurs recitent, et mesmement à plusieurs vois? Car Simphonie ne signifie autre chose que plusieurs voix, ou sons. Et aussy, comme ils employoient leurs consonnantes? A ces demandes qui pourroient estre faites, i'en diray mon aduis. Premierement les Antiques, comme il se peut voir dans diuers autheurs, voirement ont fait de fort bonne musique. mais c'estoit seulement auec une vois, accompagnée quelquefois d'une lire, ou cithre, ou quelque autre instrument à plusieurs cordes, lesquelles cordes sonnoient en consonnantes les unes auec les autres. [Plutarque en son traité de Musique. in marg.] Cela se peut voir dans Plutarque, et autres autheurs, lesquels racontent de diuers excellens Musiciens: les uns acompagnoient leurs chants d'une lire, les autres d'un cithre. Mais il ne se trouue aucun desdits autheurs, qu'il parle qu'ils chantoient en varieté de vois, ne mesmement aucuns noms des parties desdites vois, comme nous avons à present, sçauoir Basse, Tenor, Contratenor, Superius, et autres. Et quand à ce mot Simphonie, il s'usoit aus instruments de plusieurs cordes sonnans ensemble. Mesmement auoient quelques instruments apellées Simphonies. Et pour respondre, comme s'usoient leurs consonnantes, cela est facile à juger, que c'estoit en leurs instruments, comme lires, cithres, [-f.A2v-] et autres, et non auec la vois, comme nous faisons à present, puis qu'ils en auoient sy peu. Mais il pourroit bien estre, que chantans deux ou trois ensemble à unison, quelquefois l'un montoit une diapente plus haut ou un diapason, ou bien descendoient les mesmes interualles: comme il se peut voir au temps du Pape Jan. vingt-deuxieme qui viuoit l'an 1316, lequel voyant que l'on augmentoit fort la musique par nombre de consonnantes, et luy semblant que par ce moyen le chant Ecclesiastique seroit corrumpu, dessendit de mesler tant de sortes de consonnantes auec; mais bien que sur ledit plain chant, que l'on pourroit quelquefois mesler un diapason, ou diapente, ou diatessaron, à celle fin que ledit plain chant fut ouy en son entier, et non alteré auec le grand nombre d'autres consonnantes, lesquelles l'on commençoit d'user alors. Mais il semble que ceste deffence ne dura pas long temps. Car de present il se void encores des Messes composées à plusieurs parties de plus 150. ans vieilles. Toutefois elles ne sont sy bien composées, comme celles qui ont esté faites depuis que l'imprimerie a este inuentée: auquel temps la pratique de la musique s'est merueilleusement augmentée, et specialement depuis Orlande de Lassus, lequel a ouuert la porte à beaucoup d' autres qui sont venus depuis; entre lesquels, Claudin le Jeune, du Canroy, Marenzio, et plusieurs autres modernes, ont emporté tant d'honneur de ceste sience, qu' il semble qu'ils n'ont rien laissé à ceux qui viendront par cy apres.
[-1-] DEFINITION PREMIERE.
Gamme, est un mot tiré du Grec, entendu de nous pour l'eschelle qui contient la disposition des notes de la musique.
CE mot de Gamma, en Grec ainsy figuré [Gamma], est proprement nostre G, et d'autant que Guidon Aretin commença l'eschelle de nostre musique par [Gamma]. vt, qui est à dire G. vt, tout du depuis ladite eschelle a estée apellée Gamme.
[De Caus, Institution harmonique II, 1; text: Nete hyperboleon, Trite hiperboleon, Nete diezeugmenon, Paranete diezeugmenon, Trite diezeugmenon, Paramese, Trite sinemenon, Mese, Lichanos meson, Parhipate meson, Hipate meson, Lichanos hipaton, Parhipate hipaton, Hipate hipaton, Proslambanomenos, Notes Antiques, ee, dd, cc, bb, aa, g, f, e, d, c, b, a, G, F, E, D, C, A, [Gamma], Vt, Re, Mi, Fa, Sol, La] [CAUSIN2 01GF]
DEFINITION DEVXIESME.
Les sis notes usitées en la musique de maintenant sont vt. re. mi. fa. sol. la. lesquelles seruent pour monter on descendre la vois, auec certaines interualles.
[-2-] En la deuxiesme proposition du premier liure, il a esté parlé de l'inuention des notes que nous chantons à present, et comme Guidon Aretin en fut le premier inuenteur. Car auparauant l'on chantoit auec notes diuerses, comme fait mention Boëce: [Boece musica. Libro 4. Chapitre 3. in marg.] lesquelles notes i'ay trouué bon de les transcrire icy, pour satisfaire à ceux qui seroient amateurs de l'antiquité. I'ay aussy apposé la translation d'icelles notes faite par ledit Aretin, suivant comme nous les usons à present.
Et quand à la longueur du temps desdites notes antiques, les silabes mesmes qui estoient prononcées sur chacune note, en donnoient cognoissance. Car les Grecs allongissoient ou accoursissoient leurs silabes en chantant par une certaine reigle obseruée d'eux, laquelle reigle nous manque en nostre langue. Mais nous auons à ce defaut, un autre remede pour tenir les notes longues ou briefues, lequel sera enseigné icy apres. Pontus de Tiard sur ce subiect des notes antiques represente une exemple (tirée d'un liure antique) de la façon comme ils chantoient, laquelle ie representeray aussy ycy, auec la traduction faite par ledit de Tiard en nos notes modernes.
Notes Antiqves
[De Caus, Institution harmonique II, 2,1; text: Plus d'une pais rebelle nostre douceur cruelle au trauail me dispose plus ie repose] [CAUSIN2 01GF]
Mais les deux autres genres, sçauoir la Chromatique et l'Enharmonique, se notoient par autres notes, comme il se peut voir dans Boëce. [Boece musica. libro 4. Chapitre 3. in marg.] Et quand aus notes modernes, ils sont sis diuerses en noms, sçauoir ut. re. my. fa. sol. la. Quand à l'interualle du my au fa, ces't un demy ton mayor: et tous les autres interualles sont tons naturels. [Proposition 21. in marg.] Car i'ay monstré au precedent liure, que les tons usitées de la vois, sont d'esgualle distance, bien qu'en nos nombres et instruments, ils sont mayors, ou minors. Ainsy cest interualle du my au fa cest cause, que à aucunes notes l'on donne trois noms: comme par exemple A. la. my. re. cest à dire, que l'on peut chanter, ou prononcer un la, un my, ou un ré. Ce qui n'a esté fait sans bonne cause. Car s'il y auoit deux ou trois notes qui montassent apres ledit A. la. my. ré. comme il se void au prochain, la première note, est assise en F, fa, ut, la seconde en G, sol, ré, ut, la trosiesme A, la, my, ré, et cetera.
[De Caus, Institution harmonique II, 2,2] [CAUSIN2 01GF]
Ainsy il est necessaire de prononcer un fa en F, fa, ut, à cause que l'on monte au dessus du la, de A. la. my. ré. Et ladite note de A. la. my. ré. en montant se prononcera un ré, et en descendant un la, tellement que l'on peut voir, que lesdites mutations se font à celle fin, d'auoir tousiours l'interualle du my au fa, guardée en sa place assignée.
DEFINITION III.
Clef est un certain caractere, qui donne cognoissance du nom de toutes les notes assises en l'eschelle.
[-3-] OR d'avtant que ce seroit une grande peine de signer chacune note en particulier, comme ont fait les Grecs, l'on a inuenté de certains caracteres nommées Clefs; mot assez à propos, d'aultant que par icelles l'on ouure la cognoissance des notes situées entre l'eschelle soubs chacune Clef, dont il y en a trois differentes. La premiere marquée ainsy [ClefF] ou autrement [signum]. Laquelle Clef se nomme F. fa. vt. tellement que toutes les notes qui seront assises sur la ligne de l'eschelle, ou est ladite Clef, seront toutes en F. fa. vt. c'est à dire un fa. ou un vt. Ainsy ayant la cognoissance de cestelà, les autres plus hautes ou plus basses seront faciles à cognoistre. La seconde Clef se nomme C. sol. fa. vt. laquelle est ainsy marquée [ClefC], tellement aussy que la note qui est sur icelle Clef, sera un sol, un fa, ou un vt. Et ayant la cognoissance de ceste note, les autres aussy plus hautes ou plus basses se cognoistront par mesme moyen. La troisiesme Clef est nommée G. sol, re, vt, ainsy figurée [ClefG]: et la note qui sera assise sur la ligne de ceste clef, sera un sol, un re, ou un vt. Et ainsy par ces trois Clefs l'on pourra cognoistre toutes les notes de l'eschelle, laquelle ie representeray icy en general, contenant vint deux notes, depuis la plus basse jusques à la plus haute, qui font trois diapasons.
[De Caus, Institution harmonique II, 3; text: Svperivs, Tenor, Basse] [CAUSIN2 02GF]
Et d'autant que chacune vois à grande peine se peut esleuer depuis la plus basse note de ces trois diapasons jusques à la plus haute, l'on a trouvé bon de diuiser lesdites notes en trois parties differentes, et de faire à chacune partie cinq reigles, en les signant chacune d'une Clef, comme il se peut voir cy dessus. La premiere partie sera la Basse, la seconde le Tenor, la troisiesme le Superius, et sy l'on veut, l'on pourra encores y joindre une quatriesme, cinquiesme, ou d'auantage de parties.
DEFINITION. IIII.
Modvlation est entendu pour un changement d'un son à un autre.
Ceste definition n'a autre besoing d'explication.
DEFINITION. V.
Mode est une sorte de musique, faite soubs une certaine Modulation.
[-4-] CE mot de Mode est apelé par aucuns modernes Ton. Toutefois Mode vient mieux à propos. L'inuention en est fort antique. Plutarque recite, qu'il y auoit trois Modes principalles de son temps, sçauoir la Dorienne, la Phrigienne, et la Lidienne. [Plutarque, en son traité De musique. in marg.] La Dorienne, comme dit Plinne, fut inuentée par Thamiras Thracien; [Plinne liure 7. Chapitre 56. in marg.] laquelle estoit vne espece de musique graue et propre aux religieuses deuotions. La Phrigienne fut inuentée par Marsias Phrigien; laquelle Mode estoit propre pour gens de guerre. Et la Lidienne fut de l'inuention d'Anfion, propre pour lamentations et chants funebres. Il y auoit encores plusieurs autres modes jointes à ceuxcy, comme l'Iástienne, laquelle estoit variable et fredonnée; l'Eolienne, simple; la Mixolidienne, qui estoit presque Lidienne, inuentée par Saphon, laquelle appaise ou esmeut les passions. En somme, qui voudra cognoistre desdites Modes antiques, lise ce qu'en a escrit Aristoxene, Plutarque, Boëce, ou pour un moderne Zarlin, lequel a peu laissé en arriere de l'opinion des anciens touchant lesdites Modes. Quand à ce qui despend de l'institution de nos Modes modernes, elles ont esté depuis quelque 200. ans jusques au nombre de huit, sur lesquelles les chants de l'Eglise se reigloient, comme il se peut voir en la pratique de musique de Franchini Gafori. Toutefois Zarlin, laborieux en ceste science, a monstré, qu'il y en a douze comprises au diapason, sçauoir sis principalles et sis collateralles, lesquelles seront monstrées par cy apres. Lesdites Modes estantes bien ordonnées, assubiettisent nostre musique soubs certaines reigles conuenables à la parolle, ou au subiect de nostre chant: comme par exemple, sy nous auons un subiect gay, plain d'allegresse, nous trouverons entre lesdites Modes modernes (lesquelles sont au nombre de 12.) aucunes propres pour accommoder ledit subiect; et sy nous auons un subiect triste et lamentable, autres Modes seront propres pour iceluy. Il sera enseigné par cy apres la nature de chacune Mode, et la façon de les disposer au subiect de la parolle.
DEFINITION VI.
Cordes ou notes Natvrelles, sont celles qui sont comprises en l'eschelle de la Gamme, quand le B. fa. est dehors.
Novs auons deux façons d'assoir nostre musique. L'une est dite par [sqb] quarré, autrement par nature; et l'autre par b mol: quand l'on chante par nature, cest quand l'on n'use point dudit b. mol, ny aussy de ce signe [x], ains quand l'on monte ou descend aux notes de l'eschelle sans user desdits signes. En voicy une exemple:
[De Caus, Institution harmonique II, 4; text: ut. re. my. fa. sol. la.] [CAUSIN2 02GF]
DEFINITION VII.
Cordes ou notes Accidentalles sont celles qui sont usitées en la musiique par ces signes b. ou. [x].
[-5-] L'avtre sorte de chant usité en la musique est celuy dit par b. mol, qui se marque auec un b. sur la ligne de b. fa [sqb], my, et alors il faudra muer la vois, et au lieu de chanter un my l'on en fera un fa. Comme il se peut voir au prochain exemple:
[De Caus, Institution harmonique II, 5,1; text: ut, re, my, fa, sol, la] [CAUSIN2 02GF]
DEFINITION VIII.
Feinte est une mutation de la vois, laquelle se monstre par ce signe [x].
Il y a encores une autre mutation en la musique, qui se fait par la rencontre de ce signe [x] dit Feinte. Alors quand ledit signe se trouve deuant une note, l'on doibt muer la vois d'un demy ton. Car au lieu de monter ou descendre un ton, alors ce ne sera qu'un demy ton. Comme par exemple, la Feinte ainsy notée [x], deuant le fa en F. fa, ut, sera cause que au lieu de descendre un ton entier l'on ne descendra qu'un demy ton, ce qu'il se fera en feingnant la vois. Et aussy pareillement en montant, sy l'on rencontre ledit signe, il faudra aussy au lieu d'esleuer la vois d'un ton, la feindre comme cy c'estoit du my au fa. Voiçy un exemple, par lequel l'on pourra comprendre ce que ie dis desdites Feintes.
[De Caus, Institution harmonique II, 5,2] [CAUSIN2 02GF]
La premiere note est un sol, en G. sol, re, ut; la seconde un fa en F. fa, ut. Mais neanmoints à cause de la Feinte marquée [x], l'on doibt tenir le fa. en F. fa, ut, un demy ton contre le sol, en G. sol, re, ut, et le chanter comme du fa, au, my: et quand l'on recontrera le signe [sqb] deuant une note, comme deuant la dixiesme, il faut esleuer la vois un demy ton plus haut, et au lieu de chanter comme du my au fa, il faut chanter comme du ré au my.
DEFINITION IX.
Mesvre, est un certain temps, par lequel sont mesurées les notes auec l'esleuement et abaissement de la main.
En commencant quelque chant que ce soit, il faut tenir la main leuée, puis l'abaisser et relever, tousiours auec une mesme proportion, tant que le chant durera. Cest abaissement et releuement se nomme Mesure, dont nous en auons ordinairement de deux sortes; sçauoir
DEFINITION X.
Mesvre dovble est celle, qui a le batement de la main en descendant esgual au leuant.
[-6-] Ceste mesure est celle, de laquelle nous usons ordinairement, et est ainsy signée, tellement qu'en chantant ceste mesure nous leuons la main auec semblable temps comme nous l'abaissons. [ClefC1,Cdim on staff5] Quand à la musique qui est faite auec ceste façon de mesure, elle a un air graue. Cest pourquoy les Pauanes, Branles, Pasemezes, et Alemandes, sont mesurées auec ladite mesure.
DEFINITION XI.
Mesvre triple est dite ainsy, quand en descendant la main on la tient quelque temps bas deuant que la releuer, de sorte que le temps d'abaissement, le temps quelle se tiend basse, est le temps du releuement, sont trois esgualles interualles comprises en une mesure.
Mesvre triple autrement dite Sesqvialtera est ainsy signée. [ClefC1,Cdim3 on staff5] Ce qu'on luy donne trois notes en la mesure est cause de faire auoir un autre air en la musique, qui se chante par ladite mesure. L'air en est fort gay. Cest pourquoy nous l'usons fort en nos airs François. Les Gaillardes, Courantes, Voltes, et autres danses gayes, se mesurent aussy auec ceste mesure.
DEFINITION XII.
Prolation est une certaine mesure de temps, que la vois demeure sur chacune note.
Ceste prolation a esté differemment nommée par plusieurs autheurs: et aussy auoient plusieurs sortes de temps. Mais ceste science de musique estante composée de tant de pieces, il semble qu'il seroit bon de n'y faire entrer aucune chose superflue, à celle fin de n'offusquer l'intelligence d'icelle. Ainsy nous laisserons tous ces termes de meuf mayor, minor, parfait, imparfait, et autres semblables termes, dont l'on se peut fort bien passer en la cognoissance de ceste science. Quand à la Prolation, cest une inuention necessaire pour allonger ou accoursir nos silabes. Aucuns veulent, que ceste Prolation n'aye esguard que seulement pour trouver le nombre de Minimes qu'il faut, pour une semybrefue. Mais nous estendrons ce mot plus oultre. Car nous entendrons par iceluy toutes les valeurs de chacune note, et le diuiserons aussy en deux, sçauoir parfaite et imparfaite.
DEFINITION. XIII.
Prolation parfaite est celle, qui donne la mesure aus notes, chacune plus longue de la moitié que les imparfaites.
Par cy deuant ladite Prolation parfaite n'a pas esté de tous ainsy definie. Mais ce qu'il me la fait ainsy definir est pour beaucoup de difficultées inutiles à l'entendre autrement, tellement que nous dirons la [-7-] perfection de ceste Prolation estre, aus longues mesures que nous luy donnerons tellement que nous tiendrons lesdites mesures de chacune note la moitié encore autant ou enuiron comme les mesures ordinaires. Le signe en sera ainsy [ClefC1,Odim on staff5]
DEFINITION XIIII.
Prolation Imparfaite ou Mesvre dovble, est dite ainsy, quand l'on peut chanter trois mesures en mesme temps, comme deux mesures parfaites.
Ceste Prolation Imparfaite est la mesure ordinaire, que nous donnons à nostre musique: et se marque comme est enseigné en la X. Definition.
DEFINITION XV.
Maxime, est le nom de la plus longue note qui soit en la musique, laquelle contient VIII. mesures.
DEFINITION XVI.
Longve, est une note laquelle contient IV. mesures.
DEFINITION XVII.
Brefve, est une note qui contient II. mesures.
DEFINITION XVIII.
Semybrefve, est une note qui contient une mesure.
DEFINITION XIX.
Minime, est une note qui contient demye mesure.
DEFINITION XX.
Noire, est une note dont il en faut IV. pour une mesure.
DEFINITION XXI.
Crochet, est une note dont il en faut VIII. pour une mesure.
DEFINITION XXII.
Demy crochet ou dovble crochet, est une note dont il en faut XVI. pour une mesure.
[-8-] [De Caus, Institution harmonique II, 8,1; text: Maxime, Longue, Breue, Semybrefue, Minime, Noires, Crochets, Doubles crochets.] [CAUSIN2 02GF]
DEFINITION XXIII.
Pavse, est une interualle qui signifie la priuation de la vois, pour un certain temps.
Tovt ainsy comme les notes ont une certaine estendue de temps, aussy l'on a trouvé bon de faire des interualles de silence, de pareil temps que lesdites notes. Lesdites Pauses se font pour donner grace à la musique, et aussy pour la commodité des compositeurs. Quand au double crochet, l'on n'en use point, à cause que l'interualle est sy petit qu'il ne pourroit pas estre consideré.
[De Caus, Institution harmonique II, 8,2; text: Longue, Breue, Semybreue, Minime, Noire, Crochet.] [CAUSIN2 03GF]
DEFINITION XXIIII.
La note dite Sincope, est celle qui a un point suiuant icelle: lequel point la fait valoir encores la moitié autant que sa valeur naturelle.
L'on trouvera souvent cest accident du point posé ioingnant une note; lequel point signifie que la note vaut encores la moitié de sa Prolation naturelle. Comme il se peut voir en cest exemple suiuante, ou il y a de chacune note une Sincope au commencement de chacune exemple, apres laquelle suit tousiours celle qui est de valeur de la moitié de ladite note sans le Sincope, cest à dire de la valeur du point.
[De Caus, Institution harmonique II, 8,3] [CAUSIN2 03GF]
Ainsy une Semibreue auec son point vaudra trois Minimes: et à ladite Semybreue Sincope suiura la Minime, à celle fin de retomber sur la mesure. Ce qui sera obserué speciallement aus Minimes, Noires, et Crochets. Car sy la note suiuante desdites sincopes n'estoient esgualles au points d'icelles, il y auroit de la difficulté à retrouver la mesure. Il se fait encores une autre façon de Sincope, comme il se peut voir au suiuant exemple. Car quand une seule note Minime est deuant quelque nombre de Semybréues, il est necessaire de batre lesdites Semibréues à contremesure, jusques à ce que par apres il vienne une autre Minime pour faire retomber la mesure en sa nature. Le mesme se fait aussy aux notes Minimes. Ainsy lesdites notes, qui se batront à contraires mesures, se nommeront encores [-9-] notes sincopées. Il arriue encores quelquesfois, qu'il y a occasion de faire une Pause: qui est cause que les notes qui la suiuent, viennent à estre sincopées: comme il se peut voir au troisiesme et quatriesme exemple: laquelle pause fait semblable effect de Prolation, comme sy cestoit un point.
[De Caus, Institution harmonique II, 9; text: I. II. III. IIII.] [CAUSIN2 03GF]
DEFINITION XXV.
Fvge, est ainsy dite quand une partie en la musique va deuant, et qu'une autre partie suit, repetant le mesme passage.
Comme par exemple, quand une partie chante quelque passage auec une certaine modulation, sy une autre partie vient suiure apres, auec un autre passage semblable; soit à Vnison, ou Octaue, ou par une Quinte, ou Quarte; cela se nomme Fuge, mot tiré du Latin fuga, cest à dire fuite; et ce d'autant que l'une partie allant deuant l'autre, il semble qu'elle fuye. Ceste sorte de composition par Fuge, est la plus belle, pourveu qu'elle soit bien ordonnée. Il se fait des Compositions entierement de Fuges, dites Fuges liées, autrement Canons, mot tiré du Grec, assez mal à propos pour cest effect. Car ce mot Canon est à dire reigle. Ie croy bien, que les premiers inuenteurs desdites Fuges, donnans la reigle (cest à dire l'ordre) comme il doibt estre chanté, ont appellé cest ordre ou reigle Canon: comme par exemple, ils disoient Canon in diapente et cetera cest à dire, reigle en diapente. Mais il semble que ce mot de Fuge vient mieux à propos, à cause comme est dit, que une partie va deuant l'autre.
DEFINITION XXVI.
Gvide, est la partie qui va deuant, en la Fuge.
Ce nom de Guide est donné fort à propos par Zarlin à la partie de la Composition qui fuit, cest à dire qui va devant. [Zarlin. Institutions Harmoniques. 3. Partie. Chapitre 54. in marg.] Et d'autant que l'autre partie qui suit, va apres, celle de deuant est nommée Guide.
DEFINITION XXVII.
Conseqvente, est la partie qui suit la Fuge.
Tovt ainsy comme la partie qui va deuant se nomme Guide, celle qui suit se nomme Consequente.
[-10-] CHAPITRE PREMIER.
Du nombre des consonnantes contenues entre les XXII. notes de la Gamme.
Les definitions de chacune consonnante ont esté monstrées à la premiere partie, et aussy les proportions de leurs interualles. A present est necessaire de demonstrer le nombre desdites consonnantes, et combien de fois chacune est contenue en l'eschelle de la Gamme. Premierement est necessaire de sçauoir que aucunes desdites Consonnantes sont simples, et les autres doubles. Les Simples sont celles dont nous auons traité en la premiere partie, lesquelles sont sept en nombre, comprises entre le diapason; sçauoir diapason, diapente, diatessaron, diton, semyditon, hexacorde mayor, hexacorde minor. Et pour demonstrer combien il y a de chacune sorte desdites consonnantes simples, contenues entre lesdites XXII. notes, nous poserons premierement 15. desdites notes en la partie Basse,
[De Caus, Institution harmonique II, 10,1; text: Nombre des Diapasons contenues aus XXII. notes de la Gamme. Partie Svperievre. Partie Basse.] [CAUSIN2 03GF]
Et contre chacune desdites notes en la partie Superieure, l'on en mettra une à l'Octaue, et ainsy l'on trouverra XV. Diapasons contenues de puis la plus Basse note de la Gamme dite F. fa. vt. jusques à la plus haute dite gg. sol. re. vt.
Apres nous descrirons encores lesdites XXII. notes, pour voir combien il y a de Diapentes. Là ou il se peut voir, qu'il y en a XVIII. Mais il est besoing, que la partie Basse chante par B. mol, et la partie Superieure par [sqb] quarré, à cause que la Diapente de [sqb]. my en F. fa, ut, est trop courte d'un demy ton. Cest pourquoy abaissant la partie Basse un demy ton plus bas, quand l'on viendra en ladite note (ce qu'il se fera, quand on la chantera par b. mol) alors ladite diapente aura sa mesure.
[De Caus, Institution harmonique II, 10,2; text: Nombre de Diapentes contenues aux XXII. notes de la Gamme. Partie Svperievre. Partie Basse.] [CAUSIN2 03GF]
[-11-] Apres pour sçauoir combien il y a de Diatessarons en ladite estendue de XXII. notes, nous descrirons encores les mesmes lignes, et ainsy nous trouverons XIX. Diatessarons compris entre lesdites XXII. notes. Mais au contraire que la partie Basse (à l'autre partition precedente) se chante par b. mol, en ceste presente
[De Caus, Institution harmonique II, 11,1; text: Nombre des Diatessarons contenues aux XXII. notes de la Gamme. Partie Svperievre. Partie Basse.] [CAUSIN2 04GF]
partition, ce sera la partie Superieure, à celle fin d'auoir le Diatessaron juste contre F. fa, ut. Car sy ladite partie haute auoit son estendue en ceste note par [sqb] quarré, le diatessaron seroit trop haut d'un demy ton. C'est pourquoy chantant ladite note par b. mol, elle sera plus basse d'un demy ton moyen.
Apres sy l'on veut voir, combien il y a de Ditons entre ladite estendue, l'on fera encores de semblables lignes et notes en la partie de Bas, et puis l'on
[De Caus, Institution harmonique II, 11,2; text: Nombre des Ditons contenues entre les XXII. notes de la Gamme.] [CAUSIN2 04GF]
cherchera à trouver tous les Ditons, qui peuvent estre au dessus de chacune note de la partie Basse. Ainsy l'on en trouverra onze, moiennant aussy que la partie Basse chante par b, mol, et le Dessus par [sqb]. quarré, comme a esté monstré en la Diapente.
Apres pour voir la quantité de Semyditons, qui sont compris entre lesdites notes, l'on fera encores de semblables lignes et notes de Semyditons, tellement qu'il se peut voir, qu'il y en a XV. en ladite estendue, moyennant que la partie de dessus soit notée par b. mol.
[De Caus, Institution harmonique II, 11,3; text: Nombre de Semyditons contenues aus XXII. notes de la Gamme.] [CAUSIN2 04GF]
[-12-] Apres sy l'on veut voir, combien il y a d'Hexacordes Maiors en ladite estendue, l'on fera encores de semblables lignes, mettant autant desdites Hexacordes que l'on pourra sur la partie Basse, tellement que l'on en trouverra douse en ladite
[De Caus, Institution harmonique II, 12,1; text: Nombre d'Hexacordes Majors contenues aus XXII. notes de la Gamme.] [CAUSIN2 04GF]
estendue de XXII. notes. Mais faut que la partie Basse soit notée par b. mol: autrement lesdits Hexacordes maiors soubs ce signe seroient un demy ton moins, et viendroient à estre minors.
Apres pour voir combien d'Hexacordes Minors il y a en ladite estendue, l'on procedera encores comme dessus est dit. Puis l'on mettra autant d'Hexacordes Minors au dessus de la partie Basse. Ainsy l'on en aura dix, moyennant
[De Caus, Institution harmonique II, 12,2; text: Nombre d'Hexacordes Minors contenues entre les XXII. notes de la Gamme.] [CAUSIN2 05GF
que la partie de haut soit notée par b. mol; tellement qu'assemblant toutes lesdites consonnantes ensemble, elles se montent iustement au nombre de cent.
Quand aux Consonnantes doubles et triples, il en a de XIV. especes: sçauoir
1. Diapason Semyditon------------Dixiesme imparfaite
2. Diapason Diton----------------Dixiesme parfaite
3. Diapason Diatessaron----------Onziesme
4. Diapason Diapente-------------Douziesme
5. Diapason Hexacorde minor------Treziesme imparfaite
6. Diapason Hexacorde maior------Treziesme parfaite
7. Disdiapason-------------------Quinziesme
8. Disdiapason Semyditon---------Diseptiesme imparfaite
9. Disdiapason diton-------------Diseptiesme parfaite
10. Disdiapason Diatessaron------Dishuitiesme
11. Disdiapason Diapente---------Disneufiesme
12. Disdiapason Hexacorde minor--Vintiesme imparfaite
13. Disdiapason Hexacorde maior--Vintiesme parfaite
14. Triple Diapason--------------Vintdeuxiesme.
[-13-] Elles se composeront aussy entre les XXII. notes de la Gamme, comme les susdites. Et en donneray encores de chacune une exemple, par ou il se pourra comprendre, combien il y a de chacune desdites consonnantes comprises entre lesdites XXII. notes.
[De Caus, Institution harmonique II, 13; text: Nombre des Diapasons Semyditons contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Diapasons Ditons contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Diapasons Diatessarons contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Diapasons Diapentes contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Diapasons Hexacordes Minors contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Diapasons Hexacordes Maiors contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Disdiapasons contenues aux XXII. notes de la Gamme.] [CAUSIN2 05GF]
[-14-] [De Caus, Institution harmonique II, 14; text: Nombre des Disdiapasons Semyditons contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Disdiapasons Ditons contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Disdiapasons Diatessarons contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Disdiapasons Diapentes contenues entre les XXII. notes de la Gamme. Nombre des Diisdapasons Hexacordes Minors. Nombre des Disdiapasons Hexacordes Maiors. Triple Diapason.] [CAUSIN2 06GF]
Ainsy le nombre des Consonnantes doubles se montent à LXI, depuis le Diapason Semyditon jusques au Disdiapason: et le nombre des Consonnantes triples depuis le Disdiapason Semyditon jusques au Triple Diapason se monte à XXII. Qui font toutes les susdites Consonnantes ensemble le nombre de cent quatre vint et trois.
CHAPITRE II.
Des Consonnantes Parfaites et Imparfaites.
Depvis que nous auons mis en usage les Consonnantes, lesquelles se distinguent en maior et minor, l'on a trouvé bon de les distinguer des autres. Et la cause pourquoy on les appelle Imparfaites, est qu'elles ne rendent pas une sy bonne harmonie comme les Parfaites: dont il y en a de neuf especes, comme il se peut voir en la suiuante table: Et les Imparfaites sont au nombre de douze, contenues entre les XXII. notes de la Gamme; comme aussy il se peut voir en la table suiuante.
Qvand à leurs degres touchant leurs perfection, premierement le Diapason a esté d'un consentement de tous les meilleurs Musiciens (tant antiques que modernes) dit le plus harmonieux de tous; et par aucuns a esté appellé la mere generatrice de toutes les autres consonnantes. La Diapente suit apres, laquelle est aussy fort harmonieuse, mais non du tout comme le Diapason. Apres le Diatessaron suit, qui est aussy une consonnante parfaite. Les consonnantes Imparfaites sont le Diton, le Semyditon, l'Hexacorde maior, et minor, et leurs doubles et triples. Il y a aussy entre lesdites consonnantes Imparfaites, aucunes plus parfaites les unes que les autres. Le Diton est le plus harmonieux d'entre les imparfaites. Apres suit l'Hexacorde maior. Et à celle fin que nous tenions un certain ordre aux noms desdites consonnantes, nous les nommerons par cy apres en la Composition, comme elles sont escrites aux suiuantes tables:
[-15-] [De Caus, Institution harmonique II, 15,1; text: Table des Consonnantes Parfaites, Table des Consonnantes Imparfaites, Huitiesme, Cinquiesme, Quarte, Quinziesme, Douziesme, Onziesme, Vintdeuziesme, Disneufiesme, Dishuitiesme, Tierce, parfaite, imparfaite, Sisiesme, Disiesme, Treisiesme, Disseptiesme, Vintiesme] [CAUSIN2 06GF]
CHAPITRE III.
Pourquoy la qvarte est dite consonnante parfaite.
Mais les modernes pourroient icy trouver un defaut en ce que nous disons la Quarte estre consonnante Parfaite, laquelle ne se pratique nullement auiourdhuy en consonnante dessus la partie Graue; qui est la partie, sur quoy toutes les autres se fondent. A cela ie responds, que voirement nous auons osté l'usage de ladite Quarte dessus la Basse: mais elle ne laisse d'estre consonnante en qualité de Quarte auec la partie Moyenne, quand ladite partie Moyenne est une Cinquiesme au dessus de la Basse; comme il se peut voir en cest exemple.
[De Caus, Institution harmonique II, 15,2] [CAUSIN2 06GF]
Mais sy la partie Basse estoit ostée, les deux autres parties rendroient un son fort dur, et estans joints les trois en ceste façon, rendent un accord plus harmonieux qu'autre quelque ce soit composé de trois sons. C'est pourquoy la Quarte faisant ainsy bon effect accompagnée de la Quinte, on ne la doit pas mettre au rang des Dissonnantes, lesquelles ne s'admettent en façon quelquonque en la musique, sy ce n'est qu'elles ne soient secourus incontinent de Consonnantes, comme sera enseigné par cy aprés. Vne autre raison pourquoy elle est dite consonnante Parfaite, c'est que de tout temps elle a ainsy esté dite: et mesmement elle est encores de present en usage entre les Grecs, comme recite Zarlin: [Zarlin. institutions harmoniques Libri 3. Chapitre 5. in marg.] lequel dit que aus Messes solennelles qui se font par lesdits Grecs à Venize, ils usent encores de present la Quarte en la partie Basse. Iosquin de Prés, qui a esté un fort excellent Compositeur, en a aussy usé en la Messe ditte l'Homme Armé, à quatre vois. Et suis d'aduis, qu'en une necessité elle peut passer en la partie Basse. Mais à cause que nous auons tant d'autres Consonnantes fort à propos pour toutes sortes de subiects, nous l'auons presque delaissée.
CHAPITRE IV.
Que les Dissonnantes si doibuent mester en la Composition pour la rendre plus agreable.
Il n'y a pas fort long temps que nous auons commencé à user de secondes, septiesmes, neufiesmes, et quatorziesmes, en nos Compositions, à cause que comme elles sont Dissonnantes, elles auoient esté estimées inutiles au dites Compositions, et mesmement defendues. Mais nous auons recogneu, que encores que lesdites Dissonnantes ne peuvent rendre aucuns bons effects d'eux mesmes; sy est ce qu'estans meslées ensemble à propos, comme sera enseigné, ils font sembler les Consonnantes [-16-] qui les suiuent tresharmonieuses. Ce qui se fait par ceste raison, d'autant que nos sentiments sont de telle nature, qu'ils ne peuvent bien sentir un bon effect, qu'il ne soit opposé à son contraire. Le blanc semblera encores plus blanc, s'il l'on approche du noir aupres. Le doux, au goust semblera beaucoup plus doux, s'il est gousté apres quelque chose aigre. La senteur odoriferante semblera de meilleure odeur, sy l'on la sent apres quelque mauvaise odeur. Mesmement la santé du corps semblera estre plus agreable, apres que l'on aura senty quelque indisposition. Aussy pour faire trouver les consonnantes tresagreables à l'ouye, il sera besoing un peu auparauant de mesler quelque Dissonnante à propos, et peu à peu la faire perdre pour venir à tomber sur l'accord desiré. Lesdites Dissonnantes s'usent specialement aux Cadences, comme sera enseigné par cy aprés.
CHAPITRE V.
Les Consonnantes Parfaites compris l'Vnison doibuent estre composées ensemble de telle façon, que ceux qui ont mesme proportion, ne montent ny ne descendent ensemble en aucune façon.
Cecy est un point fort necessaire à estre obserué en la Composition. [En la deuxiesme Definition de la premiere partie. in marg.] Car puis que l'Harmonie est une composition de choses diuerses, comme a esté dit, il est necessaire que les Consonnantes soient variées d'une diuersité, cest à dire que celles qui sont semblables, ne montent ny ne descendent ensemble par mesme modulation: comme il se peut voir en ce present exemple. Et specialement les consonnantes parfaites. [De Caus, Institution harmonique II, 16,1; text: Huitiesmes, Quintes, Vnisons.] [CAUSIN2 06GF]
Car lesdites consonnantes, et mesme l'Vnison, ont fort mauvaise grace, quand elles sont hausées ou baisées par mesmes interualles. Cest pourquoy elles sont expressement defendues, comme choses du tout contrevenantes à l'harmonie. Mais sy ledites consonnantes sont en mesmes reigles, deux ou trois ou d'auantage ensemble, comme au suiuant exemple, alors elles pourront passer. Encores n'en faut il pas trop user, sy ce n'est en d'aucuns airs legers ou balets Italiens.
[De Caus, Institution harmonique II, 16,2; text: Huitiesmes, Quintes, Vnisons.] [CAUSIN2 06GF]
[-17-] CHAPITRE VI.
Les Consonnantes Imparfaites doibuent estre composeés ensemble de telle façon, que ceux qui ont mesme interualle, ne montent ny ne descendent ensemble.
Il n'y a pas une sy estroite recherche aux consonnantes imparfaites montans ou baisans ensemble, comme aux parfaites; d'autant que le plus souvent il aduient, que allans ainsy ensemble, le minor suit souvent le maior, ou le maior le minor. Mais s'il aduenoit autrement, et que lesdites consonnantes imparfaites fussent jointes ensemble, montans ou descendans, comme il se peut voir au present exemple, alors l'on en pourra faire une minor et l'autre maior, ou au contraire une major et
[De Caus, Institution harmonique II, 17,1; text: Tierces parfaites, Tierces imparfaites, Hexacordes maiors, Hexacordes minors.] [CAUSIN2 07GF]
une minor. Ce qui se fera par le moyen du b. mol, ou d'une Feinte, comme il se peut voir en l'exemple suiuant. Ce qui donnera beaucoup meilleure grace à la Composition. Et sy l'on veut laisser la partie graue en son entier,
[De Caus, Institution harmonique II, 17,2] [CAUSIN2 07GF]
l'on pourra hausser ou baiser les notes du dessus à volonté. Autrement l'on changera la Basse. Cela despendra de la volonté et du subject du Compositeur.
Toutefois aucuns pourroient icy repliquer, que plusieurs bons Compositeurs laissent quelquefois passer lesdites tierces ensemble, sans s'aubiectir à ceste façon de modulation. A la verité il y a des passages, lesquels donneroient beaucoup de peine d'estre entonnées auec la vois, obseruant de tous points ceste façon de modulation. Toutefois on l'obseruera autant que faire ce peut, et s'yl n'y a que deux parties ensemble, on l'obseruera de tous points. Car les erreurs que l'on fait en la Composition, ne sont pas sy tost entendues auec quantité de parties que quand il n'y en a que deux.
CHAPITRE VII.
Comme si doibt commencer et finir les parties en la Composition.
[-18-] En la Composition il est fort requis de donner bon commencement aux parties, et aussy une bonne fin. Donques, sy ladite Composition se fait à deux ou à trois parties, il sera fort bon de commencer lesdites parties par des Consonnantes Parfaites: et s'il y a d'auantage de parties, on meslera quelquefois la Tierce Parfaite auec, ou bien la Quarte; pourveu qu'il y aye quelques Pauses en la partie, ou est ladite Quarte: et qu'apres elle vint à tomber sur quelque Consonnante Parfaite, comme il se peut voir au suiuant exemple.
[De Caus, Institution harmonique II, 18,1] [CAUSIN2 07GF]
Quand à la fin de la Composition, dite Cadence, elle doibt estre composée de tresbonnes Consonnantes, à celle fin de laisser l'ouye satisfaite du tout par ceste fin.
CHAPITRE VIII.
L'interualle de [sqb] my, en F fa, ut, est une fausse Quinte. Et par mesme raison l'interualle de F, fa, ut, en [sqb] my, est une Quarte fause. C'est pourquoy l'on n'en doibt point user au Contrepoint.
Ceste interualle de [sqb] my, en F fa, ut, est dite fause Quinte, à cause qu'elle n'a pas la proportion des autres, ains il s'en faut un demy ton moyen, que son interualle ne soit aussy grande. Ce qui se peut voir facillement par l'eschelle de la Gamme, ou par le Monochorde. Et tout ainsy que ladite Quinte a ce defaut; aussy la Quarte, qui est au dessus depuis F fa, ut, jusques à [sqb] my, est un semblable demy ton plus haut que sa proportion. La fause Quinte est composée d'un ton mayor, un minor, et deux semytons maiors; lesquels assemblées ensemble font une interualle comme de XLV. à LXIV. Et la fause Quarte, est composée de deux tons maiors, et un minor, qui font une interualle comme de XXXII. a XLV. Ainsy il se peut voir par la XII. Proposition de la premiere partie, que la fausse Quinte surpasse la fause Quarte ou Triton d'une petite interualle, comme de 23. à 2880. qui est un peu plus que les 2/3 d'un comma. Ainsy il se peut voir, que lesdites deux interualles ne sont consonnantes parfaites ny imparfaites. C'est pourquoy il faut bien guarder d'en user au Contrepoint, sy ce n'est en les aydans du b. mol, ou de la Feinte de F fa, ut: comme il se peut voir en cest exemple.
[De Caus, Institution harmonique II, 18,2; text: Fause Quinte, Fause Quarte, Bonnes Quintes, Bonnes Quartes.] [CAUSIN2 07GF]
[-19-] CHAPITRE IX.
Des Modes antiques et modernes, et de leurs effects.
Il a este monstré par cy deuant, ce que cest que Mode. [Cinquieme Definition. in marg.] A present nous monstrerons, combien il y en a, et les effects qu'elles peuuent produire. Ie parleray premierement des Antiques, lesquels donnerent nom à leurs Modes, suiuant le pais ou ils furent inuentées. La Dorienne estoit estimée fort modeste, et remplie de grauité. C'est pourquoy Platon en sa Republique reiette toutes les autres Modes, reseruant seulement ladite Dorienne, comme estante propre à maintenir la ieunesse à une certaine action graue.L'on raconte aussy beaucoup d'effects, que la Mode Phrigienne a causées. Elle estoit de nature rude. Les Lacedemoniens, quand ils marchoient en bataille, sonnoient ladite Mode sur phifres, comme recite Valere; et ne combattoient point, qu'ils ne fussent eschaufées premierement auec le son desdits phifres. [Facta et Dicta Memorabilia, libro 2. Chapitre 1. in marg.] La mode Lidienne aussy auoit une grande puissance sur nos passions. Elle estoit douce et pitoyable. Aristote la disoit estre propre à la doctrine et à l'ornement. [Plutarque, en son traité de musique. in marg.] Plutarque dit, qu'Aristoxene recite en son premier liure de Musique, qu'Olimpe sonna auec le phifre une lamentation funebre de Mode Lidienne, sur la mort de Piton. En somme les Anciens ont raconté beaucoup de choses estranges, touchant les effects des diuerses modes.
Qvand à celles dont nous usons aus chants de l'Eglise, l'on en attribue l'inuention au Pape Gregoire premier. Elles sont au nombre de huit audit chant Ecclesiastique. Toutefois Glarean, et depuis luy Zarlin, ont monstré par la difference des Diapentes et Diatessarons, que nous deuons auoir douze Modes, dont nous monstrerons la situation et nature de chacune. Mais premierement ie veux expliquer ces parolles de diferentes Diapentes et Diatessarons. Car il est certain, qu'elles sont toutes composées d'un mesme interualle. Mais les interualles de tons et semytons, qui sont entre le son graue et l'aigu, sont situées diuersement: Comme par exemple: Sy le son graue de la Diapente est en C. Sol, fa, ut, pour monter par degrés du son graue à l'aigu, il faudra chanter ut, re, my, fa, sol. Mais sy ladite Diapente commence en D. la, sol, ré, alors il faudra chanter, re, my, fa, sol, la, tellement que le demy ton se trouve en la premiere Diapente enclos en la troisiesme interualle, et à la seconde il se trouve en la deuxiesme. Voilà la difference de ces deux Diapentes, lesquelles neantmoins sont de mesme estendue, et aussy les Diatessorons, tellement que ceste difference se fait en sis façons, en l'estendue du Diapason: comme il se peut voir par ceste exemple suiuant. Qui est cause, que quand l'on fait une Composition soubs l'estendue d'un desdits Diapasons, et que l'on reïtere souuent la
[De Caus, Institution harmonique II, 19; text: ut, re, my, fa, sol, la] [CAUSIN2 07GF]
[-20-] premiere note, la cinquiesme, la huitiesme, ladite Composition aura un autre air, que sy elle estoit faite soubs l'estendue d'une autre. Comme par exemple: Soit quelques notes disposées entre le Diapason de C. sol, fa, ut, et apres soit
[De Caus, Institution harmonique II, 20,1; text: Notes disposées entre le Diapason de C. sol, fa, ut. de D. la, sol, re.] [CAUSIN2 07GF]
de semblables interualles de notes mises entre le Diapason de D. la, sol, ré: il est certain, que le premier exemple sera tout autre en modulation, que le second, à cause que la tierce major est en la partie basse de la Diapente du premier exemple: et au second exemple la tierce minor, est au bas de ladite diapente: et aussy le Diatessaron de G. sol, re, ut. à C. sol, fa, ut, du premier exemple, n'est du tout semblable au Diatessaron du second de A la mi, ré, à D. la, sol, ré: d'autant que le demy ton, est au premier exemple compris entre la troisiesme interualle, et à la deuxiesme exemple, ledit demy ton est en la deuxiesme; et aussy le Diton à la premiere exemple est au bas du Diatessaron, et à la deuxiesme il ny a nul Diton compris au Diatessaron entre A. la, my, ré, et D. la, sol, re. Ceste differente modulation apporte un changement d'air en la musique. Car il se peut ouir apparemment, que la nature de la premiere exemple est beaucoup plus gaye que la seconde; laquelle est graue, à cause que le Diton à la premiere exemple est en la partie basse de la Diapente, et du Diatessaron, comme a esté dit; et au contraire, ledit Diton en la deuxiesme est en la partie haute de sa diapente. Et faut noter, que toutes les Modes ayans ainsy le diton en bas, seront plus gayes que les autres: comme sera monstré icy apres en chacune Mode en particulier.
CHAPITRE X.
De la situation des notes Principalles contenues aus douses Modes, et comme il en faut user.
Pvis qve les Modes despendent des diuerses situations de la Diapente et Diatessaron, il est certain, qu'elles sont au nombre de XII. sçauoir sis Antentiques ou Principalles, et sis Plagalles, ou Colateralles. Les sis Principalles sont celles, qui ont la Diapente en bas, et le Diatessaron en haut; et les sis Colateralles ont le diatessaron en bas, et la Diapente en haut: comme il se peut voir au present exemple.
[De Caus, Institution harmonique II, 20,2; text: Premiere Mode, Seconde, Troisiesme, Quatriesme, Cinquiesme, Sisiesme, Septiesme, Huitiesme, Neufiesme, Dixiesme, Onziesme, Douziesme.] [CAUSIN2 08GF]
[-21-] Qvand à la Composition que l'on fera sur chacune Mode, il sera bon de ne point outrepasser les deux extremités du Diapason, qui contient ladite Mode, sy ce n'est quelque fois d'une note ou deux plus haut ou plus bas. Et le moins que l'on le passera, sera le meilleur. Il faut aussy noter, qu'en toutes les Modes tant antentiques que plagalles, la derniere note ou cadence, sera celle qui fait le son graue de la Diapente contenue en icelle Mode: comme il se pourra voir en diuerses exemples cy apres sur chacune Mode. Et quand à la note comprise entre le Diapason dite d'aucuns modernes Note Dominante, on la fera ouir souuent, à celle fin de suiure la nature de la Mode, ou ladite note sera. Car cest celle qui donne ordinairement l'ornement à la Mode, que l'on desire representer.
CHAPITRE XI.
De la Premiere Mode dite Antentique, et de sa nature.
La Premiere Mode, comme se peut voir au chapitre precedent, est comprise au Diapason de C. sol, fa, ut, en sorte que la quinte de C. sol, fa, ut, qui est G. sol, ré, ut, sera la note dominante, et les deux autres ensemblement seront le gouuernail de toutes les autres. Ladite Mode de sa nature est gaye et alaigre. Cest pourquoy, quand l'on aura quelque subiect gay, l'on s'en seruira. En voycy une exemple de la octante et uniesme Pseaume de Dauid, traduite en François, ou cest que l'on peut remarquer la gayeté de sa modulation.
Premiere Mode Antentiqve.
[De Caus, Institution harmonique II, 21; text: Chantez gayement à Dieu nostre force: que tout hautement au Dieu d'Israel chant perpetuel chanter on s'efforce.] [CAUSIN2 08GF]
CHAPITRE XII.
De la Deuxiesme Mode, dite Colateralle, et de sa nature.
La Devxiesme Mode se finit en la mesme note comme la premiere, d'autant comme a esté dit par cy deuant au dixiesme Chapitre que tousiours la fin de chacune Mode se doibt terminer en la note graue de la Diapente. Donques ceste Mode estant contenue entre le Diapason de G. sol, re, ut, la quinte en bas du son aigu dudit G. sol, re, ut, sera C. sol, fa, ut. Ainsy ladite note de C. sera la fin, et aussy la notte dominante de ladite Mode. En voicy une exemple tirée du 89eme Pseaume, laquelle est plaine de grauité, meslée d'une alegresse.
[-22-] Seconde Mode Plagalle.
[De Caus, Institution harmonique II, 22,1; text: Du seigneur les bontés sans fin ie chanteray, et sa fidellité à iamais prescheray. car cest un point conclu, que ta grac' est bastie pour durer à iamais, com' on void establie dans le pourpris des cieux: leur cours inuariable signe seur et certain de son dir' immuable.] [CAUSIN2 08GF]
CHAPITRE XIII.
De la Troisiesme Mode, et de sa nature.
Ceste Mode a sa modulation fort graue et gaye, à cause que le Semyditon est en la partie basse tant de la Diapente comme du Diatessaron. Et comme a esté dit au Chapitre 9eme, les Modes qui ont ainsy le Semyditon en la partie basse, seront toutes meslées de quelque grauité. En voicy une exemple, ou il se peut remarquer une certaine grauité au chant, fort propre pour le subiect des parolles. Ladite Mode est contenue entre le Diapason de D. la, sol, re. Elle a sa notte dominante en A. la, mi, ré. Quand à la cinquiesme note, qui est un ton plus bas que l'estendue de ladite Mode, cela se peut faire auec license, voire deux ou trois notes plus bas, ou plus haut, pourueu que lesdites notes ne soient pas souuent repetées, et que les cadences ne tombent point dessus.
[De Caus, Institution harmonique II, 22,2; text: Sus sus mon am' il te faut dire bien de l'eternel. O mon uray Dieu, combien ta grandeur est excellent' et notoire. Tu es vestu de splendeur et de gloire: tu es vestu de splendeur proprement, ne plus ne moins que d'un acoutrement: Pour pauillon, qui d'un tel roy soit digne, tu tends le ciel ainsy qu'une courtinne.] [CAUSIN2 08GF]
[-23-] CHAPITRE XIIII.
De la Quatriesme Mode, et de sa nature.
La Qvatriesme Mode est contenue entre le Diapason de A. la, my, ré, ayant sa notte dominante en D. la, sol, ré. Elle est de nature propre en lamentations et complaintes. Ie n'ay point trouué entre les Pseaumes, traduites en François, aulcunes qui se chantent suiuant ladite Mode. Nous ne laisserons d'en donner une exemple, prenant la 137eme pour le subiect de la parolle, lequel subiect est lamentable. Et en oultre pour aider quelquefois audit subiect et le faire encores plus lamentable, l'on usera de Faintes, ou bien du b. mol: comme il se peut voir au suiuant exemple.
[De Caus, Institution harmonique II, 23,1; text: Estant assis aus riues aquatiques de Babilon, pleurons melancholiques nous souuenans du pais de Sion et au millieu de l'abitation, ou de regret tant de pleurs espandismes, aus saules verts nos harpes nous pendismes.] [CAUSIN2 09GF]
CHAPITRE XV.
De la Cinquieme Mode, et de sa nature.
Ceste cinquiesme Mode, comme la precedente, est fort propre aus subiects tristes, à cause de la souuente reiteration du my. Elle a son estendue de nottes comprises au Diapason de E. la, my. La notte dominante est [sqb] my. Ie n'ay point trouué non plus que la precedente aucunes Pseaumes en François, qui se chante de ceste Mode. Cest pourquoy i'ay prins encores une desdites Pseaumes d'un subiect aucunement melancolique, auquel i'ay donné les nottes sans sortir de ceste Mode.
La Cinqvieme Mode, dite Plagalle.
[De Caus, Institution harmonique II, 23,2; text: O Dieu ie n'ay Dieu fors que toy, des le matin ie te reclame, et de ta soif ie sens mon ame toute pasmée deuant toy, les pauures sens d'humeur tous uuides de mon corps mat et alteré tousiours Seigneur t'ont desiré en ces lieux desers et arides.] [CAUSIN2 09GF]
[-24-] CHAPITRE XVI.
De la Sisiesme Mode, et de sa nature.
La Sixiesme Mode dite Plagalle, tient de la mesme nature de la Cinquieme sa compagne, à cause de la frequente reiteration des notes de [sqb] my, et E. la, my. Ladite Mode seroit extremement bizarre, si elle n'estoit aidée de la note au dessus de [sqb] my, dite C. sol, fa, ut: et s'il faloit monter la quinte de E. la, my, en [sqb] my, par degrés, cest à dire de son en son, l'on trouueroit ceste modulation fort estrange, à cause que le Triton s'y trouue.
[De Caus, Institution harmonique II, 24,1] [CAUSIN2 09GF]
Car montant ces nottes, lesquelles font cinq, faisants quatre interualles, la premiere est un semyton, et les trois autres de suite chacun un ton, qui font ensemble l'interualle dudit Triton, lequet est fort rude, non seulement son interualle, mais aussy sa modulation par degrés, tellement qu'il n'en faut gueres user, et specialement en montant. Ie n'ay point trouué aus pseaumes Françoises, que ladite Mode y aye esté employée correctement. I'ay prins le subiect du 88eme Pseaume, lequel est assez melancolique, sur lequel i'ay fait le chant suiuant.
La Sisiesme Mode, dite Plagalle.
[De Caus, Institution harmonique II, 24,2; text: O Dieu tout puissant mon sauueur, iour et nuit deuant toy ie crie. Paruienne ce dont ie te prie iusques à toy par ta faueur. Veilles helas l'oreille tendre à mes clameurs pour les entendre.] [CAUSIN2 09GF]
CHAPITRE XVII.
De la Septiesme Mode, et de sa nature.
La Septiesme Mode a le mesme accident du Triton compris en la Diapente. C'est pourquoy il est fort dificille d'user de ladite Mode en sa propre nature. Et pour oster la rudesse dudit Triton, l'on pourra user ladite Mode par b. mol, et alors au lieu de monter comme il se peut voir au present exemple (qui sont les notes comprises en la Diapente de ladite Mode)
[De Caus, Institution harmonique II, 24,3] [CAUSIN2 09GF]
l'on montera, et alors la Composition que l'on fera sur ladite Mode, aura beaucoup meilleure grace, et estante ainsy aidée du b. mol, est toute semblable à la premiere.
[De Caus, Institution harmonique II, 24,4] [CAUSIN2 09GF]
En voicy une exemple du quarante-septiesme pseaume, lequel est plain de grauité et alegresse.
[-25-] Septiesme Mode Antentiqve.
[De Caus, Institution harmonique II, 25,1; text: Or sus tous humains frapez de vos mains, qu'on oye sonner, qu'on oy' entonner le nom solennel de Dieu eternel, Cest le Dieu treshaut que craindr'il nous faut, le grand roy qui fait sortir en effect sa forc' au trauers de tout l'uniuers.] [CAUSIN2 10GF]
CHAPITRE XVIII.
De la Huitiesme Mode, et de sa nature.
Ceste Mode aussy (comme la praecedente) a besoing d'estre composée par le b. mol, à cause du Triton qui se trouue encore enclos en la Diapente. Sy ce n'estoit ce remede, elle seroit extremement rude. Quand à sa nature, elle est fort semblable à la Deuxiesme, ayant sa modulation graue. I'ay mis icy une exemple du 101eme Pseaume, lequel se chante suiuant ladite Mode.
Hvitiesme Mode, dite Plagalle.
[De Caus, Institution harmonique II, 25,2; text: Vouloir m'est pris de mettr'en escriture Pseaumes parlans de bonté et droiture et sy ie veux à toy mon Dieu chanter, et presenter.] [CAUSIN2 10GF]
CHAPITRE XIX.
De la Neufiesme Mode, et de sa nature.
La Nevfiesme Mode, comme dit Zarlin, est propre aux subiects pleins de perturbation et ire. Elle est contenue au Diapason de G. sol, re, ut, ayant pour sa note Dominante D. la, sol, re. Elle est de nature propre pour subiects lamentables et aclamations. I'en ay mis icy un exemple du cinquante-septiesme Pseaume.
[-26-] Nevfiesme Mode Antentiqve.
[De Caus, Institution harmonique II, 26,1; text: Aye pitié, aye pitié de moy. Car o mon Dieu mon am' esper' en toy, et iusqu' à tant que ces meschans rebelles soient tous passées esperance ne foy, iamais n'auray qu'en l'ombre de tes ailes.] [CAUSIN2 10GF]
CHAPITRE XX.
De la Disiesme Mode, et de sa nature.
La Disiesme Mode est contenue au Diapason de D. la, sol, ré, ayant G. sol, re, ut, pour sa note Dominante. Ceste Mode est fort graue, meslée de grande douceur. I'en donneray icy une exemple sur le subiect du 78ieme Pseaume, lequel vient assez à propos pour ceste mode. La sisiesme note, comme il se peut voir, se chante par b. mol. Ce qui n'est pas de sa nature. Mais cest pour esuiter la rudesse du Triton, qui est de la quatriesme note F. fa, ut, contre [sqb] my. Et encores que G. sol, re, ut, soit entre deux, si est ce que sy l'on chantoit ladite note en [sqb] quarré, elle sonneroit fort rude. Ce qui sera pour exemple en semblables modulations. Car encores que les Modes ayent esté faites pour les obseruer, sy est ce que quand il se presentera quelque difficulté en leurs natures, il sera bon de s'aider de quelques notes accidentalles, non comprises aus dites modes.
Disiesme Mode Plagalle.
[De Caus, Institution harmonique II, 26,2; text: Sois ententif mon peupl' à ma doctrine, Soit ton oreill' entierement encline à bien ou ir tous les mots de ma bouche. Car maintenant il faudra que ie touche graues propos, et que par moy soient dits les grands secrets des oeuures de iadis.] [CAUSIN2 10GF]
[-27-] CHAPITRE XXI.
De l'Onziesme Mode, et de sa nature.
Ceste Mode est comprise au Diapason de A. la, mi, re, ayant sa note Dominante en E. la, my. Elle a la Diapente de A. en E. conforme à la troisiesme Mode. Mais le Diatessaron de E. en a. en celle icy est dissemblable à celuy de ladite troisiesme, d'autant que cestuycy monte du my au la, et la troisiesme du ré au sol. Ceste difference me fait iuger cestuycy un peu plus doux, ou lamentable, à cause du demy ton qui est en la partie basse du Diatessaron. Ladite Mode est propre pour subiects graues, meslées de douceur. Ie n'ay point trouué, que l'estendue de ceste Mode (cest à dire depuis la note basse iusques à la haute) aye esté obseruée en nos Pseaumes Françoises. La soixante-douziesme est bien de ceste Mode. Mais à cause, que le Diatessaron n'est pas au dessus de la Diapente, i'ay mis icy la mesme Pseaume. mais ie la fais monter iusques à sa note supresme, qui est A. la, mi, ré.
Onziesme Mode Antentiqve.
[De Caus, Institution harmonique II, 27,1; text: Tes iugements, Dieu veritable, baill' au roy, pour regner vueilles ta iustic' esquitable au fils du roy donner. Il tiendra ton peupl' en iustice, chassant iniquité. A tes poures sera propice, leur guardant esquité.] [CAUSIN2 11GF]
CHAPITRE XXII.
De la Douziesme Mode, et de sa nature.
Tovt ainsy comme l'Onziesme Mode, et la Troisiesme, ont leurs Diapentes semblables: aussy ceste Dousiesme a la sienne semblable à la Quatriesme. Mais les Diatessarons sont differens en modulation de l'un à l'autre. Ceste mode est de nature tresdouce et agreable, propre pour louanges remplies de graues propos. Ses notes sont comprises au Diapason de E. la, my. Sa note Dominante en A. la, mi, ré. Le dix-huitiesme Pseaume se chante entierement de ceste Mode.
Dovziesme Mode, dite Plagalle.
[De Caus, Institution harmonique II, 27,2; text: Ie t'ay me ray en tout' obeissance, tant que viuray, o mon Dieu, ma puissance. Dieu est mon, En luy seul gist ma fiance parfaite. Cest mon pauois, mes armes, ma retraitte. Quand ie l'ex-] [CAUSIN2 11GF]
[-28-] [De Caus, Institution harmonique II, 28,1; text: roc, mon palais asseuré, Cest ma rançon, cest mon fort deffenseur. alt' et pri' en ferme foy, soudain recours des en nemis me voy. Danger de mort un iour m'enuironnerent, et grands torrens de malins m'estonnerent. i'estoy bien pres du sepulchre venu, et les fillets de la mort preuenu.] [CAUSIN2 11GF]
CHAPITRE XXIII.
Pour cognoistre la nature de chacune Mode.
Les svbiects de nostre Musique, sont composées de quelques unes des affections despendantes de ces trois principalles: sçauoir la premiere gaye ou alaigre, la deuxiesme melancolique ou lamentable, la troisiesme graue ou seuere; ou bien du meslange de graue et alaigre ensemble, ou de graue et lamentable. Ainsy nous ordonnerons icy une Table, par laquelle l'on pourra cognoistre la nature de chacune Mode en particulier, tellement que suiuant le subiect qu'aurons à composer, nous ferons election d'une Mode conuenable à yceluy, reïterant assez souuent les notes principalles de ladite Mode. Et sy le subiect est fort triste, oultre de ce qu'il pourra estre de la 5. ou 6ieme Mode, on le pourra encores aider par la Composition de plusieurs Semyditons et Semytons, lesquels se peuuent faire par le moyen des notes accidentalles. Comme il se pourra voir par cy apres.
[De Caus, Institution harmonique II, 28,2; text: semiton, semiditon, diton, Premiere mode de nature gaye. Deuxiesme mode de nature graue et gaye. Troisiesme mode de nature graue. Quatriesme mode de nature gaye. Cinquiesme mode lamentable. Sisiesme mode fort lamentable.] [CAUSIN2 11GF]
[-29-] [De Caus, Institution harmonique II, 29,1; text: semiton, semiditon, diton, Septiesme mode, graue et gaye; quand le b. mol. y est ioint. Huitiesme mode, graue et alaigre; quand le b mol y est ioint. Neufiesme mode, graue et lamentable. Dixiesme mode, graue et gaye. Onziesme mode, graue et un peu lamentable. Douziesme mode, graue et lamentable.] [CAUSIN2 12GF]
CHAPITRE XXIV.
Qu'il est requis à celuy, qui se veut mesler de la Composition, de scauoir jouer des Orgues, ou bien d'auoir quelque cognoissance du Clauier.
Ie ne dovbte pas, qu'il n'y aye beaucoup d'excellents Compositeurs, lesquels ne scauent aucunement iouer des Orgues ny de l'Espinette. Toutefois ie dis, qu'il est requis d'en sçauoir, encores que ce ne fut que peu; d'autant que par la cognoissance que l'on a du Clauier, on vient beaucoup plus tost à la pratique de la Composition. Car ledit Clauier donnera facillement la cognoissance (à celuy qui ne seroit point experimenté) des fauses Quintes et Quartes, lesquelles pourroient suruenir à la Composition; et mesmement donnera facille cognoissance pour composer les Ditons, Semyditons, Hexacordes maior et minor, selon qu'a esté enseigné au Sisiesme chapitre. Car les Feintes, autrement dites notes Accidentalles, supleront au defaut des Naturelles. Et s'il estoit ainsy, que celuy qui vouldroit apprendre ladite Composition, ne sçeut iouer ny des Orgues ny Espinette, à ce defaut il apprendra à auoir la cognoissance du Clauier: comme i'en ay mis icy un pour exemple, lequel sera tousiours deuant luy en composant, à celle fin comme a esté dit, de pouruoir aux Tierces et Sistes, et les sçauoir faire monter ou descendre selon la naturelle harmonie, asçauoir le maior apres le minor, ou le minor apres le maior. Ledit clauier aussy seruira icy, pour donner la cognoissance des Feintes, lesquelles se trouuent en la Composition.
[De Caus, Institution harmonique II, 29,2; text: A, B, C, D, E, F, G, a, b, [sqb], c, d, e, f, g, aa, bb, [sqb][sqb], cc, dd, ee, ff, gg, aaa, [sqb][sqb][sqb], ccc, fff, ggg] [CAUSIN2 12GF]
[-30-] CHAPITRE XXV.
Comme on doibt faire un Contrepoint de note contre note à deux vois, sur un subiect donné.
Il est necessaire, que celuy qui veut venir à la cognoissance de quelque science, commence par quelque chose aisée, et aprés de degré en degré monter jusques là ou il sera capable d'ataindre. Aussy ceste science de composer plusieurs parties ensemble, ne se peut monstrer sinon en commencant par les choses plus facilles. Donques nous commencerons à donner à entendre pour faire un Contrepoint sur un subiect donné, comme il se peut voir au suiuant exemple. Premierement il sera besoing de reguarder, de quelle Mode est ledit subiect. Ce qui se pourra scauoir par la derniere note. Car comme a esté dit au disiesme chapitre chacune Mode se doibt finir par la notte inferieure, (cest à dire la plus graue) contenue en la Diapente de chacune desdites Modes. Ainsy considerant le suiuant subiect, on le trouuera de la seconde Mode, encores qu'il n'aye pas son estendue de la quinte au dessus de la derniere note dite Cadence. Car sy le Diatessaron y est, encores que la Diapente n'y soit comprise, cela suffira pour cognoistre le Mode. Mais sy cestoit un subiect trois ou quatre fois plus long que cestuycy, il seroit bien requis que l'estendue du Diapason y fut, à celle fin d'auoir une modulation plus diuerse: et apres que l'on aura cognoissance du dit subiect, il le faudra mettre entre huit lignes, comme il se peut voir au suiuant exemple en la partie Basse:
[De Caus, Institution harmonique II, 30] [CAUSIN2 12GF]
puis commencer le Contrepoint par une consonnante parfaite, comme a esté dit au septiesme Chapitre: et apres venir à tomber sur des consonnantes imparfaites: et ainsy poursuiure de note en note, prenant guarde à esuiter les fauses quintes et quartes: et aussy de ne faire monter ny descendre deux consonnantes parfaites ensemble. Mais pour les consonnantes imparfaites, elles se pourront mettre, comme a esté dit au chapitre sisiesme, sçauoir le minor apres le maior, et le maior apres le minor, sy ainsy est qu'elles montent ou descendent ensemble, comme il se peut voir en l'exemple presente en la huit et neufiesme note. Il est aussy fort requis, que le Contrepoint que l'on fera sur le subiect, soit de mesme Mode comme ledit subiect, sy l'on peut, (car autrement il n'y a point de reglement contraint) à celle fin d'auoir la mesme modulation ou enuiron. Car ce seroit chose impropre, que le subiect fut d'une nature gaye, et le Contrepoint d'une nature lamentable. Il faut aussy prendre guarde de n'esloingner point les parties l'une de lautre au dessus du Diapason. Toutefois il n'y a point de reglement contraint. Mais l'on pourra en necessité les esloingner iusques à la douziesme. Et le plus proche que les parties s'aprochent, le meilleur sera. Et ainsy apres que le Contrepoint sera fait, l'on mettra chacune partie à part, comme il se peut voir ycy suiuant.
[-31-] [De Caus, Institution harmonique II, 31,1] [CAUSIN2 12GF]
CHAPITRE XXVI.
Au Contrepoint il faut le plus souuent que les parties aillent par mouuement contraire. Et de quelques accidens, qui pourroient suruenir en la Composition.
Il y a tant de considerations en la Composition des parties de la Musique, qu'il sera difficile de parler de toutes. Il y a aucunes choses qui sont à demy deffendues, cest à dire, qu'il n'est pas bon d'en trop user. Et d'autres sont indifferentes, toutefois l'une aporte plus de grace que l'autre au chant. Comme par exemple. Celuy peut estre penseroit auoir tresbien fait un Contrepoint, quand il est composé sur un subiect, esuitant tout ce qui est prohibé. Toutefois il pourra estre abusé touchant la grace que doibt auoir ledit Contrepoint, s'il n'est aduerty d'aucunes reigles qu'il doibt tenir en ladite Composition. Comme par exemple. I'ay mis encores ycy un subiect, lequel comme au precedent chapitre est mis entre huit reigles, et au dessus d'iceluy fait le Contrepoint par bonnes consonnantes. Toutefois, quand il sera chante, il n'y aura nulle grace en la modulation dudit Contrepoint. La raison est, que les parties montent et descendent le plus souuent ensemble. Ce qu'il faut esuiter le plus que l'on pourra, en faisant monter
[De Caus, Institution harmonique II, 31,2; text: Svbiect dv Septieme Mode. Contrepoint de fort mavvaises Modvlations.] [CAUSIN2 12GF]
l'une, quand l'autre descend. Comme il se peut voir en ce second exemple, lequel a beaucoup plus de grace que le premier. Et aussy est besoing de [-32-] sçauoir, que quand il se rencontrera quelque mouuement ou le Contrepoint (qui est la partie aigue contre le subiect) auroit meilleure grace, tenant la partie graue, il n'y aura nul danger, comme il se peut voir aus disiesmes notes, lesquelles font une tierce parfaite, l'une contre l'autre. Ie dis donques, que la partie aigue aura meilleure grace de descendre de la neufiesme note, qui est F. fa, ut, en son octaue en bas, que non pas à la sisiesme: et ce d'autant, que ladite octaue sera plus facille à entonner de la vois que non pas la siste. Et aussy la partie graue aura meilleure grace de monter de la neufiesme note à la disiesme par une tierce, que de proferer une semblable note. Car encores que la partie superieure descende quelquefois, et serue de Basse à lautre partie, cela n'importe pas de beaucoup, pourueu que cela se face auec une bonne modulation. Et quand à la composition, qui se joue sur les Orgues ou l'Espinette, ces considerations dernieres seroient de nul effect, d'autant que les parties du Contrepoint ne sont pas diuisées, et aussy que lesdits instruments estans desia acordées par iustes interualles, l'on ne pourroit faillir à entonner ledit Contrepoint, quelque difficile qu'il fut.
[De Caus, Institution harmonique II, 32] [CAUSIN2 13GF]
CHAPITRE XXVII.
L'on doibt esuiter le plus qu'il se peut, le mouuement qu'il se fait de grandes interualles. Et quelques autres auertissements touchant le Contrepoint.
Le Movvement par saut, qu'il se fait d'une note à l'autre, comme de quartes, quintes, octaues, et specialement sistes, n'ont point de grace, quand elles sont souuent reiterées. Et sur tout il ne faut faire aucun saut au dessus ny dessoubs l'estendue de l'octaue. Ie mettray icy de trois sortes desdits sauts. Sçauoir le premier exemple est de ceux, desquels il ne faudra user en aucune façon, au Contrepoint de note contre note. Et au second exemple seront ceux, qui faudra user quelquefois, et peu souuent. Et au troisiesme seront ceux, qui sont tresbons, desquels l'on se seruira
[-33-] [De Caus, Institution harmonique II, 33; text: Premier exemple des mouuements rudes et mauuais, lesquels il faut esuiter au Contrepoint. Deuxiesme exemple des mouuements, lesquels peuuent estre suportables au Contrepoint. Mais il n'en faut gueres user. Troisiesme exemple des mouuements, lesquels sont les meilleurs pour user au Contrepoint. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21] [CAUSIN2 13GF]
au Contrepoint. Car ils donneront quelque grace audit Contrepoint de note contre note. Mais quand il y aura trois ou quatre, ou dauantage de parties, il faudra par necessité user des deux premiers exemples quelquefois, mais peu souuent; et faut prendre guarde de chercher tousiours à mettre les Consonnantes voisines l'une apres l'autre. Comme quand l'on voudra monter d'une siste à l'octaue, il sera meilleur, que la siste soit maior (comme il se peut voir au neufiesme mouuement du troisiesme exemple) que non pas minor. Car sy ladite siste estoit minor, et que la partie aigue montast un ton, il faudroit que la basse descendist aussy un ton, pour se trouuer à l'octaue: ce qu'il seroit fort rude, comme la pratique le peut montrer. Mais autrement, sy ladite siste est maior, [-34-] l'une desdites parties fera un semy ton, contre l'autre un ton. Ce qui aura beaucoup meilleure grace, d'autant que la bonne harmonie se fait de choses inesgualles. Et aussy faudra bien prendre guarde, quand l'on voudra venir de la siste à la quinte, ou au contraire de la quinte à la siste, de faire que ladite siste soit minor; comme il se peut voir au 4. 5. 10. et 11. mouuement du troisiesme exemple. Et ce d'autant, qu'elle est plus voisine de ladite quinte que non pas la maior. Et aussy, quand l'on voudra venir de la tierce à l'octaue, il sera meilleur, que ce soit une tierce major; comme il se peut voir au 12. et treiziesme mouuements de la 3ieme exemple. Mais quand de la tierce l'on ueut uenir à la quinte, si l'une des parties reïtere la mesme note, alors il sera meilleur, que ladite tierce soit maior; comme il se peut voir aus quatorziesme et quinziesme mouuements de la troisiesme exemple. Mais quand les deux parties, l'une se hause d'un degré, et l'autre s'abaisse d'un autre, alors il est necessaire, que ladite tierce soit minor; comme il se peut voir au seisiesme mouuement du troisiesme exemple. Et aussy il sera bon, que ladite tierce soit minor, quand toutes les deux parties montent l'une par saut, et l'autre d'un degré; comme il se peut voir au dix-huitiesme mouuement de la troisiesme exemple. Et quand de la tierce l'on voudra venir à l'unison, comme il se peut voir au huitiesme dix-neufiesme et vingtiesme mouuement du troisiesme exemple, sçauoir l'une partie montant et l'autre descendant, ou bien quand l'une partie reïtere la mesme note, et que l'autre saute deux degrés, alors ladite tierce sera minor. Et au contraire elle sera maior, si les deux parties montent ou descendent ensemble; comme au septiesme et dix-septiesme mouuement du troisiesme exemple. Et quand de la siste l'on voudra tomber sur la tierce, il sera meilleur, sy ladite siste est maior, de tomber sur la tierce maior; comme il se peut voir au vingt et uniesme mouuement du troisiesme exemple. I'ay mis icy encores plusieurs fort bons mouuements, pour tomber de la siste en la tierce, quand il ne viendra à propos de passer de la siste à l'octaue ou à la quinte. Et faut noter, que tout ce qui est dit desdites consonnantes Simples, propres pour le Contrepoint de note contre note, se peut encores considerer aux consonnantes Doubles. Mais le danger ne sera pas sy grand d'user d'aucuns mouuements, compris au premier et second exemple, quand il y aura 3. ou 4. ou dauantage de parties, d'autant que ceste rudesse est excusée par la quantité desdites parties.
[De Caus, Institution harmonique II, 34; text: Mouuements pour passer de la siste à la tierce et double tierce; lequel est fort bon et aisé au Contrepoint.] [CAUSIN2 14GF]
CHAPITRE XXVIII.
D'aucuns passages prohibées au Contrepoint, à deux vois de notes diminuées.
[-35-] Apres qve l'on aura eu bonne cognoissance du Contrepoint Simple de note contre note, l'on pourra venir à la Composition du Diminué, cest à dire de celuy qui se fait par notes inesgualles. Premierement il sera besoïng de donner cognoissance de ce qui doibt estre du tout et en partie prohibé audit Contrepoint. Puis nous viendrons à parler de ce qui peut aporter quelque grace. Il a esté monstré au chapitre V. comme les consonnantes parfaites, compris l'unison, ne doibuent monter ny descendre ensemble: et d'autant qu'il sembleroit que par la diminution que pourroit faire une des parties contre l'autre, que cest accident se corromproit, cest pourquoy ie mettray icy quelques passages du tout prohibées au Contrepoint de deux parties, dont nous parlons maintenant, lesquels ne s'useront du tout point, d'autant quelles contreuiennent à la bonne harmonie,
[De Caus, Institution harmonique II, 35,1; text: Pasages du tout prohibées.] [CAUSIN2 14GF]
laquelle veut estre de diuers mouuements et non de semblables. L'on pourroit dire, que le retardement que fait la pause d'une minime, ou bien l'auancement que fait le mouuement d'une partie, pourroit interrompre ce mouuement. Il est bien uray, que ledit mouuement est interrompu. Mais ce n'est que du leuer de la main. Car en la r'abaisant, on trouue ce mauuais accident. Quand aux pasages lesquels ne sont du tout prohibées, i'en mettray icy quelques exemples, lesquelles tant en montant comme en descendant, ne sont pas
[De Caus, Institution harmonique II, 35,2; text: Pasages, lesquels ne sont pas fort bons au Contrepoint à deux vois.] [CAUSIN2 14GF]
bons de trop en user, sy ce n'est par la contrainte, que l'on seroit à faire une Fuge, comme sera enseigné par cy aprés.
[-36-] CHAPITRE XXIX.
Comme l'on doibt composer le Contrepoint à deux vois de notes Diminuées.
Povr venir donques à la Composition, qui se fait du Contrepoint à deux vois diminuées; apres que le subiect sera donné il faudra reguarder la Mode, dont est ledit subiect; puis faire une Composition de consonnantes comprises en ladite Mode; et s'efforcer du tout à faire que ledit Contrepoint suiue le subiect par aucuns semblables passages, ou modulations, dites autrement Fuges. Ce qui sera aisé à faire, sy l'on fait un subiect bien à propos. Nous donnerons icy quelques exemples de semblables Compositions. Soit donques le subiect suiuant, sur lequel l'on desire faite un Contrepoint (premierement pour la facilité de celuy, qui ne seroit des plus pratiquées à cognoistre les degrés des notes) l'on mettra ledit subiect entre les huit lignes, comme les precedents. Apres faudra voir, de qu'elle Mode il est. Ce qui se cognoistra par la derniere note. Car comme a esté dit par cy deuant, elle doibt tousiours estre la note graue de la Diapente de sa Mode: dont l'on peut voir, que l'estendue des notes dudit subiect sont contenues au Diapason de C. sol, fa, ut; et que la derniere note est en F. fa, ut. ce qui donne à cognoistre, que ledit subiect est de la huitiesme Mode. Et quand au
[De Caus, Institution harmonique II, 36; text: Svbiect de la Hvitiesme Mode. Tenor. Basse. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26] [CAUSIN2 14GF]
[-37-] Contrepoint qui a esté fait par cy deuant, il a esté composé en sorte, qu'il tiend la partie Haute sur le subiect. Mais à present nous monstrerons à composer en sorte, que ledit subiect tienne la partie Haute, tellement que la partie à faire sera la partie Basse. Or d'autant, que comme i'ay dit, ce qui apporte une grande grace au Contrepoint, sont les Fuges, l'on commencera donques à la Basse, faisant arrester le subiect deux pauses, pour apres suiure les quatre premieres notes, auec la mesme modulation; mais chacune une quinte plus haut. Et ainsy l'on poursuiura, prenant tousiours guarde, qu'il ne se rencontre de faus accords ou des passages du tout prohibées. Et quand aux passages, qui sont faits auec les Noires, comme il se peut voir au 7. 8. 9. et dixiesme mesure, il suffira, que la premiere soit Consonnante contre une Minime, pourueu que la deuxiesme Noire suiue la premiere au prochain degré, hausant, ou baisant. Mais quand quatre desdites Noires sont composées contre une Semibreue, il faut que la premiere et troisiesme soient Consonnantes contre ladite Semybrefue. Et sy la seconde et quatriesme sont Dissonnantes, cela ne fait tord à l'harmonie; d'autant que lesdites Noires passent d'un mouuement viste. Quand aus Sistes et Septiesmes, qui sont aus vingt et uniesme. vingt-deuxiesme. vingt-troisiesme. et vingt-quatriesmes mesures, d'autant que lesdites septiesmes sont syncopées (et les demies cercles, que l'on void au dessus des Minimes, signifient que lesdites Sistes sont iointes ensemble en Semybrefues. car pour donner ladite composition plus facille à entendre, i'ay tiré des barres entre chacune mesure) elles peuuent passer en la Composition: comme i'en donneray par cy apres d'autres exemples plus au long. Ainsy apres que l'on aura tout composé ladite Basse, on la mettra en son particulier au dessoubs du Contrepoiot. Et faut noter, que sy ce subiect estoit chanté par b. mol, il auroit la mesme modulation (sy ce n'est en une note ou deux) que estant chanté par [sqb] quarré. Car la notte qui est assise en C. sol, fa, ut, au subiect, sy elle estoit par b. mol, il la faudroit prononcer un sol contre le fa, de F. fa, ut, de la partie Basse.
CHAPITRE XXX.
Autre composition à deux vois: Et d'aucunes obseruances en iceluy.
Iay mis encores ycy une autre Composition à deux vois, laquelle ce commence aussy par une Fuge. Mais le Tenor est le guide, et la Basse suit, apres auoir fait deux pauses et demie. Il se peut voir icy, que la quatriesme note aigue est notée auec Feintes. Ce qui est fait pour deux raisons. La premiere, pour estre une siste maior en suite de l'octaue, qui la precede, et de celle qui va apres; comme a esté enseigné au vingt-septiesme chapitre. Et la deuxiesme raison est, à celle fin que la Basse suiue la guide auec mesme modulation. Car encores que ceste Fuge est à la quinte, comme la precedente, les deux parties pourtant ne prononcent pas les mesmes notes. Car le my de [sqb]. my ce rencontre en la partie contre F, fa, ut, de la partie Haute. qui est cause, que l'on montera ledit F. fa, ut, en sa Feinte. Apres il y a encores une autre Feinte (en la partie Haute de la quinziesme mesure) à une tierce, laquelle par le moyen de ladite Feinte est rendue Maior, [-38-] Et ce à cause qu'une quinte precede ladite tierce. Et specialement ladite tierce est mauuaise, quand apres ladite quinte, la partie de Bas se hause d'un ton,
[De Caus, Institution harmonique II, 38; text: Svbiect de la neufiesme Mode. Tenor. Basse. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46] [CAUSIN2 15GF]
[-39-] et celle de haut s'abaisse aussy d'un ton; comme a esté aussy monstré au vingt-septiesme chapitre. Le mesme accident est en la dishuitiesme mesure. Car il y a deux noires, qui sont les quatriesmes de la dix-septiesme mesure, lesquelles sont une tierce minor deuant ladite quinte de la huitiesme mesure. Ce qui seroit remedié, n'estoit le respect, qu'il faut auoir à la modulation, qu'il faut faire tenir à ladite Basse, comme le Tenor la faite quatre mesures auparauant. Car autrement, sy on faisoit une Feinte à ladite tierce en la note de Bas, la consequente ne respondroit à la Guide: et sy on faisoit ladite Feinte en la note de haut, les autres tierces ne correspondroient pas bien ensemble. Il est bien uray, que l'on pourroit bien mettre un autre accord en la partie haute, et ne point tomber en ceste contrainte. Mais la raison, pourquoy ceste Composition est ainsy, est pour monstrer que l'on peut prendre quelquefois une licence non prohibée, et speciallement aus notes, lesquelles ne s'arrestent point comme les Noires et Crochets. Quand aux Dissonnantes, lesquelles sont ycy meslées, comme il se peut voir en la neufiesme mesure d'une neufiesme, elle peut passer estant sincopée de ceste façon: comme aussy une septiesme, qui est en la vingt-septiesme mesure; et la deuxiesme, qui est en la quarante cinquiesme mesure. Car (comme a esté dit en la precedente) le demy cercle, qui est sur les deux notes, signifie que lesdites deux notes ne sont qu'une. Et ce qu'elles sont icy separées, est à cause de la partition des mesures. Mais quand l'on met les parties chacun en particulier, alors au lieu de la seconde notte l'on aiouste un point à la premiere. Il y a encores quelques autres accords en ceste Composition, lesquels on pourroit dire estre prohibées: comme en la trente et deuxiesme, et trente troisiesme mesure. Cest pourquoy lesdites tierces sont licentiées, et en semblables occasions de Fuges il sera plustost donné aucunes licenses, que quand il n'y a nulle ocasion. Et sy l'on vouloit oster quelquefois ses petites licences, l'on osteroit la grace de la modulation. Comme il se peut voir en la trente neufiesme mesure: ou l'on monte encores de la tierce minor en la disiesme minor: et sy l'on vouloit faire, que ladite disiesme fut maior par le moyen d'une Feinte, ne bougeant lesdites notes de leurs places, alors il faudroit, ou que la partie Basse, qui chante à present une quarte, chantast le triton, qui est une fort mauuaise modulation, ou bien que la partie de Haut monstast un demy ton plus haut, qui seroit une siste minor, qui n'est pas sy agreable modulation comme la Diapente. Ainsy en semblables occasions l'on aura tousiours esguard de deux maus choisir le moindre.
CHAPITRE XXXI.
De la Fuge Continue.
Ceste sorte de Contrepoint, comme a esté dit en la vint cinquiesme Definition, est apelée d'aucuns modernes Canon. Mais pour les raisons dites en ladite Definition nous l'apellerons Fuge Continue. Nous donnerons icy la maniere, comme il faut faire lesdites Fuges, en ce prochain exemple. Soient premierement posées les notes comprises aux trois premieres mesures, selon la Mode que l'on [-40-] voudra auoir ladite Fuge. Apres, sy l'on veut faire ladite Fuge à Vnison, l'on posera les mesmes notes, commencant à la quatriesme mesure, et finiront en la sisiesme. Apres dessus lesdites notes de la deuxiesme partie, dite Consequente, l'on continuera le subiect, autrement dit Guide, en sorte qui soit fait de bonnes consonnantes, contre la Consequente, iusques à ladite sisiesme mesure. Et apres les mesmes notes, qui sont en la partie dite Guide, depuis la quatriesme mesure iusques à la sisiesme, on les mettra en la Consequente, depuis
[De Caus, Institution harmonique II, 40; text: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, Fuge à Vnison] [CAUSIN2 16GF]
la septiesme mesure iusques à la neufiesme. Et apres l'on fournira ladite partie (dite Consequente) de Consonnantes, depuis la septiesme mesure iusques à la neufiesme. Et ainsy l'on continuera, faisant tousiours trois mesures l'une apres l'autre, iusques à ce que l'on vienne aux trois mesures dernieres: ou il faut que le Guide soit en Consonnante auec les trois dernieres de la Consequente, et aussy auec les notes comprises au trois premieres mesures: et ce d'autant, que quand la Consequente vient à chanter lesdites notes, que le Guide puisse (recommencant la Fuge) estre en Consonnante auec. Ainsy voilà comme l'on procedera à faire lesdites Fuges. Et à celle fin, de donner la cognoissance à la Consequente, quand elle doibt commencer, l'on fera une marque, [-41-] comme il se peut voir en la septiesme note; laquelle signifie, que quand le Guide vient à arriuer en ceste note, qu'il faut que la Consequente commence. I'ay encores mis icy une desdites Fuges, laquelle se doibt chanter par la Consequente, une Diapente plus haut que le Guide. Telles Fuges se composeront encores comme la precedente.
[De Caus, Institution harmonique II, 41,1; text: Fvge en Diapente. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27] [CAUSIN2 16GF]
Mais icy en la troisiesme mesure la Consequente commence. Il s'en peut encores faire de plusieurs sortes. Mais pour les fournir tousiours de bonnes consonnantes, il faudra faire en sorte que l'on n'auance point le Guide dauantage que la distance de l'interualle des mesures des deux parties. Comme par exemple, en ceste derniere Fuge, la Guide auance la Consequente de deux mesures. Il faudra donques, apres que deux mesures seront faites à la Consequente, faire le Contrepoint dessus.
[De Caus, Institution harmonique II, 41,2; text: Fuge en Diapente.] [CAUSIN2 17GF]
Il y a encores un aduertissement, qui doibt estre fait. Cest que l'on doibt auancer le Guide de la Fuge au moins de deux mesures, et au plus de quatre, à celle fin de donner une agreable modulation aux parties. Car sy elles se suiuent de plus pres, elles ne s'entendront point l'un l'autre. Et s'il y a une plus grande distance, la memoire de la modulation passée se perd.
CHAPITRE XXXII.
De la Composition à trois parties.
Apres qve l'on aura eu cognoissance du Contrepoint à deux parties, l'on viendra à celuy de trois. Lequel se composera auec les mesmes consonnantes, comme celuy à deux. Mais il y a plus d'obseruations. Les noms des parties seront, Basse pour la partie graue, Tenor, ou Taille, pour la moyenne, et Superius, ou Dessus, pour la parte aigue. Le subiect, sur lequel les autres parties le composeseront, [-42-] se sera ordinairement au Tenor, quand cest pour composer Motets, Chansons, ou Madrigals. Mais sy cest un air François, ordinairement le subiect se fait sur le Dessus. Et faut que ledit subiect soit curieusement composé d'une Mode conuenable à la parolle, et faire que les autres parties reïterent souuent la modulation dudit subiect, soit en guidant, ou bien en le suiuant. En oultre il faut prendre guarde de fournir les parties de Consonnantes selon ledit subiect. S'il est gay, d'y mettre force Ditons, lesquels se mettront en ceste sorte: Sy le Tenor est Diapason contre la Basse, le Dessus sera Diton conrre le Tenor: Et sy le Dessus est Diapente contre la Basse, le Tenor sera Diton contre ladite Basse: Et aussy, quand l'on y mettra l'Hexacorde, que ce soit plustost la maior que la minor. Non pas que ces reigles soient generalles. Car ceste contrainte donneroit trop de peine, et quelquefois aporteroit une dureté en la Musique. I'ay mis icy quelques exemples composées à trois parties par Petro Filippi, ou les natures de la premiere, troisiesme, et cinquiesme Mode, sont tresbien obseruées. Et sy l'on desire de voir dauantage d'exemples des autres Modes, on les trouuera au trois et quatriesme liure de l'Institution de Zarlin.
[De Caus, Institution harmonique II, 42; text: Trio de la Premiere Mode. Svperivs.] [CAUSIN2 17GF]
[-43-] [De Caus, Institution harmonique II, 43] [CAUSIN2 18GF]
[-44-] [De Caus, Institution harmonique II, 44; text: Tenor.] [CAUSIN2 19GF]
[-45-] [De Caus, Institution harmonique II, 45; text: Basse.] [CAUSIN2 20GF]
[-46-] [De Caus, Institution harmonique II, 46] [CAUSIN2 21GF]
[-47-] [De Caus, Institution harmonique II, 47; text: Pietri Fillippi. Trio de la Troisiesme Mode. Svperivs.] [CAUSIN2 22GF]
[-48-] [De Caus, Institution harmonique II, 48; text: Tenor.] [CAUSIN2 23GF]
[-49-] [De Caus, Institution harmonique II, 49; text: Basse.] [CAUSIN2 24GF]
[-50-] [De Caus, Institution harmonique II, 50; text: Trio de la Cinqviesme Mode. Svperivs.] [CAUSIN2 25GF]
[-51-] [De Caus, Institution harmonique II, 51; text: Tenor.] [CAUSIN2 26GF]
[-52-] [De Caus, Institution harmonique II, 52; text: Basse.] [CAUSIN2 27GF]
[-53-] CHAPITRE XXXIII.
De la Composition à Quatre parties.
La Composition, qui se fait à Quatre parties, sera fort facille à cognoistre, apres que l'on aura eu cognoissance de celle à Trois. Il y a beaucoup de choses à obseruer, lesquelles ne se peuuent toutes donner par escrit. Car ceste science de Composition est requise speciallement à ceux qui se meslent de la pratique de chanter auec la vois: en laquelle pratique il y a tant d'obseruations, qu'il sera plus facille de les apprendre en les pratiquans, que non pas par escrit. Et quand à ce qui a esté dit en la Composition de deux vois, qu'il est bon que les parties aillent souuent par mouuements contraires, cest à dire, quand la Basse se hausse, que le Superius s'abaisse, ou au contraire, cela ne peut estre obserué icy. Car il faut le plus souuent, que deux parties montent ensemble, ou quelquefois trois, contre les autres qui descendent. Mais sur tout, il faut bien prendre guarde, que lesdites parties ne montent ny descendent par Consonnantes semblables, et speciallement parfaites, comme a esté monstré par cy deuant. Il sera bon aussy, que les parties ne s'eslonguent pas beaucoup les unes des aultres, en sorte que les extremitéz, sçauoir depuis la plus basse notte iusques à la plus haute, ne passe la disseptiesme. Sur toutes choses il faut bien reguarder à faire que toutes les parties soient d'un chant facille et agreable; et que suiuant le subiect de la parolle l'on puisse faire election d'une Mode conuenable à icelle, pour faire chanter le Tenor, lequel ordinairement est le subiect sur lequel les autres parties se composent, la Basse sera aussy de la mesme Mode comme le Tenor. Mais le Superius et le Contratenor seront de la prochaine Mode. Comme par exemple. Sy le Tenor et la Basse sont de la premiere, le Superius et le Contratenor seront de la seconde. Et au contraire, sy le Tenor et la Basse sont de la seconde, le Superius et le Contratenor seront de la premiere. Et ainsy des autres. Mais la Basse sera Diapason plus bas que le Tenor, aux cadences: et le Contratenor un Diapason plus bas que le Superius: non pas que ce soit une reigle generalle. Car quelquefois le Superius a meilleure grace aux cadences d'estre mis en la disiesme ou diseptiesme contre la Basse et le Tenor. La grande quantité de bonnes exemples, que l'on trouuera aux oeuures de du Conroy et de Claudin le Ieune, et plusieurs autres bons Compositeurs, donneront facille cognoissance au studieux de ladite Composition, comme il se debuera conduite en la Disposition des parties.
CHAPITRE XXXIIII.
De la Composition à Cinq et à Sis parties.
La Composition, qui se fait à plus de quatre parties, se fait par redoublement de Consonnantes. Car l'on ne peut auoir que quatre parties differentes de Consonnantes Simples. Cest pourquoy la cinquiesme partie sera cause, que une des autres, ou bien la mesme, sera en double proportion, ou bien à unison. Il sera aussy necessaire de donner quelque peu de distance dauantage, entre la partie Basse et l'aigue, quand l'on compose [-54-] à cinq ou à sis, que sy ce n'estoit qu'à quatre. Aulcuns font la cinquiesme partie une seconde Basse, aucuns un Tenor, aucuns un Superius. Cela est indifferent. L'on doibt aussy auoir esguard de faire dauantage de Pauses aus parties, quand il y en a plus de quatre. Car lesdites Pauses donnent beaucoup de grace à la Musique qui se fait auec la vois.
CHAPITRE XXXV.
De la façon, comme l'on doibt gouuerner la vois en chantant.
La façon de muer la vois par passages (autrement dites Tirades) du son graue à l'aigu, ou de l'aigu au graue, se fait diuersement. Et semble, que chacune nation aye sa façon particuliere. Ce qui se peut prouuer de ceste façon. Sy l'on donne une certaine piece de Musique à chanter à un Italien, il le chantera d'une autre façon que ne fera le François. L'Espagnol aura aussy une façon toute autre, et aussy l'Alemand. Et chacun pense que sa façon est meilleure. Ceste diuersité vient à cause de la muance de la vois, en faisants lesdites Tirades d'un son à l'autre par petites interualles, ou Tirades, lesquelles il faut faire auec un grand iugement, et venir tomber incontinent sur une bonne Consonnante, pour satisfaire à l'ouye. Car lesdites Tirades sont remplis de Dissonnantes. La Basse fera tousiours ses modulations stables, sans varier ny haut ny bas, d'autant que cest sur icelle, que toutes les autres parties se fondent. Il sera bon aussy, que lesdites parties au dessus de la Basse, facent leurs Tirades, l'un apres l'autre, et non toutes ensemble. La façon usitée en France à faire lesdites Tirades est fort propre en choses gayes. Mais s'y l'on veut chanter quelque air, ou le subiect soit lamentable, alors la façon usitée en Italie ou en Espaigne sera plus propre.
CHAPITRE XXXVI.
De Instruments de Musique stables.
Qvand la Musique qui se fait auec les Instruments stables, l'on ny peut pas obseruer du tout les passages, comme la vois les profere. La raison est, que lesdits Instruments ont tous leurs sons arrestées, chacun en une certaine hauteur. Les Orgues, Espinettes et Harpes, sont de ce genre, d'autant que quand ils sont d'accord, et que l'on vient à jouer dessus, l'on ne peut en aucune façon faire muer les interualles de tons, ou semitons: d'autant que tous lesdits sons sont tous arestées d'accord ensemble. Ce qui cause une Musique pleine et sans grande Artifice. Toutefois aucuns sçauent si bien manier lesdits Instruments, en tremblans les deux sons d'un semyton, que cela apporte une grande delicatesse à l'ouye.
CHAPITRE XXXVII.
Des Instruments de Musique, qui sont en partie stables.
[-55-] Il y a d'autres Instruments, comme les Violes, le Lut, Guiternes, Cithre, et semblables, dont les interualles des sons sont arrestées auec des Touches, lesquels sont en partie stables, et en partie muables. La raison est, qu'en iouant desdits Instruments l'on peut faire quelques tremblemens sur les Touches, en montant ou descendant, en sorte que cela apporte une grande douceur à l'ouye. Mais neaumoins les Tirades et tremblements de la vois sont beaucoup plus parfaits, laquelle n'est arrestée d'aucune touche, ains prononce la Consonnante en sa plaine perfection. Et mesmement il n'est pas possible de faire, que lesdites Touches soient toutes placées selon la mesure demonstrée au Monochordes de la premiere partie de ceste Institution.
CHAPITRE XXXVIII.
Des Instruments de Musique muables.
La troisiesme espece d'Instruments de Musique sont ceux qui sont muables, lesquels ne sont subiects à aucunes touches: et s'ils sont graduées d'aucunes, neaumoints ils peuuent sonner ou plus haut ou plus bas. Comme par exemple, les Cornets, Flutes, et Haubois, sont graduées de trous, qui donnent une certaine mesure aus sons. Neaumoins ceux qui sçauent bien manier lesdits Instruments, peuuent les hauser ou baiser à leurs plaisir, par le moyen des doibs, qui bouchent lesdits trous peu à peu selon la volonté du Ioueur. Mais les Violons passent en ce subiect tous les autres Instruments, d'aultant qu'ils ne sont subiects à aucunes touches. Et peut on hauser ou baiser le son selon la volonté du Ioueur, non pas seulement du graue à l'aigu, ou de l'aigu au graue: mais les sons sont rendus plus forts ou plus foibles. Les Orgues ny Espinettes ne peuuent auoir ces effects: ains il faut, que les sons sonnent esguallement forts. Mais les autres, comme Cornets et Fleutes, se peuuent rendre plus forts ou plus foibles à plaisir, mesmement le Lut, Violes et Violons.
CHAPITRE XXXIX.
Des Instruments de Musique, qui se peuuent accommoder ensemble pour un concert de Musique.
Tovs les Instruments de Musique en general, qui sont muables et non arrestées de touches, se peuuent mesler fort agreablement auec les vois. Mais ceux qui sont arrestées desdites touches, comme les Luts et Violes et autres semblables, ne peuuent faire leurs accords auec la vois sy exactement. La raison est, que les touches, dont ils sont graduées, sont eslongnées par interualles de semytons exgaus, qui ne sont directement mesurées selon la proportion Harmonique. Comme il se peut voir aus Sistemes de la premiere partie de ce liure. Mais à cause que le son desdits Instruments passe assez viste, et speciallement du Lut, les fautes ne sont pas si tost congneus. Mais sy des Orgues sonnoient directement comme ledit Lut, la faute se cognoistroit grande. Quand aus dites Orgues, [-56-] Espinettes, et Harpes, ils se peuuent mieux accommoder auec les vois, encores que leurs sons soient stables. Mais les tons et consonnantes y sont mieux diuisées. Et de tous les Instruments il ny en a pas un, qui veuille estre accordé plus exactement que lesdites Orgues. Aussy est ce le plus parfait de tous les autres. Et sy l'on desire l'accompagner auec les vois, il faut que ce soit auec les registres, dites Fleutes, et que le plus gros tuyau, dit F. fa, ut, soit de trois pieds bouché ou de sis pieds. Les basses de Violes sont aussy fort bonnes pour accompagner les vois. Les Cornets sont aussy tresbons: et generalement tous les Instruments, qui ne sont graduées de touches.
[De Caus, Institution harmonique II, 56; text: semi diton. diatessaron. diapente. diton, A, [sqb], C, D, E, F, G, a, [rob], c, d, e, f, g, aa, 4320, 4800, 4860, 5400, 5760, 6400, 6480, 7200, 7680, 8100, 8640, 9600, 9720, 10800, 11520, 12800, 12960, 14400, 15360, 17280] [CAUSIN2 28GF]
CHAPITRE XL.
La façon d'augmenter le Clauier des Orgues et Espinettes, en sorte qu'on aura les diuisions des consonnantes plus parfaites.
En la vingtiesme proposition de la premiere partie a esté demonstré, comme les interualles du Monochorde de Ptolomée ne se peuuent accorder du tout auec la nature. Et pour ayder à ce defaut, il y a deux cordes adiointes en l'espace du Diapason, sçauoir une en D. la, sol, ré, et l'autre en G. sol, re, ut, tellement que sy l'on veut auoir les consonnantes des Orgues ou Espinettes bien exactement accordées, il se trouuera, qu'il sera besoing d'auoir deux Feintes en chacun D. la, sol, re: sçauoir une, laquelle representera le nombre 12960. qui est iustement Diatessaron contre A. ré, et Diapente contre A. la, my, ré: [-57-] et l'autre sera la Feinte ordinaire; et aussy il en faudra faire aultant en G. sol, re, ut. Comme il se peut clairement voir au present Monochorde au nombre 9720. Et ainsy en toutes les autres touches sonnans G. sol, re, ut. Et alors l'on pourra auoir exactement les Diatessarons et Diapentes contre chacune touche. Autrement il a du manquement.
Voila, bening Lecteur, tout ce qui sera enseigné pour le present, en ce traité, attendant que i'aye loisir de l'augmenter.
A Diev soit honneur et Gloire Eternellement.
TABLE DES CHAPITRES CONTENVES EN la Devxiesme Partie de ce livre.
CHAPITRE I.
DV nombre des Consonnantes contenues entre les 22. notes de la Gamme.
Chapitre II.
Des Consonnantes Parfaites et Imparfaites.
Chapitre III.
Pourquoy la Quarte est dite Consonnante parfaite.
Chapitre IV.
Que les Dissonnantes se doibuent mesler en la Composition pour la rendre plus agreable.
Chapitre V.
Les Consonnantes Parfaites compris l'Vnison doibuent estre composées ensemble, de telle façon, que ceux qui ont mesme proportion, ne montent ny ne descendent ensemble en aucune façon.
Chapitre VI.
Les Consonnantes Imparfaites doibuent estre composées ensemble de telle façon, que ceux qui ont mesme interualle, ne montent ny ne descendent ensemble.
Chapitre VII.
Comme se doibt commencer et finir les parties en la Composition.
Chapitre VIII.
L'interualle de [sqb] my, en F. fa, ut, est une fausse Quinte. Et par mesme raison l'interualle de F, fa, ut, en [sqb] my est une Quarte fause. C'est pourquoyl'on n'en doibt point user au Contrepoint.
Chapitre IX.
Des Modes antiques et modernes, et de leurs effects.
Chapitre X.
De la situation des notes Principalles contenues aus douses Modes, et comme il en faut user.
Chapitre XI.
De la Premiere Mode dite Antentique, et de sa nature.
Chapitre XII.
De la Deuxiesme Mode, dite Collateralle, et de sa nature.
Chapitre XIII.
De la Troisiesme Mode, et de sa nature.
[-58-] Chapitre XIIII.
De la Quatriesme Mode, est de sa nature.
Chapitre XV.
De la Cinquieme Mode, et de sa nature.
Chapitre XVI.
De la Sisiesme Mode, et de sa nature.
Chapitre XVII.
De la Septiesme Mode, et de sa nature.
Chapitre XVIII.
De la Huitiesme Mode, est de sa nature.
Chapitre XIX.
De la Neufiesme Mode, et de sa nature.
Chapitre XX.
De la Disiesme Mode, et de sa nature.
Chapitre XXI.
De l'Onziesme Mode, et de sa nature.
Chapitre XXII.
De la Douziesme Mode, et de sa nature.
Chapitre XXIII.
Pour cognoistre la nature de chacune Mode.
Chapitre XXIV.
Qu'il est requis à celuy, qui se veut mesler de la Composition, de sçauoir jouer des Orgues, ou bien d'auoir quelque cognoissance du Clauier.
Chapitre XXV.
Comme on doibt faire un Contrepoint de note contre note à Deux vois, sur un subiect donné.
Chapitre XXVI.
Au Contrepoint il faut le plus souuent que les parties aillent par mouuement contraire. Et de quelques accidens, qui pourroient suruenir en la Composition.
Chapitre XXVII.
L'on doibt esuiter le plus qu'il se peut, le mouuement qu'il se fait de grandes interualles. Et quelques autres auertissements touchant le Contrepoint.
Chapitre XXVIII.
D'aucuns passages prohibées au Contrepoint, à Deux vois de notes diminuées.
Chapitre XXIX.
Comme l'on doibt composer le Contrepoint à Deux vois de notes Diminuées.
Chapitre XXX.
Autre composition à deux vois: Et d'aucunes obseruances en iceluy.
Chapitre XXXI.
De la Fuge Continue.
Chapitre XXXII.
De la Composition à Trois parties.
Chapitre XXXIII.
De la Composition à Quatre parties.
Chapitre XXXIV.
De la Composition à Cinq et à Sis parties.
Chapitre XXXV.
De la façon, comme l'on doibt gouuerner la vois en chantant.
Chapitre XXXVI.
Des Instruments de Musique stables.
Chapitre XXXVII.
Des Instruments de Musique, qui sont en partie stables.
Chapitre XXXVIII.
Des Instruments de Musique muables.
[-47 <recte 59>-] Chapitre XXXIX.
Des Instruments de Musique, qui se peuuent accommoder ensemble pour un concert de Musique.
Chapitre XL.
La façon d'augmenter le Clauier des Orgues et Espinettes, en sorte qu'on aura les diuisions des consonnantes plus parfaites.
TABLE DES MATIERES REMARQVABLES comprises en la Seconde Partie de ce livre.
A. Fueillet
Anfion inuenteur de la Mode Lidienne 4
Auertissement touchant le Contrepoint de note contre note 32
C.
Clef, ce que cest 2
Consequente, ce que cest 9
Consonnantes parfaites comme il les faut composer 16
Consonnantes imparfaites comme il les faut composer 17
Composition en la Musique requiert une homme versé en la cognoissance du Clauier 29
Contrepoint de note contre note 30
Canon, ce que cest 39
D.
Dissonnantes se doibuent mesler en la Composition 15
F.
Franchiny Gafori ce qu'il dit des Modes modernes 4
Feinte, ce que cest 5
Fuge, ce que cest 9
Fause quinte, ce que cest 18
Fause quarte, ce que cest 18
G.
Gamma, ce que cest 1
Guido Aretin, inuenteur de la Gamme 9
Guide, ce que cest 2
M.
Modulation, ce que cest 3
Mode, ce que cest 3
Modes Lidienne, Dorienne, et Phrigienne, ce que cest 4
Marsias inuenteur de la Mode Phrigienne 4
Modes Antiques 4
Modes Modernes, descrites par Franchini Gafori et Zarlin 4
Mesure, ce que cest 5
Mesure Double 6
Mesure Triple 6
Modes Antiques et Modernes 19
N.
Notes antiques, representées par Pontus de Tiard 2
Notes naturelles, ce que cest 4
Notes accidentalles, ce que cest 4
P.
Prolation, ce que cest 6
Prolation parfaite, ce que cest 6
Prolation imparfaite 7
Pause, ce que cest 8
T.
Thamiras Thracien inuenteur de la Mode Dorienne 4.
Errevrs en l'impression.
Page. Ligne. Lisez. 2. 19. nostre douceur, vostre douceur 2. 26. cest cause est cause 2. 30. prochain Aioustez, (exemple 23. 23. cinquiesme mode cinquiesme mode Antentique plagalle
Page.
11. Les clefs de C. sol, fa, ut, doibuent estre en la quatriesme ligne.[CAUSIN2 04GF]
12. La clef de C. sol, fa, ut, qui est sur la deuxiesme ligne, doibt estre sur la quatriesme.[CAUSIN2 05GF]
17. Les clefs de C. sol, fa, ut, doibuent estre sur la quatriesme.[CAUSIN2 07GF]